[Arwen] Ascensions

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Discussion ouverte par Arwen Le 26/02/2021

Discussion ouverte par Arwen Le 26/02/2021


Arwen

Ascension

I Première ascension

Arwen montait les escaliers du Palais des Gourous d'un pas alerte. Elle avait été convoquée par Ylloh lui-même, le messager n'a cependant pu lui indiquer le motif de cette entrevue. Mais à la réflexion, le Gourou n'avait pas à lui en fournir. Il était le dernier de Ses premiers serviteurs après tout.

L'Elfe arriva dans un corridor de marbre noir. Elle sourit brièvement en pensant à tous ces bâtiments officiels construits dans ce matériau. Entre la Grande Caserne, l'Administration, ce Palais et bien entendu la Pyramide, le minéral se retrouvait également un peu partout dans la Cité. Il vibrait de Sa puissance pour qui pouvait ou voulait le percevoir.

Au bout du couloir, un serviteur personnel du Gourou Fondateur fit une révérence à la Grande Prêtresse avant de lui ouvrir la lourde porte en bois sculpté de décors à Son effigie, grand masque cornu au sourire démoniaque. Les deux battants grincèrent sur leurs gonds pour révéler une longue pièce composée de colonnades et d'alcôves, au bout de laquelle se trouvait un autel sacrificiel et derrière lui, trois trônes.

Les pas de l'Elfe, pourtant légers, résonnaient dans la salle d'audience qu'elle connaissait pour y avoir travaillé, assisté à des cérémonies mais aussi pour y être devenue Sa Grande Prêtresse. Sans oublier l'inoubliable, le moment où Il l'avait faite transplaner vers sa nouvelle existence. Sa main frôla avec respect la pierre aussi fortement liée à Lui que celle de la Pyramide, goûtant avec délice sa vibration et son picotement caractéristique remonter sur sa peau par de petites volutes noires.

C'est ainsi perdue dans ses pensées qu'Ylloh trouva Arwen lorsqu'il entra dans la salle, par une porte latérale située à gauche des trônes. Il était suivi de de quatre prêtres, deux hommes, une femme et une ondine.


« Ah ! Arwen ! Tu tombes bien !
- Ylloh, fit l'Elfe en reprenant ses esprits et en s'inclinant devant le Gourou, je suis venue dès que j'ai reçu votre message.
- Oui oui, bien... vous quatre, commencez les préparatifs comme je viens de vous les expliquer. Et toi, il faut qu'on parle. »


Le Gourou s'éloigna vers une alcôve un peu plus loin, laissant Arwen dans une certaine stupeur d'incompréhension. Elle regardait l'humain vieux de plusieurs millénaires puis les quatre prêtres en plein préparatifs en se demandant ce qu'il se passait. Elle rejoignit le Fondateur après quelques secondes, dans l'expectative. Ce dernier reprit :

« Bon, je ne sais pas ce que ça va donner mais il en est ainsi et c'est ce qu'Il souhaite. Donc je ne vais pas trop me poser de question.
- Je... crains de ne pas vous suivre, Ô, Gourou.
- Mais il faut que les préparatifs se terminent... tout au moins la base... Vois-tu, les rites sont les rites ! Enfin, ce n'est pas à toi que je vais apprendre cela ! Mais cela fait si longtemps... Et cela ne s'était pas passé exactement comme cela la dernière fois. Heureusement que Kallon avait pris quelques notes avant de disparaître... Bref... NON ! NON NON ! Pas comme ça ! Oui ! La boucle et le cercle ! C'est mieux ! Une fois que vous avez terminé, vous sortez me les chercher. »


La grande Prêtresse, perplexe, passa du groupe de prêtres dessinant avec du sang des arabesques étranges et autres signes cabalistiques au sol, autour de l'Autel Sacrificiel au Gourou qui semblait ne suivre que ses propres réflexions sans en apporter la moindre explication.


« Bon ! Voilà ! Une fois qu'ils seront partis, nous pourrons discuter plus calmement... Enfin, discuter... C'est à dire que je n'ai pas particulièrement de chose à dire mais il y a des choses à entendre parfois et à sentir. Des choses qui peuvent nous dépasser mais qui ont finalement une explication ! Ah ! Je te vois circonspecte. Et c'est normal ! Mais passons. Ils vont finir leurs lignes et... Oui oui, allez-y. Ouste ! Donc... je disais... Nous allons pouvoir commencer...
- Mais commencer quoi ?
- Shhh,
fit-il en posant son index sur la bouche de la Prêtresse. Tu vas écouter sagement et tu vas... »

Le Gourou monta sa main et son index au niveau du front de l'Elfe et ponctua sa dernière phrase par une pichenette entre les deux yeux de cette dernière.

« Le rejoindre ! »

L'effet fut immédiat. Arwen se sentit tomber. Partir. Alors que ses yeux se remplissaient de la noirceur caractéristique de sa transe, son corps inspira avant de s'effondrer dans les bras du Gourou.

« Et voilà ! Bon voyage ! »

Ylloh porta l'Elfe avec facilité et la déposa sur l'Autel, la plaçant sur le dos, les bras le long du corps.

« Il n'y a plus qu'à attendre maintenant. Ah ! Vous voilà déjà ! Bien. Placez-vous et patientons. Vous n'agirez qu'à mon signal. Et faites le taire, il va m'agacer. »

***





Une chute. Sans fin. Dans le rien. Le Néant. Depuis combien de temps tombait-elle dans ce vide infini ? Arwen se sentait totalement perdue et désincarnée. Un doute, une peur s'insinua en elle. Est-ce que tout cela avait été réel ? Ou n'était-ce que les bribes de son imagination mourante depuis qu'elle s'était évaporée de la Lothlorien ? Et alors, elle n'était finalement que rien. Dans ce vide. Ce Néant. A chuter ainsi pour l'éternité et plus encore... s'enfonçant dans le désespoir.

L'Elfe fronça les sourcils. Quelque chose n'allait pas. Et dès qu'elle fut consciente que cette idée de rêve ne pouvait pas être réelle, elle se rendit compte qu'elle ne tombait plus. Elle était toujours dans ce vide indescriptible. Mais elle savait au fond d'elle-même que c'était Son Néant et elle fut alors entourée d'une onde de satisfaction et de bienveillance.


Un test ? Pensa-t-elle. Mais pourquoi ?

La présence s'amusait de cette question et laissa là la Prêtresse qui haussa les épaules. Elle tenta d'observer son environnement mais il était clair que rien ne l'était. Ce n'était pas la même sensation que lorsqu'elle évoluait dans les Ombres.

Ici, il n'y avait rien. Ou plutôt, il n'y avait que Lui.

L'Elfe inspira... enfin, c'était plutôt une vue de son esprit afin de se concentrer. Elle inspira donc et ferma les yeux pour ne capter que ce qu'Il voulait lui faire découvrir. Et visiblement, c'était bien ce qu'Il voulait qu'elle fasse. Bien. Elle s'appliqua à vouloir Le rejoindre et leva un pied qu'elle avança. Une marche. Puis une autre. Et encore une autre. Elle ouvrit les yeux tout en montant ainsi, découvrant peu à peu la constitution de la Pyramide. Sa Pyramide. Ses certitudes et sa Foi en Lui firent le reste et elle grimpa les pentes de l'édifice avec assurance pour se retrouver au sommet.

Tout était exactement comme sur les Terres Originelles. A l'exception de la taille, au moins deux fois plus grande. Elle était sur un plateau large avec deux escaliers qui s'enfonçait dans le cœur de la bâtisse derrière la Pierre Noire de l'Autel Sacrificiel. Il n'y avait qu'un détail vraiment différent du monument qui se trouvait physiquement dans la Cité :la présence d'un trône sur lequel Il l'attendait avec Son sourire habituel.

La Grande Prêtresse s'avança solennellement et se prosterna devant Son Dieu.

***
Ylloh se plaça en tailleur sur son propre siège, le seul qui ne soit pas poussiéreux et ne semblait pas abandonné. Il veillait sur le corps tout en regardant dans le vague. Puis il soupira.


« Et bien je sens que ça va être long tout ça... Priez, vous-autres.»

Les prêtres se mirent à psalmodier sous son ordre, lui faisant monter un sourire de satisfaction aux lèvres. Cela ferait passer le temps.

***
L'Elfe sentit une impulsion qui la fit se relever. Elle regarda son Dieu, attendant la suite des évènements. Pourquoi l'avait-Il convoquée ? Qu'allait-Il lui demander ? Que pouvait-elle faire pour Lui ? Ce n'était pas du doute mais de la curiosité.
Sa Voix résonna de partout, transperçant de Sa puissance l'esprit de la Prêtresse qui n'en fut pas surprise. Il en était toujours ainsi avec Lui, surtout dans Son domaine.


« TU ME SERS DEPUIS QUE JE T'AI ACCUEILLIE. ET J'EN SOUHAITERAIS PLUS A PRÉSENT. »

La Prêtresse fronça les sourcils, cherchant la volonté exacte du Dieu. Plus ? La curiosité était ponctuée d'une pointe d'inquiétude.

«  Vous savez très bien que je dédie ma vie à Votre Grandeur et Votre Gloire. Que pourrais-je bien faire de plus que ce que je fais actuellement pour Vous ?
- OH ! BIEN DES CHOSES, PETITE ELFE. BIEN PLUS DE CHOSES.
- Je... ne vois pas. Je le crains. Que voulez-Vous de plus que mes prières, mes offrandes, mes sacrifices et ma vie ? Voulez-Vous que je fasse davantage de... »


Le Dieu leva une main et Arwen fut désorientée un moment avant de recevoir une pensée, une image, un fragment d'idée Divine qu'elle eut la plus grande difficulté à intégrer. Le sentiment de puissance et de solitude ? Un désespoir mêlé à un devoir... Une noirceur baignée de lumière...
Elle secoua la tête et tenta de fixer de nouveau L'être qui l'observait avec Son éternel sourire. Pourtant, ce qui montait en elle, c'était la colère. Une colère profonde.


« Est-ce comme cela que Vous voulez me remercier ? Après tout une vie à Votre service ? Vous voulez mettre fin fin à mon existence ? A tout ce que je suis ? Vous voulez vraiment cela ? Que j'abandonne celle que je suis pour quoi... pour faire de moi autre chose ? Comme par exemple... »

Alors qu'elle faisait face à l'Entité Divine qu'elle servait avec amour et dévotion, elle sentait son apparence se contorsionner. D'abord vaporeuse, les volutes se dégageaient de ce qui représentait son corps dans Son domaine, l'Elfe sentit ses jambes fusionner en une longue queue de serpent pendant que deux pairs de bras supplémentaires apparaissaient, chaque main tenant une dague.


« Vous voulez réellement tout de moi ? »

Nouvelle forme, un troisième œil au milieu du front et une mâchoire emplie de dents, un sourire à l'image du Dieu et un corps qui semblait se fondre dans une fumée épaisse alors que les mèches de cheveux prenaient vie. Nouvelle apparence tout aussi monstrueuse, l'éloignant de plus en plus de l'Elfe.

« Vous souhaitez que je perde ce qui fait que je suis moi ? Que mon identité et mon essence Vous soient sacrif...
- TU AS TOUJOURS EU LA SAGESSE DE NE PAS PRÉTENDRE CONNAÎTRE MES INTENTIONS,
coupa la Déité, forçant Sa Prêtresse à reprendre sa forme usuelle, non sans douleur. NE COMMENCE PAS MAINTENANT. TU ES ICI POUR UNE SEULE CHOSE. RENFORCER MA PRÉSENCE DANS LE MONDE MATÉRIEL. IL EST TEMPS DE REMPLACER LES DISPARUS.»

Une nouvelle image naquit dans l'esprit d'Arwen. Les trônes de marbre noir, tous trois occupés par les Gourous Fondateurs. Puis le premier s'effaçant, suivi du second. N'en restait qu'un qui semblait de plus en plus débordé par la tâche et seul.
Arwen écarquilla les yeux, comprenant soudainement la raison de sa présence ici. Elle regarda dans le Néant un moment pour tenter de mesurer les implications de cette demande.


« Le pouvoir des Gourous (GàE) provient directement du Votre... Lorsqu'Ils ont tenté de Vous sceller en Eux...
- EN EFFET.
- Et Vous voudriez que...
- C'EST TOI QUE J'AI CHOISI. »


La Grande Prêtresse s'inclina, et s'approcha de l'Autel. Étonnamment, ce fut comme si elle savait exactement ce qu'il fallait faire. Debout au centre de la Pierre, elle fit apparaître la Sacrificielle dans sa main droite.


« J'accepte. Mais je veux rester celle que je suis.
- QU'IL EN SOIT AINSI »
répondit le Dieu, un sourire encore plus grand sur son visage.

L'Elfe pris la lame sacrée à deux mains, pointée vers le sol. Elle ferma les yeux et inspira sans même remarquer que l'arme se dissolvait dans des volutes qui remontaient sur ses bras, les teintant d'un noir profond. La Sacrificielle avait fusionné avec sa détentrice. Puis, celle-ci enfonça ses doigts au niveau de son plexus solaire, ouvrant sa cage thoracique en deux. Nul organe visible. Seule la lumière éclatante de son âme.
Le Dieu rit avant de plonger sa main griffue dans le trou béant, entourant la précieuse lumière qu'il caressa presque tendrement puis entra à son tour entièrement.

***

Ylloh se redressa soudainement. Le corps de l'Elfe avait bougé. De même qu'il ressentait l'énergie du Puissant circuler activement dans le marbre. Il fit signe aux prêtres qui tenaient fermement des impies de les égorger et de les laisser se vider de leur sang sur les dessins précédemment tracés. Tout se fit de façon quasiment simultanée dans un ballet macabre.
Le Gourou renvoya les prêtres une fois les corps inertes et récita une incantation dans Sa langue. Le sang des victimes suivait les arabesques et se mit à luire doucement. La phrase sacrée terminée, un silence pesant éclata comme une onde de choc et se diffusa, invisible, à travers tout le plan. Et le corps s'arqua violemment lorsque de puissantes volutes s'échappèrent de l'Autel pour se planter dans les bras et les jambes de la Prêtresse sous l'emprise du pouvoir du sceau.
Si dans Son Néant, Arwen avait accueilli volontiers le Dieu dans son esprit et son âme, son corps ne semblait pas prêt pour ce déferlement divin.

Le Gourou se leva et posa une main sur le front de l'elfe au regard révulsé. Elle commençait à convulser.


«  Ah non non non.... Il va falloir tenir ! Je sais que ce n'est pas agréable. Nous avions eu la chance que cela soit progressif pour Nous Trois. Et Il n'est pas spécialement tendre... Aller, on tient le coup ! »

Et il entreprit de contrebalancer la souffrance du corps par des soins, ne pouvant faire qu cela en attendant que le phénomène prenne fin.

***
La vue d'Arwen était encore trouble. Elle cligna des yeux et tentait de faire la mise au point sur le plafond de la Salle des Trônes. Ses sens étaient sans dessus dessous et la pièce tanguait quand elle fermait les yeux.
Peu à peu, elle se rendit compte que son corps la faisait souffrir. Chaque parcelle, chaque muscle, chaque os. Elle expira brutalement, se rendant compte qu'elle avait pris trop d'air dans ses poumons. Et la douleur s'effaça progressivement. A la place, quelque chose de nouveau. Une sensation d'être plus. La Pierre de l'Autel fit passer un peu plus d'énergie à travers les volutes qui étaient encore branchés à ses bras. Elle ferma de nouveau les yeux et tout devint plus stable. Mais elle se perdit à travers le flot parcourant le plan.

Ylloh avait relevé la tête, observant en silence. Il replongea dans sa lecture en voyant la Prêtresse sombrer de nouveau.

***
Une prière. Une incantation. Une lame perforant un cœur. Et le sang qui coulait sur la pierre de l'Autel de la Pyramide.

Une vibration. Une nouvelle vague d'énergie. Et qui coulait à travers les volutes de pouvoir dans les bras d'Arwen.

Cette dernière ouvrit les yeux. Cette fois pour de bon. Elle se sentait différente et fronça les sourcils à cette idée. Mais pourtant, il semblait qu'elle était toujours elle.

L'Elfe tourna doucement la tête vers les trônes et vit Ylloh assis en tailleur, tout sourire, le menton dans sa main, le coude sur son genou.


« Alors, bien dormi ? Cela fait trois jours tout de même ! Tu dois avoir faim ! »

Arwen se rendit compte qu'effectivement, elle avait faim. Et soif. Elle se redressa dans un bruissement de toiles d'araignée se déchirant. Les volutes formaient sur ses bras nus de fins filament noir qu'elle retira de la main. Puis elle bascula les jambes pour se mettre en position assise. Constatant qu'elle n'avait pas de vertiges, l'Elfe se mit debout.

« Je me sens... étrange.
- Et bien ce n'est pas étonnant. Vu ce que tu as vécu.
- C'était pareil pour toi ?
- Pas aussi brutal, plus pernicieux et progressif. Mais c'était un autre temps. Et Il a visiblement adapté Ses pratiques. Tu devrais te regarder, chère nouvelle Gouroue. »


Le Fondateur fit apparaître un miroir en pied devant la Prêtresse qui ne pu réprimer une insulte dans sa langue natale.

Elle s'approcha de son reflet. Elle n'avait effectivement pas changer... hormis ses yeux dont l'iris fendue renvoyait un regard presque félin avant qu'il ne se pose sur deux protubérances au sommet du crâne. D'une main, elle toucha l'une de ses nouvelles cornes surgissant de sa chevelure d'ébène.


« Il n'a donc pas pu s'en empêcher...
- Ca te va bien et j'en suis presque jaloux qu'il n'y ait pas pensé à l'époque. Aller viens, nous avons du travail. Tout le monde t'attend à la Pyramide. Tu ne voudrais pas manquer ta propre présentation !»

Alors que le Fondateur sortait de la pièce, la Gouroue se rendit compte qu'elle était vêtue d'une robe de cérémonie. Elle était parfaitement apprêtée.

« C...comment ? Ylloh ? Attends ! Comment ça se fait que je suis habillée comme ça... et quelle cérémonie ? »

Et elle courut à la poursuite de celui avec qui elle travaillerait en tandem à la tête de Sa Secte.



Ref pour les cornes



descendant ascendant


Réponse(s)


861 points

Newall SombreLame - Prophète - Le 26/02/2021

Whoa !
Un bon travail de narration, pour un résultat très plaisant à lire !

990 points

Hadès2020 - Prophète - Le 26/02/2021

Tu nous a encore proposé un texte très bien écrit et ayant un grand impact sur le lore de la Secte que ce soit avec cette nomination en tant que Gourou ou avec la description du Palais, jusqu'ici absent de nos récits. J'ai hâte de voir tout les changements que ce texte implique !

92 points

Anonymous - Fanatique - Le 27/02/2021

Super ! Bien construit et bien écrit‚ fond et forme réunis‚ bravo !

672 points

Ximatt - Illuminé - Le 01/03/2021

Texte très bien écrit, comme à l'habitude.
J'aime beaucoup le moment où Arwen doute devant la Source même de sa Foi, ça a un petit coté rafraichissant.


Modérateur
666666 points

Modérateur

Arwen - Gourou - Le 24/10/2022

II - Entre le Néant et le monde Physique

Note : L'action se situe quelques mois voire années après cette première ascension.

~

Il est des fois où je me réveille en sachant que j'allais être une nouvelle fois Son outil. Non pas que cela me dérange, c'est après tout mon but dans cette seconde vie qu'Il m'a offerte. Mais cela se passait toujours avec cette impression tenace qu'Il faisait pression sur mon être tout entier.

Depuis le temps que je Le sers, j'ai pu peu à peu apprendre à reconnaître ces moments. Et c'est donc avant l'aube que je me réveillai avec l'idée de devoir accomplir quelque chose pour Lui.

Il m'intimait de me préparer et d'apporter Locë. Etait-ce pour qu'elle reçoive Sa bénédiction comme je l'avais prévu ? Probablement. Mais pas que. Je le sentais.

Je m'activai donc et enfilai une robe de cérémonie simple mais pratique et légère en lin teint dans le vert sombre de la plupart de mes vêtements. Une vieille habitude elfique... ou peut-être une habitude de vielle Elfe... Je ne saurais trop dire.

Je m'approchai de Locë et la pris dans mes mains. J'eus l'impression qu'elle savait ce qu'on allait faire. Ou tout au moins qu'elle savait qu'elle devait participer à quelque chose d'important. Elle s'installa autour de mes épaules en me sifflant à l'oreille. Il est dommage que je ne parvienne pas à atteindre son esprit. Elle ne souhaitait visiblement pas communiquer avec moi. Ou ne le pouvait pas, à moins que cela ne soit de mon fait. Son contact frais me rappela que je devrais lui faire installer une dalle chauffante.

Il me pressa. Il me fallait être à l'heure dite à l'endroit voulu même si ces données étaient floues dans mon esprit. Je mis donc de côté mes pensées et sortis de ma chambre. Je traversai l'aile qui m'était dévolue dans le Palais des Gourous puis l'immense place en direction de la Pyramide. Je renvoyai le salut aux employés et autres Sectateurs croisés. Mais à cette heure si matinale, il n'y avait guère que quelques serviteurs et clercs qui travaillaient.

A la vue de la Pyramide, le sentiment d'urgence était de plus en plus présent. Sans même m'en rendre compte, je me mis à courir. Il fallait que j'entre dans la Pyramide avant le lever du jour. Ce que je fis. Je ne vis ce jour là aucun rayon solaire ou lunaire avant d'être dans les entrailles les plus sacrées des Terres Originelles. Tel qu'Il le souhaitait.

Là aussi, je croisai des clercs qui officiaient la nuit, que cela soit par leurs préférences ou leur nature de créatures nocturnes. Ils se courbaient tous devant moi. Et donc devant Lui. Il en était satisfait.

Mon pas rapide et décidé fit renoncer ceux qui voulaient me proposer leur aide que j'aurais de toute façon refusée. Je parcourrai ainsi les couloirs sans fins du monument à Sa Gloire, donnant l'impression de savoir où je me rendais alors que c'était Lui qui me dirigeait à travers le Dédale. Plus je descendais les étages, moins je voyais de personnes. A un moment, je devait être au 6eme sous-sol, je dus me résoudre à prendre une torche. Au delà de la dernière accrochée au mur, il n'y avait qu'ombres et obscurités que même mes yeux elfiques ne pouvaient percer.

Il faisait de plus en plus froid et Locë se serra un peu plus fort, comme inquiète. Je ne ressentais pas ce sentiment moi-même. Peut-être qu'Il m'en empêchait ou alors ma Foi en Lui était tellement forte que je ne pouvais pas éprouver le moindre manque de confiance en Lui.

J'avais perdu le compte des étages. Plus je m'enfonçais dans la Pyramide, plus je sentais que la barrière entre Son Néant et le monde physique était fine. Son pouvoir irradiait du cœur du plan.

J'atteins finalement une salle immense. Je le sentais par la pression du vide qui m'entourait. La torche ne me permettait pas de voir les murs ou le plafond autour de moi. C'était assez frustrant d'une certaine manière. Je savais par Son entremise que cette salle était magnifiquement décorée mais je ne pouvais en apprécier l'art.

Toujours guidée, je sus qu'il fallait user de mana mélangé à Son pouvoir pour allumer des feux mystiques violacés. La salle s'éclaira et révéla des fresques merveilleuses. Elles avaient été gravées par le Sang et l'Âme des impies qui avaient été enrôlés à mort pour construire l'édifice au tout début du règne des Trois Gourous Fondateurs. Je pouvais sentir la force qui émanait de ce lieu sacré.

Mais je n'étais pas là pour admirer ces fresques, à mon grand regret. Il m'assura néanmoins que j'aurai bien d'autres occasions de découvrir cet art caché. Et même très prochainement.

Au fond de la salle se trouvait un immense bac. L'odeur métallique caractéristique ne laissait aucun doute sur le contenu du bac. Du sang. Du sang non coagulé, comme encore vivant, provenant des Sacrifices menés quotidiennement.

Devant ce bac, une pierre au sol émettait une forte onde. C'était une pierre Sacrée, partie d'un Autel inusité depuis des millénaires. Son pouvoir était enivrant.

Je sus qu'il me fallait déposer Locë sur ce marbre. Elle semblait curieuse et se laissa faire. A partir de ce moment, Il me fit entrer dans cette transe qui faisait de moi un lien entre Lui et le monde physique.

Mes yeux s'emplirent d'obscurité et tout mon corps ressentait Sa présence ou Son absence dans tout ce qui m'entourait. Et dans la Pyramide, ce phénomène était démultiplié. Progressivement, Il me fit apposer mes mains sur ma compagnonne à écailles. Elle était vide de Foi. Celle-ci se laissa envahir par Sa présence. Bien qu'animal, la Serpente prit conscience de ce qu'elle était et ce qu'elle devrait être. Une accompagnatrice, une protectrice. Et un élément vecteur de la Foi. Cela lui allait. A moi aussi.

Alors que je m'écartais de Locë, je fus soudainement paralysée. Il attendait autre chose de moi.

Je Le sentis se déployer en moi. La panique me gagna. Il l'étouffa d'une vague de bienveillance. C'était étrange. Il m'expliqua avoir d'autres projets pour moi. De nouvelles choses. Et que tout ce qui arrivait venait d'une idée que je Lui avait soufflée.

Je ne comprenais pas. Et cela Le faisait rire. Bien évidemment que cela me dépassait !

Il me fit rappeler ma rencontre avec Locë. C'était un élément important. Celui qui définissait la forme. Puis il me fit revivre cette discussion avec Vognar. Le Mage ne pouvait pas voir l'avenir me concernant puisque Sa présence brouillait toutes les lignes futures. Pourtant, il fut cette fois Son instrument pour me diriger vers cette vendeuse sans pour autant m'influencer.

Un frisson me parcourut l'échine. Et cette phrase qui tournait sans fin dans mon esprit depuis des semaines.

Cela le faisait rire. Une hilarité terrible. Et il commença Son office.

Je sentis alors ma têtes s'alourdir. Mes cornes se mirent à apparaître. Je le sentais. Mais cette fois, il y eut autre chose. Comme le sentiment d'avoir une autre pair de cornes qui prenait de l'ampleur. Je secouais la tête et voulus mettre mes mains dessus quand une douleur me figea.

Mes ailes se déployèrent brutalement, déchirant mon vêtement. Je les battis et sentis soudainement qu'elles s'allongeaient. Les muscles, les os, la peau... Tout s'étirait dans une douleur vive.
Je repris mon souffle comme je pouvais alors qu'Il me pliait corps et âme à Sa volonté.

Il m'expliqua alors que c'était une idée que je lui avais transmise lors de mon Ascension. Laquelle ? Je ne me souvenais plus. Puis progressivement, je commençais à comprendre... horrifiée. Il rit, fier de Son effet. Puis Il précisa que la forme importait peu. C'était le but qui L'intéressait.

La douleur intense repris. Je tombai à genoux, ne comprenant pas ce qui m'arrivait. Mes jambes m'avaient lâchée. Je me retrouvai sur le ventre, me contorsionnant. Mon bas ventre était en feu. Puis ce fut le tour de mes organes internes.

Je sombrai dans l'inconscience sous cette agonie, mon esprit rejoignant Son Néant. Il me prit dans Ses bras avec le sourire de Celui qui créait. Puis Il m'étendit sur un lit de songes.

Je me sentais... comme étirée. Tordue. Je me recroquevillai sur moi-même. J'ouvris les yeux, les clignant. La lumière violacée n'était plus. Pourtant, je pouvais voir Locë devant moi. Ou tout au moins son corps. Il avait pris du volume. C'était donc cela Sa Bénédiction ?

Je me sentais courbaturée et tendis mon bras inférieur droit vers Locë sans pouvoir l'atteindre. La douleur était telle que je sombrai de nouveau dans l'Obscurité.

Un sifflement. Un appel. Mon ventre qui gargouillait. Un nouveau sifflement. Locë me demandait de me réveiller. Depuis quand je la comprenais ? Une nouvelle fois l'Obscurité. Et Son rire.

Une vibration me parcourut l'échine. Sa longueur interpela ma raison. J'avais froid. Très froid sur le marbre. Je frissonnai. Qu'avais-je fait de ma robe ? Je mis mon aile droite sur le haut de mon corps. Elle semblait plus grande, plus épaisse et plus forte. Locë me demandait de me réveiller. Je n'y arrivais pas.

Une nouvelle vibration qui provenait de la Pyramide. L'onde me parcourut, me réchauffa alors que j'entendais le sang couler dans le bac de marbre. La puissance de la Foi me fit ouvrir les yeux. Là encore, je voyais presque comme en plein jour. Pourtant, la salle était bien dans l'Obscurité.

Devant moi, le corps massif de Locë. Cela me paraissait étrange qu'elle n'aie pas bouger depuis... depuis quand ?

J'avais mal aux jambes et je n'arrivais pas à sentir mes orteils. Ma respiration était profonde. Plus profonde qu'habituellement. Et j'avais l'impression que mon corps était lourd. Tellement plus lourd.

Une nouvelle vague de Foi me traversa. Je compris que nous étions en milieu de semaine. Déjà ? Cela faisait bien quatre jours que j'étais entrée dans la Pyramide.

Locë siffla. Elle voulait que je bouge parce qu'il n'était pas bon de rester ainsi immobile. Elle savait cela. Je devrais le savoir aussi, me reprocha-t-elle. Je lui fis part de mon incompréhension.

Je sentis alors son corps serpentin sur mes jambes. Sur ma peau. Quelque chose me dérangea soudainement. Je la vis apparaître de sa taille normale au dessus de ce corps de serpent géant. Ce corps qui me renvoyait des sensations. J'eus brutalement le souffle coupé. Ma main inférieure droite se tendit de nouveau vers le serpent et au contact des écailles, je sentis à la fois ma main sur ma peau et mes écailles sous mes doigts.

Ma respiration s'accéléra. J'entrepris de tendre ma main supérieur droite vers ce corps. Je m'arrêtai à mi chemin, observant brutalement la réalité. J'avais deux bras droits ?

Je me redressais en m'appuyant sur mes deux bras gauches. Qu'est ce que...

Assise, j'observai ces quatre membres avant que mon regard ne se porte sur le serpent géant... qui s'avérait... être... moi.

Une idée que je Lui avais transmise. Et la phrase de la vendeuse.

La panique me gagna.

Locë me regardait avec dévotion. Son esprit me toucha doucement. Elle m'expliqua qu'Il lui avait demandé de m'enseigner à régir ce corps. Le corps qui serait Son lien vers le monde physique.

Ainsi, j'étais Son Avatar, Sa Présence Physique et Spirituelle.

Je me rendais peu à peu compte de la puissance qui coulait en moi. C'était trop... C'était Divin.

Mon esprit avait du mal à réaliser et je retombai sur le coté, inerte, alors qu'une nouvelle vague de Foi Nous nourrissait.


~~

A suivre.

Edité 1 fois, dernière édition par Arwen Le 24/10/2022


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Arwen - Gourou - Le 25/10/2022

III – Revenir à la lumière

Note: rédigé en mode RP avec Evandar et Vognar.

~~

La porte de la Taverne s'ouvrit sur un orc vêtu de l'aube caractéristique des clercs au service d'Arwen. Ses yeux parcoururent l'assemblée des clients. Il fit un salut discret à un Vognar qui reconnu Graf, un habitué.

L'orc repéra Evandar et se dirigea vers lui tout en faisant signe à un Vognar de venir.

Il avait l'air visiblement inquiet et il s'assit à la table de l'Elfe.


- Mon Seigneur, Maître Taverniers, fit-il sans plus de cérémonie, nous avons besoin de votre concours.

Le Seigneur Elfe avait reconnu les habits, et il savait donc que cet Orc travaillait pour l'Eglise. Malgré cela, il ne put s'empêcher de frissonner intérieurement ; il n'aimait vraiment pas les Orcs... Autant de temps à se battre contre eux, ça laisse forcément des traces. Ne laissant rien paraître d'un point de vue extérieur, il se contenta de fixer l'Orc.

- Peut-être pourriez-vous nous donner un peu de contexte, messire.... ?

Vognar s'assit à la table sans un mot, invitant tacitement du regard le clerc à continuer.

Graf regarda autour de lui avant de s'approcher et de parler sous le ton de la confidence.


C'est Irkal qui m'envoie. Nous n'avons plus vu Sa Grandeur La Gouroue (GàE) depuis six jours. Nous nous inquiétons. Sa Sainteté doit mener les préparatifs des Cérémonies de l'Automne dans quelques jours.

Le Tavernier lança un appel à travers le Lien.

Arwen ?

Une sorte de barrière mentale nimbée de Sa présence renvoya un écho de l'appel. Le mage fronça les sourcils, et regarda dans les lignes les dernières personnes à avoir interagi avec la Gouroue.

L'Orc s'adressa à Evandar, confirmant ce que lisait Vognar.


- La dernière fois que nous l'avons vue, elle se dirigeait vers la Pyramide. Sixte, le vampire qui était de Prière cette nuit là l'a vu descendre dans les Couloirs Profonds du Monuments. Deux gobelins ont été envoyés en éclaireurs mais au delà du sixième sous-sol, il n'y a plus de lumière donc ils sont revenus. Nous pensons que Son Altesse - Gloire à Elle - n'est jamais remontée. Ah ! et elle était avec son serpent.

Evan, tu penses qu'il se passe quelque chose ?
demanda Vognar mentalement au Seigneur de Guerre. On y va ?
- Six jours... C'est énorme. Et surtout, le fait que le lien soit coupé... C'est potentiellement ce qui me dérange le plus.
Je pense qu'il faut en effet y aller.
Je veux dire, si quelque chose retient vraiment Arwen contre son gré alors il est extrêmement improbable que nous puissions y faire quoi que ce soit, mais il est de notre devoir d'essayer.
Parce que nous, au moins, nous avons une chance, même si elle est infime. N'importe qui d'autre (hormis un Gourou [Gloire à Lui !]) n'aurait même pas cette infime chance.


Le Seigneur Elfe répondit à l'Orc


- Cela est en effet préoccupant. Peux-tu nous...regardant Vognar, parce que je suppose qu'au moins un des tois vient ? revenant sur l'Orc...conduire à l'endroit ou elle a été vu pour la dernière fois ?

L'orc haussa les épaules.
- Mon Seigneur, je ne peux que vous indiquez la Pyramide. Je n'ai pas l'autorisation de pénétrer dans les étages inférieurs... Avec tout mon respect...
- La Pyramide, les étages inférieurs. Soit, ce n'est pas très précis mais on fera avec ça. Merci à toi pour cette alerte.


Le Seigneur de Guerre commença à se lever, guettant la réaction du Vognar. Le mage regarda le soldat comme on regarde un enfant qui a dit un gros mot.

- Comme si j'allais te laisser chercher Arwen tout seul.

Il posa la main sur l'épaule d'Evan et commença à les transporter devant le gigantesque édifice.

Graf cligna des yeux. Il supposa que la demande d'aide avait été bien transmise, Gloire à Lui. Il se leva et se dirigea vers le comptoir pour commander une petite bière à Vognar. Après tout, maintenant qu'il était là, autant en profiter.

Au pied de la Pyramide, un groupe d'adeptes en cours de premier niveau s'éparpilla de surprise suite à l'apparition des deux Kibrilles. Ils se regroupèrent derrière de leur professeur, un avemain en aube de clerc, qui s'inclina devant les deux illustres personnages. Les élèves l'imitèrent promptement, impressionnés. Puis le groupe s'éloigna un peu

La Pyramide, Elle, était toujours aussi imposante et pulsait régulièrement de Sa puissance et de Sa présence tel le cœur du plan. Tout semblait normal, l'activité quotidienne, religieuse ou non, suivait son cours.

Sans prêter attention aux étudiants, Vognar s'engagea dans la pyramide d'un pas décidé. Régulièrement, il continuait à appeler Arwen dans son esprit.

Evandar ne prêta pas plus d'attention aux élèves que le Taverniers ne le fit.
Il emboîta le pas de ce dernier, qui avait l'air de savoir par ou commencer. Il se contenterait de le suivre pour le moment ; quand on a un mage du temps et de l'espace comme guide, autant en profiter !

Chaque personne croisée laissait le passage et s'inclinait respectueusement devant eux. Lorsqu'ils pénétrèrent dans le Monument, ils purent ressentir nettement la force du lieu. Le grand hall central fourmillait de religieux qui prenaient les escaliers pour monter ou descendre les différents étages. Dans toute cette agitation, Irkal se détacha d'un groupe et se dirigea vers les Kibrilles, la mine faussement neutre. Le demi-elfe cachait son inquiétude assez bien. Il fut suivi d'une humaine à l'aube grise brodée de noir, Aléis, la régisseuse de cérémonies. Ils s'inclinèrent.


- Maître Vognar, Seigneur Evandar, je suis ravi de vous voir ici. Nous ne voulons pas créer la panique, ainsi, nous sommes restés discrets sur la situation mais cela devient critique. Nous avons peur que Sa Grandeur soit partie comme à l'époque de Son Errance.
- Vous dites qu'elle a disparu il y a six jours.
fit Vognar Vous êtes sûrs qu'elle est dans les sous-sols ?

Un autre Vognar contourna le groupe en l'ignorant et s'arrêta au milieu du hall. Il ferma les yeux et se concentra.

Aléis et d'autres clercs présents sursautèrent en voyant le Mage se dédoubler une fois, puis deux lorsqu'ils se dirigea vers un escalier, puis encore et encore. Irkal resta concentré tant bien que mal sur celui a qui il parlait.


- Je ne suis sûr que d'une chose, Sa Magnificence a été vue par plusieurs membres en fin de nuit, avant l'Aube il y a six jours. Elle - Gloire à Elle - s'est dirigée vers les sous-sols mais au delà du sixième, nous ne pouvons accéder. Et vous savez probablement pourquoi. Nous n'avons trouvé nulle trace dans ces étages là. Nous n'avons pu aller plus profondément. Tout ce que je sais c'est qu'Elle n'est pas ressortie. Mais impossible de vous garantir d'une issue moins physique.

Rapidement, un Vognar arriva au seuil du sixième sous-sol. Comme il en avait le souvenir, les torches et autres moyens d'éclairages s'arrêtaient nets. Non pas qu'ils s'éteignaient, mais ils n'étaient que peu efficaces, leur portée n'excédant pas le mètre. Il avait été jugé inutile de poursuivre l'illumination des lieux qui restaient donc dans l'obscurité totale.

Un courant d'air venant d'en bas se fit sentir. En se concentrant, le Mage put déterminer que quelque chose ou quelqu'un émettait des bribes de pensées tristes, en colère ou de dégoût mêlées à de la dévotion, de l'admiration et une Foi inébranlable. Il lui était cependant impossible de savoir de qui ou quoi venaient ces pensées.

Vognar donna sa position à Evandar, ainsi que le chemin pour le rejoindre. Il lui transmit également les pensées qu'il percevait.

On dirait Arwen, non ?

Le Seigneur Elfe avait laissé Vognar explorer le bâtiment ; il ne pourrait de toute façon pas faire mieux, donc autant attendre les résultats. Quand ceux-ci arrivèrent, il se mit en marche pour rejoindre le Mage

Possible... Mais je ne suis pas sur... Soyons sur nos gardes !

Evandar arriva au niveau de Vognar plusieurs dizaines de minutes après. Même avec sa vitesse elfique, la Pyramide étant un dédale de chemins tortueux, tout déplacement nécessitait un certain temps.

Vognar avança de quelques pas dans les ténèbres et attendit un peu. Quand il constata que ses yeux ne s'habituaient pas, il fronça les sourcils.


- Tu peux voir dans cette obscurité, Evan ?

Evandar avança un peu lui aussi et secoua la tête.

- Malheureusement, non... Ce qui signifie probablement que cette noirceur n'est pas naturelle.
Ceci dit, sachant qu'on est dans la Pyramide, dans les parties déjà enterrées assez profond, cela ne me surprend pas plus que ça...


Vognar haussa les épaules et s'avança dans le noir, s'assurant de marcher droit en gardant sa main sur le mur.

Une fois de plus, le Seigneur de Guerre suivit le Taverniers, non pas sans avoir attrapé la dernière torche sur le mur.

L'Elfe remarqua que la torche qu'il avait en main n'était initialement pas la dernière puisqu'il trouva une accroche vide. Quelqu'un était passé par ici avant eux.

Cette fois-ci, il suivait le Mage de près, pour ne pas perdre le contact visuel.
Même s'il pouvait probablement le retrouver avec le lien, il ne valait mieux pas prendre de risque, surtout ici...

Au fur et à mesure de leurs progressions, ils descendirent les étages. La présence étrange qu'ils suivaient était de plus en plus forte. Une autre impression était remarquable. Sa présence à Lui et son Néant faisaient pression sur la réalité physique dans une dérangeante sensation d'absolu.

Mentalement, Vognar marqua le coup. Mais il ne s'arrêta pas, concentré sur ce qu'il captait.

Le Seigneur Elfe sentait également la pression monter, de manière extrêmement littérale et physique, comme s'il s'enfonçait dans les profondeurs de l'océan.
Néanmoins, il ne recula pas, il n'avait pas le choix. Il fallait aller voir ce qui retenait Arwen - si c'était bien elle.

Si l'un des deux ne pouvait perdre la notion du temps, celle des distances était complexe à maintenir. Impossible de savoir à quel étage ils étaient. Tout ce qu'ils savaient c'était qu'ils étaient arrivés au bon niveau.

En effet, devant eux, Locë siffla, à la limite de la lumière.

Le mage s'arrêta et essaya de contacter le serpent. L'esprit de l'animal se trouvait légèrement modifié par rapport à leur première rencontre. Elle semblait plus à l'écoute et surtout bénie.

Elle regarda Vognar avec curiosité.

Evandar avait entendu parler du serpent d'Arwen, mais il n'avait jamais eu l'occasion de le voir en vrai. Il se demanda subitement si Peace' et le serpent allaient s'entendre, s'ils se voyaient un jour.
Puis il revint à la réalité de la situation, et sentit, par le lien, Vognar essayer d'établir une communication avec le serpent, alors il attendit de voir le résultat.

À défaut de s'entendre, ils ne devraient pas s'entre-tuer. fit remarquer Vognar.

L'Elfe avait toujours sa torche dans la main gauche, et la main droite prête à dégainer VoidBringer si le besoin s'en faisait sentir. Il était toujours circonspect à propos de la situation dans son entièreté.

Vognar s'agenouilla devant le reptile et tendit la main pour la caresser.
- Salut toi. Tu pourrais nous emmener à Arwen ?
- Elle ne va pas vouloir vous voir. Elle ne veut voir persssonne.


Le ton était neutre et sans animosité. Le mage laissa échapper un rire nerveux.

Disons que j'insiste. Tu essaierais de m'arrêter ?
- Pourquoi le ferais-je ? Je ne sssuis pas sssa gardienne. Elle sssait ssse garder Elle-même.
- Excellent !


Vognar reprit son avancée dans le couloir en faisant signe à Evandar de le suivre.

La serpente regarda passer les deux verticaux devant elle. Si elle en avait eu, elle aurait haussé les épaules. À défaut, elle les suivit, son corp glissant sur le marbre noir..

- Ssssur votre droite. Dans la grande sssalle au sssang.


Arwen ?
appela Vognar

Un mouvement de déplacement se fit entendre sur la gauche. Quelque chose de massif bougeait mais personne ne répondit.

L'origine de la puissante présence restait dans l'ombre.


- Arwen ? C'est moi, Vognar. Evan est là aussi.
Le Seigneur de Guerre s'avança aussi. La torche qu'il portait à la main ne parvenait pas à éclairer l'endroit où Arwen était.
- Wewen ? Quelque chose ne va pas ? Est-ce qu'on peut t'aider ?

Le déplacement continua un moment avant de s'arrêter. D'une voix reconnaissable, mélodieuse mais plus profonde, l'entité demanda

- Que faites-vous là ?

Le ton était sévère et une certaine colère couvait.

Locë transmit alors un
Je vous l'avais dit.

Ignorant le serpent, Evandar répondit


- On s'inquiète pour toi. C'est pour ça qu'on est venu.
- Partez.


Et le déplacement reprit.

Au sol, quelque chose attira l'attention du seigneur à la limite de la portée de la torche.


- Non. Pourquoi on partirait maintenant ? On est venu parce qu'on s'inquiète pour toi, et c'est toujours le cas.

Le Seigneur de Guerre se sentait un peu mal à l'aise ici, on aurait dit que quelque chose l'épiait depuis la limite de la zone éclairée.
C'était une impression diffuse dont il n'aurait pas été capable de définir la raison, mais il ne pouvait pas y échapper.

Faisant fi du danger, Vognar s'avança en direction de la voix.

- Tu peux nous faire confiance, Arwen. Dis-nous ce qu'il se passe.

Le mage se prit les pieds dans un tissus en lin.
La réponse vint d'un autre endroit


- Ta vendeuse avait raison.

Un nouveau déplacement. La voix vint de derrière, en hauteur.

- Comme toujours, Il fait comme Il le veut. Et moi, je ne veux pas quitter l'endroit où Il m'a faite me terrer.

Après un silence et un nouveau déplacement.
- Partez.

Vognar croisa les bras.
Non.

Un sifflement se fit entendre et l'air vibra, s'alourdissant soudainement dans une pression surnaturelle.

Le Seigneur Elfe arrivait encore à supporter la pression supplémentaire de l'endroit, mais cela devenait de plus en plus compliqué ; surtout si elle devait s'accentuer encore par la suite. Il intervint néanmoins.


- Arwen, tu te rends compte ? Pour une fois que Vognar et moi on est d'accord sur un sujet - on t'a donné la même réponse ! - cela mérite bien un effort de ta part ! Cela signifie que notre attachement pour toi est plus fort que nos dissensions, ce qui est quand même loin d'être négligeable !

Puisant dans son mental, Vognar força ses jambes à faire un autre pas vers la voix. Il devinait ce que laissait transparaître les paroles d'Arwen.
- Explique-nous, s'il te plaît. Que t'a-t-Il fait ?

Le silence était aussi pesant que l'air. Des gouttes s'écoulaient doucement dans une étendue liquide. L'odeur de sang était évidente.

Une vibration parcourut la pièce et son origine DMique était sans équivoque.


- Vous voulez connaître la chose qu'Il m'a faite ? Qu'Il a finalement entrepris depuis notre rencontre à la fin de ma première vie ?

Un nouveau déplacement. Elle était devant eux mais à distance de la lumière. Et elle ouvrit les yeux qui réverbéraient le feu de la torche, les surplombant de plus de deux mètres de hauteur d'une lueur effrayante

- Et bien voyez.

Depuis l'entrée jusqu'aux fond, des braseros aux flammes violacées s'embrasèrent progressivement révélant de multiples décorations aux murs et le bac rempli de liquide sanguin. Mais aussi...

- Voyez le monssstre qu'Il a fait de moi. La créature que je sssuis devenue.

Devant eux, ce qui était Arwen les regardait de haut, buste nu au sommet d'un corps de serpent, les ailes immenses déployées de toute leur envergure, les quatre bras tendus comme en présentation théâtrale et deux paires de cornes au sommet de sa tête dont la chevelure noire coulait en longue cascade aux reflets violets.

-Et vous voudriez que je sorte ainsi ? Alors que mon corps ne demande qu'à dévorer des âmes ?

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illustration d'inspiration
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Masquant sa surprise et tentant de ne pas relever l'apparence d'Arwen, Evandar répondit

- Et donc tu préfères te terrer ici jusqu'à la fin de ta vie ? Je ne suis pas sur que cela résolve grand chose. Ni que tu Lui soit d'une grande aide en ne sortant jamais d'ici.
D'ailleurs, "jusqu'à la fin de ta vie", cela risque d'être très long.
Enfin, sauf si je me trompe sur l'espérance de vie des Démon-Serpent-Elfe. J'avoue ne pas en avoirs croisé des centaines.


Vognar était bouche-bée...

- Magnifique...

... et stupéfait par la réaction d'Evandar.

- Lui être d'une grande aide ? Evan, regarde-la, on s'en fiche.

La Gouroue serpentiforme s'approcha de l'Elfe en contournant Vognar. Elle se mouvait gracieusement, ses écailles sombres glissant sur le marbre.

Les ailes rabattues, ses bras supérieurs croisés sur sa poitrine, elle passa derrière le Seigneur de Guerre pour revenir devant lui en l'entourant.

Elle étrécit les yeux en le regardant.


- Peut-être devrais-je commencer à me sustenter immédiatement pour faire taire l'impertinence mal placée d'un seigneur narquois qui lorgne sur la douceur d'une retraite ?

Son désarroi et sa colère étaient clairement palpables, la rendant particulièrement susceptible.

- Nous pourrions alors comparer nos espérances et nos choix de vie !

Le Mage se retourna quand Arwen le contourna, ses yeux suivant malgré lui les courbes de son corps reptilien. Il les remonta dans les siens avant de s'adresser à elle.

- Arwen, regarde-toi, tu es sublime.

S'approchant de Vognar, Locë lui fit

Je n'arrête pas de le lui dire. Elle ne me croit pas. Elle dit que je ne suis pas objective.

Et elle siffla de déception.

Evandar n'avait pas bougé, si ce n'est tourner un peu la tête pour suivre Arwen.

En réponse à la question de cette dernière, il écarta les bras, les mains ouvertes, laissant tomber la torche qui rebondit sur le sol avec un bruit sec qui résonna dans la salle.


- Vas-y. S'Il (GàL!) estime que c'est la meilleure façon pour moi de le servir, ainsi soit-il.
Tout ce que j'essaye de faire ici c'est de te faire comprendre que rester cachée ici n'est ni une solution viable ni une solution pérenne, mais si tu préfères me manger plutôt que de m'écouter, je t'en prie, fais donc.


L'estomac de la créature gargouilla. Depuis quand n'avait-elle pas mangé ? Elle secoua la tête pour se retirer l'idée que l'Elfe devant elle était un repas à portée et se tourna vers Vognar en se reculant un peu.

- Magnifique ? Sublime ? Je ne sssuis qu'un agglomérat de créatures. Mélange de restant d'Elfe, de démon, de dragon, de serpent...

L'extrémité de sa queue frappa le sol de frustration.

- Une chimère monssstrueuse.

Le Seigneur Elfe intervient alors

- Chimère, oui, je veux bien. Monstrueuse, clairement pas.
Tu es envoûtante, ténébreuse, puissante, bref tout un tas de choses, mais clairement pas monstrueuse ou laide.
- Je ne sais pas quel filtre Il vous met devant les yeux...


La Gouroue s'éloigna et se dirigea vers le bassin de sang. De nouvelles gouttes tombaient annonçant un filet. Elle frissonna en fermant les yeux, ressentant la Foi liée au Sacrifice commis en Son Nom.

-Quel jour sssommes nous ?
- Je ne peux pas parler pour Evan, mais moi je te vois bien comme monstrueuse. Monstrueuse qui par définition signifie contre-nature, abominable. Ton apparence contredit ta nature d'elfe, donc elle est par essence contre-nature. Abominable, également, car ton apparence inspire l'horreur. Tu es donc bien, par définition, monstrueuse

Vognar essayait d'opposer à la réaction viscérale de la prêtresse la froideur implacable de la logique, dans l'espoir de la raisonner et, qui sait, de la calmer.

Es-tu pour autant laide ? Loin de là. Hideuse ? Ça doit dépendre des goûts de chacun, je suppose. Pour l'agglomérat de créature, je ne peux pas juger sans comprendre la nature de cette forme, mais regarde Evan, il devient bien un elfe-démon-gorille-clébard-ailé-griffu quand il se transforme, et je ne crois pas qu'il se soit jamais trouvé moche. Pas qu'il ait encore l'intellect nécessaire pour juger du beau sous cette forme, mais bon.

Après la logique, l'humour. Peut-être l'un des deux allait-il marcher ? Il s'excuserait plus tard auprès d'Evan si besoin. Il fallait que ça marche.

L'ensemble du corps d'Arwen se tendit suite aux paroles du mage. Elle se pencha sur le bassin et s'y appuya avec ses bras inférieurs.

Puis ses muscles et ses traits se détendirent. Tout ce qu'elle ressentait. Tout ce dégoût d'elle-même. C'était logique. Elle n'était plus Elfe.

Et si une larme coula de sa joue, elle sourit à l'évocation de la forme DMique d'Evandar.


- Que suis-je. Je ne peux te répondre Vognar.

Le mage poursuivit avec une voix plus basse, hésitante.
- Est-ce que... Est-ce que c'est permanent ?
Les épaules s'affaissant un peu plus, la Gouroue répondit dans un murmure.
- Je ne sais pas.

Le Seigneur de guerre avait jeté un regard noir à Vognar mais le discours du Mage semblait faire effet.
- Effectivement, je n'ai jamais trouvé ma transformation DMïque moche. Imposante, menaçante, écrasante, puissante, DMïque, mais pas moche.

Il fit une pause, puis reprit

- Et puis... Très honnêtement... Il (GàL!) t'as fait ainsi, et il ne tient qu'à toi d'en tirer avantage. Je veux dire, imagine la terreur que tu vas inspirer dans le cœur des impies maintenant !
Pas que ce n'était pas le cas avant, mais maintenant tu es passé au niveau supérieur, tu n'es en effet plus "juste" une Elfe, tu es une créature de légende, dont les bardes conteront les récits pendant des millénaires !
Je me doute que tu as l'impression d'abandonner qui tu es, ou de ne plus savoir qui tu es ; c'est justement l'occasion de choisir qui tu vas être, d'écrire ta légende pour les siècles et les siècles !
La Gouroue aussi puissante qu'imposante de la Secte, tu vas être crainte et vénérée à travers le multivers tout entier !
Sois fière de ce que tu es devenue, par Sa Grâce (Gloire à Lui!), joues-en, impose-toi !


La Grande Prêtresse regardait son reflet dans le liquide rouge tout en écoutant l'Elfe. Elle soupira.

- Je ne veux pas être vénérée. Et je risque d'être crainte même par Ses serviteurs.

Elle fit une pause avant de reprendre.

Ce que je souhaite actuellement, outre un repas décent, c'est marcher.
- Laisse les faibles te craindre.
indiqua Vognar. À travers toi, c'est Lui qu'ils craignent, et les craintifs ne se rebellent pas. Laisse les autres t'admirer. À travers toi, c'est Lui qu'ils admirent, et les admirateurs ne se rebellent pas.

Se détournant de son reflet, Arwen enroula ses anneaux sous elle en observant ses deux précieux visiteurs.

- Vous avez trouvé les mots pour calmer la rage qui m'animait. Je vous en remercie. Cependant, je ne me sens pas capable de remonter ainsi. Et... de vivre comme cela.

Elle détourna les yeux.

Ce que j'ai ressenti lors de ma... Métamorphose... Une douleur indicible... Je... J'ai peur de tenter la réversion. Si tant est que je le puisse.
- Est-il possible que nous soyons d'une quelconque aide sur ce sujet ?
demanda Evandar
- Hum...Avant qu'on commence à expérimenter, Arwen, tu ne voudrais pas...

Le mage tira sur une ligne et dupliqua sa robe, qu'il tendit à la prêtresse. Celle-ci pencha la tête d'un air circonspect avant de prendre le vêtement.

-Actuellement, je ne peux l'enfiler. Entre mes cornes, mes ailes et mes bras... Mais... merci.

Le mage se gifla mentalement et reprit le vêtement.

- Excuse-moi. Je peux t'emprunter une dague ?

Arwen montra ses mains inférieures vides

Je... n'ai pas de poches sur moi. Et la Sacrificielle n'est pas destinée à la couture.
- Ah.

Imbécile
se dit-il.

Après quelques secondes de réflexion, Vognar contourna Arwen et frotta le vêtement contre le bord d'une écaille dans son dos pour le découper. Rapidement, le vêtement perdit toute forme, mais au moins Arwen pouvait-elle l'enfiler.


- Qu'est-ce que...
Le contact du tissus la fit frissonner.
- Et voilà !
Elle prit le vêtement modifié et entreprit de le passer. Il lui fallait néanmoins de l'aide pour l'attacher à l'arrière.

Est-ce que tu pourrais...?
- Oh, bien sûr.

Le mage attacha le tissu ainsi modifié.

- Bien, maintenant que ça c'est réglé, les choses sérieuses. Tu veux essayer de te retransformer ? Est-ce qu'on peut t'aider ?

La Gouroue trouvait étrange de porter une robe de Vognar, même trafiquée. Elle se contorsionnait pour regarder ce que cela donnait. Elle réfléchit quelques instants avant de répondre.

- Je ne sais pas comment m'y prendre à vrai dire. J'ai l'impression que cela sera plus complexe que lors de mon état... "Intermédiaire".
C'est que cette fois, Il ne m'a pas gratifiée uniquement d'ailes et de cornes. Tout à l'intérieur de moi a physiquement changé. Mes organes.


Un air triste traversa son regard.

Et si je ne pouvais plus revenir à mes états précédents ?

Evandar avait regardé, assez perplexe, Arwen s'habiller et se faire habiller par Vognar. C'était une situation assez inhabituelle pour lui, plus habitué à des batailles avec ces deux-la contre un ennemi plus... puissant qu'une simple robe.
Sans compter le moment où Arwen avait affirmé ne pas avoir de dague sur elle... C'était tout aussi inhabituel.


- Si tu ne peux plus revenir à ton état précédent, alors tous craindront et respecteront la Grande Gouroue Elfe et Serpent et Démon, Première de son Nom.
Et à travers toi, comme l'a si justement dit Vognar, c'est Lui (Gloire à Lui !) qu'ils craindront et respecteront.
- Moi ce que j'en dis c'est qu'on ne peut pas savoir si tu n'essaies pas.


Le scientifique recula de quelques pas pour libérer de la place à la prêtresse, tirant doucement le bras d'Evan ce faisant pour l'inviter à faire de même.

- Est-ce qu'il y a des conditions qui te semblent favorables ? Tu préfères qu'on sorte ?

Le Seigneur Elfe recula, à l'invitation forcée du Taverniers.
Et puis si on peut aider, n'hésite pas à nous dire comment.

Arwen était presque gênée devant ses deux amis. Mais s'il était des personnes dans le multivers devant qui elle pouvait être tout à fait elle-même, dans le sens qu'elle pouvait montrer ses faiblesses et ses peurs - parce qu'elle ne se sentait pas vraiment elle-même actuellement - c'était bien devant ces deux là.

Elle regarda tout à tour l'Elfe qui semblait l'accepter dans cette forme de pleine puissance puis le Mage qui l'étudiait déjà scientifiquement.

Après un long soupir qui gonfla son étrange corps dans une longue respiration, elle ferma les yeux et tenta de faire comme lorsqu'elle cachait ses cornes et ses ailes dans sa situation intermédiaire.

Le résultat ne se fit pas attendre. Comme un vieux réflexe, les volutes noires de pouvoir entourèrent ces excroissances pour les minimiser et les faire disparaître. Arwen sentit l'air chatouiller son dos découvert et sa tête plus légère. Lorsqu'elle ouvrit les yeux, elle eut une mine circonspecte et assez déçue.

Elle ressemblait maintenant à une lamie. Son demi-corps de serpent lui faisant toujours office de "jambe"

Le Seigneur Elfe examinait le résultat, décrivant un large cercle autour de la Gouroue.


- Visiblement tu as déjà réussie à faire partir les cornes et les ailes et la paire de bras bonus. C'est un très bon début !

Il réfléchit un peu

Peut-être faut-il réessayer à partir de cette forme ? Ou essayer de "transformer" plutôt que de "faire disparaitre" ?

Fronçant les sourcils, l'idée du Seigneur de guerre faisait son chemin.

- De transformer...

Il était clair que faire disparaître n'était pas une option. Ses jambes étaient là, sous une forme différente, contrairement à ses ailes, cornes et bras. Et puis, qu'avait-elle à perdre hormis de l'énergie ?

- Transformer...

Elle ferma les yeux pour aider à la concentration. Quasi immédiatement, le corps serpentiforme se recouvrit de volutes et progressivement se résorba. La Grande Prêtresse se retrouva assise alors que sa queue se dédoublait en des formes de jambes. Elle grimaça, se tenant le ventre. Ses organes internes se mouvant et se reformant en quelque chose de plus elfique. Après quelques secondes supplémentaires, Arwen soupira.

- Je... crois que c'est bon ?

La joie et le soulagement étaient perceptibles alors qu'elle regardait ses chevilles dépasser de la robe violette que Vognar lui avait passé.

- Et Nom de Lui, c'est heureusement moins douloureux que ce que j'ai subi...

Evandar sourit, un franc sourire

- Parfait ! Je suis vraiment content pour toi que tu y arrives, c'est une excellente nouvelle !
Même si moi j'aimais bien ta forme de pleine puissance, c'est vraiment quelque chose.
Dit-il, son sourire se transformant en un sourire en coin

L'Elfe regarda ses pieds qui dépassaient de la robe. Elle fit tourner les chevilles comme si c'était une nouveauté.


- Hum... Vous pouvez m'aider à me relever ?
Le mage s'approcha pour aider.
- Tu te sens comment ?
- Pour être tout à fait honnête, paradoxalement étrange.


Elle tendit les mains vers le Mage.
- Et affamée.
- Je t'emmène à la Taverne ou tu préfères... Autre chose ?
- Quel est le plat du jour ?


Vognar répondit huit plats différents en même temps, avec huit voix différentes.

- Un de chaque. Ce sera parfait. J'ai l'impression que ça fait des jours que je n'ai pas mangé...
- C'est le cas, non ?


Après s'être relevée, Arwen fit quelques pas pour détendre ses muscles.
Comment ça ? Je suis arrivée avant l'aube ici et j'ai... hum... tu vas rire... j'ai perdu la notion du temps.

Vognar lança un regard en coin à Evan.
Le Seigneur Elfe capta le regard du Taverniers, et sourit en prévision de sa réponse
Je crois que je vais laisser le Mage du Temps répondre à cette question temporelle...
Le regard de Vognar passa d'un elfe à l'autre, puis celui-ci soupira.

- Ça fait une semaine, Arwen.

[i]Elle observa le mage un instant avant d'éclater de rire.


C'est clairement pas ta meilleure blague ! Une semaine... Comme si c'était possible de rester une semaine terrée ici sans manger ni boire !

Le silence des deux Kibrilles étouffa progressivement le rire de la Gouroue.
-C'est une blague ? Pas vrai ?

Evandar regarda la Gouroue, son sourire avait disparu

- Malheureusement, non. On nous a demandé de venir te chercher car tes subalternes commençaient à s'inquiéter de ne plus te voir depuis plusieurs jours.

La réalité de ce fait fit pâlir et vaciller la Grande Prêtresse.

- Une semaine... Alors que les fêtes d'Automne approche...

Elle regardait dans le vague, pensant au retard qu'elle avait pris. Mais son ventre gargouilla bruyamment et interrompit sa réflexion.

- Remontons. L'odeur du sang me... dérange.
Elle avait faillit dire que cela lui donnait faim.

- Ca me va. Déclara Evandar joyeusement. C'est pas que je n'aime pas l'endroit, mais la Taverne est quand même plus... Chaleureuse.


Après avoir remonté les étages cette fois éclairés par les braseros étranges qui s'allumaient au passage de la Grande Prêtresse, le groupe se retrouva dans le hall..

Arwen semblait particulièrement éblouie par la lumière qui entrait. Locë sifflait d'inconfort également. Vognar fit signe à Irkal de la laisser pour le moment. Le secrétaire était néanmoins soulagé de voir la Gouroue sur pied.

À la sortie de la Pyramide, Vognar saisit les mains de ses collègues kibrilles et, après s'être assuré qu'ils étaient prêts, les transporta tous les trois à la Taverne.

Un autre Vognar les attendait à côté de la table.


- Les huit plats des jours pour la dame. Le thoctar fumé pour le moi. Evan ? Et bière pour tout le monde ?
- Je prendrais le cinquième plat du jour. Et va pour la bière, merci !


Arwen clignait des yeux, visiblement dérangée par la lumière du jour, même tamisée dans la Taverne.

Elle se retrouva devant le premier plat du jour, l'estomac grondant.


- Oui, oui... Une bière... Ne m'en voulez pas si je commence.

Elle prit alors sa fourchette et attaqua le plat, le dévorant rapidement.
Ch'était pas prévu mais je penche que je vais mener les chélebrachions chette année.

Après avoir ingurgité son premier plat, elle attrapa le second qu'un Vognar avait anticipé.

Je pense qu'il est important que je montre à tous cette nouvelle forme. Vous en serez ?

Et avec engouement, l'Elfe commença son second repas.
Le Seigneur Elfe, lui, attendait toujours son plat ; il avait de toute façon moins faim que la Gouroue et sirotait sa bière

Je ne raterais ça pour rien au monde !

Vognar regarda les deux elfes engloutir leurs plats avec une mine circonspecte, et commença le sien à une allure qui avait l'air lente à côté.

- Tu penses à une cérémonie officielle ?demanda-t-il entre deux bouchées.
- Celle de l'Automne oui. Enfin, je profiterai de l'occasion pour me... présenter ? Il est délicieux ce plat. Je vais aller préparer tout cela. J'ai encore quatre jours devant moi. Je n'arrive pas à me dire que je suis restée une semaine complète en bas.
- Tu veux que je rassure tes adeptes pendant que tu manges ? S'ils apprennent que tu t'empiffres ici alors que ça fait six jours qu'ils s'inquiètent...


Elle répondit après avoir pris le temps d'avaler une gorgée de bière.

- Je m'empiffre pas ! Mais oui, je veux bien. Je serai à mon bureau dans l'après midi.

Et l'Elfe tendit les bras vers le troisième plat sans se rendre vraiment compte des quantités qu'elle ingurgitait. Elle avait si faim.
- Oh ! Non, laisse... Si tu peux juste me livrer au bureau... Je vais y aller de suite.

L'Elfe se leva non sans un petit vacillement une fois sur ses jambes.

- Autant que je m'y mette de suite.

Elle salua ses amis et sortit de la Taverne, la main en visière. Un vent frais lui rappela qu'elle était vêtue de la robe modifiée. Elle fronça les sourcils et fit apparaître ses ailes. Avant de travailler à la cérémonie, elle devait passer à l'atelier des douces pattes de manière urgente.

Edité 2 fois, dernière édition par Arwen Le 16/01/2023


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Arwen - Gourou - Le 16/01/2023

III - Célébration d'un nouvel ordre.

~~~

La nouvelle de la célébration par la Gouroue de la Fête de l'Automne avait fait le tour de la Cité. Nul ne sut qu'elle avait disparu pendant une semaine. En revanche, le fait qu'exceptionnellement, la Grande Prêtresse allait reprendre cet office cette année là faisait monter une certaine excitation chez les Sectateurs.

Ainsi, la régisseuse fut rapidement débordée par les demandes de places et il fut décidé que la cérémonie aurait lieu avec de gros moyens sur le parvis de la Pyramide.

La foule arrivait, traversée par des Vognars vendant boissons et collations. Les artificiers effectuaient les derniers réglages des relais de voix et d'images.

Sur le gradin des invités d'honneur, les sièges se remplissaient. Un trône était installé mais il restait vide pour le moment. Le Gourou Fondateur n'était pas encore arrivé. Beaucoup se demandèrent s'Il viendrait pour cet événement ou s'Il resterait caché au cœur du Palais.

A coté, Evandar et Vognar discutaient de tout et de rien. Des émissaires, diplomates de plans convertis et hauts-fonctionnaires constituaient les invités de marque, placés à petite distance des Kibrilles. Katerylin se trouvait également sur le bord de ce gradin prestigieux, accompagnée d'une clerc qui lui décrivait ce qu'il se passait. A coté d'elles, on devinait Ximatt, Newall mais aussi Victorius avec quelques autres professeurs de l'Académie.

Sur une petite estrade, on pouvait reconnaître Stéban Fern dont la joie irradiait les techniciens s'affairant autour de lui. Ses parchemins étaient prêts, sa chronique de l'événement serait parfaite.

Le brouhaha de la foule s'arrêta lorsque le premier coup de grosse caisse fut donné. Un rythme lent, profond qui fut accompagné progressivement d'un chant solennel à Sa gloire. Le chœur des clercs apparut et marchait à pas rythmé par la musique vers leur place, de part et d'autre de l'estrade principale.

Le chant était relayé par les artefacts copieurs de son mais aussi par les Sectateurs qui le connaissaient, grossissant sa puissance et sa portée.

Puis tous se turent. Seule la brise murmurait des choses que chacun interprétait à sa manière. Les Sectateurs tournèrent la tête vers la tribune officielle d'où venaient des bruits de déplacement et des « pardon pardon, excusez-moi » légers. Ylloh apparut et alla s'installer sur le trône.


« Oh ! Ne vous embêtez pas pour moi. Continuez donc ! »

La foule s'inclina en guise de salut. Le Gourou se pencha vers les Kibrilles.
« Moi qui voulais être discret... J'ai manqué quelque chose ?
- Non, Ô Gourou »
Répondit Evandar alors que Vognar soupira en silence sous sa capuche. Il devait 10 pièces d'or à l'Elfe.

Une fois l'attention de la foule de nouveau fixée sur l'estrade principale, les percussions reprirent et un autre chant se fit entendre. D'autres clercs, de haut rang dans la hiérarchie apparurent en processions, promenant pour certains des boules d'encens dont les volutes violettes embaumaient les alentours. Ils se prosternèrent devant l'Autel de marbre noir avant de prendre leur place au coté des choristes, joignant leur voix.

Les acolytes de la Grande Prêtresse précédèrent cette dernière avec leurs vêtements reconnaissables. Ils entouraient un humain emprisonné magiquement. Il s'agissait du futur Sacrifié, vêtu d'une tunique de lin blanc. Amorphe, il se laissait diriger par les clercs.
Puis Arwen fit son apparition, suivie de ses aides de cérémonie, portant un coffret pour l'une et un calice pour l'autre.

Le chant s'arrêta au moment où l'Elfe en tenue de cérémonie magnifique, s'immobilisa. Tous les sectateurs hormis Ylloh s'inclinèrent respectueusement.

La Grande Prêtresse avait le visage grave. Ses ailes étaient repliées derrière elles et des décorations de perles noires entouraient ses cornes. Son regard insondable parcourut la foule attentive.
Elle s'avança vers l'Autel et s'éclaircit la voix avant de prendre la parole.


« Peuple des Terres Originelles et d'ailleurs. Adeptes de Son Dogme. Bienvenue à la Célébration des Fêtes de l'Automne.
Comme en témoigne votre ferveur, ces fêtes auront une saveur spéciale cette année. Car Je ne vais pas uniquement apposer la Bénédiction de la fin de la saison estivale et de notre entrée vers les mois sombres.

J'ai en effet une annonce à vous faire. Car telle est Sa volonté.

Nous célébrons également la fin d'une ère. »


La silhouette de l'Elfe changeait légèrement à mesure que le discours se déroulait. Elle semblait, grandir.

« L'Ère de la construction est terminée. Nous devons maintenant nous consacrer à l'avenir. »

Une seconde paire de cornes poussait sur le crâne de la Gouroue alors que son Aura se faisait plus forte et que l'Autel devant elle vibrait.

« Une Ere de développement qui nous préparera à la conquête. Pour SA GLOIRE ! »

Les ailes se déployèrent et prirent de l'envergure.

« ENTENDEZ SA VOLONTÉ. ÉTENDEZ SON INFLUENCE ! »

La foule scanda d'un seul tenant « GLOIRE A LUI » alors que la Prêtresse qu'elle avait devant elle termina sa métamorphose, écartant les quatre bras et les levant au ciel, son corps serpentiforme s'enroulant autour de l'Autel vibrant de pouvoir.

« Voyez en moi Sa Présence. Et écoutez.
La Secte se doit de provoquer elle aussi sa propre métamorphose qui par la grandeur de notre Foi en Lui se matérialisera dans la prochaine Ère. L'Ère des Ordres.

Le premier, celui qui est Dédié à Son Service, est le Clergé dont je suis la représentante.
Puis viendront les suivants.
L'Ordre déjà existant des Militaires dirigé par Son Seigneur de Guerre Evandar, fer de lance des Conquêtes. »

La Prêtresse invita l'Elfe à la rejoindre, ce qu'il fit. Il s'inclina respectueusement avant de faire face à la foule, le regard d'acier.
« Pour Sa Gloire, je servirai.
- Gloire à Lui. »


Arwen reprit.
« L'Ordre naissant des Mages, à la tête duquel Vognar le Directeur de l'Académie s'évertuera à enseigner la Magie à nos adeptes de toute sensibilité ésotérique. »

Presque surprit, l'Encapuchonné rejoignit l'estrade, salua l'être chimérique d'un signe de tête puis s'adressa à son tour à la foule.
« Pour Sa Gloire, j'éduquerai.
- Gloire à Lui. »


La Gouroue sourit brièvement avant de poursuivre.
« Enfin, un Ordre nouveau. Un Ordre dont le but sera d'assurer que Son Dogme soit scrupuleusement respecté. Katerilyn, rejoignez nous. »

L'Ange sursauta à l'évocation de son nom. Une certaine panique la gagna mais la clerc accompagnatrice la poussa à se rendre sur l'estrade d'où brillait un puits sacré. Elle se retrouva rapidement face à la Grande Prêtresse dont la forme dépassait l'entendement. Elle posa un genou à terre et s'inclina.

« Katerilyn, tu as fait tes preuves. Je te nomme ainsi à la tête d'un Ordre nouveau. Tu es désormais Sa Grande Inquisitrice. »

La Gouroue posa ses mains supérieures sur les épaules de l'Ange qui ressentit immédiatement la bénédiction du Dieu à travers ce toucher divin.

« Relève toi.
- Pour Sa Gloire, je traquerai.
- Gloire à Lui. »


Ylloh se leva de son trône, esseulé sur le devant de la tribune spéciale. Il se mit à applaudir. Bientôt, le reste des invités prestigieux le rejoignirent, suivi par la foule entière qui scandait ici ou là des « Gloire à Lui »

La Prêtresse invita les deux Kibrilles et la nouvelle Inquisitrice à se placer proche de l'Autel et les clercs apportèrent l'humain qu'ils apprêtèrent sur l'Autel. La porteuse de la boite s'approcha et tendit cérémonieusement la boite tendit que son homologue faisait de même de l'autre coté avec le calice.

Le Chant du Sacrifice commença. Connu de tous tout au moins phonétiquement car dans Sa Langue, il illustrait ou ponctuait les gestes de la Prêtresse.

Elle ouvrit la boite de ses mains supérieures et en sortit la Sacrificielle. Geste purement symbolique puisqu'elle pouvait La faire apparaître comme bon lui semblait. De ses mains inférieures, elle prit le calice.

L'homme couché sur le marbre sentait sa torpeur s'estomper. A mesure qu'il réalisait où il se trouvait, il sentait la panique monter. Le monstre qu'il y avait au dessus de lui le regardait avec des yeux qui lui promettaient le néant. Il voulut se lever pour fuir mais la queue écailleuse d'un reptile le retenait. Il se rendit compte que c'était en fait le reste du corps de la créature.

Les paroles obscures du chant lui montait progressivement à la tête. Il voyait une silhouette autour de l'officiante. Il resta muet et paralysé.

Arwen joignit ses mains supérieures sur le manche de la Sacrificielle qui se transforma en volute de pouvoir et sembla s'intégrer sous la peau de la Prêtresse, diffusant la noirceur de la lame jusqu'aux coudes de la Gouroue. Elles ne faisaient qu'une.

Puis brusquement, Elle plongea les bras vers la cage thoracique du Sacrifié qui sentit les mains le traverser et l'ouvrir dans une douleur indicible. Il vit les mains noires ressortir son cœur encore battant. Son âme était bloquée dans ce corps mourant, maintenu conscient artificiellement par le pouvoir de l'Autel.

La Prêtresse montra le cœur vivant à la foule qui scanda plusieurs « In Nomine Dark Mogwaïs ! » en rythme.
L'organe placé au dessus du calice, elle le pressa des mains pour en faire ressortir le sang. Les volutes se formèrent autour du cœur qui disparrut dans Son Néant. Enfin, passant ses mains noires au dessus du corps, l'Autel réagit et l'âme fut absorbée par la Déité.

Elle regarda son reflet dans le calice puis plongea son index dans le liquide et marqua son front.

« Mes actes sont l'émanation de Sa Volonté. »

Arwen se déplaça vers Evandar et lui fit face. Ce dernier leva la tête puis ferma les yeux.
La Gourou plongea de nouveau l'index dans le calice et marqua le font du Seigneur de Guerre.

« Puisse tes actes être l'émanation de Sa Volonté.
- Il en sera toujours ainsi. »


Elle se plaça ensuite devant Vognar et fit de même.
« Puisse tes actes être l'émanation de Sa Volonté.
- Il en sera éternellement ainsi. »

Une marque rouge sang apparut sur le front de l'ensemble des Vognars présents en cet instant.

Enfin, elle se dirigea vers l'Ange.

« Puisse tes actes être l'émanation de Sa Volonté.
- Il en sera dévotieusement ainsi. »


Puis la Gouroue reprit place derrière l'Autel. Elle semblait presque hésiter à verser le sang sur l'Autel pour Le nourrir, comme le voulait les rites. A la place, elle ne sut pas pourquoi, elle leva une nouvelle fois la coupe vers le ciel et la but d'une traite, ressentant le plaisir du Dieu gouttant avec ses propre sens le goût, la texture et la chaleur du liquide. Une vibration se fit sentir depuis la Pyramide derrière l'assemblée.

Une fois le calice et le chant terminés, la Prêtresse reprit la parole.


« J'annonce. Que soit ouverte la fête de l'Automne. Pour sa Gloire, réjouissez-vous ! 
- Gloire à Lui ! »


La cérémonie était terminée. Arwen se tourna vers les maîtres d'Ordre.
« Vous êtes tous trois invités au repas au Palais. Allons-y. »

L'estrade se vidait ainsi que la tribune officielle. Le peuple, lui, se détourna et alla joyeusement profiter de cette soirée, leur Foi renforcée.

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Urza

Proposé par Dark Mogwaï le 19/06/2012

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