Les nouvelles du front se tournent vers un format plus large, plus ouvert et non-rotatif, le Moderne. Premier article de la série sur la question, il détaillera les decks du top8 du Grand Prix de San Diego, alors que le prochain étudiera le metagame sans vraiment parler d'un événement en particulier.
Je remercie comme chaque fois mtgtop8.com pour ses listes, ses résultats et son metagame.
Les résultats du GP :
Le top 8 à San Diego était le suivant :
Vainqueur : Sunny Side Up
Finaliste : UWR Control
Demi-finalistes : Jund (3e) et Changelieu (4e)
Quarts-de-finalistes : Affinity (5e), PW Zoo (6e), 4/5 color (7e) et Junk (8e)
1. Sunny Side Up, par Nathan Holiday (
combo)
/!\ Avant de lire la suite, notez que ce deck ne sera plus légal en modern à partir du 3 mai 2013, comme le montre cette news. /!\
Alors, qu'avons-nous là... Créatures : 0. Ça commence bien. Sorts : 22, Artefacts : 21. Ok. Combo, donc. Voyons voir comment ça marche.
À première vue, le deck est simple, suffit de boucler : artos -> mana -> récompense/aurore -> artos. Les artos chromatiques font piocher gratuitement, la Fiole d'ailleurs fait piocher aussi, même la Bombe à sortilèges de pyrite supposée servir de kill. Avec toute cette pioche, on peut raisonnablement espérer une récompense/aurore que l'on lancera avec une Floraison de lotus afin de tout récupérer et de recommencer. On creuse donc la bibliothèque à chaque tour de boucle.
À noter les Quartier fantôme, qui servent à casser nos propres terrains puisqu'ils reviennent à chaque récompense/aurore avec le terrain ainsi détruit, chacun dégagé, tout en ayant épuré la bibliothèque. On gagne donc un terrain et du mana à chaque tour de boucle.
Oui mais voilà, ça ne tue pas. Il y a bien la Bombe à sortilèges de pyrite, mais on a pas de mana rouge dans la boucle. Eh bien c'est là qu'entre en jeu (dans la combo, pas sur le champ de bataille >< ) la Babiole du conjurateur. Une fois qu'on a commencé à boucler, la babiole va remettre une récompense/aurore dans la bibliothèque, que va mélanger un Quartier fantôme. Avec ça, on peut boucler à l'infini, générer mana infini et remise sur le champ de bataille infinie des permanents du cimetière, ce qui fait game avec la Bombe à sortilèges de pyrite.
Jumelance sert d'exemplaire supplémentaire de récompense/aurore moins cher, puisqu'on peut sacrifier tous les artos entre la résolution de la copie et du sort original.
On peut voir une vidéo de la finale ici, où ce deck gagne 2-0 en jouant exclusivement tout seul. Les seules interactions avec son adversaire, ce sont deux Fuite de mana, une par partie, d'abord sur une Floraison de lotus, ce qui ne le ralentira qu'à peine, puis sur un Silence d'après side.
Vous pourrez aller voir ce très bon article sur le sujet, dont j'aurais pu m'inspirer si je l'avais vu avant d'écrire sur ce deck.
On en finira avec ce deck en parlant de l'origine de son nom, que je dois à Thorgor. Il s'agit de l'évolution d'un deck né en étendu à l'époque de Mirrodin et qui s'appelait "Eggs", parce qu'il utilisait comme moteur le cycle des œufs d'Odyssée (Œuf de Moussefeu et compagnie)
Il a ensuite été remis au goût du jour, toujours en étendu mais cette fois celui de Spirale temporelle, par une bande de français qui l'ont rebaptisé "Omelette" (vu que le deck passe son temps à casser des œufs).
Le nom "Sunny side up" (littéralement "(œuf) au plat") fait donc toujours référence aux œufs (bien qu'ils aient été remplacés par d'autres artefacts, n'étant plus légaux en Moderne) ainsi qu'à Second Sunrise.
2. UWR Control, par Sammy Tukeman
Après un deck sans créature, passons à un deck avec trois créatures. Entre copains, on appelle ce genre de deck les deck Gandalf. Parce qu'à force de répéter "non" au cours d'une partie, ben l'adversaire finit par penser qu'il ne passera jamais.
Tout y est :
- Les contres : Commandement cryptique, Collet à sorts, Fuite de mana.
- La gestion : Electrolyse, Commandement cryptique, Foudre, Chemin vers l'exil, Hélice d'éclairs.
- La gestion de masse : Commandement cryptique, Verdict suprême, Colère de dieu.
- La pioche : Commandement cryptique, Réfléchir à deux fois, Révélation du Sphinx.
- Le café et les croissants : Commandement cryptique. (Et Mage lancevif si on lui demande gentiment.)
Cerise sur le gâteau, le Mage lancevif permettra de relancer ce que bon nous semblera.
Le problème des decks classiques mais efficaces, c'est que les critiques n'ont pas grand chose à dire... (comment ça, je cherche à me justifier ?)
Une fois le board vide, on tue avec les blasts, Ajani le Vengeur, Mage lancevif ou Colonnade céleste.
3. Jund, par Eric Froehlich (
midrange)Ce deck est en deuil. Il a perdu quelqu'un d'important récemment, une carte clé. En effet, l'Elfe aux nattes sanguinolentes s'est fait bannir, sans préavis et sans douceur. Exit donc la combo craquée avec Boum // Crac (non, je n'ai pas fait ce jeu de mots). Liliana du voile reste, par contre, bien qu'elle ait été particulièrement puissante avec l'elfe. (Pour 4, une 3/2 célérité + un arpenteur qui lui dégage la voie en face, ça pique. (Et puis j'aurais fais un scandale s'il ne l'avait pas jouée.))
La base du jeu reste la même, Obscur confident pour aller plus vite que l'adversaire, Tarmogoyf pour taper vite et fort, Shamane ritemort parce qu'il fait le café et Liliana du voile parce qu'elle est puissante de base (et synergique avec le shamane et tarmo).
Avec le départ de l'elfe, le slot à 4 a été donné à Ajani le Vengeur, qui justifie le blanc avec Chemin vers l'exil et Âmes persistantes.
Saisie des pensées et Inquisition de Kozilek sont de vrais empêcheurs de tourner en rond pour contrôle et combo.
L'Escouflenfer foudregueule s'assure de coller 5 le tour où il arrive en engageant tous les volant adverses, pingant au passage d'éventuels jetons d'Âmes persistantes ou autre.
4. Changelieu, par David Sharfman (
combo)Deuxième deck combo de ce top 8, Scapeshift doit son nom à l'unique carte qu'il a à résoudre pour remporter la partie : Changelieu. En effet, il suffit de chercher Valakut, la cime en fusion et six montagnes pour infliger 18 blessures à l'adversaire.
Plusieurs précisions sur Changelieu :
- Le sacrifice des terrains n'est pas un coût supplémentaire mais un effet de la carte. C'est-à-dire que si le Changelieu est contré, on ne se retrouve pas stupidement à poil sans terrain.
- Il n'est pas obligatoire de sacrifier tous ses terrains. Il faut même ne surtout pas le faire si on a déjà Valakut, la Cime en fusion sur le champ de bataille. (Ça explique notamment pourquoi il n'y a que deux exemplaires de celle-ci.)
- Pro-tips : Si vous avez plus de 4 terrains quand vous lancez Changelieu (ce qui devrait être le cas, logiquement, ou alors vous n'avez pas vraiment compris comment fonctionne le deck), prenez le mana des terrains que vous n'avez pas engagés pour lancer Changelieu. Ça peut servir, d'autant que Changelieu met les terrains engagés.
Si on ne trouve pas de Changelieu dans notre main de départ, on pourra toujours Sonder les profondeurs.
Le reste du jeu se divise en deux catégories :
- Ce qui fetch des terrains : Ancêtre de la tribu Sakura, Cherchauloin, À la recherche de demain. (Les terrains fetchés arrivant sur le cdb, les 7 terrains nécessaires arrivent généralement vers le tour 4.)
- Ce qui protège : Déférence, Commandement cryptique, Foudre, Charme d'Izzet, Trombe de feu. (La moitié d'entre-eux a la bonne idée de faire piocher, et donc de creuser le deck, ce qui est toujours utile pour un jeu combo.)
(pour vous dire le caractère mono-maniaque de ce jeu, regardez donc combien de fois j'ai écrit Changelieu...)
5. Affinity, par Bryan De La Torre (
aggro)Si vous ne connaissez pas le deck Affinity, vous vous serez sûrement demandé pourquoi j'ai mis un
en lieu et place des couleurs dans le titre. La raison est simple, 37 des cartes non-terrain sur 44 se jouent ou peuvent se jouer avec uniquement du mana incolore. Alors certes, il y a trois cartes rouges, quatre bleues, et un des artefacts demande du noir, mais c'est juste à l'échelle d'un splash.Niveau stratégie, on est pas loin du brainless. On pose le plus de créatures possibles en optimisant le mana pour frapper vite et fort. Dit comme ça, ça ressemble à n'importe quelle stratégie aggro rouge, blanche ou autre, mais c'est un peu différent.
L'idéal au premier tour, mis à part le surpuissant Mox d'opale, c'est le Tambour de sautefeuille avec une créature à
. Avec ça, on récupère le mana investit dans le tambour et on peut soit reposer un tambour et une créature à pour recommencer, soit poser une créature à (ou à 
avec le mox, comme le Brigadier d'acier).Au deuxième tour on lance d'autres créatures et/ou un Blindage crânien.
Dès qu'on peut, on bourre avec un Ornithoptère ou un Champion gravé équipé du blindage pour coller une dizaine de dégâts.
À noter que bien qu'il puisse paraître faible (2/2) et cher (
) à quelqu'un qui ne s'en méfie pas, le Champion gravé est une véritable plaie face à tous les jeux. Tous. Chemin vers l'exil, Foudre, Décomposition abrupte, Commandement cryptique, Hélice d'éclairs, Flammes tribales, quels que soient les anti-créatures présents dans votre decks, vous pouvez être certains que môssieur sera protégé contre lui. Il n'y a guère que la Bombe à sortilèges de pyrite qu'il l'affecte une fois sur table. Seules solutions : disruption (Saisie des pensées, ...), contresorts (Fuite de mana, ...) ou un sort de destruction massive (Verdict suprême, ...).6. PW Zoo, par Brian Kibler (
midrange)Zoo est né avec le Modern. C'est d'ailleurs un des rares (avec turbo-poison et Banc brûlant et quelques autres) à avoir fait bannir une carte. Je parle bien sûr du Nacatl sauvage, surpuissant 3/3 pour
, et ce dès sa première attaque dans un format où l'écrasante majorité des decks possède une base fetch/rav. Il ne lui aura pas fallu longtemps pour être jugé dégénéré par WotC.Cette version est moins aggressive que le Zoo des débuts, mais a gardé une base de créatures petites par le coût mais costaudes par la taille : Tarmogoyf, Frappeur loxodon, Fourbe de cuisine, etc. On note l'invasion de créatures utilitaires comme le Bandemage qasali ou le Shamane ritemort, ainsi que d'autres cartes qui alourdissent le deck, lui donnant son coté midrange, comme Escouflenfer foudregueule, Noble hiérarche ou Cobra de lotus.
Les sorts sont restés les mêmes, peu nombreux mais efficaces : Chemin vers l'exil est le meilleur anti-créature pour son prix et Foudre est LA carte de blast.
Bon. Abordons maintenant le point qui donne son nom (au moins la moitié) au deck, les arpenteurs. Oui, c'est une hérésie pour un jeu qui a été le plus aggressif d'une époque aujourd'hui révolue, mais que voulez-vous, tout a une fin. Il faudra désormais compter avec Ajani le Vengeur, Elspeth, chevalière errante et Domri Rade. Le premier bloque à merveille un jeu aggro, tout en tuant lentement mais sûrement avec sa deuxième capacité. La deuxième génère un CA utile autant en attaque qu'en défense. Bonus, la deuxième capacité permet d'achever un adversaire non vigilant. Quant au dernier, le petit nouveau, il est le seul à être présent en 3 exemplaires. D'une part parce que son faible coût fait qu'il faut l'avoir rapidement en main pour l'avoir rapidement sur la table. D'autre part parce que sa deuxième capacité permet de dégager le passage . Enfin parce que le CA généré par sa première capacité est tellement absurde dans ce deck (près d'une carte sur deux est une créature) qu'il fera paratonnerre pour les attaques et sorts adverses.
7. 4/5 colors good stuff, par Ken Yukuhiro (
aggro-contrôle)Mamaaaan ! Y'a Nicol qu'a encore fait n'importe quoi avec le Maelstrom !
J'ai entendu pour la première fois parler de deck cinq couleurs contrôle en standard Lorwyn - Alara. On y jouait Charme d'Esper, Ultimatum cruel et autres joyeusetés bourrées de couleurs. Il faut savoir que 5cc (comme on l'appellait à l'époque) n'est viable qu'avec une base de mana vraiment stable et efficace. À l'époque, elle était assurée par les terrains "éclatants" (comme le Ruisseau éclatant), le Bassin réfléchissant et les les filter-lands (comme Porte mystique). Aujourd'hui et en moderne, les ingrédients on changé, pas la recette : la base fetch/rav permet d'avoir dès le premier tour la couleur de mana (pour peu qu'on paye la modique somme de 3 points de vie (1 pour le fetch et 2 pour le rav)).
"Pardon ? Une base de mana aussi douloureuse pour un 5cc ?", me direz-vous. Eh bien non, le deck n'est pas contrôle mais midrange, ce qui signifie qu'il n'a pas autant besoin de faire durer la partie que contrôle, et qu'il peut donc se permettre quelques pertes niveau points de vie.
Je ne vais pas revenir sur le corps du deck, c'est plus ou moins le même que Jund ou PW Zoo. Sachez juste que par sa base de mana etla présence de Flammes tribales et Puissance d'Alara, ce deck se rapproche plus du Zoo tel qu'il était au début du modern que PW Zoo (mise à part la Chevalière du Reliquaire).
8. Doran & Junk, par Matt Ferrando (
aggro-contrôle)Junk, aussi appelé Rock, est né
. Il était à l'origine lent et mou (il tuait au Nuage mortel, c'est dire). Récemment, il a réuni le paradoxe de gagner du blanc et de s'avilir, si bien qu'il est devenu Doran aggro. Je vous préviens tout de suite, ne cherchez pas Doran, la Tour de siège dans ce deck, vous n'en verrez pas le bout de la racine, son nom n'est là que pour indiquer rapidement les couleurs du decks (et peu importe que les mots Junk ou Rock le fasse aussi bien).Pour le contenu du deck, prenez vos Lunettes solaires d'Urza. Ça y est ? Vous voyez quoi ? Du rouge ? Très bien. Lisez le nom du deck. Jund ? Parfait !
Parlons quand même de la Chevalière du Reliquaire, boîte à outils capable de casser du terrain (Frontière tectonique), d'avoir une créature (Bois sauvage en éveil), de faire piocher (Canopée d'horizon), de stabiliser le mana (Urborg, Tombe de Yaugzebul) ou de tricker nos créatures (Caveau de l'archange).
281 points
Le 14/05/2013
Effectivement le deck eggs provoquait un grand nombre de dépassements d'horaires (et parfois bien plus que 15 min) ce qui lui a valu l'ire des organisateurs de tournoi... Il faut quand même souligner que le malheureux finaliste n'avait vraiment pas une bonne main. Sachant qu'il jouait contre eggs, il aurait quand même pu tenter un mulligan...
6379 points
Le 13/05/2013
D'un autre coté, c'est pas comme si ils étaient dans le format depuis la création de celui-ci...
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66666 points
Le 13/05/2013
oulaboulette :s
Je confonds avec le standard, sorry ><
( )
2742 points
Le 13/05/2013
J'ai regardé une partie de la video de la finale, et effectivement j'avais l'impression que le joueur du deck eggs jouait un solitaire et que l'autre se faisait chier en face...
Bref, je ne suis pas fan même si ça me titille d'essayer une fois (en proxy).
2133 points
Le 13/05/2013
C'est pas faux Mateus.
Personnellement, je le comparerai aux jeux légacy combo dans le sens où une partie devient une réussite (ou un solitaire).
Je comprend tout à fait que des professionnels jouent de tels jeux, mais pour ma part, je n'en jouerais jamais (allez, d'accord, je testerais contre une IA genre cockatrice)!
Du reste, je trouve ca très plaisant de voire des jeux avec au moins 3 couleurs qui performent à ce point (exepté le jeu Robot que je placerai dans le com' ci-dessus) !
1 réponse(s)
66666 points
Le 13/05/2013
Comme Vrilles nauséeuses ? (Vrilles d'angoisse + Ad nauseam).
Pourtant, c'est un très bon exercice pour apprendre et comprendre les jeux combos et leur fonctionnement. Pour avoir joué (en proxy, certes) un all-in Deus (Rite de flammes -> Rituel de désespoir -> Chant bouillonnant -> Demi-dieu de la revanche ou Deus de la calamité), on apprend beaucoup sur la patience et la gestion des risques.
Avec le retour des Ravlands, tu t'attendais à autre chose ? --'Je confond avec le standard ><'
630 points
Le 13/05/2013
Aaaah le deck Eggs. S'il y a bien un deck combo qui me fait outrageusement rigoler c'est bien celui-ci.
On aime jouer avec et on déteste jouer avec.
On aime jouer contre et on déteste jouer contre.
Ce deck est à la fois fun et pas fun, c'est tous ces sentiments contradictoires qui le rendent si intéressant à mes yeux.
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66666 points
Le 13/05/2013
Effectivement, et je trouve dommage qu'il se soit vu amputer aussi vilement. (Mais c'est vrai qu'un tour additionnel de 15 minutes, qui fait ch*er tous les autres joueurs du tournoi, cépacool).