[Arwen] Calamianis (En cours)
[Arwen] Calamianis (En cours)
Discussion ouverte par Arwen Le 12/09/2020
Discussion ouverte par Arwen Le 12/09/2020
Arwen
Préface :
Calamianis, au départ, ce n'était qu'une petite anecdote lâchée au milieu d'une auberge sur Ershiin.
Et peu à peu, une histoire s'est greffée, apportant du lore à Arwen, Grande Prêtresse du Dark Mogwaï (GàL)
Chronologiquement parlant, cela date de plusieurs siècles avant notre période actuelle. A l'époque, les Trois Gourous étaient encore Trois (GàE). Et C'était Dimup le Tavernier.
A peine le Kibrille acquis, la Grande Prêtresse se voir confier une mission.
L'écriture est toujours en cours. J'estime en avoir terminer les 2/3 à l'heure où j'écris ces mots.
Je vous partagerai ça au fur et à mesure.
Bonne lecture
****
Le Départ.
Arwen venait de pénétrer dans la Pyramide et parcourait d'un pas sûr les couloirs du bâtiment sacré en direction de l'aile dévolue à l'administration.
Séparée de l'imposant monument par une allée couverte, elle se retrouva néanmoins rapidement dans un couloir dont la décoration était plus que sobre et faite du même granit noir que le monument. Des torches assuraient la luminosité presque lugubre de l'endroit. Le sol était couvert d'un tapis rouge, atténuant le bruit des pas... et les taches éventuelles de sang. C'est qu'il y avait une réputation à tenir !
L'Elfe n'était à son poste de Grande Prêtresse que depuis quelques mois. Elle connaissait néanmoins ces quartiers plutôt bien puisqu'elle les arpentait depuis bien longtemps. De par ses précédentes fonctions, elle avait été amenée à faire ses rapports concernant le comportement des autres sectateurs et des déchoiements possibles. Ou pire.
La différence principale venait du fait qu'elle avait cette fois un bureau à elle au second étage. Elle déverrouilla le sort de fermeture de la porte en bois d'ébène et entra dans la grande pièce.
L'ambiance était sensiblement différente. Il y avait ici énormément de plantes et des tableaux d'une grande finesse. Les meubles étaient de facture Elfique. La prêtresse avait en effet voyagé quelques temps et rencontré de nombreuses peuplades qualifiées d'Elfes à tort ou à raison.
Un seul meuble jurait un peu dans cette harmonie. Un buffet de marbre noir veiné de rouge sur lequel était disposait une boîte en bois noirci sculptés d'étranges arabesques.
Alors que l'Elfe vérifiait les affaires courantes, quelqu'un frappa à la porte qui s'ouvrit. Un jeune adepte salua respectueusement la prêtresse et lui tendit une lettre cachetée du sceau des Trois Gourous.
Après avoir remercié et congédié le jeune garçon, elle s'installa dans l'une des chaises longues en bois blanc recourbé pour lire la missive officielle.
Une mission. Sur un autre plan. Un Appel avait été émis sur le plan de Calamianis. Elle devait s'y rendre et voir si des âmes pouvaient être converties et le plan passer sous la tutelle de la Secte.
Une mission officielle... la première à l'extérieur des Terres Originelles en tant que Grande Prêtresse !
Arwen ressenti une sorte d'excitation ! Depuis son arrivée dans la Secte, elle n'était sortie du Plan Maître que pour quelques petites aides. Ses missions précédentes la cantonnaient malheureusement ici ou à la Taverne.
***
L'Elfe parcourait la documentation dans la bibliothèque de la Secte. Des adeptes y lisaient en silence les Livres Sacrés. Un autre groupe se faisait rappeler à l'ordre par le gardien des lieux, un vieil homme sans âge véritable. Quant à elle, c'était un rapport sur le plan qu'elle allait visiter qui l'intéressait.
Calamianis. Ce plan lui était inconnu et les informations étaient quelques peu ténues. Il n'y avait que la description d'une seule région dans ce rapport. Celle-ci était composée d'une population à dominante humaine avec énormément de satyres, de centaures et de minotaures pour autres créatures intelligente. Le reste de la faune était somme toute d'un certain classique avec ses proies et ses prédateurs.
Il n'y avait pas de peuplade elfiques. Il lui faudrait penser à cacher ses oreilles par une coiffure.
Si le plan semblait paisible, les éclaireurs de la Secte avaient détecté les problématiques banales liées à la géopolitique : luttes de pouvoir des chefs, gains de richesses de certains pendant que d'autres se faisaient exploiter. Rien de bien nouveau dans le multivers. Au soulagement de l'Elfe, il semblait qu'elle ne serait pas en terrain particulièrement hostile ou en guerre. Arwen passa rapidement les détails dont elle n'avait pas besoin.
La religion sur le plan était polythéiste. Une “déité” pour presque chaque aspect de la nature ou de l'esprit. Elle soupira. Se mêler ainsi à des Impies lui donnait un frisson de dégoût... Sensation étrange qui se présentait de plus en plus souvent. Surtout depuis son accession au rang de Grande Prêtresse. C'était comme une sorte de réflexe qu'elle ne contrôlait donc pas et certainement dû à Son influence.
L'Elfe prit tout de même quelques notes rapides sur les dieux et les rites. Certains de ces dieux avaient la bonne idée de demander des sacrifices... mais de poulet ou autre ovin. Pathétique.
***
Le lendemain, Arwen finissait de se préparer dans son bureau. Elle était habillée de vêtements confortables. Pantalon en daim brun foncé, tunique vert sombre, légère cape munie d'une capuche du même vert sombre et attaché d'une fibule en argent. Elle portait également des bottes dans lesquelles elle glissa deux dagues. A ses avants bras étaient fixés des bracelets de cuir abritant discrètement quatre dagues de jet. Au-dessus de sa tunique, une ceinture permettait le transport d'une épée courte et de deux autres dagues. Enfin, derrière, un fourreau de cuir noir attendait sa locataire.
L'Elfe se dirigea vers le meuble sombre et ouvrit le coffret avec une certaine déférence. Dans la boîte attendait une arme bien particulière. La Dague Sacrificielle de la Grande Prêtresse était composée d'une lame d'une matière étrange entre le métal et la pierre, noire et luisante. Rien ne pouvait entamer son tranchant. La garde représentait une branche de lierre en argent et le manche était recouvert d'une peau de requin évitant notamment que le sang de fasse glisser la prise.
Arwen prit l'arme et l'observa. Comme d'habitude, la Dague se logea à la perfection dans sa main et la prêtresse avait cette sensation de connexion. Elle avait déjà procédé à quelques sacrifices rituels mais ne s'en était jamais servie ailleurs que dans la Pyramide. Néanmoins, elle rechignait de plus en plus à la laisser dans son coffret. La lame sacrée fut rangée dans son fourreau.
Elle termina enfin sa préparation en se coiffant d'un bandeau cachant ses oreilles tout en évitant à sa chevelure de tomber dans ses yeux. Une fois satisfaite, elle attrapa sa besace qui contenait certaines potions et autres herbes ainsi qu'un carnet de note et sa lettre de mission transcrite en elfique. Elle était prête à partir... Bien trop tôt, mais prête.
C'était donc l'occasion de passer à la Taverne avant de partir pour sa destination !
***
La place centrale était calme en cette heure matinale. Et c'est d'un pas décidé que la Prêtresse passa les portes battantes - enfin ce qui en restait - de la Taverne.
“Tiens, Arwen, tu es bien matinale !”
Derrière son comptoir, Dimup rangeait les verres et essuyait le zinc de l'imposant meuble. Tavernier depuis l'arrivée de l'Elfe à la Secte, il était une des figures prépondérantes du plan. L'humain lui fit un clin d'œil alors qu'elle se hissait sur l'un des tabourets de bar.
“Tu as l'air sur le départ ! Je te sers comme d'habitude ?
- Bonjour ! Je vois que les portes ont encore souffert hier ! Et non non, une infusion s'il te plait. Je pars en effet en mission dans une petite demi-heure. Tu connais Calamianis ?
- Non, désolé, fit le gérant en sortant une tasse et un mélange d'herbes qu'il arrosa d'eau chaude. En revanche, je crois qu'un des missionnaires en avait parlé la dernière fois. Un bel endroit paraît-il. Tu vas préparer la conversion ?
- Si je peux oui. Pour le moment, l'un des prêtres de leurs “dieux” a fait appel à nous pour vérifier et purifier.
- Purifier ? Il tendit la tasse dans laquelle il avait ajouté du miel à l'Elfe. N'y va pas trop fort ! Enfin... Pas de la même manière que DarkAdi ou Grhyll je veux dire...
- Oh, pas de souci ! Merci pour le thé. Je pense que je suis plus... délicate que Dark' ou l'Exterminateur !
- Fais attention à toi tout de même. Certaines de Ses voies peuvent paraître plus qu'obscures !
- Je devrais plutôt te retourner le conseil ! Je ne serais pas là pour faire videuse !
- Ah ! Ne m'en parle pas ! Quand ils s'y mettent tous dans cette Taverne c'est un carnage ! Je devrais peut-être penser à intégrer une magie temporelle pour reconstituer la Taverne après leurs exploits... Enfin, je ne touche pas trop à cela... Il faudrait que je fasse faire un devis. Il doit bien y avoir un mage dans le multivers qui pourrait mettre ça en place !
- Pourquoi pas ! Bon, je fini ma boisson et j'y vais. A bientôt !
- Prend soin de toi !”
L'Elfe descendit de son tabouret et se recula au milieu de la salle. Elle se concentra et fit un dernier signe de main au Tavernier avant de disparaître dans un halo vert et blanc suivit d'une aura obscure.
Dimup fronça les sourcils... Il avait comme un mauvais pressentiment.
Réponse(s)
Modérateur
Arwen apparu au point de coordonnées convenu. Elle mit quelques secondes pour s'imprégner du plan d'arrivée. Le Mana était semblable à la majorité des plans du multivers. Il faisait nuit ici et une lune décroissante planait paresseusement dans le ciel parsemé d'étoiles inconnues. Il faisait bon comme une soirée de fin de printemps et les odeurs de plantes aromatiques se mêlaient à celle des pins. D'abord surpris par l'apparition, les grillons reprirent leur chant nocturne et leur symphonie.
L'Elfe était arrivée dans une clairière et presque immédiatement, une silhouette habillée de la cape des missionnaires s'approcha les mains levées. Il s'avérait être un jeune humain après le retrait de sa capuche. Il la salua avec grand respect.
“In Domine Dark Mogwaïs Grande Prêtresse
- In Domine Dark Mogwaïs Kéaloss.
- Nous avons un peu de marche jusqu'à notre étape de nuit. Si vous voulez bien me suivre”
L'Elfe suivit son guide qu'elle ne connaissait que grâce aux dossiers de renseignements des adeptes. Ils prirent la direction d'un petit chemin pentu sous une forêt de pins parasols. Si la prêtresse ne faisait aucun bruit, ce n'était pas la même chose de l'acolyte qui restait bien humain dans sa façon de se déplacer.
Ce dernier reprit la parole une fois arrivé sur un terrain plus plat. Il était un peu essoufflé.
“Vous allez rencontrer le prêtre de Talama, leur déesse de la pureté et de la lumière.
- Tout un programme...
- Il... a perdu sa foi et cherche la rédemption ailleurs. Il nous a repéré et suivi lors du choix de l'une de nos Offrandes.
- Vous avez manqué de discrétion probablement, reprocha l'Elfe
- Je ne dirais pas cela, tenta de se défendre l'homme. Mais disons que nous avons peut-être choisi nos Offrandes de façon... à privilégier leur pureté...
- Encore de belles jeunes filles ?
- Oui Grande Prêtresse.
- Vous savez qu'Il n'a cure de la beauté ou du sexe de l'Offrande ?
- Oui Grande Prêtresse.
- Et vous vous obstinez... Cela ne facilite aucunement la suite des opérations. Enfin passons... Donc il est tombé sur vous pendant le Rite ?
- Non, pendant le choix. Mais au lieu de fuir, d'en appeler à sa déesse ou juste à l'aide, il nous a suivi et questionné sur le Dieu que nous servions.
- Bien ! Nous verrons s'il est digne de Lui.”
Le couple était arrivé devant deux bâtisses de pierres sèches qui ressemblaient plus à des bergeries qu'à des logements. La partie gauche était éclairée de lampes à huile. La partie droite restait dans l'obscurité mais Arwen savait que l'Autel était là.
Kéaloss monta les quelques marches pour ouvrir la porte en bois à la Prêtresse qui entra dans la bâtisse. La pièce de vie était simple, composée d'une longue table et de chaises en pin. Une grande cheminée devait servir l'hiver. De l'autre côté, il y avait également un petit four disponible pour faire la cuisine ainsi qu'un foyer sous une marmite fumante.
Un homme d'âge mûr, visiblement nerveux, sursauta en voyant les voyant arriver. Il avait les cheveux poivre et sel et les yeux d'un bleu intense. Une barbe le faisait paraître plus vieux... ou plus sage, c'est selon.
Arwen s'avança dans la pièce et se délesta de sa besace que Kéaloss s'empressa de récupérer et se dirigea vers l'homme qui se leva.
Il était vêtu d'une toge blanche attachée d'une fibule en argent représentant un soleil. Il se balançait d'un pied à l'autre, indécis sur la conduite à tenir. L'Elfe s'approcha et tendit la main tout en le regardant intensément.
“Je me nomme Arwen, Grande Prêtresse du Vénéré Dark MoGwaï (GàL !). Il semble que vous ayez fait appel à nous.
- Enchanté, Dame Arwen. Je suis Tigali de Calienas, Prêtre de Talama. Et donc... c'est donc vrai que vous venez d'un autre monde ?
- Je vous en prie, asseyez-vous, fit l'Elfe en prenant également place en face de l'autochtone. En effet, nous venons d'un autre monde. Ou plutôt d'un autre Plan.
- C'est fascinant ! Je... Je pensais qu'il n'y avait que nos dieux et nous dans l'Existence... Qu'Ourasania était la seule Mère de la Création...”
L'homme était dans un état proche de la Révélation. Son monde venait de prendre une autre tournure et cela lui tournait la tête. Arwen le relança :
“ Pourquoi êtes-vous intéressé par Lui ?
- Par... lui ? Ho ! Votre dieu ? et bien...
- Le Seul.
- Pardon ?
- Le Seul Dieu.
- Veuillez m'excuser, je ne voulais pas vous offenser. Je risque d'être quelque peu maladroit dans mes paroles...
- Impies.
- Hum... Certes... Je...”
Tigali s'était tendu et ne savait plus trop comment réagir. Arwen le regardait avec des yeux de jade qui parfois s'embrumaient ou le transperçaient jusqu'à, lui semblait-il, lire son âme. Il réprima un frisson pour reprendre d'une voix posée.
“En fait, je ne crois plus en mes dieux. Talama ne répond plus aux prières. Nous sommes seuls ici et... Le fait de vous avoir rencontré, de savoir qu'un autre d.. Que votre d.. Que Le Dieu existe bien autre part me fait espérer. Mais... Quelle est Sa parole ? Est-il d'Ombre ou de Lumière ? Je ne sais pas si je puis correspondre à vos rites si...
- Barbares ? Sanglants ? Sanguinaires ? Non, laissez, je sais très bien ce qu'on peut penser de nos rites, sourit la Prêtresse. Je vous charrie. Concernant vos dieux, j'ai la capacité de savoir s'ils écoutent ou non leurs fidèles. Il me suffit d'approcher d'un temple ou d'un lieu de culte pour sentir où vont les prières. Je me dois cependant vous prévenir qu'il est de plus en plus rare que ces dieux tendent leurs oreilles divines à leurs fidèles.
- Vous acceptez le fait qu'il existe d'autres dieux ?
- En effet puisque c'est le cas. Mais seul le Dark Mogwaï (GàL) est réellement présent dans la Foi. Et pour répondre à votre question, Il n'est ni lumière ni obscurité. Il n'est ni bien ni mal. Beaucoup de fidèles pense voir en Lui un Dieu-Démon de par sa nature sombre. Je devrais plutôt parler de son apparence sombre. Mais Il n'a cure que vous tuiez ou soigniez pour lui apporter des âmes. Notre Dieu est ouvert sur ce que vous faites de votre vie. Mais il est intransigeant quant à la Foi que vous lui portez tout comme à la Fidélité. Lorsque vous vous donnez à lui, c'est corps et âme... Et ce, dans tous les sens du terme. Il est Ordre et Chaos. Beauté et Laideur. Choisissez n'importe quelle voie, tant que vous Le servez. “
La Prêtresse fit une pause. Tigali regardait dans le vague, perdu dans ses réflexions. Lui, Prêtre de la Lumière de Talama, soigneur, se tourner vers un dieu si obscur ? Il ne savait pas s'il était prêt. Mais en même temps, la Douce Talama ne se manifestait plus depuis tant d'années. Même les Oracles étaient aveugles... Les Dieux les avaient-ils vraiment abandonnés ?
L'homme ne fit pas attention à Kéaloss qui venait d'apporter une carafe d'eau de source et deux récipients en grès. Après lui avoir proposé, il servit également à la Prêtresse une soupe de légume au lard. L'Elfe le remercia d'un signe de tête.
Le jeune missionnaire était très serviable et sérieux. Il écoutait avidement les paroles de la Prêtresse, ressentant son Aura renforcer sa propre Foi. Ce n'était pas si courant de croiser quelqu'un de si haut placé. Il savait qu'il était possible d'en rencontrer quelques-uns dans la Taverne. Dont la Prêtresse d'ailleurs. Mais il n'avait jamais osé y entrer... notamment pour cette raison.
L'Elfe mangeait gracieusement lorsque le prêtre impie s'anima de nouveau.
“Je... Je souhaiterais que vous me confirmiez l'absence de nos dieux en visitant avec moi le Temple de Talama. Et... J'aimerais assister à nouveau à votre rite.
- Votre temple est-il loin d'ici ?
- A une demi-journée de voyage à cheval.
- Nous avons des montures disponibles, intervient le missionnaire.
- Bien. Nous irons demain. Concernant le rite...Kéaloss, est-il possible d'honorer notre Dieu ce soir ?
- Un Acolyte nous a apporté une Offrande... Mais...”
L'Elfe soupira, clairement désapprobatrice. Si Tigali ne comprenait pas, le jeune missionnaire connaissait la raison de ce silence pesant.
“J'officierais après le repas. J'espère que vous avez mangé, Tigali. Il n'est jamais bon d'assister au rite le ventre vide. Surtout les premières fois.
- Je ne mange jamais le soir hors rituels.
- Prenez un jus de fruit.”
Le missionnaire servit le prêtre en l'encourageant à suivre le conseil et le repas se passa en silence. Une fois terminé, l'adepte débarrassa la table et attendit les consignes, se remettant à la prêtresse qui se leva.
“Kéaloss, va prévenir l'acolyte. Nous allons commencer. Tigali, si vous voulez bien nous accompagner.
- Je vous suis.”
Ils sortirent pour rester sous la voûte étoilée. Il n'y avait aucun bruit autre que celui de la nature, paisible et vivante. Tigali hésita avant de reprendre la parole, brisant cet instant.
“Vous... vous aimez procéder au Rite ?
- C'est une question intéressante. A laquelle je ne suis pas sûre de pouvoir vous répondre. Certains membres apprécient, voire se délectent de chaque moment du Rite. Je ne saurais pas vous dire s'il en est de même dans mon cœur. Mais comme je l'ai dit, je me voue corps et âme. Et dans le Rite du Sacrifice, je dois sacrifier moi-même ma volonté, mon désir ou mon avis.
- Vous n'avez pas votre mot à dire dans la réalisation du Rite ?
- La finalité est la récupération du sang et de l'âme. Je ne vois pas ce que je pourrais ajouter ou retirer à ce fait. Le reste vient de l'inspiration du moment.”
La partie désertée des bâtiments, s'était réveillée. Des torches avaient été allumées et une agitation particulière s'entendait. Après un moment, Kéaloss reparu et rejoignit le couple.
“Tout est prêt, Grande Prêtresse. Notre dague est également préparée.
- Merci. J'utiliserais la mienne.
- C'est un honneur.”
La Prêtresse prit le pas du missionnaire et fut suivie par Tigali. Ils entrèrent dans une bergerie réaménagée. Une pierre de marbre sombre où pouvaient se deviner des traces de sang, attirait le regard. De l'autre côté de la pièce en terre battue, le second acolyte attendait à côté de l'Offrande.
L'acolyte souriait de manière insistante. Dans ses yeux bruns, la lueur de folie propre à certains adeptes. Arwen avait aussi remarqué où son regard se promenait... Même sur elle. Et ce n'était clairement pas vers ses yeux. Le jeune homme d'à peine la vingtaine déplut immédiatement à la Prêtresse. Son air de fouine et l'impression dérangeante de perte d'esprit n'aidaient pas.
Il salua néanmoins avec déférence et se présenta.
“Grande Prêtresse, je suis Toanor. Pour vous servir. Voici l'Offrande que j'ai apportée en Son nom.”
Il désigna une jeune fille qui venait à peine d'atteindre sa condition de femme. Jolie blonde, elle était inconsciente, un coup à la tempe bleuissant l'avait probablement jeté dans les bras d'une obscurité salvatrice.
Arwen s'approcha du corps étendu. Une bretelle de sa robe pendait misérablement. Elle avait été rhabillée précipitamment. L'Elfe pris le menton de la jeune femme et tourna sa tête pour l'ausculter sans qu'elle ne se réveille. Elle passa rapidement son autre main au-dessus du corps de l'Offrande, une lumière verte luisant doucement. Elle était tombée dans le coma. Elle avait été souillée sans ménagement. Quel gâchis.
En se relevant, la Prêtresse jeta un regard noir à Toanor sans qu'il ne comprenne vraiment pourquoi. Il était si fier de sa trouvaille qui était délicieuse ! Et en plus, un grand nom de la Secte était ici pour la sacrifier !
“Nous allons commencer. Placez-vous ici Tigali et n'intervenez pas. D'aucune manière.”
Le prêtre impie se mit à l'endroit indiqué sans émettre la moindre objection. Le regard de jade de la prêtresse avait changé radicalement, plus dur et très autoritaire. Il suivit donc les mouvements des protagonistes en spectateur passif mais curieux.
La Prêtresse se plaça derrière l'Autel et leva les yeux au plafond comme si elle voyait au-delà. Elle entrait progressivement dans un état d'abandon, le pouvoir caché en elle remontant à la surface. L'atmosphère avait déjà changé. Une sorte de puissance que Tigali n'avait pas ressentie lors de la précédente cérémonie épiée, émanait de la scène.
L'Elfe débita des paroles dans une langue inconnue. A certains moments, les acolytes répondaient par des “In Nomine Dark Mogwaïs” mais ils semblaient plus suivre le chant que comprendre les paroles. Une rythmique prit forme entre les gestes des missionnaires qui plaçaient ici des bougies, là les seaux qui récupéreraient le sang.
Soudainement, l'Elfe frappa des mains et se tut. Elle ferma les yeux et baissa la tête avant de la relever doucement. D'une voix profonde, elle ordonna à Toanor de porter la jeune victime sur l'Autel. Tigali cligna des yeux. Il lui semblait que la plaque de marbre émettait une lueur sombre. Qu'elle vivait et réagissait aux gestes de la prêtresse.
Toanor déposa le corps sans douceur. Il allait prendre place à la tête quand l'Elfe l'arrêta d'une parole.
“Reste en face de moi.”
Il eut un moment d'hésitation suite à cet ordre mais obéit sans objection, lançant tout de même un regard interrogateur à Kéaloss qui haussa les épaules et secouant la tête d'incompréhension. Ce dernier resta à sa place au niveau des pieds de la jeune femme.
La Grande Prêtresse ouvrit alors les yeux. Ils étaient totalement obscurcis par une ombre dansante et vivante. Le bouillonnement de pouvoir qu'elle sentait en elle était grisant et si agréable. Elle en était presque enivrée dans cette transe particulière. Elle posa son regard irréel sur l'Offrande et soupira. Il n'y avait rien à en faire si ce n'est récupérer ce qui était possible. Ses yeux remontèrent sur Toanor et l'expression qu'elle eut le pétrifia de terreur. Il se sentait comme tiraillé de l'intérieur, scruté jusqu'à l'âme. L'Aura de la Prêtresse s'éveilla.
Ni Kéaloss, ni Tigali n'avaient vu le mouvement.
L'Acolyte à la tête de fouine regarda son torse d'où sortait la poignée de la Dague Sacrificielle, suivie de la main de la Prêtresse. Il remonta ainsi jusqu'à ces yeux, si envoûtant.
- Corps et âme pour Lui. Tu ne diriges pas tes actes dans ce dessein. Tu ne fais cela que pour ton plaisir personnel. Tu vas donc t'acquitter de tes torts. Ton corps, ton âme et ta vie. In Nomine Dark Mogwaïs.
- In Nomine Dark Mogwaïs, répéta Kaéloss
L'âme de Toanor fut alors arrachée, tirée à travers l'arme sacrificielle pour nourrir l'Aura de la Prêtresse. Le sang fut également absorbé par la lame sacrée. Une fois exsangue, le corps détaché de l'arme s'affaissa mollement, une expression de douleur indicible sur le visage pâli par la mort.
La Cérémonie n'était cependant pas terminée. Toujours dans sa transe, un nouveau chant se fit entendre de l'Elfe qui semblait regarder presque tendrement la malheureuse de ses yeux d'ombre. Elle replaça une mèche de ses cheveux blonds avant d'entreprendre délicatement la découpe de la robe, révélant une poitrine un peu petite mais bien dessinée.
Le thorax montait et descendait au rythme de la respiration calme de l'inconsciente. Elle ne se réveillerait certes pas mais ce corps sentirait tout de même.
La première morsure de la lame qui semblait entrer dans la chair comme dans une motte de beurre mou fit tressaillir le corps encore bien vivant.
La Dague Sacrificielle, couplée à l'Aura de sa détentrice, pouvait couper presque n'importe quoi. Les os de la cage thoracique ne faisaient pas exception. Une fois retirée, on y voyait les organes travailler en frémissant.
Le chant continuait, repris également par Kéaloss qui cette fois connaissait les paroles.
Tigali était fasciné. Sans s'en rendre vraiment compte, il s'était approché. N'en croyant pas ses yeux.
Arwen écarta les muscles et découpa soigneusement les contours pour dégager le cœur qu'elle prit de sa main libre. Le sang se déversait abondamment sur l'avant-bras de l'Elfe pour se déposer sur le marbre puis dans les rigoles et le seau.
Le cœur encore battant dans sa main, Arwen se concentra. L'organe vital fut entouré de l'Aura d'ombre et passa du rouge au noir avant de se volatiliser, décomposé par la magie mise à l'œuvre.
- In Domine Dark Mogwaïs.
La Prêtresse était toujours immobile, la main ensanglantée et vide devant elle quand elle sortit de sa transe, son Aura s'apaisant progressivement. Elle baissa le bras après avoir secoué la tête, ses yeux retrouvant leur couleur naturelle. Elle inspira puis expira doucement. La tension s'était envolée et le silence revint brutalement dans la pièce.
Il fut interrompu par Tigali qui s'était éloigné précipitamment pour vomir.
Modérateur
La bergerie était de nouveau calme même si l'Elfe ressentait encore la vibration de l'Autel empli de l'énergie du Rite à distance.
Elle n'avait pas sommeil à cause du décalage horaire entre les plans. Elle avait quitté les Terres Originelles dans la matinée et se retrouvait maintenant en pleine nuit.
Assise sur un sol de mousse et d'épines odorantes, adossée au tronc d'un pin, elle regardait sans le voir la beauté du ciel étoilé et écoutait sans l'entendre le chant de la faune nocturne. Le bras posé sur son genou droit replié, elle manipulait machinalement sa Dague qui luisait doucement au rythme du pouvoir émanant de l'Autel. Cette lame dont elle ressentait encore l'énergie remonter doucement de sa main et de son avant-bras. Cette sensation était de plus en plus présente et forte à mesure qu'elle menait les Rites et les Sacrifices. Le picotement caractéristique de ce pouvoir lui semblait plaisant.
Une douce brise la fit inspirer et fermer les yeux. Agacée par le bandeau cachant ses oreilles, elle le retira et le posa à côté d'elle. Elle était bien, là tout de suite. Ne penser à rien. Être juste là, avec la nature. Rester si proche de la Pyramide avait cet inconvénient de la couper de cette sensation. Et ce pouvoir qui se rappelait toujours à elle, à la frontière de sa conscience. De cela, elle ne pourrait jamais se défaire. Le voulait-elle seulement ?
De corps et d'âme... Abandonner son être pour Lui. Vouer le reste de sa vie à Sa Grandeur. La Prêtresse n'avait aucun doute sur sa Foi. Elle avait tout perdu et Il l'a appelée à Lui. Elle soupira néanmoins. Les cérémonies étaient toutes les mêmes, tout le temps. Elle n'était pas du genre à montrer l'étendue de son Art en matière de Sacrifice ou de tortures et de toute façon, d'autres à la Secte le faisaient beaucoup mieux qu'elle. Mais c'était son devoir d'accomplir cela.
Même dans cette communion avec la Nature si caractéristique des elfes, la Prêtresse ressentait avec clarté le pouvoir qui se développait en elle, qui plus est lorsqu'il était fraîchement alimenté par le contact de celui absorbé par la Dague. En d'autres temps, en d'autres lieux, elle aurait été horrifiée par le phénomène. Mais pas en cet instant. Tout cela faisait maintenant partie de son identité.
L'Elfe ne bougeait pas mais elle avait conscience de l'approche de l'Acolyte. Kéaloss toussota par pure politesse, il se doutait bien que la Grande Prêtresse l'avait repéré de loin.
“Qu'y a-t-il Kéaloss ?
- Grande Prêtresse, nous allons démarrer tôt demain. Tigali est parti se reposer.
- Je ne suis pas certaine qu'il puisse dormir beaucoup.”
L'Elfe inspira longuement et expira lentement. Elle avait compris le message et se leva donc, souplement, puis rangea la Dague dans son fourreau. Après avoir retiré les épines et autres herbes attachées à ses vêtements, elle observa plus attentivement le jeune humain.
Il avait à peine la vingtaine mais son apparence comme son attitude démontraient une certaine maturité. Arwen l'aimait bien, sans savoir pourquoi exactement. Cela lui arrivait parfois. L'instinct probablement. Elle savait qu'il aurait déplu à d'autres membres des hautes sphères car il n'était pas assez sanguinaire ni cruel. Et c'était probablement pour cela qu'elle appréciait cet adepte. Ses yeux noisette et ses cheveux brun en ferait un bel homme une fois plus âgé. Peut-être resterait-il missionnaire ou deviendrait-il éclaireur, passant de plan en plan, amassant la connaissance sur les lieux visités.
L'Elfe se détourna et se dirigea vers les bâtiments, le jeune homme silencieux à ses côtés. Elle sentait la gêne de ce dernier. Il ne savait visiblement pas comment lui parler et cela amusait la Prêtresse. Il prit son courage à deux mains après une grande inspiration :
“Je vous ai réservé un lit sommaire dans la pièce du fond. Nous n'avons pas beaucoup de confort ici. Ce n'est qu'une litière de paille et quelques couvertures dessus mais...
- Merci Kéaloss. Cela suffira très bien !
- Je m'occuperais du petit déjeuner demain. Nous avons encore un peu de pain fait par.. par Toanor hier... Je... vous souhaite une bonne nuit, Grande Prêtresse”
Après une salutation raide que l'Elfe accueillit d'un hochement de la tête, ils se séparèrent, allant se reposer pour la fin de la nuit.
***
Arwen était déjà debout et se rafraichissait le visage dans le seau remonté du puits devant lequel elle se trouvait quand Tigali sortit, les yeux cernés. Il s'était arrêté sur le seuil et observait la Prêtresse avec étonnement. Cette dernière n'avait en effet pas encore remis son bandeau et il remarqua sa nature non-humaine pour la première fois même si son apparence particulière, qu'il avait mise sur le compte de l'exotisme, lui avait mis la puce à l'oreille.
L'Elfe inspira les yeux fermé, le visage humidifié offert à la douce brise matinale. Tout était paisible ici. Elle ouvrit ses yeux et entreprit de démêler sa chevelure alors que les premiers rayons du soleil apparaissaient. La scène était teintée d'une grâce infinie aux yeux du prêtre de la Lumière.
Kéaloss surgit derrière l'autochtone, le faisant sursauter :
“Le petit déjeuner est presque prêt.
- Merci.. Je... peux vous poser une question ?
- Bien entendu ! Je vous répondrais dans la mesure de mes moyens.
- Dame Arwen... Elle n'est pas humaine, n'est-ce pas ?
- En effet. Son espèce n'existe pas sur votre plan. C'est une Elfe. Je ne pourrais pas vous en dire plus sur la provenance de la Grande Prêtresse. Mais les Elfes sont relativement nombreux dans le Multivers.
- Le Multivers ?
- C'est le nom que nous donnons à l'ensemble des plans... Des autres mondes si vous préférez.
- C'est fascinant ! D'autres mondes... Et quelles sont les particularités des elfes ?
- Généralement, ils sont qualifiés comme étant de bons pisteurs, des chasseurs hors-pair, des archers de talent. Très proches de la nature, ils peuvent aussi être herboristes et soigneurs. Ils sont endurants, agiles... que dire d'autre...
- Nous avons des personnes chez nous qui peuvent être qualifiées de cette façon !
- Ah, je suppose oui. Mais sont-elles quasiment immortelles et... dotées d'une très bonne ouïe ?”
Kéaloss se détourna pour poursuivre les préparations, laissant l'homme sur cette révélation abrupte.
“Immortelle ?
- N'oubliez jamais l'ouïe, rappela le missionnaire à l'intérieur de la bâtisse. Jamais !”
Tigali reporta son attention sur l'Elfe qui finissait de nouer son bandeau avec un doux sourire un peu narquois. Elle se tourna vers le prêtre et lui fit un clin d'œil, provoquant un rougissement ainsi qu'un frisson de gêne. Arwen éclata d'un rire sans méchanceté alors que l'homme allait se réfugier à l'intérieur, cherchant désespérément un moyen d'aider Kéaloss.
***
Les chevaux avaient passé la nuit dans un enclos derrière la bergerie. L'herbe rase ne semblait pas à leur goût et ils avaient préférés le foin et l'orge mis à disposition. Kéaloss les avaient emmenés et mis à l'attache dans la cour.
Arwen passa sous l'encolure du cheval bai qu'elle allait monter pour le voyage. L'animal était un hongre assez placide avec un regard doux. Il ne cessait de chercher les mains de l'Elfe avec ses naseaux dans l'espoir d'y trouver une gourmandise.
“Arrête donc ça... Je n'ai rien.” fit-elle en Elfique sans s'en rendre compte.
Après avoir examiné l'état du harnachement, elle re-sangla la selle, détacha la longe qui le maintenait, mit le pied à l'étrier et s'éleva souplement pour se poser en selle, quittant le monde des piétons pour celui des cavaliers.
Elle se retourna pour voir où en étaient les deux hommes. Kéaloss était en selle et Tigali grimpait également. Ce dernier prit naturellement la tête du groupe et se dirigea au pas vers le chemin qui les mènerait vers Calamianis, la capitale religieuse du plan du même nom.
Voyager à cheval semblait toujours agréable à l'Elfe. D'autant plus dans ces paysages grandioses où les oliviers s'accrochaient aux vallées surplombées de collines montagneuses parfois accidentées. Les odeurs du maquis étaient exquises et le vent transportait un air doux et agréable. Bercée par le pas de sa monture et le son des sabots sur la piste en terre, Arwen ne pensait à rien de spécial, laissant son esprit vagabonder, captant le chant des oiseaux inconnus ou le mouvement d'un animal effrayé par le groupe.
Devant elle, Tigali gigotait régulièrement dans sa selle. Il était presque nerveux. Alors qu'Arwen observait un rapace planer sur les courants chauds, il ralentit sa monture et se mit au niveau de l'Elfe. D'un air faussement décidé, il posa sa question :
“Vous... êtes réellement immortelle ?
- En quelques sortes oui. Seules les blessures létales peuvent m'atteindre définitivement.
- Et... Vous avez...
- A peu près 6300 années... Je ne suis plus à des dizaines près...
- Six mille...trois...cent...”
L'homme regardait dans le vide, s'imaginant les possibilités offertes par ce type de vie... Pour lui, l'Elfe devenait presque divine.
De son côté, Kéaloss écoutait avec une curiosité polie, profitant de chaque instant de cette opportunité. Côtoyer la Grande Prêtresse, c'était presque comme approcher les Gourous (GàE) voire même le Dark Mogwaï (GàL) Lui-même ! Il se morigéna de cette dernière pensée mais mesurait la chance qu'il avait eu de la voir officier.
Le prêtre repartit à la charge.
“Comment avez-vous été amenée à vo..à Dieu ?
- J'allais mourir, répondit l'Elfe de manière naturelle. Et Il m'a donné une raison de vivre.
- Vous avez été blessée puis gratifiée d'un miracle ?
- Ah non. Pas du tout. J'allais mourir de tristesse.
- De...tristesse ? Mais vous disiez...
- Une autre façon de mourir chez les miens, c'est le Désespoir. Ce chagrin caché au plus profond du cœur qui engloutit l'espoir pour devenir l'affliction la plus complète, dans sa nature la plus noire, sordide, inexorable...”
Sentant que le prêtre voulait en savoir plus, elle soupira et poursuivit:
“- A la mort de mon mari, qui était humain, j'ai sombré. Et alors que j'errais sur les dernières forêts Elfique de mon monde, j'allais tout simplement mourir et disparaître de l'existence. Et Il est venu pour moi.
- C'est fascinant...
- Peut-être. Mais dites-moi, et vous, comment en êtes-vous venu à devenir prêtre ?
- Ah, c'est d'un intérêt moindre que votre vocation Dame Arwen. J'ai juste été choisi par les membres du temple lorsque j'étais encore enfant. J'ai donc suivi l'enseignement de la Lumière pour servir Tamala, maîtresse de l'Aube et des Étoiles. C'est beaucoup moins épique que vous !
- Je ne me permettrais aucun jugement.”
Le reste du trajet se fit sans plus de discussion. Tigali montrait parfois un oiseau ou une autre créature en indiquant leurs noms. Il désignait aussi quelques plantes utilisées par les médicastres ou encore les oracles. Il évoqua également les offrandes et les sacrifices pour les dieux de son panthéon. Les deux sectateurs écoutaient leur guide.
Le groupe arriva dans une zone plus encaissée. Le chemin sinueux qu'ils suivaient devenait plus dur et caillouteux. Ils durent mettre pied à terre régulièrement afin de préserver les montures et les laisser se mouvoir sans le poids des cavaliers dans les zones les plus escarpées.
La marche en était passablement ralentie mais c'était un passage obligé pour accéder à la vallée suivante.
C'est dans cet environnement particulier qu'Arwen ressenti pour la première fois comme une pression en elle. Ils approchaient de Calamianis. Elle secoua la tête pour tenter de dissiper cette impression étrange mais le malaise restait là, diffus.
Kéaloss, qui cheminait juste devant la Prêtresse, s'exclama devant le paysage qui s'ouvrit devant eux presque soudainement.
Ils venaient de changer de décor au détour d'un virage et observaient le Mont Calamianis, Terre des Dieux du plan. A quelques lieux, accrochés sur immense montagne, des temples rayonnaient du marbre blanc, de l'or, de l'azur et du rouge sang. Le tout était encadré par la terre ocre et le vert tendre de la végétation. Un tableau à couper le souffle.
Et le souffle d'Arwen se coupa bel et bien. Tigali souhaitait savoir si les dieux de cette terre étaient présents ? La Prêtresse pouvait ressentir depuis leur promontoire toute la ferveur des croyants en cette période de préparation des fêtes. Les prières qui partaient inexorablement dans le vide, s'envolant vers aucun destinataire, perdues à jamais. Quel indicible gâchis. Pourquoi certaines déités agissaient de la sorte ? Et comment ces êtres impies pouvaient rester dans l'aveuglement le plus total ? Comment pouvaient-ils simplement vivre... non. Pas simplement vivre. Comment pouvaient-ils exist...
Le missionnaire posa timidement une main sur l'épaule de la Grande Prêtresse. Elle se rendit compte qu'elle avait serré les poings et que de fines volutes de pouvoir prenaient forme. Sortant de son moment d'apnée, son regard s'éclaircit.
“Dame Arwen ? Grande Prêtresse ? fit-il d'une voix très douce mais d'où perçait l'inquiétude. Revenez, par Sa Grandeur... Revenez parmi nous.
- Je... que... Oui... Oui. Poursuivons notre route.“
L'Elfe se détourna pour remonter en selle tout en évitant de croiser les regards intrigués ou soucieux des deux hommes. Mais aucun n'eut la moindre remarque.
Tigali avait repris la tête. Après quelques lieux, il se retourna vers les sectateurs, un sourire aux lèvres.
“Nous allons arriver à une taverne bien sympathique ! Arrêtons-nous pour prendre une collation. Nous ne serons plus très loin ensuite !”
Et effectivement, l'auberge construite en pierres sèches semblait les accueillir dans un havre ombragé par les pins. Les cigales chantaient aussi fort que certains clients et un mouton cuisait à la broche. De nombreux équidés, chevaux ou mules, remplissaient les enclos et les lieux d'attache. Une guirlande de petits drapeaux et de fleurs terminait d'illustrer l'ambiance festive du lieu.
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Traducteur A : Night of Souls' Betrayal... pfff... là je sais plus...
Traducteur B : "Nuit des âmes de la trahison".
Traducteur C : Mais non, c'est un complément du nom... c'est "nuit de la trahison des âmes".
Traducteur D : Mais n'importe quoi, vous y comprenez rien... c'est "trahison des âmes de la nuit".
Traducteur B : après réflexion je pencherais plutôt pour "âmes de la nuit traître"...
Traducteur A : Bon... je lance 1D6 ?"
—Splendeurs et Misères des traducteurs de Magic, tome VIII
Proposé par Dark Mogwaï le 19/06/2012