[Arwen & Katerilyn] Envol
[Arwen & Katerilyn] Envol
Discussion ouverte par Arwen Le 31/03/2021
Discussion ouverte par Arwen Le 31/03/2021
Arwen
Voici un petit RP terminé sur Discord entre Vognar et moi.
Il y a quelques révélations sur les personnages.
****
Plusieurs semaines après que l'Ange ait prêté serment à la Gourou, un messager de cette dernière attendait devant la porte de l'ancienne fossoyeuse. Il frappa une nouvelle fois.
La porte s'ouvrit doucement sur la jeune femme en pyjama à motif du DM (GàL), en train de bailler. Ses ailes traînaient derrière elle et un filet de bave avait séché au coin de sa bouche. Son "regard" remonta lentement vers le visage du messager et le fixa avec un air interrogateur.
Le messager tendit une lettre arborant le sceau de la Grande Prêtresse.
-Bonjour Madame, Sa Grandeur la Gouroue vous demande.
- Sa Grandeur la... Oh m- !
Katerilyn étouffa un juron et sembla immédiatement bien plus éveillée que la seconde précédente.
- Donnez-moi une minute.
Le jeune humain haussa les épaules
- Puis-je vous déposer cette lettre simplement ? J'en ai quelques autres à distribuer et...
Katerilyn réapparut à la porte avec un air gêné.
- Excusez-moi, je pensais devoir vous suivre. Merci pour la lettre, bon courage pour la suite.
La jeune femme referma la porte et ouvrit la lettre, qu'elle lut allongée sur son lit.
Le document était écrit dans une encre étonnement lisible pour l'Ange.
A Katerylin
Vous êtes invitée ce jour par Sa Grandeur Arwen, Gouroue de Sa Secte, Incarnation de Sa Magnificence [plusieurs autres titres à rallonge, parfois rayés] à son bureau habituel, derrière la Pyramide.
Signature d'Arwen en Elfique
- Invitée... Par Dame Arwen...
L'ange serra la lettre contre sa poitrine et rougit comme une adolescente, avant de se ressaisir.
- Non, reprends-toi Kat, c'est une invitation officielle, c'est uniquement professionnel.
Elle se prépara et sortit rapidement, contournant la noble et ancestrale Pyamide, caressant la pierre noire du bout des doigts en passant. À mesure qu'elle approchait du bureau de la gouroue, elle sentit le trac monter. Pourquoi était-elle convoquée ?
Les employés et autres clercs saluaient sobrement l'Ange. Puis, arrivée dans le couloir menant au bureau, le secrétaire, un humain d'une quarantaine d'année, en robe aux couleurs de la Grande Prêtresse (Vert sombre aux liserés violets) vint à la rencontre de l'ancienne fossoyeuse. Il l'accueillit assez sèchement.
- Bienvenue. Vous êtes attendue.
Il mena l'Ange devant une porte qu'il frappa. Il passa la tête dans le cadre en s'excusant longuement du dérangement puis annonça Katerylin. il ouvra alors en grand la porte pour laisser passer cette dernière.
Kat regarda autour d'elle, intimidée par la grandeur des lieux. Elle fut surprise par la froideur du majordome, mais n'en tint pas rigueur. Elle s'avança dans la pièce, à la fois ravie de voir Dame Arwen et terrifiée par les raisons possibles de cette entrevue. Elle attendit que le majordome ait refermé la porte pour se tourner vers Arwen et mettre un genou au sol, la tête inclinée en signe de respect.
L'Elfe releva la tête d'un grimoire pour voir l'Ange entrer dans son bureau éternellement encombré.
- Ah ! Bienvenue Katerylin. Et relève toi, je te prie, nul besoin de tant de cérémonie. Et assis-toi donc ! Comment se passe ton retour parmi la société ?
Katerilyn se redressa.
- M-Merci. Hum, bien, je suppose. J'ai découvert de nouveaux lieux, où j'ai eu l'occasion de rencontrer quelques sectateurs. J'ai fait la rencontre de Sire Evandar. J'ai fait mes preuves à la Caserne.
Elle rougit à nouveau et détourna le regard.
- Je crains que l'orgueil du capitaine Bernault ait pris un coup.
- Oh ! Oui... Le capitaine... Ce n'est pas bien grave. Un peu "d'humilité" ne va pas le tuer !
La Grande Prêtresse rit avant de reprendre:
- As-tu des obligations prochainement ? Des projets ?
L'ange prit quelques secondes pour réfléchir.
- À court terme, pas vraiment, je pensais me rapprocher de Sire Evandar ou nouveau rougissement de vous-même, afin de me rendre utile dans les missions déjà en court. À long terme, si je parviens à restaurer l'honneur de mon nom et à retrouver le rang qui était le mien, alors oui.
Ces derniers mots avaient été prononcés sur un ton dur, inflexible, à l'image de la volonté de Katerilyn de ne plus jamais faillir.
- Parfait si tu n'as pas de choses urgentes prévues ! J'ai besoin que tu me rendes un petit service... Pas grand chose mais... un peu délicat. Et personnel. Enfin, je veux dire que tout doit rester confidentiel.
- P-Personnel... ?
L'Elfe referma son grimoire et posa sa plume.
- Bon, allons-y donc ! Inutile d'attendre davantage et puis j'ai besoin de faire une pause. Moi qui pensais qu'avec des fonctionnaires et autres secrétaires j'allais avoir moins de paperasse...
Elle se leva et se dirigea vers l'Ange. Elle posa délicatement ses mains sur les avant-bras de Katerylin et demanda:
- Prête ?
Katerilyn oublia soudainement de respirer. La grande prêtresse était si proche. Elle pouvait presque sentir son souffle sur son visage. Pire (mieux ?), elle l'avait touchée. Dame Arwen l'avait touchée. L'ange fixa les lèvres de l'elfe qui lui parlait sans qu'elle l'entende, peut-être une seconde de trop, puis remonta sur ses yeux.
- P-Pardon ?
- Es-tu prête ?
- Je, euh, oui, je crois.
- Et bien c'est parti !
L'Elfe déclencha le voyage à travers les plans en emportant l'Ange avec elle dans un tourbillon familier. Le bureau se brouilla et disparut pour laisser place à un vaste plateau à l'air libre. Arwen relâcha Katerilyn dans un soupir, transplaner avec quelqu'un n'étant jamais anodin. Puis elle observa avec plaisir le paysage. Elle descendit de la Pierre Sacrificielle qui se trouvait au milieu d'un pentacle de petits monolithes connectés chacun à un élément de mana, sources de la magie renouvelée sur ce plan.
- Bienvenue ! Tu es la première personne que j'invite ici.
L'ange fut désorientée par le voyage, mais se reprit rapidement. Elle observa les stèles, et l'environnement insolite au-delà.
- Où sommes-nous ?
Une certaine mélancolie envahit la Prêtresse
- Un plan initialement mort et perdu pour la Magie. A une certaine époque, Vognar et moi avons entrepris certaines modifications profondes afin de lui redonner vie. C'est un peu un sanctuaire maintenant. En plus d'être un élément d'observation intéressant.
Katerilyn observa une nouvelle fois les alentours, plus attentivement, en tournant sur elle-même.
- Vous avez créé tout ça, à deux ?
Elle se gifla aussitôt mentalement et se mordit la langue. C'était Dame Arwen, avec un autre kibrille, comment se permettait-elle de douter de leurs capacités ?
L'Elfe sourit avant de se diriger vers l'une des stèles de mana.
- Non, pas vraiment. Nous avons remis la machine en route. En créant les sources de mana, la magie à fait le reste. Nous n'avons fait qu'insuffler un peu de nous. Le reste s'est fait naturellement.
Katerilyn s'approcha de la stèle noire et la caressa du bout des doigts. La magie était palpable.
-Pourquoi sommes-nous ici ?
Comme réveillée d'un songe, Arwen se redressa.
- Ah ! Oui ! Je ne t'ai encore rien expliqué ! Et bien, tu n'es pas sans savoir que le Dark Mogwaï (GàL) possède un certain sens de l'humour... En témoigne mes yeux et... Elle porta la main sur le sommet de son crâne, montrant ses cornes, ça.
Elle fit une pause pour détailler l'Ange.
- Remarque, tu n'as peut-être pas vraiment goûté à cette facette...
L'ange sourit à son tour et déploya largement ses ailes.
- J'en ai eu un aperçu.
L'Elfe acquiesça et commença à retirer sa veste pour se retrouver en un haut au dos nu. Elle sentait déjà les picotements remonter son échine.
- Et bien... N'en parle à personne avant moi. Mais...
Dans un frisson de volutes de pouvoir, des ailes de forme draconique et de couleur sombre apparurent dans le dos de la Gouroue. La pierre de l'autel vibra en réponse.
- Apprends moi à voler.
Elle replia ses nouveaux membres, visiblement très peu à l'aise dans leur maniement.
- S'il te plaît...
Ces derniers mots avaient été prononcés comme une sorte d'appel à l'aide.
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Katerilyn se figea quand la prêtresse retira un vêtement.
- Qu'est-ce que...
Le cœur de l'ange rata un battement.
Des ailes...
Son regard suivit les nervures dans le relief du cuir et ses lèvres s'entrouvrirent béatement d'admiration. Elle tendit la main vers les deux protubérances membraneuses.
Arwen prit la parole et fit sursauter Katerilyn.
- Apprends-moi à voler. S'il te plaît.
La souffrance perceptible dans la voix de l'elfe fit fondre le cœur de Katerilyn.
- Je... Oui, bien sûr, mais... Pourquoi moi ?
L'Elfe haussa les quatre épaules et fit un geste vers les ailes de l'Ange.
- Je suppose que tu as de l'expérience dans le domaine. Et puis...
Son ton se fit plus sérieux.
- Cela Nous permettra de t'observer.
- Sans être une menace, quelque chose dans ces paroles donna une impression de double voix.
Une goutte de sueur froide dégringola le long de l'échine de Katerilyn.
Suis-je en liberté conditionnelle ? Je suppose que je le mérite...
Elle s'inclina.
- Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour vous aider à maîtriser le vôtre, Grande Prêtresse.
- Bon ! Par quoi on commence ? Parce que pour le moment, à part m'étonner de l'envergure Elle ouvrit en grand ses ailes puis les battit un peu, et brasser de l'air... je ne sais pas vraiment comment me servir de cela... Mais quelle idée a-t-Il eu... En plus, je sais que ça Le fait beaucoup rire...
Katerilyn fit un pas vers la prêtresse et commença à lever la main vers ses ailes, avant de la ramener vers elle.
- Je-je peux ?
- Bien entendu, Professeure
Katerilyn rata un nouveau battement. En sentant le rouge envahir son visage, l'ange passa rapidement dans le dos de l'elfe. Elle saisit avec fébrilité et délicatesse la membrane violacée dans ses mains.
Si belles...
Les mains de l'ange parcoururent avec déférence le grain de la peau, appréciant le galbe et la courbure des muscles.
- Déjà, je pense pouvoir affirmer qu'Il, gloire à Lui, ne s'est pas moqué de vous. Ce ne sont clairement pas des ailes d'apparat. Elles sont puissantes et robustes, elles vous porteront sans requérir la moindre magie.
Se laissant expertisée, l'Elfe eut un léger mouvement de soulagement
- Et bien, il ne me reste plus qu'à comprendre comment elles fonctionnent ?
Après un instant de silence, Arwen parût visiblement contrariée. Plus pour elle même que pour Katerilyn, elle fit à voix basse.
- Mais que suis-je en train de devenir...
Les yeux autant dans le vague que contemplant Arwen, Katerilyn répondit machinalement, sans réfléchir.
- Une créature encore plus magnifique...
- Créat... Depuis qu'Il a décidé de me... Changer... Je découvre une nouvelle chose par jour... Ne suis-je donc qu'une créature ?
La Gouroue étendit ses ailes au maximum. Elle sentait avec beaucoup d'acuité ses nouveaux muscles, cette peau, ces os... Et un battement de coeur sauta soudainement... Le sang...
Rabattant un peu ses ailes, Arwen tenta de faire un pas en avant mais trébucha presque. La main sur sa poitrine, son coeur accéléra ses battements.
- Je... Kateri... La... La Pierre...
Le comportement de la prêtresse alerta immédiatement Katerilyn, inquiétude qui fut confirmée par ses paroles. La pierre avait un effet néfaste sur elle ! Ignorant ses principes, l'ange attrapa les mains de l'elfe et la tira avec elle, loin de la stèle noire.
- Madame ? Madame, que se passe-t-il ?!
L'Elfe secoua la tête.
- Non, amène moi vers la pierre centrale... Elle... est bénie... Je dois... Le laisser faire.
- La pierre cent- Oh ! Je... Excusez-moi d'avance pour ça...
Katerilyn rassembla ses forces, puis ceintura la prêtresse de ses bras et sauta en s'aidant d'un puissant battement d'ailes, les rapprochant toutes les deux de la pierre suscitée.
- Puis-je vous aider ? Que dois-je faire ?
Se laissant portée, les yeux de la Prêtresse s'assombrirent immédiatement une fois en contact avec l'autel.
- Merci... je...
La main toujours sur sa poitrine, Arwen sentit soudainement que ses organes internes changeaient à leur tour. Après quelques instants où elle fut entourée de volutes sombres, elle sembla se calmer.
- Tu dois avoir une piètre image de moi... dans cette... faiblesse, soupira-t-elle. Il n'y a pas que toi qui est testée actuellement. Et en ayant accepté ces ailes, Il vient de me gratifier d'un cœur qui tient la charge.
Elle s'esclaffa.
- Tu imagines que je meurs d'une crise cardiaque a des dizaines de mètres d'altitude ?
Puis elle soupira, épuisée.
- Je ne pourrais jamais avoir une piètre image de vous, grande prêtresse.
Katerilyn regarda ensuite Arwen avec un air perplexe.
- Un... cœur ?
- Oui, forcément... Un cœur... Mais c'est épuisant tous ces changements... Ylloh m'a dit il y a pas longtemps que les Gourous Fondateurs ont "changé" en plusieurs mois... voire années. Car au départ, ils voulaient Le scellé en eux pour Le tenir prisonnier. Alors que j'ai été choisie et que j'ai accepté... tout est trop brutal...
L'Elfe dont l'état semblait se stabiliser, se rendit compte de l'expression de l'Ange. De ses yeux redevenus plus normaux, elle observa son interlocutrice.
- Qu'est ce qui t'étonne ainsi ?
L'ange pensa brièvement à sa propre transformation, quasi-immédiate, mais n'osa pas la mentionner. Pas qu'elle veuille dissimuler quoi que ce soit à la prêtresse - celle-ci pouvait lire ouvertement dans son esprit -, mais elle se sentait si insignifiante à côté.
Elle posa une main sur sa poitrine, au niveau de son cœur.
- Je n'avais jamais pensé au fait qu'il faille un cœur particulièrement puissant pour voler...
Telle une révélation, Son information sur la transformation de Katerilyn en Ange se fit évidence dans l'esprit d'Arwen.
- Et je n'avais jamais pensé que tu fus changée par Lui... Qu'étais-tu dans ta première vie ?
Katerilyn fronça les sourcils, les yeux dans le vague, comme si elle luttait pour se souvenir.
- Une helfine. Une race bâtarde, croisement de nains et d'elfes, née après que les deux sociétés aient fusionné.
- Voilà quelque chose qui ne s'est jamais vu sur mon plan d'origine. Et qu'as-tu ressenti lorsque tu t'es découverte telle que tu es ?
- Une plénitude totale. J'étais plus proche de Lui que je ne l'avais jamais été. La joie, aussi. Il m'avait acceptée, et m'avait faite sienne.
Les yeux de l'ange brillaient alors qu'elle se remémorait des faits vieux de plusieurs milliers d'années.
Un sourire naquit sur le visage de la Grande Prêtresse, sensible à la vibration de Foi de l'Ange.
- Je me souviens également de ce moment, lorsqu'Il m'a recueillie et accueillie. Pour le reste, tout s'est fait bien plus progressivement que toi. Je suis partie de la base des Sectateurs. Finalement, chaque Sectateur a un chemin bien à lui pour Le servir...
L'Elfe leva les yeux au ciel, remarquant le passage de deux sortes de corbeaux.
- C'est comment d'être là haut ?
Katerilyn suivit le regard d'Arwen.
- C'est merveilleux. C'est un monde différent. Enfin non, c'est le même monde, mais avec une dimension en plus. Comme si tu avais vécu toute ta vie à genoux et que tu découvrais le fait de marcher et courir. Comme si tu avais toujours vu en noir et blanc et que tu découvrais les couleurs.
Pendant qu'elle parlait, l'ange se détendit. Ses épaules se relâchèrent et ses ailes se déployèrent derrière elle.
- Une fois habituée, c'est aussi naturel que de marcher, et on se demande comment on a pu vivre sans. Et pourtant, on ne s'habitue jamais vraiment.
Son visage montrait une joie enfantine, simple mais belle. Katerilyn aurait voulu prendre la main d'Arwen et l'emmener "là-haut" avec elle, danser dans les vents, plaisanter avec les oiseaux et tutoyer les étoiles.
L'enthousiasme de l'Ange était communicatif et Arwen sourit tandis que Katerilyn la tutoyait en expliquant tout le bonheur qu'il y avait à toucher les nuages.
L'Elfe repensa alors à une ancienne connaissance... Un ange aux ailes dorées qui irradiait de joie tel un soleil en pleine nuit. Cet ange était même parvenu à éclaircir l'humeur sombre de la Grande Prêtresse pendant le Grand Schisme sur ce plan honnit.
Elle chassa ce souvenir pour reposer ses yeux félins sur la Sectatrice en réhabilitation.
- Et bien si je n'ai guère besoin d'apprendre à marcher sur terre, dans les airs c'est une autre affaire. Ce n'est pas un univers qui m'est familier, loin de là.
En se levant de la pierre de l'Autel, Arwen arracha quelques volutes sombres qui s'évaporèrent doucement. Une fois sur pied, elle étendit ses puissantes ailes à l'apparence très différente de celles, légères et gracieuses de l'Ange.
- Je peux te dire que ça L'amuse beaucoup de me voir ainsi avec ces choses dont je ne sais pas me servir... Mais passons. Alors ? Comment dois-je procéder ?
- L'idéal, c'est que je vous montre. Allons sur cette colline, là-bas.
- Qu'est-ce que...
Le cœur de l'ange rata un battement.
Des ailes...
Son regard suivit les nervures dans le relief du cuir et ses lèvres s'entrouvrirent béatement d'admiration. Elle tendit la main vers les deux protubérances membraneuses.
Arwen prit la parole et fit sursauter Katerilyn.
- Apprends-moi à voler. S'il te plaît.
La souffrance perceptible dans la voix de l'elfe fit fondre le cœur de Katerilyn.
- Je... Oui, bien sûr, mais... Pourquoi moi ?
L'Elfe haussa les quatre épaules et fit un geste vers les ailes de l'Ange.
- Je suppose que tu as de l'expérience dans le domaine. Et puis...
Son ton se fit plus sérieux.
- Cela Nous permettra de t'observer.
- Sans être une menace, quelque chose dans ces paroles donna une impression de double voix.
Une goutte de sueur froide dégringola le long de l'échine de Katerilyn.
Suis-je en liberté conditionnelle ? Je suppose que je le mérite...
Elle s'inclina.
- Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour vous aider à maîtriser le vôtre, Grande Prêtresse.
- Bon ! Par quoi on commence ? Parce que pour le moment, à part m'étonner de l'envergure Elle ouvrit en grand ses ailes puis les battit un peu, et brasser de l'air... je ne sais pas vraiment comment me servir de cela... Mais quelle idée a-t-Il eu... En plus, je sais que ça Le fait beaucoup rire...
Katerilyn fit un pas vers la prêtresse et commença à lever la main vers ses ailes, avant de la ramener vers elle.
- Je-je peux ?
- Bien entendu, Professeure
Katerilyn rata un nouveau battement. En sentant le rouge envahir son visage, l'ange passa rapidement dans le dos de l'elfe. Elle saisit avec fébrilité et délicatesse la membrane violacée dans ses mains.
Si belles...
Les mains de l'ange parcoururent avec déférence le grain de la peau, appréciant le galbe et la courbure des muscles.
- Déjà, je pense pouvoir affirmer qu'Il, gloire à Lui, ne s'est pas moqué de vous. Ce ne sont clairement pas des ailes d'apparat. Elles sont puissantes et robustes, elles vous porteront sans requérir la moindre magie.
Se laissant expertisée, l'Elfe eut un léger mouvement de soulagement
- Et bien, il ne me reste plus qu'à comprendre comment elles fonctionnent ?
Après un instant de silence, Arwen parût visiblement contrariée. Plus pour elle même que pour Katerilyn, elle fit à voix basse.
- Mais que suis-je en train de devenir...
Les yeux autant dans le vague que contemplant Arwen, Katerilyn répondit machinalement, sans réfléchir.
- Une créature encore plus magnifique...
- Créat... Depuis qu'Il a décidé de me... Changer... Je découvre une nouvelle chose par jour... Ne suis-je donc qu'une créature ?
La Gouroue étendit ses ailes au maximum. Elle sentait avec beaucoup d'acuité ses nouveaux muscles, cette peau, ces os... Et un battement de coeur sauta soudainement... Le sang...
Rabattant un peu ses ailes, Arwen tenta de faire un pas en avant mais trébucha presque. La main sur sa poitrine, son coeur accéléra ses battements.
- Je... Kateri... La... La Pierre...
Le comportement de la prêtresse alerta immédiatement Katerilyn, inquiétude qui fut confirmée par ses paroles. La pierre avait un effet néfaste sur elle ! Ignorant ses principes, l'ange attrapa les mains de l'elfe et la tira avec elle, loin de la stèle noire.
- Madame ? Madame, que se passe-t-il ?!
L'Elfe secoua la tête.
- Non, amène moi vers la pierre centrale... Elle... est bénie... Je dois... Le laisser faire.
- La pierre cent- Oh ! Je... Excusez-moi d'avance pour ça...
Katerilyn rassembla ses forces, puis ceintura la prêtresse de ses bras et sauta en s'aidant d'un puissant battement d'ailes, les rapprochant toutes les deux de la pierre suscitée.
- Puis-je vous aider ? Que dois-je faire ?
Se laissant portée, les yeux de la Prêtresse s'assombrirent immédiatement une fois en contact avec l'autel.
- Merci... je...
La main toujours sur sa poitrine, Arwen sentit soudainement que ses organes internes changeaient à leur tour. Après quelques instants où elle fut entourée de volutes sombres, elle sembla se calmer.
- Tu dois avoir une piètre image de moi... dans cette... faiblesse, soupira-t-elle. Il n'y a pas que toi qui est testée actuellement. Et en ayant accepté ces ailes, Il vient de me gratifier d'un cœur qui tient la charge.
Elle s'esclaffa.
- Tu imagines que je meurs d'une crise cardiaque a des dizaines de mètres d'altitude ?
Puis elle soupira, épuisée.
- Je ne pourrais jamais avoir une piètre image de vous, grande prêtresse.
Katerilyn regarda ensuite Arwen avec un air perplexe.
- Un... cœur ?
- Oui, forcément... Un cœur... Mais c'est épuisant tous ces changements... Ylloh m'a dit il y a pas longtemps que les Gourous Fondateurs ont "changé" en plusieurs mois... voire années. Car au départ, ils voulaient Le scellé en eux pour Le tenir prisonnier. Alors que j'ai été choisie et que j'ai accepté... tout est trop brutal...
L'Elfe dont l'état semblait se stabiliser, se rendit compte de l'expression de l'Ange. De ses yeux redevenus plus normaux, elle observa son interlocutrice.
- Qu'est ce qui t'étonne ainsi ?
L'ange pensa brièvement à sa propre transformation, quasi-immédiate, mais n'osa pas la mentionner. Pas qu'elle veuille dissimuler quoi que ce soit à la prêtresse - celle-ci pouvait lire ouvertement dans son esprit -, mais elle se sentait si insignifiante à côté.
Elle posa une main sur sa poitrine, au niveau de son cœur.
- Je n'avais jamais pensé au fait qu'il faille un cœur particulièrement puissant pour voler...
Telle une révélation, Son information sur la transformation de Katerilyn en Ange se fit évidence dans l'esprit d'Arwen.
- Et je n'avais jamais pensé que tu fus changée par Lui... Qu'étais-tu dans ta première vie ?
Katerilyn fronça les sourcils, les yeux dans le vague, comme si elle luttait pour se souvenir.
- Une helfine. Une race bâtarde, croisement de nains et d'elfes, née après que les deux sociétés aient fusionné.
- Voilà quelque chose qui ne s'est jamais vu sur mon plan d'origine. Et qu'as-tu ressenti lorsque tu t'es découverte telle que tu es ?
- Une plénitude totale. J'étais plus proche de Lui que je ne l'avais jamais été. La joie, aussi. Il m'avait acceptée, et m'avait faite sienne.
Les yeux de l'ange brillaient alors qu'elle se remémorait des faits vieux de plusieurs milliers d'années.
Un sourire naquit sur le visage de la Grande Prêtresse, sensible à la vibration de Foi de l'Ange.
- Je me souviens également de ce moment, lorsqu'Il m'a recueillie et accueillie. Pour le reste, tout s'est fait bien plus progressivement que toi. Je suis partie de la base des Sectateurs. Finalement, chaque Sectateur a un chemin bien à lui pour Le servir...
L'Elfe leva les yeux au ciel, remarquant le passage de deux sortes de corbeaux.
- C'est comment d'être là haut ?
Katerilyn suivit le regard d'Arwen.
- C'est merveilleux. C'est un monde différent. Enfin non, c'est le même monde, mais avec une dimension en plus. Comme si tu avais vécu toute ta vie à genoux et que tu découvrais le fait de marcher et courir. Comme si tu avais toujours vu en noir et blanc et que tu découvrais les couleurs.
Pendant qu'elle parlait, l'ange se détendit. Ses épaules se relâchèrent et ses ailes se déployèrent derrière elle.
- Une fois habituée, c'est aussi naturel que de marcher, et on se demande comment on a pu vivre sans. Et pourtant, on ne s'habitue jamais vraiment.
Son visage montrait une joie enfantine, simple mais belle. Katerilyn aurait voulu prendre la main d'Arwen et l'emmener "là-haut" avec elle, danser dans les vents, plaisanter avec les oiseaux et tutoyer les étoiles.
L'enthousiasme de l'Ange était communicatif et Arwen sourit tandis que Katerilyn la tutoyait en expliquant tout le bonheur qu'il y avait à toucher les nuages.
L'Elfe repensa alors à une ancienne connaissance... Un ange aux ailes dorées qui irradiait de joie tel un soleil en pleine nuit. Cet ange était même parvenu à éclaircir l'humeur sombre de la Grande Prêtresse pendant le Grand Schisme sur ce plan honnit.
Elle chassa ce souvenir pour reposer ses yeux félins sur la Sectatrice en réhabilitation.
- Et bien si je n'ai guère besoin d'apprendre à marcher sur terre, dans les airs c'est une autre affaire. Ce n'est pas un univers qui m'est familier, loin de là.
En se levant de la pierre de l'Autel, Arwen arracha quelques volutes sombres qui s'évaporèrent doucement. Une fois sur pied, elle étendit ses puissantes ailes à l'apparence très différente de celles, légères et gracieuses de l'Ange.
- Je peux te dire que ça L'amuse beaucoup de me voir ainsi avec ces choses dont je ne sais pas me servir... Mais passons. Alors ? Comment dois-je procéder ?
- L'idéal, c'est que je vous montre. Allons sur cette colline, là-bas.
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Pendant le chemin, Katerilyn commença ses explications.
- L'aile est composée de la même façon que le bras. Il y a un humérus, un os long est très solide, qui va de l'épaule au coude, la première articulation. Puis le radius et le cubitus qui forment un angle et remonte jusqu'au poignet. Et le dernier segment de l'aile, formé de l'équivalent de la main. Ce sont d'ailleurs l'équivalent des doigts qui contrôlent vos... Katerilyn regarda les ailes de la prêtresse et se reprit,qui contrôleraient vos rémiges si vous aviez des plumes.
Les deux femmes arrivèrent sur la colline.
- Pour prendre son envol, il faut une impulsion. Elle peut être magique, mais elle sera le plus souvent physique. C'est plus facile en descente. Ensuite, pendant l'impulsion, il faut ouvrir les ailes et donner un puissant premier battement. Comme ça.
L'ange fléchit légèrement les jambes, se pencha en avant, puis sauta doucement vers l'avant. Pendant que ses jambes se détendaient, ses ailes s'ouvraient, et alors que ses pieds quittaient le sol, ses ailes battirent puissamment, prolongeant le vol sur quelques mètres. En se mettant de profil et en montrant le bord de son aile, Kat reprit ses instructions.
- Le profil de l'aile suffit à assurer la portance, la force verticale, et c'est le battement des ailes qui va créer la poussée, la force horizontale. En revanche, la portance générée dépend de la poussée, c'est pourquoi lors d'un vol planée, la poussée étant nulle, la portance diminue petit à petit.
L'ange se déplaça de quelques pas et montra l'endroit où elle se tenait.
- Essayez de me rejoindre en vol plané. Rappelez-vous, une impulsion vers le haut et vers l'avant avec les jambes. Un grand battement en remontant le coude légèrement fléchi, la main relâchée, puis en poussant vers le bas le bras tendu. Pour tenir le vol plané, les ailes doivent être presque à l'horizontale, légèrement penchées vers l'arrière.
L'Elfe suivit l'Ange tout en écoutant attentivement les détails anatomiques et techniques d'une aile. Elle fit bouger les siennes afin de ressentir les zones décrites puis observa Katerilyn réaliser son envol et son plané.
La prêtresse fronça les sourcils de concentration tout en se répétant mentalement ce qu'elle avait compris de la manœuvre.
Impulsion, battement avec « main » relâchée, puis orientation pour la portance.
Tout en faisant cette vérification, elle bougeait ses nouveaux membres. Puis elle regarda la place désignée par l'Ange, inspira profondément et se lança.
Impulsion... Battement puissant des ailes... la prêtresse s'éleva un peu plus haut qu'un saut simple... Mais elle ne sentait aucune portance du vent... et... très rapidement... la gravité fit son office. L'Elfe tenta plusieurs battements désordonnés qui ne firent que la déséquilibrer et elle tomba. La vitesse prise alliée à la pente de la colline firent dévaler cette dernière à la prêtresse.
Après un roulé boulé de plusieurs mètres, elle se retrouva allongée de tout son long... et de son envergure, sur le ventre, tête dans les herbes.
Elle releva celle-ci et cracha un peu de tiges de graminées. Une motte de terre était plantée dans l'une de ses cornes tandis que du lierre pendait, accrochée à l'autre.
Katerilyn regarda la prêtresse tenter de s'envoler avec un émerveillement... qui vira à l'effroi en quelques secondes. Elle regarda, pétrifiée, Dame Arwen rouler-bouler dans l'herbe et la terre avant de terminer sa course à ses pieds.
- D-Dame Arwen !
En s'agenouillant à côté d'elle, l'ange sentit son cœur rater un battement. Son regard avait en effet accroché la forme des ailes étalées sur le sol et ses yeux s'étaient emplis d'effroi.
- Je suis désolée, c'est de ma faute ! V-vos ailes... Elles sont différentes des miennes... Je suis désolée.
L'ange s'effondra au sol et commença fébrilement à essayer de retirer la terre des vêtements de la prêtresse, mais ses sanglots et ses larmes la rendaient assez peu efficace.
- Tellement désolée...
La tête hors des herbes, tout tournait encore. L'Elfe fit mentalement une vérification de son état de santé et soupira en constatant qu'elle n'avait rien de cassé.
L'Ange arriva à ses cotés dans un état de culpabilité et de panique évident. Celle-ci commençait à retirer la terre et les herbes.
- Ca va aller, ça va aller... Calme toi donc ! Je vais bien. Ce sont des choses qui arrivent... je suppose.
Arwen se redressa puis se releva tout en empêchant Katerilyn d'agir et en époussetant elle même les derniers végétaux accrochés, à l'exception d'un brin de lierre qui pendait toujours entre ses cornes.
- Bon... Je dois comprendre. Mes ailes n'ont pas de plumes donc cela ne fonctionne pas comme toi ?
La Prêtresse n'avait pas remarqué la petite plaie sur son front. Aucune goutte de sang n'en coulait. En revanche, de petites volutes d'ombres s'élevèrent un moment dans les airs jusqu'à ce que la blessure se guérisse seule.
- Mais dans ce cas, comment faire ? La poussée semble correcte. Mais le plané... et l'équilibre...
- Ce n'est pas à cause des plumes.
L'ange tendit son bras droit, et son aile droite derrière. Elle montra tour à tour plusieurs endroits sur les deux.
- Les ailes des oiseaux - et les miennes -, comme les bras, sont attachées au corps par l'épaule. Là, l'humérus pivote dans la clavicule. À l'humérus sont rattachés le radius et le cubitus, formant le coude. Ensuite, on trouve le poignet, où les carpiens sont rattachés au radius et au cubitus. Ici sur l'aile, ça forme un second coude, dans l'autre sens. Après, au bout, les doigts forment l'extrémité du membre.
Katerilyn montra l'extrémité du bord extérieur de son aile en parlant des doigts. Elle se tourna ensuite vers Arwen, qui avait tendu sa propre aile pour suivre. Elle s'approcha.
- Les chauve-souris - et vous -, en revanche, n'ont pas de "deuxième coude". Le premier n'est même pas vraiment visible. De plus, là où l'oiseau porte son aile de tout son "bras", la chauve-souris a comme une très grande main, dont les doigts servent de tendeurs. Comme un cerf-volant. Donc le maintiens doit venir du bras, mais la poussée doit venir de la main.
- Je vois... Donc... le conseil de la main relâchée n'était pas applicable pour moi. Je suis pire qu'un dragonnet sorti de l'oeuf...
L'Elfe soupira et entreprit de remonter la pente à pied, les ailes pendant mollement de déception.
Katerilyn s'arrêta dans son geste, trop brusquement pour qu'Arwen ne le remarque pas. Son regard était vague mais figé, comme planté dans le sol.
- Au moins vous n'avez pas perdu la vue.
Sa voix était rauque, comme si elle retenait un sanglot.
- Qu'est-ce que je raconte, excusez-moi Dame Arwen, je ne sais pas ce qui m'a pris.
L'ange secoua la tête et reprit ses explications, avec le même entrain que quelques minutes auparavant. Seul un léger voile subsistait dans ses yeux nacrés.
La Grande Prêtresse s'arrêta brusquement et se retourna vers l'Ange. Elle lui arracha le bandeau qu'elle portait, découvrant le regard de Katerilyn. Le tissu tomba au sol.
- Tu vois bien plus de chose avec ce qu'Il t'a donné qu'avec de véritables yeux. Maintenant, si tu désires finalement voir "physiquement", qu'il en soit ainsi.
La Gouroue plaqua ses mains sur le visage de l'Ange. Des volutes caractéristiques apparurent. Lorsqu'elle dévoila les yeux, ils étaient de nouveau valides. Mais...
- Tu gagnes une vue en perdant l'autre. Maintenant, à toi de... Voir... Celle qui t'es le plus utile pour Me/Le servir.
Cette dissonance pourtant harmonieuse étrange dans la voix... Encore... Pourtant, il n'y avait nulle colère.
Arwen se détourna et continua son ascension de la colline.
- Qu'est-ce que-
Katerilyn plaqua ses mains sur ses yeux et tomba à genoux, prostrée.
- Je... Je...
Des larmes inondèrent et débordèrent rapidement ses yeux.
- Je...
Les mains de l'ange se crispèrent et ses ongles commencèrent à labourer son visage, comme pour s'en arracher les yeux. Du sang ne tarda pas à se mêler aux larmes.
L'onde de détresse toucha la Prêtresse qui leva les yeux au ciel. En se retournant, le spectacle la fit froncer les sourcils de compassion.
Déjà assez haut sur la colline, elle bondit vers l'ange à l'aide de ses ailes mais ne les utilisa que pour la propulser, se réceptionnant souplement à quelques pas de Katerilyn.
S'accroupissant près d'elle, Arwen bloqua fermement ses mains, avec à la fois une force inébranlable et de la douceur. Elle planta son regard étrange dans celui, "guérit", de l'Ange.
- Non non non... Pas de cela. Tu vas abîmer ton visage. Regarde moi. Regarde autour de toi. Dis moi ce que tu vois. Ce que tu y gagnes. Ce que tu y perds. Et pourquoi tu as regretté qu'Il t'ait ôter la vue. Mais aussi soudainement qu'Il te l'ait rendue.
L'Elfe fit une pause avant de reprendre
- Que tentes-tu de te cacher en ton cœur ?
L'ange regarda Dame Arwen comme si c'était la première fois qu'elle la voyait. Car c'était la première fois qu'elle l'a voyait. Rougis par ses larmes et abîmés par ses ongles, ses yeux s'écarquillèrent légèrement.
- Je...
Refusant de lui obéir de prime abord, les yeux de Katerilyn ne quittèrent pas le visage de l'elfe. Et puis, timidement, ils explorèrent au delà. L'herbe. Le ciel. Les arbres. Quelques animaux. Arwen à nouveaux.
- Je ne veux pas voir tout ça. Je ne veux pas... Je suis désolée.
À nouveaux remplis de larmes, les yeux de l'ange plongèrent vers le sol.
- Je ne sais pas ce qui m'a pris. Je ne sais pas ce qui m'arrive. Depuis que vous m'avez libérée...
Regard bref dans les yeux de la prêtresse, puis deux mots, chuchotés, à peine murmurés, comme pour tenter de les retenir.
- Je doute.
L'Elfe pencha la tête sur le coté, un sourire compatissant sur le visage. Elle lâcha doucement les mains de l'Ange avant de la serrer dans ses bras puis de l'entourer de ses grandes ailes.
- Laaa, laaa... Ca va aller.
La douce voix de la Grande Prêtresse fut accompagnée d'une onde étrange. Si quelqu'un d'extérieur à ce cocon l'observait, il aurait vu une Aura de volute ondoyer doucement autour des deux Sectatrices.
- Ferme donc les yeux. Lorsque tu les rouvriras, ils seront tels que tu le souhaites.
L'onde de Foi enveloppait Katerilyn et la soignait. Son visage se réparait.
- Je/Il sais/t que tu ne doutes pas de Moi/Lui. Il est normal de se poser parfois des questions pour trouver sa place. Moi-même, j'ai vécu cette période de doute.
La Grande Prêtresse cessa l'accolade et tint l'Ange par les épaules.
- Te sens-tu mieux ?
Katerilyn ferma les yeux et se blottit dans les bras d'Arwen. Le contact était chaleureux mais puissant, comme... paternel ? Après les soins opérés par la prêtresse, l'ange se redressa, sans toutefois ouvrir les yeux.
- Je n'ai pas le droit de douter. J'ai juré de le servir sans faillir, et j'ai déjà échoué une fois. La gratitude que je ressens devant la deuxième chance qui m'est offerte ne devrait pas se teinter de doute, pourquoi suis-je torturée à ce point ? Je n'ai que la Secte. Je n'ai que Lui.
- Il aime tester ceux à qui Il destine un rôle.
La Prêtresse se releva en repliant ses ailes.
- Mon doute est apparu après ce qu'Il m'a fait faire sur le plan de Calamianis. Quasiment toute vie y fut annihilée. J'ai beau être Sa Grande Prêtresse, je reste avant tout quelqu'un qui chérit la vie. Me faire raser ce plan, bien qu'il soit impie, fut un choc immense.
Arwen inspira l'air frais tout en regardant le paysage. Le jour commençait à décroître.
- J'ai erré une dizaine d'années loin de la Secte et loin de Lui. Puis je suis revenue. Tu dois trouver en ton coeur les réponses à tes questions. Mais si tu as besoin d'être accompagnée, je/Je serais là.
- L'aile est composée de la même façon que le bras. Il y a un humérus, un os long est très solide, qui va de l'épaule au coude, la première articulation. Puis le radius et le cubitus qui forment un angle et remonte jusqu'au poignet. Et le dernier segment de l'aile, formé de l'équivalent de la main. Ce sont d'ailleurs l'équivalent des doigts qui contrôlent vos... Katerilyn regarda les ailes de la prêtresse et se reprit,qui contrôleraient vos rémiges si vous aviez des plumes.
Les deux femmes arrivèrent sur la colline.
- Pour prendre son envol, il faut une impulsion. Elle peut être magique, mais elle sera le plus souvent physique. C'est plus facile en descente. Ensuite, pendant l'impulsion, il faut ouvrir les ailes et donner un puissant premier battement. Comme ça.
L'ange fléchit légèrement les jambes, se pencha en avant, puis sauta doucement vers l'avant. Pendant que ses jambes se détendaient, ses ailes s'ouvraient, et alors que ses pieds quittaient le sol, ses ailes battirent puissamment, prolongeant le vol sur quelques mètres. En se mettant de profil et en montrant le bord de son aile, Kat reprit ses instructions.
- Le profil de l'aile suffit à assurer la portance, la force verticale, et c'est le battement des ailes qui va créer la poussée, la force horizontale. En revanche, la portance générée dépend de la poussée, c'est pourquoi lors d'un vol planée, la poussée étant nulle, la portance diminue petit à petit.
L'ange se déplaça de quelques pas et montra l'endroit où elle se tenait.
- Essayez de me rejoindre en vol plané. Rappelez-vous, une impulsion vers le haut et vers l'avant avec les jambes. Un grand battement en remontant le coude légèrement fléchi, la main relâchée, puis en poussant vers le bas le bras tendu. Pour tenir le vol plané, les ailes doivent être presque à l'horizontale, légèrement penchées vers l'arrière.
L'Elfe suivit l'Ange tout en écoutant attentivement les détails anatomiques et techniques d'une aile. Elle fit bouger les siennes afin de ressentir les zones décrites puis observa Katerilyn réaliser son envol et son plané.
La prêtresse fronça les sourcils de concentration tout en se répétant mentalement ce qu'elle avait compris de la manœuvre.
Impulsion, battement avec « main » relâchée, puis orientation pour la portance.
Tout en faisant cette vérification, elle bougeait ses nouveaux membres. Puis elle regarda la place désignée par l'Ange, inspira profondément et se lança.
Impulsion... Battement puissant des ailes... la prêtresse s'éleva un peu plus haut qu'un saut simple... Mais elle ne sentait aucune portance du vent... et... très rapidement... la gravité fit son office. L'Elfe tenta plusieurs battements désordonnés qui ne firent que la déséquilibrer et elle tomba. La vitesse prise alliée à la pente de la colline firent dévaler cette dernière à la prêtresse.
Après un roulé boulé de plusieurs mètres, elle se retrouva allongée de tout son long... et de son envergure, sur le ventre, tête dans les herbes.
Elle releva celle-ci et cracha un peu de tiges de graminées. Une motte de terre était plantée dans l'une de ses cornes tandis que du lierre pendait, accrochée à l'autre.
Katerilyn regarda la prêtresse tenter de s'envoler avec un émerveillement... qui vira à l'effroi en quelques secondes. Elle regarda, pétrifiée, Dame Arwen rouler-bouler dans l'herbe et la terre avant de terminer sa course à ses pieds.
- D-Dame Arwen !
En s'agenouillant à côté d'elle, l'ange sentit son cœur rater un battement. Son regard avait en effet accroché la forme des ailes étalées sur le sol et ses yeux s'étaient emplis d'effroi.
- Je suis désolée, c'est de ma faute ! V-vos ailes... Elles sont différentes des miennes... Je suis désolée.
L'ange s'effondra au sol et commença fébrilement à essayer de retirer la terre des vêtements de la prêtresse, mais ses sanglots et ses larmes la rendaient assez peu efficace.
- Tellement désolée...
La tête hors des herbes, tout tournait encore. L'Elfe fit mentalement une vérification de son état de santé et soupira en constatant qu'elle n'avait rien de cassé.
L'Ange arriva à ses cotés dans un état de culpabilité et de panique évident. Celle-ci commençait à retirer la terre et les herbes.
- Ca va aller, ça va aller... Calme toi donc ! Je vais bien. Ce sont des choses qui arrivent... je suppose.
Arwen se redressa puis se releva tout en empêchant Katerilyn d'agir et en époussetant elle même les derniers végétaux accrochés, à l'exception d'un brin de lierre qui pendait toujours entre ses cornes.
- Bon... Je dois comprendre. Mes ailes n'ont pas de plumes donc cela ne fonctionne pas comme toi ?
La Prêtresse n'avait pas remarqué la petite plaie sur son front. Aucune goutte de sang n'en coulait. En revanche, de petites volutes d'ombres s'élevèrent un moment dans les airs jusqu'à ce que la blessure se guérisse seule.
- Mais dans ce cas, comment faire ? La poussée semble correcte. Mais le plané... et l'équilibre...
- Ce n'est pas à cause des plumes.
L'ange tendit son bras droit, et son aile droite derrière. Elle montra tour à tour plusieurs endroits sur les deux.
- Les ailes des oiseaux - et les miennes -, comme les bras, sont attachées au corps par l'épaule. Là, l'humérus pivote dans la clavicule. À l'humérus sont rattachés le radius et le cubitus, formant le coude. Ensuite, on trouve le poignet, où les carpiens sont rattachés au radius et au cubitus. Ici sur l'aile, ça forme un second coude, dans l'autre sens. Après, au bout, les doigts forment l'extrémité du membre.
Katerilyn montra l'extrémité du bord extérieur de son aile en parlant des doigts. Elle se tourna ensuite vers Arwen, qui avait tendu sa propre aile pour suivre. Elle s'approcha.
- Les chauve-souris - et vous -, en revanche, n'ont pas de "deuxième coude". Le premier n'est même pas vraiment visible. De plus, là où l'oiseau porte son aile de tout son "bras", la chauve-souris a comme une très grande main, dont les doigts servent de tendeurs. Comme un cerf-volant. Donc le maintiens doit venir du bras, mais la poussée doit venir de la main.
- Je vois... Donc... le conseil de la main relâchée n'était pas applicable pour moi. Je suis pire qu'un dragonnet sorti de l'oeuf...
L'Elfe soupira et entreprit de remonter la pente à pied, les ailes pendant mollement de déception.
Katerilyn s'arrêta dans son geste, trop brusquement pour qu'Arwen ne le remarque pas. Son regard était vague mais figé, comme planté dans le sol.
- Au moins vous n'avez pas perdu la vue.
Sa voix était rauque, comme si elle retenait un sanglot.
- Qu'est-ce que je raconte, excusez-moi Dame Arwen, je ne sais pas ce qui m'a pris.
L'ange secoua la tête et reprit ses explications, avec le même entrain que quelques minutes auparavant. Seul un léger voile subsistait dans ses yeux nacrés.
La Grande Prêtresse s'arrêta brusquement et se retourna vers l'Ange. Elle lui arracha le bandeau qu'elle portait, découvrant le regard de Katerilyn. Le tissu tomba au sol.
- Tu vois bien plus de chose avec ce qu'Il t'a donné qu'avec de véritables yeux. Maintenant, si tu désires finalement voir "physiquement", qu'il en soit ainsi.
La Gouroue plaqua ses mains sur le visage de l'Ange. Des volutes caractéristiques apparurent. Lorsqu'elle dévoila les yeux, ils étaient de nouveau valides. Mais...
- Tu gagnes une vue en perdant l'autre. Maintenant, à toi de... Voir... Celle qui t'es le plus utile pour Me/Le servir.
Cette dissonance pourtant harmonieuse étrange dans la voix... Encore... Pourtant, il n'y avait nulle colère.
Arwen se détourna et continua son ascension de la colline.
- Qu'est-ce que-
Katerilyn plaqua ses mains sur ses yeux et tomba à genoux, prostrée.
- Je... Je...
Des larmes inondèrent et débordèrent rapidement ses yeux.
- Je...
Les mains de l'ange se crispèrent et ses ongles commencèrent à labourer son visage, comme pour s'en arracher les yeux. Du sang ne tarda pas à se mêler aux larmes.
L'onde de détresse toucha la Prêtresse qui leva les yeux au ciel. En se retournant, le spectacle la fit froncer les sourcils de compassion.
Déjà assez haut sur la colline, elle bondit vers l'ange à l'aide de ses ailes mais ne les utilisa que pour la propulser, se réceptionnant souplement à quelques pas de Katerilyn.
S'accroupissant près d'elle, Arwen bloqua fermement ses mains, avec à la fois une force inébranlable et de la douceur. Elle planta son regard étrange dans celui, "guérit", de l'Ange.
- Non non non... Pas de cela. Tu vas abîmer ton visage. Regarde moi. Regarde autour de toi. Dis moi ce que tu vois. Ce que tu y gagnes. Ce que tu y perds. Et pourquoi tu as regretté qu'Il t'ait ôter la vue. Mais aussi soudainement qu'Il te l'ait rendue.
L'Elfe fit une pause avant de reprendre
- Que tentes-tu de te cacher en ton cœur ?
L'ange regarda Dame Arwen comme si c'était la première fois qu'elle la voyait. Car c'était la première fois qu'elle l'a voyait. Rougis par ses larmes et abîmés par ses ongles, ses yeux s'écarquillèrent légèrement.
- Je...
Refusant de lui obéir de prime abord, les yeux de Katerilyn ne quittèrent pas le visage de l'elfe. Et puis, timidement, ils explorèrent au delà. L'herbe. Le ciel. Les arbres. Quelques animaux. Arwen à nouveaux.
- Je ne veux pas voir tout ça. Je ne veux pas... Je suis désolée.
À nouveaux remplis de larmes, les yeux de l'ange plongèrent vers le sol.
- Je ne sais pas ce qui m'a pris. Je ne sais pas ce qui m'arrive. Depuis que vous m'avez libérée...
Regard bref dans les yeux de la prêtresse, puis deux mots, chuchotés, à peine murmurés, comme pour tenter de les retenir.
- Je doute.
L'Elfe pencha la tête sur le coté, un sourire compatissant sur le visage. Elle lâcha doucement les mains de l'Ange avant de la serrer dans ses bras puis de l'entourer de ses grandes ailes.
- Laaa, laaa... Ca va aller.
La douce voix de la Grande Prêtresse fut accompagnée d'une onde étrange. Si quelqu'un d'extérieur à ce cocon l'observait, il aurait vu une Aura de volute ondoyer doucement autour des deux Sectatrices.
- Ferme donc les yeux. Lorsque tu les rouvriras, ils seront tels que tu le souhaites.
L'onde de Foi enveloppait Katerilyn et la soignait. Son visage se réparait.
- Je/Il sais/t que tu ne doutes pas de Moi/Lui. Il est normal de se poser parfois des questions pour trouver sa place. Moi-même, j'ai vécu cette période de doute.
La Grande Prêtresse cessa l'accolade et tint l'Ange par les épaules.
- Te sens-tu mieux ?
Katerilyn ferma les yeux et se blottit dans les bras d'Arwen. Le contact était chaleureux mais puissant, comme... paternel ? Après les soins opérés par la prêtresse, l'ange se redressa, sans toutefois ouvrir les yeux.
- Je n'ai pas le droit de douter. J'ai juré de le servir sans faillir, et j'ai déjà échoué une fois. La gratitude que je ressens devant la deuxième chance qui m'est offerte ne devrait pas se teinter de doute, pourquoi suis-je torturée à ce point ? Je n'ai que la Secte. Je n'ai que Lui.
- Il aime tester ceux à qui Il destine un rôle.
La Prêtresse se releva en repliant ses ailes.
- Mon doute est apparu après ce qu'Il m'a fait faire sur le plan de Calamianis. Quasiment toute vie y fut annihilée. J'ai beau être Sa Grande Prêtresse, je reste avant tout quelqu'un qui chérit la vie. Me faire raser ce plan, bien qu'il soit impie, fut un choc immense.
Arwen inspira l'air frais tout en regardant le paysage. Le jour commençait à décroître.
- J'ai erré une dizaine d'années loin de la Secte et loin de Lui. Puis je suis revenue. Tu dois trouver en ton coeur les réponses à tes questions. Mais si tu as besoin d'être accompagnée, je/Je serais là.
Modérateur
666666 points
- Un... Un rôle ?
En une fraction de seconde, des dizaines de carrières possibles fusèrent dans l'esprit de l'ange, qui fut surprise par une ambition qu'elle ne se connaissait pas. Elle écarta ces pensées en secouant brièvement la tête.
- J'accomplirai le travail qui sera le mien. Pour moi. Pour vous. Pour les sectateurs.
Katerilyn ouvrit doucement les yeux et posa son regard sur la silhouette luminescente de la grande prêtresse.
- Pour Lui.
La Grande Prêtresse observait les effets de ses paroles sur l'Ange. Elle les ressentait également. La transformation du doute en détermination irradiait de Katerilyn.
Elle sourit lorsque cette dernière ouvrit les yeux. La Sectatrice avait fait son choix et sa volonté était visible dans ses yeux, même voilés.
- Bien ! Maintenant, essayons de faire en sorte que je ne dévale plus les collines avec ces machins.
Arwen battit un peu des ailes, faisant flotter dans le vent le lierre encore accroché à ses cornes.
Katerilyn reprit la montée de la colline ainsi que ses explications, Arwen à côté d'elle.
- Donc. Le bras souple mais ferme, la main qui pousse.
- Oui... la main qui pousse... surtout...
Les deux femmes arrivèrent donc au point de départ du test. L'Elfe expira un bon coup.
- Bon... Quand il faut y aller...
Elle déploya ses grandes ailes membraneuses et en vérifia les articulations, des épaules jusqu'à la dernière phalange. Puis, elle s'abaissa pour sauter tout en battant des ailes. La propulsion la fit s'élever sur plusieurs mètres mais elle ne parvenait pas à prendre appui sur l'air, ne trouvant pas l'orientation correcte.
- Par les fondations de la Pyramide !
La gravité fit de nouveau son office et le sol s'approchait rapidement. Arwen fut alors prise d'un reflexe et disparut dans des volutes d'ombres pour réapparaître accroupie à coté de Katerilyn, essoufflée.
- C'est vraiment pas gagné cette affaire...
- Ce n'est qu'une question de temps. Ce n'est pas tous les quatre matins qu'on se découvre des nouveaux membres, il faut y aller avec patience, prudence et détermination.
L'ange tendit la main pour aider Arwen à se relever et lui sourit.
- Il faut seulement réessayer.
L'Elfe posa les yeux sur la main tendue. Elle sourit en retour et la prit.
- Après toutes ces années, il semble que j'ai perdu l'habitude de découvrir des nouvelles choses me concernant. Tu as raison. Je dois travailler pour imprégner de ma nouvelle condition. Quelle qu'elle soit
Un bruit d'estomac se fit entendre.
- Peut-être après une collation... Fit Arwen, gênée. As-tu faim également ? N'hésite pas à me le dire si tu as besoin de quoique ce soit.
L'ange eut un rire gêné et s'excusa.
- Non merci, moi ça va. Mais ne vous en faites pas, prenez le temps qu'il vous faut.
La Grande Prêtresse se dirigea vers les stèles et l'Autel où elle avait laissé sa veste. En chemin, elle déployait ses ailes, voulant tenter de sentir l'air courir en dessous ou au dessus des membranes.
Elle réfléchissait à toutes ces nouvelles informations et sensations.
Arrivant à destination, Arwen replia ses nouveaux membres et attrapa sa veste dont elle sortit un petit paquet avec des biscuits au chocolat.
Elle s'appuya sur la stèle verte et se tourna vers Katerilyn
- Je me demandais... Comment "vois"-tu ?
Elle croqua dans le cookie.
Katerilyn pencha la tête sur le côté et réfléchit.
- Mon cerveau interprète ce que ressent mon aura. Pour le dire simplement, c'est à mi-chemin entre "à tâtons" et le sonar des chauve-souris, mais magique. La portée et la sensibilité dépendent de beaucoup de paramètres, comme ma santé ou mon humeur, mais aussi de ma concentration. Par exemple, je pourrais vous décrire les aspérités de la stèle sur laquelle vous êtes appuyée aussi facilement que vous, en revanche - elle pointa vaguement l'horizon dans une direction au hasard -, il pourrait y avoir une montagne là-bas, je ne le saurais pas sans y projeter mon aura de façon consciente.
L'ange s'avança et, d'un bond et d'un mouvement d'ailes, s'assit sur la stèle blanche.
- Les êtres vivants ont une particularité supplémentaire, que je perçois en nuances de foi. Si ce que je viens de vous décrire peut correspondre à la forme de ce que vous vous voyez, alors ces nuances en seraient les couleurs. Les non-croyants et les athées ont des couleurs neutres. Les hérétiques des couleurs agressives. Les sectateurs ont des couleurs douces. Les Hauts Sectateurs, et vous particulièrement, ...
Elle tourna la tête vers Dame Arwen, les lèvres entrouvertes, les mots bloqués dans sa gorge. Vous êtes magnifique, voulait-elle dire sans y parvenir. Vous êtes un modèle, une idole, un guide. Vous approchez une perfection que je n'oserai jamais qu'espérer effleurer.
- ... c'est différent., dit-elle à la place.
L'Elfe croqua une nouvelle fois dans son cookie dont il ne resta que le tiers. Elle sentait que l'Ange n'exprimait pas entièrement ce que sa pensée lui dictait.
- Ch'est fachinant, pardon.... C'est fascinant.
Elle termina son biscuit avant de reprendre
- Désolée d'avoir été brusque tout à l'heure. Mais te voir ainsi douter de toi... Et voir ce doute s'écouler vers Lui... C'est insidieux et tu vaux bien plus que ce que tu ne crois.
- Je...
L'ange tourna la tête pour cacher le rouge sur ses joues et sauta de la stèle, marchant vers la colline.
- Nous devrions reprendre. Comment s'écoule le temps sur ce plan ?
L'Elfe suivit Katerilyn non sans s'étirer
- Tu as raison ! Allons-y. Quant au temps, il est similaire à celui des Terres Originelles. Il est environ 17h je pense.
Les deux femmes arrivèrent donc au point de décollage.
- Je ne sais vraiment pas comment m'y prendre pour éviter de manger l'herbe de nouveau... Et comme je ne peux pas réellement comparer ta technique à celle que je dois appliquer... c'est bien compliqué... Mais... Et si... ?
Une idée germait dans l'esprit de l'Elfe.
Katerilyn s'assit dans l'herbe, attentive, le temps que l'étincelle qu'elle voyait dans les yeux de la Gouroue se transforme en actes.
Pendant que la Grande Prêtresse réfléchissait à sa prochaine tentative d'envol, l'ange se laissa distraire par sa silhouette. En contre-jour, au sommet de cette colline, soulignées par des cheveux doucement agités par le vent, les courbes de l'être millénaire firent perdre sa concentration à la professeure improvisée.
L'Elfe commençait à puiser et à accumuler du mana à travers les lignes lay des stèles.
- J'ai besoin d'observer. Alors pour cela, quoi de mieux qu'une créature qui possède le même type d'aile ?
A l'invocation, les yeux habituellement verts prirent une couleur rouge feu sous l'effet du mana de la même couleur. A travers les réalités et les mondes, quelque chose allait apparaître. Quelque chose de gros. De grand. Un immense dragon au port altier était maintenant en face des deux femmes. La dragon renifla dédaigneusement en voyant l'ange puis regarda avec étonnement son environnement avant de porter son attention sur son invocatrice. Et elle sut que quelque chose avait changer chez cette dernière. En plus de son apparence immédiate. Elle baissa humblement la tête.
- Lathliss, bienvenue. Je te présente Katerilyn et je te prie de ne pas tenter de la manger, tu n'es pas ici pour cela.
La dragonne royale tourna la tête vers l'ange puis s'approcha pour la humer.
- Qu'est-ce que...
Katerilyn se figea. Un dragon ??? Elle s'éclaircit la gorge et tenta de ne pas bégayer.
- B-bonjour.
... Raté.
La dragonne était satisfaite de l'effet produit. Elle se reporta vers son invocatrice. Sa voix était profonde mais sans menace.
- Que me veux-tu ?
- Et bien... Comme tu peux le constater, j'ai subit quelques... changements, fit l'Elfe en dépliant ses ailes. Montre moi comment tu utilises les tiennes. Katerilyn voulait que je commence par un plané avant de voir comment réellement voler.
La dragon eut une sorte de sifflement approbateur, autant pour la méthode de la professeure angélique que pour les ailes draconiques. Elle fit mine de réfléchir et se décida à accepter. De toute façon, que pouvait-elle bien faire d'autre.
- Très bien. Observe.
Lathliss se retourna face à la pente et bondit en battant des ailes pour prendre un peu d'altitude. Puis elle se laissa porter par ces dernières, glissant sur l'air sans effort. Arwen regardait tout cela avec un air circonspect. Elle s'adressa à l'Ange.
- Je ne comprends pas...[/b]
Une fois au sol, plus loin, la Dragonne fit le chemin inverse en volant et se posa à coté des deux femmes.
L'ange tourna la tête vers la prêtresse.
- Connaissez-vous la nage du papillon ? Celle ou vous poussez les deux bras vers l'arrière avant de les ramener en même temps vers l'avant.
Katerilyn imita le geste dans les airs pour illustrer la nage, puis revint en arrière.
- Ce moment précis, quand les mains appuient sur l'eau pour vous propulser vers l'avant, vous devez le faire en continu pour planer. Comme si vous vouliez pousser l'air pour faire un mouvement de papillon, mais sans bouger, juste pour prendre appui.
En s'installant confortablement et de tout son long, Lathliss soupira d'aise. Voyant la mine non convaincue de l'Elfe, elle commenta:
- Je ne savais pas que les papillons pouvaient nager mais ce que dit le piaf est juste. Je sais que tu n'es qu'une créature des forêts et que contrairement à moi ou elle, tu n'as jamais goûter au bonheur de sentir le vent et l'air te porter. Tout ça n'empêche pourtant pas les misérables gobelins à construire des fausses ailes en bois et en peau et à se jeter des montages. Certains arrivent à s'appuyer sur l'air alors je vois pas pourquoi tu serais moins capable de le faire que ces créatures là.
Arwen regarda la dragonne d'un air étrange. Elle hésitait entre desinvoquer ou sacrifier la créature. De petites volutes trahissaient ses pensées.
- Quoi ? Si tu ne voulais pas entendre mes conseils, il ne fallait pas me faire venir.
L'Elfe se reporta vers Katerilyn après un soupire auquel la reine répondit par un reniflement dédaigneux.
- M'appuyer sur l'air comme je le ferais dans l'eau... C'est un concept intéressant en théorie mais bien plus difficile à cerner en pratique.
Un souffle de vent fit passer une feuille d'arbre entre les deux humanoïdes. Le morceau de végétal plana un moment avant de toucher le sol un peu plus loin. La Dragonne pouffa.
- Même une feuille y arrive !
En une fraction de seconde, des dizaines de carrières possibles fusèrent dans l'esprit de l'ange, qui fut surprise par une ambition qu'elle ne se connaissait pas. Elle écarta ces pensées en secouant brièvement la tête.
- J'accomplirai le travail qui sera le mien. Pour moi. Pour vous. Pour les sectateurs.
Katerilyn ouvrit doucement les yeux et posa son regard sur la silhouette luminescente de la grande prêtresse.
- Pour Lui.
La Grande Prêtresse observait les effets de ses paroles sur l'Ange. Elle les ressentait également. La transformation du doute en détermination irradiait de Katerilyn.
Elle sourit lorsque cette dernière ouvrit les yeux. La Sectatrice avait fait son choix et sa volonté était visible dans ses yeux, même voilés.
- Bien ! Maintenant, essayons de faire en sorte que je ne dévale plus les collines avec ces machins.
Arwen battit un peu des ailes, faisant flotter dans le vent le lierre encore accroché à ses cornes.
Katerilyn reprit la montée de la colline ainsi que ses explications, Arwen à côté d'elle.
- Donc. Le bras souple mais ferme, la main qui pousse.
- Oui... la main qui pousse... surtout...
Les deux femmes arrivèrent donc au point de départ du test. L'Elfe expira un bon coup.
- Bon... Quand il faut y aller...
Elle déploya ses grandes ailes membraneuses et en vérifia les articulations, des épaules jusqu'à la dernière phalange. Puis, elle s'abaissa pour sauter tout en battant des ailes. La propulsion la fit s'élever sur plusieurs mètres mais elle ne parvenait pas à prendre appui sur l'air, ne trouvant pas l'orientation correcte.
- Par les fondations de la Pyramide !
La gravité fit de nouveau son office et le sol s'approchait rapidement. Arwen fut alors prise d'un reflexe et disparut dans des volutes d'ombres pour réapparaître accroupie à coté de Katerilyn, essoufflée.
- C'est vraiment pas gagné cette affaire...
- Ce n'est qu'une question de temps. Ce n'est pas tous les quatre matins qu'on se découvre des nouveaux membres, il faut y aller avec patience, prudence et détermination.
L'ange tendit la main pour aider Arwen à se relever et lui sourit.
- Il faut seulement réessayer.
L'Elfe posa les yeux sur la main tendue. Elle sourit en retour et la prit.
- Après toutes ces années, il semble que j'ai perdu l'habitude de découvrir des nouvelles choses me concernant. Tu as raison. Je dois travailler pour imprégner de ma nouvelle condition. Quelle qu'elle soit
Un bruit d'estomac se fit entendre.
- Peut-être après une collation... Fit Arwen, gênée. As-tu faim également ? N'hésite pas à me le dire si tu as besoin de quoique ce soit.
L'ange eut un rire gêné et s'excusa.
- Non merci, moi ça va. Mais ne vous en faites pas, prenez le temps qu'il vous faut.
La Grande Prêtresse se dirigea vers les stèles et l'Autel où elle avait laissé sa veste. En chemin, elle déployait ses ailes, voulant tenter de sentir l'air courir en dessous ou au dessus des membranes.
Elle réfléchissait à toutes ces nouvelles informations et sensations.
Arrivant à destination, Arwen replia ses nouveaux membres et attrapa sa veste dont elle sortit un petit paquet avec des biscuits au chocolat.
Elle s'appuya sur la stèle verte et se tourna vers Katerilyn
- Je me demandais... Comment "vois"-tu ?
Elle croqua dans le cookie.
Katerilyn pencha la tête sur le côté et réfléchit.
- Mon cerveau interprète ce que ressent mon aura. Pour le dire simplement, c'est à mi-chemin entre "à tâtons" et le sonar des chauve-souris, mais magique. La portée et la sensibilité dépendent de beaucoup de paramètres, comme ma santé ou mon humeur, mais aussi de ma concentration. Par exemple, je pourrais vous décrire les aspérités de la stèle sur laquelle vous êtes appuyée aussi facilement que vous, en revanche - elle pointa vaguement l'horizon dans une direction au hasard -, il pourrait y avoir une montagne là-bas, je ne le saurais pas sans y projeter mon aura de façon consciente.
L'ange s'avança et, d'un bond et d'un mouvement d'ailes, s'assit sur la stèle blanche.
- Les êtres vivants ont une particularité supplémentaire, que je perçois en nuances de foi. Si ce que je viens de vous décrire peut correspondre à la forme de ce que vous vous voyez, alors ces nuances en seraient les couleurs. Les non-croyants et les athées ont des couleurs neutres. Les hérétiques des couleurs agressives. Les sectateurs ont des couleurs douces. Les Hauts Sectateurs, et vous particulièrement, ...
Elle tourna la tête vers Dame Arwen, les lèvres entrouvertes, les mots bloqués dans sa gorge. Vous êtes magnifique, voulait-elle dire sans y parvenir. Vous êtes un modèle, une idole, un guide. Vous approchez une perfection que je n'oserai jamais qu'espérer effleurer.
- ... c'est différent., dit-elle à la place.
L'Elfe croqua une nouvelle fois dans son cookie dont il ne resta que le tiers. Elle sentait que l'Ange n'exprimait pas entièrement ce que sa pensée lui dictait.
- Ch'est fachinant, pardon.... C'est fascinant.
Elle termina son biscuit avant de reprendre
- Désolée d'avoir été brusque tout à l'heure. Mais te voir ainsi douter de toi... Et voir ce doute s'écouler vers Lui... C'est insidieux et tu vaux bien plus que ce que tu ne crois.
- Je...
L'ange tourna la tête pour cacher le rouge sur ses joues et sauta de la stèle, marchant vers la colline.
- Nous devrions reprendre. Comment s'écoule le temps sur ce plan ?
L'Elfe suivit Katerilyn non sans s'étirer
- Tu as raison ! Allons-y. Quant au temps, il est similaire à celui des Terres Originelles. Il est environ 17h je pense.
Les deux femmes arrivèrent donc au point de décollage.
- Je ne sais vraiment pas comment m'y prendre pour éviter de manger l'herbe de nouveau... Et comme je ne peux pas réellement comparer ta technique à celle que je dois appliquer... c'est bien compliqué... Mais... Et si... ?
Une idée germait dans l'esprit de l'Elfe.
Katerilyn s'assit dans l'herbe, attentive, le temps que l'étincelle qu'elle voyait dans les yeux de la Gouroue se transforme en actes.
Pendant que la Grande Prêtresse réfléchissait à sa prochaine tentative d'envol, l'ange se laissa distraire par sa silhouette. En contre-jour, au sommet de cette colline, soulignées par des cheveux doucement agités par le vent, les courbes de l'être millénaire firent perdre sa concentration à la professeure improvisée.
L'Elfe commençait à puiser et à accumuler du mana à travers les lignes lay des stèles.
- J'ai besoin d'observer. Alors pour cela, quoi de mieux qu'une créature qui possède le même type d'aile ?
A l'invocation, les yeux habituellement verts prirent une couleur rouge feu sous l'effet du mana de la même couleur. A travers les réalités et les mondes, quelque chose allait apparaître. Quelque chose de gros. De grand. Un immense dragon au port altier était maintenant en face des deux femmes. La dragon renifla dédaigneusement en voyant l'ange puis regarda avec étonnement son environnement avant de porter son attention sur son invocatrice. Et elle sut que quelque chose avait changer chez cette dernière. En plus de son apparence immédiate. Elle baissa humblement la tête.
- Lathliss, bienvenue. Je te présente Katerilyn et je te prie de ne pas tenter de la manger, tu n'es pas ici pour cela.
La dragonne royale tourna la tête vers l'ange puis s'approcha pour la humer.
- Qu'est-ce que...
Katerilyn se figea. Un dragon ??? Elle s'éclaircit la gorge et tenta de ne pas bégayer.
- B-bonjour.
... Raté.
La dragonne était satisfaite de l'effet produit. Elle se reporta vers son invocatrice. Sa voix était profonde mais sans menace.
- Que me veux-tu ?
- Et bien... Comme tu peux le constater, j'ai subit quelques... changements, fit l'Elfe en dépliant ses ailes. Montre moi comment tu utilises les tiennes. Katerilyn voulait que je commence par un plané avant de voir comment réellement voler.
La dragon eut une sorte de sifflement approbateur, autant pour la méthode de la professeure angélique que pour les ailes draconiques. Elle fit mine de réfléchir et se décida à accepter. De toute façon, que pouvait-elle bien faire d'autre.
- Très bien. Observe.
Lathliss se retourna face à la pente et bondit en battant des ailes pour prendre un peu d'altitude. Puis elle se laissa porter par ces dernières, glissant sur l'air sans effort. Arwen regardait tout cela avec un air circonspect. Elle s'adressa à l'Ange.
- Je ne comprends pas...[/b]
Une fois au sol, plus loin, la Dragonne fit le chemin inverse en volant et se posa à coté des deux femmes.
L'ange tourna la tête vers la prêtresse.
- Connaissez-vous la nage du papillon ? Celle ou vous poussez les deux bras vers l'arrière avant de les ramener en même temps vers l'avant.
Katerilyn imita le geste dans les airs pour illustrer la nage, puis revint en arrière.
- Ce moment précis, quand les mains appuient sur l'eau pour vous propulser vers l'avant, vous devez le faire en continu pour planer. Comme si vous vouliez pousser l'air pour faire un mouvement de papillon, mais sans bouger, juste pour prendre appui.
En s'installant confortablement et de tout son long, Lathliss soupira d'aise. Voyant la mine non convaincue de l'Elfe, elle commenta:
- Je ne savais pas que les papillons pouvaient nager mais ce que dit le piaf est juste. Je sais que tu n'es qu'une créature des forêts et que contrairement à moi ou elle, tu n'as jamais goûter au bonheur de sentir le vent et l'air te porter. Tout ça n'empêche pourtant pas les misérables gobelins à construire des fausses ailes en bois et en peau et à se jeter des montages. Certains arrivent à s'appuyer sur l'air alors je vois pas pourquoi tu serais moins capable de le faire que ces créatures là.
Arwen regarda la dragonne d'un air étrange. Elle hésitait entre desinvoquer ou sacrifier la créature. De petites volutes trahissaient ses pensées.
- Quoi ? Si tu ne voulais pas entendre mes conseils, il ne fallait pas me faire venir.
L'Elfe se reporta vers Katerilyn après un soupire auquel la reine répondit par un reniflement dédaigneux.
- M'appuyer sur l'air comme je le ferais dans l'eau... C'est un concept intéressant en théorie mais bien plus difficile à cerner en pratique.
Un souffle de vent fit passer une feuille d'arbre entre les deux humanoïdes. Le morceau de végétal plana un moment avant de toucher le sol un peu plus loin. La Dragonne pouffa.
- Même une feuille y arrive !
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Katerilyn tourna ostensiblement le dos à la créature et encouragea Arwen.
- Il s'agit seulement de détermination et de patience. Réessayez.
- Détermination et patience...
La Grande Prêtresse fit abstraction de la présence de la dragonne moqueuse et se concentra sur les paroles de l'ange. Peu à peu, elle se détendit et sentit le vent sur sa peau, dans ses cheveux et sur ses ailes.
- Comment l'air peut-elle devenir aussi solide que l'eau ? Comment peut-on prendre appui sur cet élément ?
L'image de la nage revint à son esprit. Puis celle des deltaplanes de certains peuples. L'Elfe visualisa un point plus bas sur la colline puis se remémora les différents conseils.
-Je crois que je réfléchis trop.
Et soudainement, elle prit son impulsion, battit fortement des ailes et se retrouva à plusieurs mètres du sol en pente. S'appuyer sur l'air... Laissant enfin parler son instinct et ses sensations, Arwen ressentit l'air sous ses ailes et plana au lieu de tomber. Elle parcourut ainsi plusieurs dizaines de mètres avant de s'approcher du sol et d'y atterrir souplement. La joie illuminait son visage. Cette sensation du vol était si grisante. Cette liberté également. Alors qu'elle n'avait fait que planer.
En entendant Arwen parler, Katerilyn comprit une fraction de seconde avant que l'elfe ne saute de la colline. L'ange bondit à sa suite avec un puissante battement d'ailes, prête à la rattraper si besoin. Mais quelque chose était différent. L'appréhension avait disparu de ses mouvements. Quelques secondes plus tard, elles atterrissaient toutes les deux souplement dans l'herbe, et Kat dut se retenir pour ne pas sauter au cou de la prêtresse.
- Vous avez réussi ! Félicitations !
- Oui ! J'ai... réussi ! Et c'était... C'est... c'est merveilleux ! Vraiment merveilleux ! C'est...
L'Elfe passa d'une joie immense à un questionnement profond.
- Comment fait-on pour retourner là-haut ?
- Eh bien... À pieds. Vous avez une meilleure idée ?
Katerilyn regarda la colline et se demanda la raison de l'interrogation de Dame Arwen.
- C'est que... Je supposais qu'on pouvait faire plus que juste planer.
L'ange cligna deux fois des yeux.
- Vous ne voulez pas vous entraîner d'avantage avant de chercher à voler ? Surtout vers le haut.
L'Elfe haussa des quatre épaules.
- Et bien soit. Remontons comme des piétons.
Et elle prit la direction du sommet de son pas léger. Une fois au sommet, la Dragonne ne put s'empêcher d'afficher un air narquois. Arwen fit un geste de la main et désinvoqua la reine avant qu'elle ne se mette à parler. Puis elle se retourna vers la pente Une impulsion des jambes et des ailes... La recherche de l'appui parfait... Et l'Elfe Ailée glissa tranquillement jusqu'au point précédent.
- Comment trouves-tu ma seconde tentative, Professeure ?
- Déjà plus naturelle. Vous allez progresser rapidement. Maintenant pour aller au delà de juste planer, il faut comprendre quelles forces sont à l'œuvre.
L'ange commença à remonter la colline à pieds tout en parlant physique des gaz, poussée d'Archimède, portance, traînée et frottements. Entre deux phrases remplies de charabia, l'elfe capta une bribe à peu près compréhensible.
- ... vous planez, c'est la pesanteur qui sert de force motrice, alors que quand vous cherchez à voler, c'est à vous de générer vous-même votre force motrice, en battant des ailes. De là, la portance...
L'Elfe essayait de suivre les explications techniques. Plus le discours se développait, plus elle se demandait comment les oiseaux faisaient pour connaître tout cela instinctivement... C'était justement de cela qu'il s'agissait. Ils avaient l'instinct... qu'elle n'avait pas en tant que piétonne. Elles arrivèrent au point de départ, les consignes toujours en cours de présentation.
- Tout cela est confus... en planant, j'ai bien senti que je me reposais sur l'air... même si dit comme cela, cela me paraît toujours étonnant. Et donc là, en plus de me poser pour glisser, il faudrait que je m'appuie dessus ? Sur l'air ? Elle secoua la main devant elle Sur quelque chose de si intangible ?
L'ange sourit gentiment.
- Reprenons. L'air, au même titre que l'eau, est un fluide. Un liquide, si vous voulez. Si vous savez nager, le principe est le même. Quand vous poussez l'eau avec vos bras pour avancer dans l'eau, l'eau vous pousse dans la direction opposée. Le haut, pour ne pas couler, et l'avant, pour avancer. Dans l'air, c'est la même chose, à l'exception que vos ailes vont pousser beaucoup plus d'air que vos bras d'eau.
Après une seconde d'hésitation, Katerilyn reprit
- La comparaison a toutefois des limites, dans le sens où les mouvements ne sont pas les mêmes. Pour nager, les bras poussent l'eau à la fois vers le bas et l'arrière, pour générer ce fameux mouvement vers le haut et l'avant. Pour voler en revanche, les ailes ne poussent que vers le bas, et c'est la forme des ailes et leur inclinaison qui transforment le passage de l'air en mouvement.
- Je... vois...
L'Elfe fronçait les sourcils.
- Enfin je crois... Il faudrait donc battre des ailes comme à la propulsion du départ mais aussi gérer comme lors du plané ?
- C'est ça, gérer, mais de façon active. Regardez.
L'ange étendit ses ailes, puis sauta sur place, appuyant largement sur l'air pour s'élever, et battant rapidement des ailes pour se maintenir en l'air quelques seconde. Après avoir atterrit souplement, l'ange recula et montra la pente.
- Au début, c'est plus facile en descente, car en cas d'erreur on peut reprendre en plané. Je vous regarde.
L'Elfe déploya ses ailes et réalisa plus grandement la différence entre celles de l'Ange et les siennes. Néanmoins, elle s'appliqua à reproduire les gestes. Une impulsion des jambes. Puis un battement et un autre. Elle accéléra le mouvement, s'élevant mais il était difficile de gérer l'équilibre. Arwen se "rattrapa" en planant un peu pour rejoindre le sol, essoufflée.
- Ca a l'air si facile quand je te vois faire
- Ce sont des muscles récents, vous devez les travailler.
L'ange souriait avec bienveillance.
- La force et la technique sont aussi importantes l'une que l'autre. Les jambes du nouveau-né ne le portent pas tout de suite, ainsi en est-il pour ses ailes.
L'Elfe ne répondit pas, plongée dans ses réflexions suite aux paroles de l'Ange. Des nouveaux muscles. Des réflexes à développer. Des techniques à acquérir... Arwen se disait qu'un sacré défi l'attendait avant qu'elle soit pleinement opérationnelle dans les airs. Elle remonta la colline ainsi silencieusement puis se retourna vers Katerilyn.
- Et bien c'est donc d'entraînement qu'il me faut. Si tu n'as rien à ajouter, je te propose que nous en restions là pour aujourd'hui et te remercie pour ton aide. Si tu as besoin de quoique ce soit, profites-en pour me demander ! Je te dois bien cela.
- À ce sujet... commença Katerilyn, hésitante. Durant les nombreuses années pendant lesquelles je purgeais ma peine, j'ai eu beaucoup de temps pour réfléchir, et je me suis souvent dit que s'Il (GàL) m'accordait un jour Son pardon, après avoir travaillé avec acharnement afin de retrouver le rang et le pouvoir qui étaient les miens, mon rôle à Son service serait de créer un troisième Ordre. L'Armée est une force militaire écrasante, mais son travail s'arrête là, et elle peut se retrouver démunie face à une population endoctrinée qu'il ne convient pas d'exterminer. De son côté, sans vouloir vous offenser d'aucune façon, le Clergé est composé principalement de prêtres et d'officiers religieux, pour la plupart incapables de réagir face à un hérétique agressif ou une foule belliqueuse. C'est pourquoi je pense que l'Inquisition a sa place au sein de l'organisation de la Secte. Bras armé de l'église, mais porteur de sa lumière, elle se présenterait comme un juste milieu entre l'Armée et le Clergé, et serait appelée là où la force et la foi sont également nécessaires.
L'ange, qui avait déclamé sa tirade ses yeux remplis de détermination plongés dans ceux de la Grande Prêtresse, tourna ensuite la tête, l'air gêné.
- Je... J'ai conscience de devoir me racheter, et de devoir gravir à nouveau la hiérarchie de la Secte, avant de prétendre à une quelconque ambition. Mais voilà mon but final.
L'Elfe sentit un frisson remonter le long de son échine. Plus l'Ange parlait, plus la Grande Prêtresse percevait une résonance en elle. La Foi faisait vibrer la parcelle de Son Âme qu'elle abritait maintenant. Entre deux clignements de paupières, la pupille se mua en une fente verticale presque féline alors que l'Ange la fixait de ses yeux aveugles. Une vague de Sa satisfaction l'envahit.
- Ta Foi est reconnue à juste titre. Ton idée n'est pas dénuée de sens bien que ton opinion du clergé est loin des réalités. Néanmoins, tu as raison sur une chose, Nous avons besoin d'un nouvel ordre qui réunira certains talent des deux ordres actuels. Une spécialisation utile à Sa Gloire.
Elle prit délicatement le menton de Katerilyn pour tourner son visage vers le sien. Quelques volutes caressèrent la joue angélique.
- Tu as encore beaucoup à accomplir avant d'atteindre ce but. La première chose étant de te pardonner.
Le cœur de Katerilyn balançait entre le soulagement, la fierté et la détermination, quand il rata soudainement un battement. Les doigts fins et délicats de l'elfe venaient d'effleurer sa peau, et le contact électrisa l'ange.
- Je...
Quand l'elfe appuya légèrement sur sa peau, pour la faire se tourner vers elle, elle se sentit fondre. Ses jambes étaient prêtes à se dérober. Elle n'avait qu'une faiblesse, et le visage de celle-ci était bien trop près du sien.
- Euh...
Kat se sentait à la fois euphorique et pathétique. Euphorique car elle était dans cette période de rêve éveillé qui baigne la naissance de sentiments aussi forts. Pathétique car elle avait parfaitement conscience du fait que ces sentiments étaient vains. Non seulement ils étaient une faiblesse, chose qu'elle avait juré supprimer de sa vie quoi qu'il lui en coûte, mais il n'y avait surtout pas la moindre chance pour qu'ils soient réciproques.
- ...
Elle prit soudain conscience qu'un silence s'installait, alors qu'elle contemplait un peu trop longtemps les yeux de la prêtresse, et détourna rapidement la tête, mettant à regrets fin au contact et dissimulant son visage sous plusieurs mèches de ses longs cheveux blonds.
- J'y travaille ! dit-elle un peu trop brusquement. J'y travaille. Reprit-elle plus sereinement, en se tournant à nouveau vers la prêtresse. Toute trace de trouble avait déserté ses traits. Si son esprit était encore en proie à un ouragan de sentiments, au moins avait-elle repris le contrôle de son corps.
La Foi mêlée à des sentiments d'amour pour Lui émanaient fortement de l'ange. Arwen esquissa un sourire dont elle n'était pas sûre d'en être l'origine. Elle se dit qu'il faudrait bien s'y habituer avant de penser à une autre chose.
- En parlant de travail, je pense avoir une mission pour toi. Je voulais envoyer Newall au départ mais je ne suis pas certaine qu'il puisse la mener de façon discrète et surtout... sereine.
- Une mission, Ma Dame ?
L'ange se redressa et regarda la prêtresse dans les yeux, un éclat déterminé et volontaire dans les siens.
- De quoi s'agit-il ?
- De reconnaissance. Newall et toi avez la particularité d'être très sensibles à la Foi que les gens Lui portent. J'ai besoin que tu visites certaines cibles et que tu constates l'état du suivi du Culte.
Après une petite pause de réflexion, la Grande Prêtresse ajouta
- Je ne veux pas d'action contre les personnes susceptibles de ne pas suivre le Culte à la lettre. Je souhaite simplement connaitre les habitudes de chacun. Et il n'est donc pas nécessaire de... punir... d'éventuels contrevenants. Saurais-tu faire cela ?
- Absolument, Ma Dame. Je me ferai l'expression de votre miséricorde et de votre magnanimité si tels sont vos ordres. Dois-je me présenter sur place en visite officielle, ou m'y rendre sous couverture ? Et quand dois-je partir ?
- Pas de visite officielle non. De la discrétion pour avoir le plus d'informations possibles.. Quant au départ, quand tu le souhaiteras.
- Je vais avoir besoin d'un jour ou deux pour me préparer. Pouvez-vous faire parvenir les détails de la mission chez moi par messager ? Et aussi...[b]
L'ange leva la tête et fit mine de jeter un regard circulaire autour d'elle.
[b]Est-ce que vous pouvez me ramener ?
L'Elfe parut ne pas comprendre immédiatement.
- Oh ! Oui ! Bien entendu ! Je vais probablement rester là un petit moment avant de rentrer. Mais ce n'est pas un problème.
La Gouroue approcha la main du front de l'Ange.
-Ne bouge pas, je vais te renvoyer dans l'une des salles de la Pyramide.
L'Aura de la Grande Prêtresse augmenta puis se mêla à autre chose. Elle posa la paume de sa main sur la tête de Katerilyn qui ressenti alors comme une vague d'énergie familière l'entourer. Et elle disparût, laissant l'Elfe seule sur le plan qui lui servait de jardin secret.
Et bien... à l'entrainement maintenant !
L'Elfe ailée poursuivit ses efforts pendant plusieurs heures avant de transplanner chez elle, épuisée. Elle ne voulait qu'une chose, prendre une douche rafraichissante.
- Il s'agit seulement de détermination et de patience. Réessayez.
- Détermination et patience...
La Grande Prêtresse fit abstraction de la présence de la dragonne moqueuse et se concentra sur les paroles de l'ange. Peu à peu, elle se détendit et sentit le vent sur sa peau, dans ses cheveux et sur ses ailes.
- Comment l'air peut-elle devenir aussi solide que l'eau ? Comment peut-on prendre appui sur cet élément ?
L'image de la nage revint à son esprit. Puis celle des deltaplanes de certains peuples. L'Elfe visualisa un point plus bas sur la colline puis se remémora les différents conseils.
-Je crois que je réfléchis trop.
Et soudainement, elle prit son impulsion, battit fortement des ailes et se retrouva à plusieurs mètres du sol en pente. S'appuyer sur l'air... Laissant enfin parler son instinct et ses sensations, Arwen ressentit l'air sous ses ailes et plana au lieu de tomber. Elle parcourut ainsi plusieurs dizaines de mètres avant de s'approcher du sol et d'y atterrir souplement. La joie illuminait son visage. Cette sensation du vol était si grisante. Cette liberté également. Alors qu'elle n'avait fait que planer.
En entendant Arwen parler, Katerilyn comprit une fraction de seconde avant que l'elfe ne saute de la colline. L'ange bondit à sa suite avec un puissante battement d'ailes, prête à la rattraper si besoin. Mais quelque chose était différent. L'appréhension avait disparu de ses mouvements. Quelques secondes plus tard, elles atterrissaient toutes les deux souplement dans l'herbe, et Kat dut se retenir pour ne pas sauter au cou de la prêtresse.
- Vous avez réussi ! Félicitations !
- Oui ! J'ai... réussi ! Et c'était... C'est... c'est merveilleux ! Vraiment merveilleux ! C'est...
L'Elfe passa d'une joie immense à un questionnement profond.
- Comment fait-on pour retourner là-haut ?
- Eh bien... À pieds. Vous avez une meilleure idée ?
Katerilyn regarda la colline et se demanda la raison de l'interrogation de Dame Arwen.
- C'est que... Je supposais qu'on pouvait faire plus que juste planer.
L'ange cligna deux fois des yeux.
- Vous ne voulez pas vous entraîner d'avantage avant de chercher à voler ? Surtout vers le haut.
L'Elfe haussa des quatre épaules.
- Et bien soit. Remontons comme des piétons.
Et elle prit la direction du sommet de son pas léger. Une fois au sommet, la Dragonne ne put s'empêcher d'afficher un air narquois. Arwen fit un geste de la main et désinvoqua la reine avant qu'elle ne se mette à parler. Puis elle se retourna vers la pente Une impulsion des jambes et des ailes... La recherche de l'appui parfait... Et l'Elfe Ailée glissa tranquillement jusqu'au point précédent.
- Comment trouves-tu ma seconde tentative, Professeure ?
- Déjà plus naturelle. Vous allez progresser rapidement. Maintenant pour aller au delà de juste planer, il faut comprendre quelles forces sont à l'œuvre.
L'ange commença à remonter la colline à pieds tout en parlant physique des gaz, poussée d'Archimède, portance, traînée et frottements. Entre deux phrases remplies de charabia, l'elfe capta une bribe à peu près compréhensible.
- ... vous planez, c'est la pesanteur qui sert de force motrice, alors que quand vous cherchez à voler, c'est à vous de générer vous-même votre force motrice, en battant des ailes. De là, la portance...
L'Elfe essayait de suivre les explications techniques. Plus le discours se développait, plus elle se demandait comment les oiseaux faisaient pour connaître tout cela instinctivement... C'était justement de cela qu'il s'agissait. Ils avaient l'instinct... qu'elle n'avait pas en tant que piétonne. Elles arrivèrent au point de départ, les consignes toujours en cours de présentation.
- Tout cela est confus... en planant, j'ai bien senti que je me reposais sur l'air... même si dit comme cela, cela me paraît toujours étonnant. Et donc là, en plus de me poser pour glisser, il faudrait que je m'appuie dessus ? Sur l'air ? Elle secoua la main devant elle Sur quelque chose de si intangible ?
L'ange sourit gentiment.
- Reprenons. L'air, au même titre que l'eau, est un fluide. Un liquide, si vous voulez. Si vous savez nager, le principe est le même. Quand vous poussez l'eau avec vos bras pour avancer dans l'eau, l'eau vous pousse dans la direction opposée. Le haut, pour ne pas couler, et l'avant, pour avancer. Dans l'air, c'est la même chose, à l'exception que vos ailes vont pousser beaucoup plus d'air que vos bras d'eau.
Après une seconde d'hésitation, Katerilyn reprit
- La comparaison a toutefois des limites, dans le sens où les mouvements ne sont pas les mêmes. Pour nager, les bras poussent l'eau à la fois vers le bas et l'arrière, pour générer ce fameux mouvement vers le haut et l'avant. Pour voler en revanche, les ailes ne poussent que vers le bas, et c'est la forme des ailes et leur inclinaison qui transforment le passage de l'air en mouvement.
- Je... vois...
L'Elfe fronçait les sourcils.
- Enfin je crois... Il faudrait donc battre des ailes comme à la propulsion du départ mais aussi gérer comme lors du plané ?
- C'est ça, gérer, mais de façon active. Regardez.
L'ange étendit ses ailes, puis sauta sur place, appuyant largement sur l'air pour s'élever, et battant rapidement des ailes pour se maintenir en l'air quelques seconde. Après avoir atterrit souplement, l'ange recula et montra la pente.
- Au début, c'est plus facile en descente, car en cas d'erreur on peut reprendre en plané. Je vous regarde.
L'Elfe déploya ses ailes et réalisa plus grandement la différence entre celles de l'Ange et les siennes. Néanmoins, elle s'appliqua à reproduire les gestes. Une impulsion des jambes. Puis un battement et un autre. Elle accéléra le mouvement, s'élevant mais il était difficile de gérer l'équilibre. Arwen se "rattrapa" en planant un peu pour rejoindre le sol, essoufflée.
- Ca a l'air si facile quand je te vois faire
- Ce sont des muscles récents, vous devez les travailler.
L'ange souriait avec bienveillance.
- La force et la technique sont aussi importantes l'une que l'autre. Les jambes du nouveau-né ne le portent pas tout de suite, ainsi en est-il pour ses ailes.
L'Elfe ne répondit pas, plongée dans ses réflexions suite aux paroles de l'Ange. Des nouveaux muscles. Des réflexes à développer. Des techniques à acquérir... Arwen se disait qu'un sacré défi l'attendait avant qu'elle soit pleinement opérationnelle dans les airs. Elle remonta la colline ainsi silencieusement puis se retourna vers Katerilyn.
- Et bien c'est donc d'entraînement qu'il me faut. Si tu n'as rien à ajouter, je te propose que nous en restions là pour aujourd'hui et te remercie pour ton aide. Si tu as besoin de quoique ce soit, profites-en pour me demander ! Je te dois bien cela.
- À ce sujet... commença Katerilyn, hésitante. Durant les nombreuses années pendant lesquelles je purgeais ma peine, j'ai eu beaucoup de temps pour réfléchir, et je me suis souvent dit que s'Il (GàL) m'accordait un jour Son pardon, après avoir travaillé avec acharnement afin de retrouver le rang et le pouvoir qui étaient les miens, mon rôle à Son service serait de créer un troisième Ordre. L'Armée est une force militaire écrasante, mais son travail s'arrête là, et elle peut se retrouver démunie face à une population endoctrinée qu'il ne convient pas d'exterminer. De son côté, sans vouloir vous offenser d'aucune façon, le Clergé est composé principalement de prêtres et d'officiers religieux, pour la plupart incapables de réagir face à un hérétique agressif ou une foule belliqueuse. C'est pourquoi je pense que l'Inquisition a sa place au sein de l'organisation de la Secte. Bras armé de l'église, mais porteur de sa lumière, elle se présenterait comme un juste milieu entre l'Armée et le Clergé, et serait appelée là où la force et la foi sont également nécessaires.
L'ange, qui avait déclamé sa tirade ses yeux remplis de détermination plongés dans ceux de la Grande Prêtresse, tourna ensuite la tête, l'air gêné.
- Je... J'ai conscience de devoir me racheter, et de devoir gravir à nouveau la hiérarchie de la Secte, avant de prétendre à une quelconque ambition. Mais voilà mon but final.
L'Elfe sentit un frisson remonter le long de son échine. Plus l'Ange parlait, plus la Grande Prêtresse percevait une résonance en elle. La Foi faisait vibrer la parcelle de Son Âme qu'elle abritait maintenant. Entre deux clignements de paupières, la pupille se mua en une fente verticale presque féline alors que l'Ange la fixait de ses yeux aveugles. Une vague de Sa satisfaction l'envahit.
- Ta Foi est reconnue à juste titre. Ton idée n'est pas dénuée de sens bien que ton opinion du clergé est loin des réalités. Néanmoins, tu as raison sur une chose, Nous avons besoin d'un nouvel ordre qui réunira certains talent des deux ordres actuels. Une spécialisation utile à Sa Gloire.
Elle prit délicatement le menton de Katerilyn pour tourner son visage vers le sien. Quelques volutes caressèrent la joue angélique.
- Tu as encore beaucoup à accomplir avant d'atteindre ce but. La première chose étant de te pardonner.
Le cœur de Katerilyn balançait entre le soulagement, la fierté et la détermination, quand il rata soudainement un battement. Les doigts fins et délicats de l'elfe venaient d'effleurer sa peau, et le contact électrisa l'ange.
- Je...
Quand l'elfe appuya légèrement sur sa peau, pour la faire se tourner vers elle, elle se sentit fondre. Ses jambes étaient prêtes à se dérober. Elle n'avait qu'une faiblesse, et le visage de celle-ci était bien trop près du sien.
- Euh...
Kat se sentait à la fois euphorique et pathétique. Euphorique car elle était dans cette période de rêve éveillé qui baigne la naissance de sentiments aussi forts. Pathétique car elle avait parfaitement conscience du fait que ces sentiments étaient vains. Non seulement ils étaient une faiblesse, chose qu'elle avait juré supprimer de sa vie quoi qu'il lui en coûte, mais il n'y avait surtout pas la moindre chance pour qu'ils soient réciproques.
- ...
Elle prit soudain conscience qu'un silence s'installait, alors qu'elle contemplait un peu trop longtemps les yeux de la prêtresse, et détourna rapidement la tête, mettant à regrets fin au contact et dissimulant son visage sous plusieurs mèches de ses longs cheveux blonds.
- J'y travaille ! dit-elle un peu trop brusquement. J'y travaille. Reprit-elle plus sereinement, en se tournant à nouveau vers la prêtresse. Toute trace de trouble avait déserté ses traits. Si son esprit était encore en proie à un ouragan de sentiments, au moins avait-elle repris le contrôle de son corps.
La Foi mêlée à des sentiments d'amour pour Lui émanaient fortement de l'ange. Arwen esquissa un sourire dont elle n'était pas sûre d'en être l'origine. Elle se dit qu'il faudrait bien s'y habituer avant de penser à une autre chose.
- En parlant de travail, je pense avoir une mission pour toi. Je voulais envoyer Newall au départ mais je ne suis pas certaine qu'il puisse la mener de façon discrète et surtout... sereine.
- Une mission, Ma Dame ?
L'ange se redressa et regarda la prêtresse dans les yeux, un éclat déterminé et volontaire dans les siens.
- De quoi s'agit-il ?
- De reconnaissance. Newall et toi avez la particularité d'être très sensibles à la Foi que les gens Lui portent. J'ai besoin que tu visites certaines cibles et que tu constates l'état du suivi du Culte.
Après une petite pause de réflexion, la Grande Prêtresse ajouta
- Je ne veux pas d'action contre les personnes susceptibles de ne pas suivre le Culte à la lettre. Je souhaite simplement connaitre les habitudes de chacun. Et il n'est donc pas nécessaire de... punir... d'éventuels contrevenants. Saurais-tu faire cela ?
- Absolument, Ma Dame. Je me ferai l'expression de votre miséricorde et de votre magnanimité si tels sont vos ordres. Dois-je me présenter sur place en visite officielle, ou m'y rendre sous couverture ? Et quand dois-je partir ?
- Pas de visite officielle non. De la discrétion pour avoir le plus d'informations possibles.. Quant au départ, quand tu le souhaiteras.
- Je vais avoir besoin d'un jour ou deux pour me préparer. Pouvez-vous faire parvenir les détails de la mission chez moi par messager ? Et aussi...[b]
L'ange leva la tête et fit mine de jeter un regard circulaire autour d'elle.
[b]Est-ce que vous pouvez me ramener ?
L'Elfe parut ne pas comprendre immédiatement.
- Oh ! Oui ! Bien entendu ! Je vais probablement rester là un petit moment avant de rentrer. Mais ce n'est pas un problème.
La Gouroue approcha la main du front de l'Ange.
-Ne bouge pas, je vais te renvoyer dans l'une des salles de la Pyramide.
L'Aura de la Grande Prêtresse augmenta puis se mêla à autre chose. Elle posa la paume de sa main sur la tête de Katerilyn qui ressenti alors comme une vague d'énergie familière l'entourer. Et elle disparût, laissant l'Elfe seule sur le plan qui lui servait de jardin secret.
Et bien... à l'entrainement maintenant !
L'Elfe ailée poursuivit ses efforts pendant plusieurs heures avant de transplanner chez elle, épuisée. Elle ne voulait qu'une chose, prendre une douche rafraichissante.
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Bien joué !
Another one bites the dust
Another one bites the dust
And another one gone, and another one gone
Another one bites the dust
Hey, I'm gonna get you too
Another one bites the dust
—Jhovall Queen, Les Grands classiques du Multivers
Proposé par Dark Mogwaï le 19/06/2012