La dérive de K-Joe

La dérive de K-Joe

La dérive de K-Joe

Discussion ouverte par maitredragon Le 04/09/2020

Discussion ouverte par maitredragon Le 04/09/2020


maitredragon

Le repère de la porte était là, juste derrière ma main. Dans la dimension du vide il n'y a rien à part moi depuis la défaite de Gilbert. J'ai passé un temps qui me semble infini ici depuis. J'aurais pu sortir dans la taverne et boire jusqu'à plus soif. Mais je ne pense pas être la bienvenue dans la secte après avoir attaqué leur dieu maléfique. Je pourrais toujours me défendre en arguant que ce n'était pas moi mais Gilbert. Mais à quoi bon. De toute façon je n'aurais même pas le temps de boire ma boisson et encore moins d'être saoul avant d'être ré-aspiré ici. J'ai envie de manger un cookie. Combien de fois me suis-je dis ça en touchant le repère de la porte. Mais je n'ose pas la créer. Dans ce monde aucune lumière ne perce, seul un repère et les restes de mes saucisses murales tapissent ce noir infini. Je sais ce que j'ai à faire. J'ai pris ma décision il y a quelque temps déjà. Si je ne peux pas retourner dans ce monde autant le quitter. Et dans un élan de bravoure ou de stupidité qui sait... je me propulse en arrière. Je flotte et m'éloigne du seul repère que j'avais ici-bas. Je ne le vois plus. Maintenant peu importe où j'ouvrirai une porte ce ne sera plus jamais dans la secte. Adieu.

Je continue de dériver pendant un temps infini. Depuis combien de temps ai-je quitté le repère de la secte ? Un jour ? Un mois ? Un an ? Ou encore plus ? Tout paraît si long ici. Je veux tenir le plus longtemps possible, allé aux confins de cette dimension. Mais y a t'il vraiment une frontière ? Je ne sais pas. Gilbert ne m'a jamais rien dit sur ce lieu. Je vais ouvrir une porte et me retrouver à la taverne si ça se trouve. Cette pensée me fait sourire, le premier depuis bien longtemps. Mais bien que chaleureuse, je ne suis pas dupe pour autant. Je sais au plus profond de moi que ça n'arrivera pas. Je suis parti. Et c'est d'ailleurs probablement pour le mieux. Je continue de dériver encore et encore. La sensation n'a rien de désagréable au début mais à force on s'en lasse. Et le contact avec le sol nous manque terriblement. J'ai pour objectif de tenir le plus longtemps possible mais j'avoue commencer à faiblir. J'ai de plus en plus envie d'ouvrir une porte et rencontrer des gens même si ce n'est que pour un instant. Non je dois résister à cette pensée ! Mais merde qu'est-ce que je m'ennuie. J'essaie de dormir mais je n'y arrive pas. Vous avez déjà essayé de vous endormir quand vous avez très très faim et que vous êtes en train de flotter. Il m'a fallu beaucoup de temps pour y arriver et encore Gilbert prenait un malin plaisir à me réveiller à chaque fois. Si je m'endors peut-être qu'il viendra me réveiller. Deuxième sourire. Celui-là est néanmoins très douloureux. Je me berce d'illusions ici. Qu'est-ce que je fais ?! Qu'est-ce que j'ai fait ! Pourquoi suis-je parti ? Je me suis déjà posé cette question non ? A qui je parle de toute façon. Attendez ! Vous voyez ce que je vois ?! C'est un cookie !

K-Joe gesticula de toutes ses forces pour accélérer et atteindre ce cookie. Mais le bougre avait flairé le traquenard et commença à s'enfuir.

Tu ne m'échapperas pas cookie ! Je vais te dévorer !

K-Joe accéléra encore, le cookie était à portée de main !

Je te tiens !

Aussi sec il le mit à la bouche et le mordit à pleine dent. Une douleur vive dans sa main droite qu'il venait de mordre à sang le ramena à la réalité. Pourtant il était maintenant entouré de milliers de cookies. Il y avait même une crêpe ! Qu'est-ce qu'elle faisait là ? Elle s'est perdue pensa K-Joe. Ces derniers avaient l'air très mécontent. Ils attaquèrent, K-Joe qui se débattit comme un tigre pour finalement s'apercevoir qu'il était seul et gesticuler dans le vide.

Je perds la tête il faut que je sorte d'ici !

Il créa une porte devant lui et la traversa. Il fut déséquilibré au contact du sol mais n'eut pas vraiment le temps de s'y habituer à nouveau. Les cris, les coups de lames et les gens tout autour de lui ne lui en laissèrent pas le temps. Il avait atterri en plein milieu d'un champ de bataille ! A peine avait-il réalisé ça qu'il vit un colosse lui asséner un puissant coup de hache. Dans un réflexe de survie il para avec les deux dagues. Celles-ci résistèrent à l'impact mais K-Joe lui vola. Il se retrouva désarmé au sol. Il eut juste le temps de relever la tête pour voir le colosse lever sa hache au-dessus de lui et la rabattre de toutes ses forces. K-Joe créa par pur réflexe sans vraiment savoir comment un portail d'entrée devant lui et un portail de sortie derrière la tête du colosse. Celui-ci ne comprit pas ce qui lui arrivait quand sa hache vint lui fracasser l'arrière du crâne. K-Joe n'eut néanmoins pas le temps de souffler le cadavre du colosse s'abattit sur lui et le monstre pesait lourd. K-Joe était coincé ! Soudain il sentit qu'il ne pouvait plus rester ici. Il fallait qu'il retourne dans la dimension du vide avant de se liquéfier. Il tenta d'ouvrir une porte sous lui mais rien ne se passa. Il tenta à nouveau. Toujours rien. K-Joe avait ouvert et fermer déjà trois portes et portails. Il était quasiment à bout de son pouvoir. Dans un dernier effort et se rappelant la douleur ignoble de la liquéfaction, il puisa dans tout ce qu'il avait au fond de lui. Une porte s'ouvrit sous son corps le plongeant lui et le cadavre dans la dimension du vide. La porte se referma après leur passage dans l'indifférence la plus totale.

K-Joe était épuisé. C'était un échec total ! Il n'avait pas vraiment rencontré de gens. Il avait failli mourir mais pire que tout ! Il avait perdu les dagues de la grande prêtresse ! Étant dans l'incapacité pendant un certain temps d'ouvrir à nouveau une porte. Il se calma et décida d'inspecter le cadavre. Il récupéra les pièces d'armure qui semblait bien épaisses et s'en équipa. Il retira la hache de guerre du crâne. Pas de pièce d'or, rien d'autre de valeur. K-Joe poussa alors le cadavre. Qu'il disparaisse dans le vide pensa t'il. Cette fois il ne vit ni cookies ni crêpes, il été trop concentré sur son pouvoir pour savoir quand il pourrait à nouveau créer une porte et récupérer les dagues. Rien d'autre ne comptait. Quand il sentit que c'était bon il créa à nouveau une porte sur ce nouveau repère. Il sortit et la porte se referma. Le poids de l'armure écrasa littéralement K-Joe qui n'avait absolument pas la force de porter ça. Il tomba au sol. Énervé par le ridicule de la situation il tenta de jeter au loin les pièces trop lourde mais sans succès. Les bruits du champ de bataille avaient laissé place à un silence de mort. Le soleil se couchait sur la plaine et les cadavres jonchaient le sol à perte de vue. Qui avait gagné et pourquoi ? Ça n'avait aucune importance. K-Joe se releva après s'être déséquipé.

Comment je vais faire pour retrouver les dagues dans tout ça moi !

K-Joe remarqua le gamin qui se tenait devant lui au milieu des cadavres. Il semblait avoir été surpris de l'entrée pour le moins particulière de K-Joe alors qu'il pillait les cadavres. Il finit par avoir le courage de demander :

- Vous êtes un sorcier ?

- Pas vraiment répondit K-Joe sans même y réfléchir.
Dis-moi petit, tu ne serais pas en train de piller les cadavres ?

Le petit fit mine de reculer, il lâcha son chargement mais garda une épée en main. Il la pointa malgré son poids bien trop lourd pour lui vers K-Joe en tremblotant. Il semblait apeuré mais déterminé à défendre chèrement sa vie.

- Je me fiche que tu pilles des cadavres, je ne suis pas de ce monde. Je cherche deux dagues d'une facture bien différentes de toutes les armes présentes ici. Les aurais-tu vues ?

- Pourquoi ? Demanda le garçon

K-Joe comprit qu'il les avait.

- Elles appartiennent à une personne aux pouvoirs sans limites. Et si tu gardes ces dagues, toi et tout ton monde courrait un grave danger.

Il ne faut pas hésiter à en rajouter, c'est un môme il est impressionnable pensa-il.

- Je te les rendrai mais a une condition.

K-Joe envisagea sérieusement de tuer ce môme et d'aller récupérer les dagues dans la chariotes derrière lui. Mais le mouflet lui renvoyait l'image de lui-même à son âge. Il ne semblait pas dans une meilleure situation que lui à l'époque. Il finit par dire :

- Je t'écoute ?

- Ces dagues m'auraient rapporté une fortune, je renonce à les vendre et je te les garde si tu m'amène la corne du Gitrodon.

Il ne manque pas d'air le gamin. K-Joe sentit soudain qu'il ne pouvait plus rester longtemps ici. Il pesta contre son sort.

- Je dois retourner dans mon monde, j'accepte ton offre même si je ne sais pas ce qu'est le
« Gitrodon » Comment t'appelles-tu et comment je peux te retrouver ?


- Je m'appelle Frar et je vis non loin de là

L'enfant pointa une forêt à flanc de colline en bordure de la plaine. Un petit village sortait des arbres. Puis il demanda à son tour :

Et vous c'est quoi votre nom ?

- K-Joe. Je reviendrais te voir Frar et j'espère que tu ne m'as pas menti car où que tu sois je te retrouverais !

Il ouvrit une porte d'un geste théâtrale ce qui impressionna le garçon. Il n'y a pas de mal a en rajouter repensa K-Joe. Puis il entra dans son néant et referma la porte.

Dans quoi est ce que je me suis encore fourré bordel !

Et qu'est-ce que pouvait bien être ce Gitrodon ! Se demanda-t-il. Finalement après une longue attente il put y retourner. Une fois dehors il courut le plus vite possible dans la direction du village. Il faisait nuit noir mais une lune bleu qui semblait gigantesque éclairé la plaine. Ça n'empêcha pas K-Joe de trébucher et tomber en percutant des cadavres au sol. Mais qu'est-ce qu'ils attendent pour cramer tous ses corps ronchonna t'il. En réalité de nombreux charognards s'occupaient des cadavres. En temps normal ils auraient été une menace mais l'abondance de nourriture rendait K-Joe inintéressant. A condition qu'il reste à distance évidemment. Il finit par atteindre le village. Pas de gardes à sa grande stupéfaction. Il craigne vraiment rien pensa t'il. De nombreux blessé étaient soignés ici. A quel camp appartenaient-ils ? Là encore, ça n'avait aucune importance. Les bougres qui n'avaient pas de lit dormaient dehors. Vraiment une vie de chien que d'être soldat. Il finit par trouver une maisonnée où été garé la chariote pleine d'armes de Frar. Elle était juste parquée à côté de la maison avec tout son chargement. Stupide gamin, je vais prendre les dagues et m'en aller. Mais K-Joe eu beau fouiller de fond en comble la chariote, les dagues n'y étaient pas.

Maudit gamin !

Il n'avait plus de temps et dû repartir. Quand il revint le jour commençait à se lever. Il entra dans la chambre du petit avec une grande facilité. Ce manque de sécurité le consterna. En même temps la maison ne respirait pas la richesse. Mais il s'en sortait mieux que moi à l'époque en tout cas pensa t'il. Il mit une baffe au gamin et bloqua sa bouche avec sa main pour éviter qu'il ne crie. Il l'avait bien cherché quand même se justifia K-Joe dans sa tête. Frar le reconnut, K-Joe lâcha alors son emprise.

- Es-tu sûr d'avoir les dagues, gamin ? Chuchota-t-il d'un air menaçant.

Frar sorti rapidement une dague de sous son lit et la pointa vers K-Joe pour l'empêcher de s'approcher.

Bon qu'est-ce que le « Gitrodon » et ou est-ce que je peux le trouver ?

- C'est une bête légendaire qui vit dans une grotte au fin fond de cette forêt.

- Si elle est légendaire comment peux-tu être sûr qu'elle existe je n'ai pas de temps à perdre avec des chimères moi !

- Je l'ai vu ! Mais personne ne me croit

- Et donc quoi tu veux la corne pour prouver a tout le monde que t'avais raison ? Pathétique.

- NON ! Je veux revendre la corne. Le prix que j'en tirerai permettra à ma mère et moi de quitter cet endroit et de voyager.

K-Joe souffla d'exaspération

- Tu vis dans un rêve gamin ! Tu es bien trop naïf.

- Peut-être mais c'est ça ou je vends vos dagues.

Sale môme pensa très fort K-Joe. Je subis un chantage d'un gamin d'à peine 12 ans ! N'importe qui dans la secte l'aurait buté. Je suis vraiment stupide.

- Il ressemble à quoi ce « Gitrodon » ?

- C'est une créature géante mi-ours, mi-serpent avec une énorme corne.

Ça pue le truc inventé ça pensa K-Joe. Il finit tout de même par lui dire :

- Je reviendrais te voir avec la corne. Tu as intérêt à avoir les dagues à mon retour.

K-Joe sortit par la fenêtre et sauta. Il se mit à courir jusqu'à l'entrée de la ville, il n'avait plus beaucoup de temps mais il préférait ne pas ouvrir de portes en plein milieu du village. Après tout la prochaine fois qu'il reviendrait on serait en plein milieu de la matinée. Une bête légendaire caverneuse mi-ours, mi-serpent et puis quoi encore. Ce môme se fout de moi pensa t'il en se reposant dans le néant. Malgré ses pensées peu convaincues il décida d'aller jeter un coup d'oeil dès qu'il serait prêt.
Il ouvra une porte, il en sortit et la referma rapidement. Puis il fonça dans la forêt. C'était une belle forêt luxuriante. Le fin fond de la forêt qu'est-ce que ça pouvait bien vouloir dire se demanda K-Joe. Il parcourut une grande partie de la forêt, l'après-midi commençait lorsqu'il dû rentrer à nouveau dans le néant. En fin d'après-midi il recommença à fouiller la forêt, toujours pas de grotte et encore plus étrange pas un seul animal, pas un bruit. Cette forêt en devenait pesante et sinistre. Lorsque le soleil commença à se coucher K-Joe était toujours bredouille. Faire des recherches de nuit dans la forêt ne servirait à rien. Il décida d'attendre et d'essayer de dormir dans le néant. Il finit par y arriver. A son réveil il sortit. Nous étions clairement en fin de matinée. Il se hâta et repris ses recherches de moins en moins convaincu de la véracité de ce qu'il cherchait.


J'aurais mieux fait de kidnapper Frar pour qu'il me guide ! Quelle perte de temps !

K-Joe continua de fouiller la forêt. Il finit par tomber sur un énorme bosquet épineux qui couvrait une large zone. Il essaya de le contourner mais c'était impossible. Ça juré dans le paysage comme si on avait mis ça là pour garder quelque chose mais en aucun cas ça n'avait poussé là naturellement. Le passage aurait déjà été coton pour un enfant, alors un adulte...

Ça a pas dû être évident de se faufiler la dedans, Frar.

K-Joe regarda au-dessus du bosquet, s'il pouvait créer un double portail comme il l'avait fait sur le champ de bataille. Peut-être pourrait-il passer au-dessus. Il créa une porte le plus haut qu'il pouvait et une autre face à lui. Une fois dans le néant il referma la première porte et approcha de l'autre toujours ouverte. Il passa la tête, et vit que le bosquet s'étendait sur plusieurs centaines de mètres avant de déboucher sur une clairière. On pouvait voir l'entrée de la grotte. Mais pas de bête à l'horizon. Ça n'allait pas être de la tarte d'arriver jusque-là ! Je peux encore me permettre un portail se dit-il. Il ouvrit donc un portail le plus loin possible et toujours en hauteur. Une fois de retour dans le vide il referma la première porte et retrouva la dernière qu'il avait ouverte. Il passa la tête et estima encore à deux portes pour atteindre la clairière. Son pouvoir était épuisé, il rentra donc dans la dimension du vide.

Bon c'est beaucoup moins aboutit que ce que j'ai fait sur le champ de bataille mais c'est déjà pas mal. Si cette bête existe vraiment je n'ai qu'une hache de guerre et mes portails pour l'affronter. Est-ce que ça suffira...

Lorsqu'il ressortit il faisait déjà nuit. Il créa le portail suivant puis le retrouva dans le néant et refit la même opération une deuxième fois avant d'arriver à la clairière. 3 ouverture/fermeture K-Joe était quasiment au bout. Malheureusement il n'eut pas le temps de se reposer un grognement tinté d'un sifflement lui fit prendre conscience qu'il n'était pas seul en ces lieux.

Bordel de merde il devait être dans la grotte ! s'exclama K-Joe.

C'était comme Frar l'avait dit un immense ours géant couvert de poils, les pattes avant et arrière écailleuses et griffues suintait du venin. Une longue queue écailleuse, des pointes de la tête à la queue sur tout le dos. Une tête mi-ours mi-serpent avec une immense corne sur le front.

Maudit gamin fit K-Joe en s'armant de sa hache.

La bête était immense et elle commença à le charger. Si elle me touche je suis mort je ferai mieux de quitter cette endroit pour le moment. Attends ! Et si je crée un immense portail sous ses pieds je pourrais la faire tomber dans le vide où elle mourrait. K-Joe joint les gestes à la pensée et créa un grand portail sous la bête. Celle-ci trébucha dedans mais essaya de se retenir au bord. Le portail n'était pas suffisamment grand. K-Joe ne pouvait fermer le portail car il ne pourrait en ouvrir un autre. Il fonça sur la bête et abattit sa hache sur une de ses pattes, la bête hurla puis donna un violent coup de queue en guise de représailles. K-Joe tenta d'esquiver mais la pointe s'enfonça profondément dans son avant-bras. Il frappa de toutes ses forces son autre patte. La bête tomba dans le néant avec lui. Le portail se referma, le venin était entré en lui. Il avait déjà vu cela étant esclave, il déchira une partie de ses vêtements le plus rapidement possible et fit un garrot pour éviter que le venin se propage. Ça tiendra le temps qu'il puisse rouvrir un portail. Avec un peu de chance quelqu'un aurait un antidote au village. Le Gitrodon était là, K-Joe s'en saisit et l'amena vers l'un des repères qui donnait sur le village. Il commençait à fatiguer. Frar va pas en revenir se dit-il. Quand il le put il créa le portail et sortit devant le village. Il était en flamme. Il referma le portail et parcourut les rues, c'était un vrai massacre. Probablement des soudards survivants du champ de bataille qui avait décidé de remercier à leur manière leurs sauveurs. Les maisons brûlaient et les cadavres attiraient les charognards. K-Joe se dirigea vers la maison de Frar. Il le retrouva adossé contre la maison, il avait visiblement pris un mauvais coup d'épée dans le ventre. On entendait des rires non loin et les cris de plusieurs femmes. Frar était toujours vivant, K-Joe le secoua doucement pour qu'il reprenne conscience.

- K-Joe ? Dit-il surpris avant de cracher du sang
Tu as réussi ?

K-Joe ouvrit un portail et tira la tête de la bête pour la montrer à Frar. Il sourit, puis lui dit :

Je suis désolé KOF KOF je n'ai plus tes dagues.

- Tu devrais penser a autre chose en ce moment gamin.

- K-Joe ?

- Quoi ?

- Peux-tu m'emmener dans ton monde ?

- Tu vas mourir si je fais ça.

Frar sourit et K-Joe prit conscience que ce qu'il venait de dire était stupide. Il prit le môme aussi doucement qu'il le pouvait malgré son garrot et traversa le portail avec lui. Frar eu juste le temps de lui dire une dernière chose :

- J'aurais... au moins voyagé une fois dans ma vie.

Le corps sans vie du garçon se mit à flotter dans le vide. Il n'y avait là rien de plus.
K-Joe se mit à rire, un rire qui aurait glacé le sang de n'importe qui. Il sortit de la porte en laissant son bras touché par le Gitrodon dans la dimension du vide. Le garrot ne faisait plus effet. Il referma la porte sectionnant son membre d'une traite. Il ria de plus belle lorsque son sang jaillit et encore plus quand il mit la plaie dans le feu pour la cautériser. Son rire avait attiré les soudards, une quinzaines d'abrutis sur leurs gardes. L'un d'eux avait les dagues. Lorsqu'ils virent l'origine de ses rires, un manchot maigrichon à moitié défroqué qui semblait être fou, ils baissèrent leurs gardes certains de bien s'amuser avec une nouvelle victime.

La suite je la laisse à votre imagination, il y a des choses qu'il vaut mieux éviter de décrire.

Lorsque le jour commença a se lever, K-Joe venait de terminer d'enterrer Frar et le Gitrodon dans la clairière au fin fond de la forêt. Une tombe de sang, de lames, de fleurs, de venins et d'une corne. Ça semblait bien comme ça.

K-Joe avait récupérer les dagues, il repartit dans son néant et ne revint jamais en ces lieux.
Il était à nouveau seul.


descendant ascendant


Réponse(s)


1905 points

maitredragon - Chevalier - Le 08/09/2020

Réveille toi mon ami ! Soudain des formes noirs vinrent attraper ses jambes et son bras pour enserrer de plus en plus insidieusement tout son corps jusqu' à son visage ne pouvant laisser échapper qu'un cri !
K-Joe se réveilla. Il était seul. Un cauchemar ? Combien de temps ai-je dormi ? Se demanda-t-il. Impossible de savoir. Il regarda son moignon parfaitement cicatrisé. Combien de mois sa guérison avait prise ? Il était resté là depuis sa dernière sortie. Le bilan n'était pas vraiment bon, un bras en moins, un gamin mort et un village massacré. Il repensa aux mots du dieu maléfique, une souffrance éternelle avait-il dit... Néanmoins K-Joe voulait plus que jamais rentrer à la secte, mais quelle direction prendre ? Il ne retrouverait jamais le repère.
Il avait dérivé dans le coma, la douleur et les regrets. K-Joe savait que les chances d'infection et de mort étaient très grandes après une cautérisation si brutale. Mais ici où il n'y a rien il ne craignait pas grand-chose, juste le temps et les cookies. Maudits cookies ! Toujours à le narguer ! Maintenant qu'il était complètement guéri il était temps d'ouvrir une porte et sortir de cet enfer. Mais le souhaitait-il vraiment ? Ma dernière sortie n'a pas été des plus heureuses... Mais il était impératif de trouver au moins de nouveaux vêtement, ceux qu'il portait actuellement ne valait pas mieux que des torchons ayant essuyé la graisse et le sang d'un Léviathan. Et puis s'il restait là, il allait être obligé de se battre en duel contre Ramone le cookie guerrier. K-Joe c'était moqué de son slip de combat et le duel devait avoir lieux pour laver cet affront. Une dérouillée c'est tout ce qu'il allait se prendre s'il restait ici. Cette dernière pensée le convainc d'ouvrir une porte. Il sortit sans prendre le temps de regarder où. Il voulut poser son pied sur le sol mais il n'y avait pas de sol. La porte c'était ouverte en plein ciel. K-Joe commença une chute vertigineuse. A la réception ? Un océan semblait-il.


Si la chute ne me tue pas ce sera la noyade, je ne sais pas nager bon sang !

Il réfléchissait à toute vitesse, l'océan lui, se rapprochait à toute vitesse. Il vit une petite île au milieu de l'océan, ce serai là qu'il irait. Il restait un problème la vitesse mais K-Joe n'eut pas le temps d'y réfléchir. Il créa un portail de sortie au fond de l'océan non loin de la plage et un portail d'entrée devant lui. En le traversant, il se retrouva projeté dans l'eau à grande vitesse. Celle-ci le ralentit mais pas suffisamment vu la faible profondeur. Il sortit en dehors de l'eau à quelque mètre de hauteur. Il créa un portail sur la plage et un portail au-dessus de lui avant qu'il ne retombe. Une fois dans le néant il retrouva le portail donnant sur la plage. Il ressorti épuisé et tomba sur le sable fin. Il n'avait pas marché sur un sol depuis longtemps. K-Joe reprit son souffle doucement.
Un mouvement sur la gauche attira son regard. C'était une femme. La plus belle femme que K-Joe est vue de sa vie. Il se redressa tout de suite.


- Euh... Bonjour.

La jeune femme très surprise semblait perdue. Elle finit par lui demander :

- Vous êtes réel ?

Déconcerté par cette question K-Joe ne sut pas quoi répondre. Elle ne lui en laissa pas le temps. Elle se jeta à son cou et l'enlaça fermement. Il ne savait plus quoi faire. Soudain elle lâcha son emprise et se mit à lui palper tout le corps. Elle semblait vérifier s'il était bien là. K-Joe recula vivement gêné par cette situation et lui dit :

- Je... euh c'est très bizarre, je ne sais même pas qui vous êtes.

- Je m'appelle Mara répondit-elle vivement en souriant. Puis elle se jeta sur lui et l'enlaça à nouveau.


Ok... Bon ce n'est pas désagréable se dit-il un peu coupable.

- Tu ne vas pas t'en aller hein ?

Il venait d'ouvrir plusieurs portes simultanément pour la première fois depuis des mois. Son pouvoir était assurément épuisé et son temps était compté.

- Je vais probablement être ré-aspiré dans mon monde dit-il penaud.

Elle l'enserra plus fort et lui dit :

- Je refuse.

- Euuuuuuuuh...

Elle semblait désespérée à l'idée qu'il parte.

Ça ne dépend pas vraiment de toi euh... Mara. Elle ne desserra pas son emprise.
Je suis obligé de retourner dans mon monde parce que je ne peux pas survivre longtemps en dehors.

- Oh ! Si c'est une question de temps, tu n'as rien à craindre ici dit-elle d'un coup en le lâchant complètement euphorique.

- Hein pourquoi ?

- Ici nous sommes en dehors du temps répondit-elle avant de lui attraper la main.
Viens avec moi je vais te montrer ma maison.

Puis elle le tira de toutes ses forces vers l'intérieur de l'île.

- Comment ça en dehors du temps répondit K-Joe déconcerté.

- Je t'expliquerai plus tard. Viens ! Il faut que je te présente à mon ami George.

Il fut déçu d'entendre qu'il n'était pas seul avec cette déesse sur cette île. Ils longèrent la plage jusqu'à une petite maison. Elle n'avait pas été construite avec ce qu'il se trouvait sur cette île, comme si on l'avait amené et posé là. En tous cas Mara avait de la chance le paysage était magnifique et la maison avait l'air très douillette. Elle lâcha K-Joe et le regarda droit dans les yeux.

Tu restes là hein ?! Je vais chercher George

Elle partit en courant dans la maison en appelant son ami.

GEORGE ! GEORGE ! AH ! Tu es là ! On a un invité ! Elle ressorti avec une noix de coco qui faisait un peu moins de la moitié de sa taille.
Je te présente George.

Elle tendit la noix de coco à K-Joe. Il n'avait rien mangé depuis très longtemps. En voyant cette délicieuse noix de coco il perdit le contrôle et fondit dessus pour la dévorer. Elle compris ses intentions et retira juste à temps le pauvre George.

Non mais ça ne va pas ! Lui hurla-t-elle.
On ne mange pas George ! Si t'as si faim que ça, il y a des noix de coco dans la maison !

L'absurdité de cette situation aurait dû le faire répliquer, mais pousser par la faim il se rua à l'intérieur, trancha net une noix de coco en deux avec une des dagues et se mit à dévorer salement le fruit. Mara entra à son tour, son énervement se dissipa lorsqu'elle vit K-Joe manger si goulûment.

Il y a d'autres fruits si tu en as envie ? Lui proposa-t-elle.

K-Joe releva la tête et acquiesça, de la noix de coco plein les babines. Mara alla cacher George, puis elle prit un immense panier avec quelques fruits dedans, les déversa devant son hôte. Puis elle fit mine de partir, se stoppa net devant l'entrée et le regarda.

Tu restes là hein ? Je vais aller remplir ce panier rien que pour toi.

K-Joe acquiesça à nouveau sans même réfléchir. Mara s'en alla et K-Joe vint à bout des fruits en quelques minutes. Il était aux anges. Il y avait beaucoup de chose sur lequel réfléchir mais pour le moment K-Joe s'en fichait. Quand elle revint avec le panier débordant de fruits, il jura qu'il ne repartirait plus jamais d'ici. Il recommença à dévorer les fruits, elle s'installa à côté de lui. Elle vit son bras amputé.

Qu'est ce qui est arrivé à ton bras ?

Le bonheur de K-Joe s'évanouit, il arrêta de manger, regarda son bras, repensa à Frar, ses derniers mots et ce qui suivit.

- Je... Hum, je n'ai pas vraiment envie d'en parler maintenant, je suis désolé Mara.

- Oh non pas de soucis, je n'aurais pas dû poser la question dit-elle en posant sa main sur son épaule. Un frisson parcourut son corps. Il recommença à manger.

J'ai tellement de question à te poser dit-elle en souriant.

WAOUH ! Quelle dague magnifique ! Dit-elle en prenant la dague laissée sur la table. Elle regarda sa lame et toute sa bonne humeur sembla disparaître.

Elle a l'air vraiment tranchante dit-elle pensivement.

K-Joe saisit sa main doucement, puis retira la dague délicatement. Mara sembla revenir à elle.

- J'y tiens énormément, c'est en partie pour elles que j'ai perdu mon bras. Elles appartiennent à la grande prêtresse de ma secte et...

- Oh c'est ta femme ?

K-Joe recracha d'un coup tout ce qu'il était en train de mâcher.

- QUOI ?! Non mais pas du tout ! Répondit-il abasourdi par cette question.

- Ah pardon vu comment tu as l'air d'y tenir j'ai cru que... Enfin bref et qu'est-ce qu'une secte ?

K-Joe prit bien le temps de peser ses mots tout en essuyant ses cochonneries avant de répondre à ça.

- C'est une communauté de... sorciers qui tous ensemble vénère un...dieu.

- Oh et tu l'as déjà rencontré ?

- Qui ça ?

- Le dieu ?

Il repensa à tous ce qu'il s'était passé avec Gilbert et sa rencontre avec le dieu maléfique.

- Oui. A moi de poser des questions !

- Ok dit-elle en se préparant sur sa chaise.

- Tu as dit que nous étions hors du temps sur la plage. Et j'aurais dû repartir dans mon monde il y a déjà bien longtemps. Qu'est-ce que ça signifie exactement ?

- Ouah, euh... Tu ne commences pas par la plus facile dit-elle en rigolant.
Ici nous sommes dans une prison dorée... Ma prison dorée. Le temps est stoppé ici. Il y a de la nourriture à foison, il fait toujours beau et j'ai toute l'île pour moi et George. Mais je ne peux pas partir d'ici. Un enchantement me bloque et fait en sorte que ce soit un paradis à vivre. Dit-elle avec un faux sourire.

Ça situation bien que meilleur faisait écho à la situation de K-Joe.

- Qui t'as infligé ça ? Demanda-t-il.

- Mon père.

Voyant la surprise et l'incompréhension de K-Joe elle devança sa prochaine question.

Il l'a fait pour me protéger. Je... Je suis maudite. Et l'enchantement annule cette malédiction. Tant que je reste ici je ne suis un danger pour personne.

- Depuis combien de temps es-tu ici ? Demanda-t-il compatissant.

Elle fit mine de répondre mais aucun mot ne sortit de sa bouche. Juste des larmes sur ses joues. K-Joe la prit dans ses bras et lui fit un câlin.

Je suis désolé, j'ai été bête de poser cette question.

Elle est comme moi se dit-il. Elle resta dans ses bras pendant un long moment. C'était agréable et triste de rencontrer quelqu'un qui vit la même chose que soi. Quand elle se releva le soleil se couchait projetant des couleurs fabuleuses dans le ciel. Sa bonne humeur revint.

- Il est temps d'aller dormir dit-elle.

- Ah, oui euh... d'accord. Tu as un lit pour moi ou je m'installe dehors ?

Elle le regarda dans la plus grande incompréhension. Elle finit par pouffer de rire et lui dit.

- Qu'est-ce que tu racontes ? Tu dors avec moi et George. Pose tes affaires sur la table, il est hors de question que tu dormes avec ses vêtements dégouttant dans mon lit. Il y a une barrique d'eaux chaudes ici, tu vas te laver maintenant on s'occupera de tes vete...

Elle s'arrêta devant le visage déconfit de K-Joe.

Quoi j'ai dit une ânerie ?

- Tu... Tu veux que... moi je dorme nu... avec toi ? Demanda-t-il rouge comme un diable.

- Oui, mais avant tu prends un bain. Répondit-elle tout naturellement.

Il se dirigea vers la barrique pas un mur ne protégerait son intimité du reste de la salle. C'est le moment le plus gênant de toute ma vie se dit-il. Il lui tourna le dos et commença à essayer d'enlever ses habits. Avec une seule main les choses évidentes devenaient très compliquées. Elle l'aida alors à retirer ses vêtements. K-Joe voulut garder son pantalon mais elle tira un coup sec dessus. Il bondit comme une foudre dans la barrique essayant de cacher son intimité le plus possible. Ravi d'avoir récupéré ses affaires elle les laissa tremper dans une autre barrique. Puis elle se tourna vers lui.

- Il y a un savon là et la chambre est en haut des escaliers. Bonne nuit dit-elle en souriant.

- Dans quoi est ce que je me suis encore fourré moi marmonna-t-il dans son bain.

En vrai K-Joe n'avait pas été aussi bien depuis une éternité. Ça ressemblait à un véritable paradis pour lui. Déjà ne plus devoir retourner dans le vide était une bénédiction. Manger à sa faim en était une autre. Et Mara... Il rougit et plongea sa tête dans l'eau pour se calmer. Il resta dans le bain longtemps après s'être savonné, se demandant s'il allait vraiment monter dormir avec elle. C'est quand même profiter de son innocence... Qu'aurait fait les autres gars de la secte à ma place se demanda t'il... Mouais... Pas sûr que ce soit un bon exemple... Il finit par sortir, s'essuyer, puis il alla voir dans la barrique, son pantalon était trempé.

Bordel !

Il faisait nuit noir dehors. Las de réfléchir, et épuisé par cette étrange journée, il monta les escaliers. Le lit était assez large à son grand étonnement. Dormait-elle vraiment ou faisait-elle semblant. En se rapprochant il se cogna contre une poutre en bois. Ça fait mal ! Le plafond était drôlement bas ! Il finit par se décider à entrer dans le lit tant bien que mal avec un seul bras. K-Joe essaya en entrant de surtout ne pas rentrer en contact avec elle de quelque manière que ce soit. Il ne sentit pas George entre elle et lui. Une fois bien installé Mara se rapprocha jusqu'à se coller à lui. Elle était nue également ! K-Joe se raidit il ne savait plus quoi faire. Il n'osait plus bouger un seul membre. Marra lui murmura à l'oreille :

- Tu seras toujours là demain ?

K-Joe se détendit. Je ne sais pas quel sort est le pire entre le sien et le mien...

- Toujours.

Elle lui fit un bisou sur la joue et s'endormit collée à lui. Comment vais-je dormir comme ça moi ? Et vais-je encore pouvoir dormir dans un lit. Je ne me souviens même pas de la dernière fois que j'ai dormi dans un lit. Quand à être en contact aussi intime avec une femme. Jamais. K-Joe se détendit et sourit de cette situation certes improbable mais merveilleusement agréable. Il s'endormit d'une traite.
Une douce mélodie le tira de son sommeil. Il était seul dans le lit. Il n'avait pas dormi comme ça depuis des mois ? Des années ? Mara chantonnait en bas. Elle chantait faux parfois mais sa mélodie était apaisante. Une réalité vint tirer K-Joe de son flânage. Il ne pouvait que descendre nu, ses vêtements était en bas ! Il chercha partout autour de lui quelque chose à se mettre. La chambre sous comble avait effectivement un plafond très bas. Mais rien ne pourrai faire office de pantalon. Étais-ce si important maintenant qu'ils avaient dormi nu collé l'un a l'autre ? Non K-Joe était trop gêné. Il descendit avec une des étoffes du lit enroulé autour de lui. Il avait très chaud mais son intimité était sauve. Mara le vit elle ne comprit pas pourquoi il était accoutré ainsi.

- Bonjour lui dit-elle avec un grand sourire.
Son sourire était bien plus chaleureux qu'un brasier solaire.


- Bonjour.

- Bien dormi ?

- Oui... Je crois. Et toi je ne t'ai pas gêné au moins ? Il déglutit en posant sa question.

- Non, non. J'ai oublié de te demander ton nom hier. J'étais tellement excité. Lui dit-elle avec un sourire malicieux.

- Je m'appelle K-Joe.

Voyant qu'il regardait à droite à gauche elle lui dit :

- Si tu cherches tes vêtements ils sont en train de sécher dehors. Je les ai lavés. Par contre il faudra faire quelque chose pour le haut parce qu'il est en piteux état.

- Il est vrai que je lui ai mené la vie dure.

Il sortit dehors son pantalon était sec. Il le mit en quatrième vitesse. Le reste n'était plus mettable dans tous les cas. Je ne sais pas ce qu'elle compte faire mais il y a peu de chance que je remette ça se dit-il. Il regarda l'océan, c'était magnifique, il leva la tête, ferma les yeux. La chaleur était tellement agréable. Des mains l'enlacèrent doucement. Mara s'était collée à son dos.

Tu vois je suis toujours là.

- Oui dit-elle dans un rire sanglotant.

K-Joe apporta une compagnie inespérée à Mara qui était seule sur cette île depuis très longtemps. Elle attendait le retour de son père, mais depuis le temps qu'elle était ici, il était sans doute mort. Son enchantement demeurait néanmoins. Un puissant enchantement arrêtant le temps et permettant de vivre simplement et idylliquement sur cette île. C'est ce que firent K-Joe et Mara se confiant l'un à l'autre un peu plus chaque jour. Il finit par la convaincre que George n'était qu'un fruit et que la solitude et l'isolement nous faisait perdre la raison. Il parla de ses cookies pour appuyer ses propos. Après plusieurs jours de négociation, ils dirent adieux à Georges. Elle créa à partir des anciens, de nouveaux vêtements pour lui et adéquats pour son handicap. Ils parcoururent l'île de long en large jusqu'à ce que, comme Mara, K-Joe connaisse le moindre cm². Il lui raconta ses mésaventures au sein de la secte, Gilbert, son âme relié au néant et Frar. Ce jour-là elle prit conscience à quel point ils étaient proches et se comprenaient tous les deux. Le soir même Mara abandonna son innocence et K-Joe sa gêne. Nous sommes dans le domaine du privé ici je ne rentrerais donc pas plus dans les détails. Combien de mois ? Années ? Avaient-ils passé ensemble. Ils ne le savaient pas. Personne ne le savait et ne le saurait jamais. K-Joe et Mara vécurent les meilleures moments de leurs vies sur cette île. Ils ne purent malheureusement pas avoir d'enfants, l'enchantement de son père y veillait. Ce fut une grande douleur pour eux. Elle souhaitait quitter cette île et voir d'autres mondes au moins une fois dans sa vie. K-Joe voulait la rendre la plus heureuse possible. Il proposa donc une solution, Mara pourrait s'agripper à lui, rentrer doucement avec lui dans la dimension du vide en laissant sa tête en dehors pour ne pas s'asphyxier. Ainsi son corps s'habituerait au néant. Ensuite elle retiendrait son souffle, K-Joe les propulserait dans le vide et ouvrirait une porte non loin du repère de l'île. Ils découvriraient un nouveau monde sans pour autant perdre la possibilité d'un retour chez eux. K-Joe serait à nouveau soumis à la dimension du vide mais qu'importe il aurait fait n'importe quoi pour elle. Ils essayèrent donc. Le plus grand angoisse de K-Joe fut le moment où il la propulsa dans le néant avec lui. Rien ne leur assuré que ça fonctionne. Mara passa le portail et lui sourit tout en retenant son souffle. Ça marchait ! Il ouvrit un portail qui débouchait sur une prairie en zone montagneuse avec une route commerciale assez fréquenté à côté. Le soleil se levait, Mara n'en crut pas ses yeux en sortant, c'était tellement différent du paysage qu'elle avait l'habitude de voir. Elle embrassa K-Joe et le serra très fort.

- Merci infiniment, je t'aime.

Puis elle se dirigea vers les voyageurs sur la route en les saluant. K-Joe était heureux, la voir aussi radieuse était une grande joie pour lui. Puis il remarqua un phénomène étrange autour d'elle.

- Mara !

Elle se retourna puis regarda autour d'elle comme lui indiquait K-Joe. L'herbe si verte, mourrait, formant un cercle d'herbes mortes autour d'elle. Et le cercle grandissait.

- Oh non. FUYEZ ! Hurla-t-elle au passant qui ne comprenait pas ce qu'il se passait. Elle se retourna vers K-Joe qui commençait à avancer vers elle. Elle lui fit un geste pour lui dire de s'arrêter.

Ne rentre pas là-dedans tu mourrais.

- Je peux te ramener sur l'île, en créant un portail. Il essaya de créer un portail sous elle mais il se désintégra immédiatement.

- Je veux que tu fasses quelque choses pour moi mon amour.

Elle plongea ses yeux dans les siens. Les mots étaient inutiles, il sut ce qu'elle attendait de lui. Mais en était-il capable ? Non il devait forcement y avoir une autre solution !

Un homme curieux qui n'avait pas entendu leur conversation avait quitté la route pour venir vers Mara. En entrant dans la zone morte, il se décomposa abruptement dans d'affreux cris de douleurs provoquant la panique chez les autres voyageurs. K-Joe dû commencer à reculer la zone était quasiment sur lui.


- Si tu ne le fais pas maintenant, ce monde est perdu ! Elle le suppliait en larmes.

Les arbres, les plantes, l'herbe tout était en train de mourir. Certains voyageurs avaient été rattrapés par la zone et se décomposaient dans la panique et les cris. K-Joe était obligé de s'éloigner de plus en plus. Bientôt il ne pourrait plus l'atteindre. En même temps qu'il se résigna, il lança la dague de jet sur Mara, espérant que la dague se désintégrerait dans la zone. Il n'en fut rien. La dague fendit l'air jusqu'à son coeur. La zone arrêta de s'étendre K-Joe se précipita dedans, il réussit à la rattraper alors qu'elle chutait vers le sol.

- Ça va aller, on va te soigner et on rentrera chez nous, tiens bon ! Je suis vraiment désolé.

- Ne pleure pas... je... savais ce qui... allait se passer lui avoua t'elle péniblement.

- Pourquoi ?! Lui demanda K-Joe en pleurs.

- Pardonne-moi.

- Je vais te sauver économise tes forces. Je suis désolé.

- K-Joe... ? Ne... m'enterre pas sur l'Île... s'il te plaît.

- Ne dis pas ça Mara. Mara ? ...

Le corps sans vie de Mara reposait dans ses bras. Il la serra fort contre lui. Il resta ainsi pendant longtemps.

Des gardes arrivèrent pour constater les dégâts. Ils menacèrent K-Joe qui les élimina tous a travers des portails sauf un. Le visage en pleurs il lui demanda :


- Où se trouve le lieu le plus beau et le plus sacré de ces montagnes ?

Le jeune soldat désemparé par son impuissance indiqua la direction d'un lac sacré en haute montagne. K-Joe le tua une fois l'information obtenue. Il retourna avec le corps de sa bien-aimée dans le néant. Il la garda contre lui tout le temps. Il atteignit le lac le lendemain matin. Il entra dans l'eau jusqu'à ce qu'elle soit au niveau de son ventre. Il l'embrassa une dernière fois et la serra fort contre lui. La laisser partir était un déchirement. Le corps flotta jusqu'au milieu du lac puis sombra au bout d'un moment. K-Joe vint se recueillir en ces lieux pendant des mois. Il pensa plusieurs fois aller la rejoindre. Mais il ne trouva jamais le courage de le faire.
Il retourna sur l'île mais malgré ses aspects paradisiaques, ce lieu était bien trop douloureux pour lui. K-Joe repartit dans le néant, il était à nouveau seul.

Edité 9 fois, dernière édition par maitredragon Le 09/09/2020

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maitredragon - Chevalier - Le 15/09/2020

K-Joe regardait son verre accoudé au comptoir. Quel était cet alcool déjà ? Une liqueur du patron. Pas mal, manque un peu de punch mais ça restait buvable. Il tourna la tête en direction de l'entrée. Un nouveau client entra, pile à l'heure pensa K-Joe. Il attendit que le jeune homme approche du comptoir. Une fois à portée de main il créa un portail sous les pieds de sa cible. Le jeune en tombant percuta tête la première le comptoir avant de sombrer dans la dimension du vide. K-Joe attrapa un de ses bras et le retint dans sa chute.

- Si tu penses transplaner pour t'en sortir, Rolland je te conseille d'éviter. Ma porte se refermera plus vite et te tranchera en deux. Et si je te lâche tu meurs.

- Qu'est-ce que vous me voulez ?
Demanda le jeune arpenteur encore un peu sonné et apeuré

- Je veux que tu m'emmène à Sondèce.

- Il n'y a rien là-bas c'est une ville fantôme.


K-Joe fit mine de le lâcher.

OK ! OK ! On y va.

Les deux hommes transplanèrent laissant l'auberge dans l'incompréhension la plus générale. Une fois arrivés devant la ville, K-Joe sût immédiatement qu'il touchait enfin au but. Heureux comme tout il créa un portail sous les pieds de Rolland et fit en sorte de le bloquer au niveau de la taille. Il se tourna vers lui.

- Rappelle-toi, si tu tentes de t'échapper ou si je meurs tu seras coupé en deux.

Rolland déglutit. Le portail l'enserré étroitement autour de la taille.

Le mieux que tu es à faire c'est de rester là sans bouger. J'en ai pour quelques minutes dit K-Joe en se dirigeant vers l'entrée de la ville.

Ma quête touche enfin à sa fin se dit-il. Il remonta les quartiers fantômes et les rues désertes jusqu'au plus grand bâtiment de la ville. Il n'y avait personne, ni habitants, ni animaux, ni végétation etc. Rien. La cité était lugubre mais K-Joe s'en fichait. Il atteint l'entrée du bâtiment. La porte était scellée par une puissante magie. Du mana bleu pensa K-Joe. Il créa alors un portail et le traversa. Il se retrouva à l'intérieur du bâtiment. Si l'extérieure faisait abandonné, l'intérieure, lui, n'avait rien à voir. Il avait atterri dans une grande salle aux vitraux géants montant jusqu'aux plafonds. Des bibliothèques garnies de livres longeaient tous les murs. Une fontaine au centre avec divers artefacts qui flottaient autour donnait un son de ruissellement dans toute la pièce. Un buffet de nourriture était également là et le fit saliver. Des escaliers dans le fond montaient vers d'autres étages et probablement d'autres pièces avec des livres et artefacts magiques à perte de vue. L'endroit était clairement habité et pourtant, personne à l'horizon. K-Joe descendit doucement les escaliers devant lui en direction de la fontaine et du buffet. Arrivé là il prit un fruit et le dévora rapidement, puis, il continua à avancer. Un énorme bureau dans un coin était remplit de feuilles de brouillon, livres et objets en tout genre. Comment pouvait-on s'y retrouver dans un tel bazar. L'entretien laissait clairement à désirer m'enfin c'était quand même une meilleur ambiance que dehors pensa-t-il. Soudain un vieux monsieur apparut au fond de la pièce des livres plein les mains. Il se stoppa net en voyant K-Joe faisant tomber tous les livres à ses pieds. Il semblait ravi de voir quelqu'un et en même temps méfiant. Etais-ce lui se demanda K-Joe. Il n'y a qu'un moyen de le savoir.

- Es-tu le célèbre mage du temps, Temiun ?

- Oui c'est bien moi
répondit ravi et curieux le vieil homme.

K-Joe ne put contenir sa colère, à l'aide de ses portails il arriva juste derrière Temiun, le frappa dans les côtes avec le pommeau d'une dague et le plaqua contre les étagères de livres la lame sur son cou.

- POURQUOI ?! hurla K-Joe

Temiun ne comprenait pas. Il avait du mal à reprendre son souffle. K-Joe essaya de se calmer et de réprimer son envie irrépressible de lui trancher la gorge.

Pourquoi l'as-tu laissé sur cette île autant d'années ?! Ta propre fille !

Temiun écarquilla les yeux de stupeur. Il demanda péniblement.

- Vous... connaissez Mara ?

- Tu aurais dû aller la voir ! Quel père fait ça ?!
K-Joe força sur la dague qui commença à couper la peau du cou.

- Je... n'avais pas... le choix.

- Foutaises !

- Si elle... été restée... ici... elle serait... morte.

- ELLE EST MORTE DE TOUTE FACON !
Hurla K-Joe.

Des larmes tombèrent sur ses joues, il lâcha la dague qui tomba par terre. Il recula doucement sous le choc de ce qu'il venait de dire. Même cinq ans après il était toujours marqué parce qu'il s'était produit. Il glissa le long de la bibliothèque et s'assit au sol en pleurs. Temiun était dans le même état et fit de même. Après plusieurs minutes il put enfin demander :

- Comment cela s'est-il produit ?

K-Joe essuya ses larmes, il n'avait pas vraiment envie de raconter ça, mais avait-il vraiment le choix.

- Votre fille et moi étions intimes. Nous vivions ensemble sur l'île. Mais elle était là depuis très longtemps et elle a voulu aller voir d'autres mondes. J'ai trouvé la solution et nous avons quitté l'île il y a cinq ans. A notre arrivée tout c'est décomposé sous ses pieds et j'ai été obligé de...

il ne put finir cette phrase, sa voix se brisa de remords. Temiun se mit à pleurer lui aussi. Il réussit a retrouvé son calme après plusieurs minutes.

- Était-elle heureuse ? demanda-t-il en réprimant un sanglot

- Je crois... j'espère répondit K-Joe lui aussi en refoulant sa tristesse

Les deux hommes restèrent là pendant un moment, essayant de se remettre. Temiun esquissa un sourire amer et dit :

- Ca aurait fait 589ans qu'elle aurait été sur cette île.

- Comment vous pouvez savoir ça ?!
répondit agressivement K-Joe.

- Les enchantements ont été crées en même temps sur l'île et ici.

- Quel était le but ?! Et vous ne pouviez pas au moins lui expliquer plutôt que de lui laisser cette note ridicule !


K-Joe sortit d'une poche une note que Mara lui avait lue à l'époque. Celle-ci écrite par son père disait :

« Ma très chères Mara, je suis désolé de devoir te laisser ici comme ça. J'ai veillé à ce que tu ne manques de rien. Ici tu seras hors du temps jusqu'à ce que je trouve un moyen d'annuler ta malédiction. Je viendrais te récupérer n'en doute jamais. Ton père qui t'aimes. »

K-Joe lança le bout de papier sur Temiun et lui dit rageusement :

- Vous ne pouviez pas faire plus que ça ?!

- Comment osez-vous ! Vous débarquez ici en colère, vous m'agressez ! Mais vous ne savez rien de cette histoire ! J'ai passé 589 ans cloitré ici afin de trouver une solution à sa malédiction ! Et vous me hurlez que tout ceci n'a servi à rien ! PARCE QUE VOUS AVEZ TUÉ MA FILLE !

- POURQUOI NE PAS ETRE REVENU LA VOIR ?! POURQUOI NE PAS L'AVOIR GARDÉ ICI AVEC VOUS ?!

- PARCE QUE JE NE SUIS PAS UN ARPENTEUR BORDEL ! Et quand bien même ! Avez-vous une idée de ce que c'est de voir son enfant enfermé sans qu'on ne puisse rien y faire !


K-Joe ne pouvait savoir ça. Bien que prêt à être parent, ce rêve ne se réalisa et ne se réalisera probablement jamais. Toutefois il lui manquait trop d'informations dans cette histoire avant de tuer cet homme. Il prit la dague de jet, se releva et menaça Temiun avec.

- Qui l'a maudite ?!

Temiun fut parcouru d'un frisson de peur. Il hésita plusieurs fois avant de le dire puis se rétracta à chaque fois. Il finit par lâcher :

- A quoi bon ? Plus rien n'a d'importance maintenant. Vous pouvez m'achever.

Le vieil homme avait abandonné l'idée de vivre à l'annonce de la mort de sa fille. Toute sa vie n'avait servi à rien. Il voulait juste en finir. Venu pour ça, K-Joe ne pouvait toutefois exaucer ce souhait sans connaître le fin mot de l'histoire. Il s'accroupit devant lui.

- Je mettrai fin à vos souffrances mais je dois savoir qui l'a maudite. Je vais lui faire payer au centuple !

Temiun sourit amèrement.

- Si seulement c'était possible... Mais aussi puissant que vous puissiez être vous n'en ferez rien. Tout ceci vous dépasse complètement.

- Dites-moi.


Il regarda le visage déterminé de K-Joe. Hésita encore, souffla de lassitude et se mit à raconter.

- C'était il y a sept ans ou huit peut-être, une arpenteuse est venue me voir elle voulait que je lui donne les pierres à mana sur lesquels je travaillais. J'ai refusé, elle les a pris de force son pouvoir étant bien au-delà du mien. Pour me faire payer mon affront envers elle, elle maudit Mara avant de disparaître. A son réveil, Mara a décomposé tout ce qui était vivant dans cette ville. J'étais dépassé et je ne savais pas comment la sauver. J'ai pu fort heureusement appeler un vieil ami arpenteur à ma rescousse. Il a réussi à assommer Mara. Nous avons créé ensemble les bulles hors du temps à l'aide des pierres à mana qui nous restait. Toutefois je craignais qu'elle revienne chercher les autres pierres ou encore qu'on veuille faire payer la mort de toute la cité à ma fille. Alors j'ai décidé de mettre Mara en lieu sûr avec l'aide de mon ami. Ce-dernier est parti pour tuer notre voleuse et depuis je ne l'ai jamais revu. En 589ans j'ai échoué à trouver une solution dit-il mélancoliquement aux bords des larmes.

- Son nom ? Et le nom de son monde ? C'est comme ça que j'ai réussi à vous trouver.

- Les arpenteurs ne sont pas sédentaires mais, elle, vous l'a trouverez sur Fraustma. Elle y règne comme une déesse.

- Son nom ?

- Axelle.

- C'est tout ?

- C'est tout ce que je sais.


K-Joe tira Temiun par une épaule pour le relever puis il plongea ses yeux dans les siens.

- Vous avez une préférence ?

- Le coeur
dit-il prêt.

K-Joe planta la dague profondément dans son coeur et le soutint jusqu'au sol. Temiun posa une main sur la joue de K-Joe.

- Merci dit-il reconnaissant. Elle vous... parlez de moi ?

- Oui. Vous lui manquiez beaucoup.

- Elle m'a... tellement...


Il ne finit pas sa phrase. Le vieil homme était mort les larmes aux yeux. Autant de souffrances... Quel gâchis pensa tristement K-Joe. En cinq ans il avait imaginé plusieurs fois cette rencontre mais rien ne c'était vraiment passé comme prévu. Après avoir laissé Mara, il avait exploré monde après monde à la recherche de cette cité ou de quelqu'un qui pourrait la connaitre, elle ou Temiun. Il avait mis cinq ans pour finalement y parvenir. Ce n'était pas le moment d'être déçu, une nouvelle destination l'attendait. Il reprit ses dagues et sortit du bâtiment, puis retourna voir Rolland. Pour lui, il était parti à peine dix minutes.

- Nous avons une nouvelle destination mon cher Rolland. Peux-tu m'amener à Fraustma ?

Ce nom déclencha une réaction de choc et de peur chez lui. Parfait il peut m'y emmener se réjouit K-Joe.

Tu seras libre une fois que tu m'auras emmené là-bas.

- Je serai surtout mort si je pose un pied là-bas. Hors de question d'y aller.

- Si tu m'y emmène pas je te tue ici et maintenant et ce ne sera pas sans douleur.


Il resserra le portail qui commença à compresser Rolland. Il gémit et finit par accepter.

- D'accord, d'accord ! Mais une fois arrivé vous me laissez repartir de suite.

- Ca me va
répondit K-Joe en tendant sa main à Rolland.

Ils transplanèrent devant une citadelle blanche comme l'ivoire, au milieu d'une prairie d'herbe verte et au ciel si bleu que s'en était irréel. Le paysage était magnifique.

Tu peux y aller maintenant dit K-Joe contemplatif à Rolland.

Ce dernier voulut partir mais au dernier moment une fumée noire l'enveloppa. Il se mit à implorer le pardon de la femme qui venait d'apparaître devant eux. La fumée l'emplit entièrement étouffant ses cris pour finalement se dissiper ne laissant strictement rien. La femme tourna sa tête et toute son attention vers K-Joe. Elle était blonde plutôt jolie même si elle n'arrivait pas à la cheville de Mara. Elle était en tenue de combat et portait à la ceinture une épée assez longue. On aurait dit un véritable chevalier blanc. Néanmoins son visage renvoyé tout sauf un code de chevalerie. K-Joe brisa ce silence de mort.

- Es-tu Axelle ?

A cette question elle parut déçue.

- Eh bien, eh bien... Je te trouve bien impoli pour un petit moucheron qui ose souiller mon domaine.

- Je prends ça pour un oui.
Il dégaina une dague.

- Oh ! Quelle magnifique dague !

K-Joe créa une dizaines de portails autour d'elle et un sous lui. En tombant dedans il ressortit et alla à grande vitesse d'un portail à un autre. Essayant à chaque passage de lui mettre un coup de dague. Sans succès elle arrivait à anticiper chacune de ses attaques. Il lança la dague qu'il avait en main dans un portail et s'arma rapidement de l'autre pour pouvoir l'attaquer de deux côtés en même temps. Elle stoppa la dague avec deux doigts et attrapa K-Joe en esquivant son coup, pour le plaquer violemment aux sols. Puis elle dégaina d'une main sa longue épée et trancha tous les portails en quelque secondes. Ils disparurent pendant qu'elle empalait son épée dans l'épaule du bras amputé de K-Joe pour le maintenir au sol. K-Joe hurla alors qu'elle contemplait la dague qu'elle avait attrapée en vol.

Magnifique ! dit-elle enthousiaste. Je veux connaître la personne qui fabrique ces dagues.

- Tu peux aller te faire mettre pour que je te dise quoi que ce soit !

Elle rangea la dague à sa ceinture et le regarda en souriant.

- Mais je n'ai pas besoin que tu me dises quoi que ce soit mon chéri dit-elle en s'accroupissant.

Elle posa sa main sur la tempe de K-Joe qui ressenti immédiatement une douleur inimaginable, bien pire que celle qu'il avait enduré quand il se liquéfiait. Il sentit malgré la douleur insupportable qu'elle était en train d'accéder à tous ses souvenirs. Elle finit par se relever retirant sa main après un moment qui sembla une éternité à K-Joe. Elle reprit son épée la nettoya puis la rengaina. Elle commença à avoir un fou rire. K-Joe ne comprit pas mais il n'était plus vraiment conscient de tout après une telle souffrance. Il essaya de se relever, il finit par y arriver après plusieurs tentatives. Axelle venait à bout de son fou rire.


- AH ! Mes aïeux ! Il s'est vraiment enfermé, lui et sa fille aussi, 600ans pour essayer de la guérir ? D'une malédiction permanente que même moi je ne saurais défaire ? AH AH AH AH AH AH ! Quel imbécile ! Je l'avais complètement oublié celui-là. AH ! Ça fait du bien.

K-Joe était sidéré et tenait à peine debout. Il articula péniblement :

- Les pierres... il pensait que... tu viendrais pour les récupérer.

- C'est ça qui est drôle ces pierres ne me servent à rien. Je pensais qu'elle me serait utile mais non. Elles ne sont pas assez robustes. Elles ne me servent à rien ! Et l'autre qui croyait... AH AH AH AH AH !


Tout ça pour rien réalisa K-Joe avec amertume et colère.

Et cet arpenteur qui sortait de nulle part était là pour ça. Ah ! Tellement minable. Enfin lui au moins m'a offert un duel un peu plus intéressant que toi.

K-Joe avait la rage mais dans son état toute chance de victoire était compromise.

Bon ! C'est l'heure pour toi de souffrir et ensuite mourir lui dit-elle le visage rayonnant.

Tout en prononçant ces mots la prairie tout autour de K-Joe se remplit d'une eau noire qui montait encore et encore. K-Joe essaya de se débattre par peur de la noyade mais l'eau montait rapidement. Une fois complètement sous l'eau K-Joe pouvait respirer et ne flottait pas. Pourtant il n'y avait pas de sol. Toujours une dague en main il restait sur ses gardes même s'il était assez clair qu'il ne pourrait rien anticiper dans son état. C'était le noir total. Une silhouette commença à apparaître face à lui. Lorsqu'elle fut suffisamment proche, K-Joe n'en crut pas ses yeux.


- Frar ?!

- Pourquoi tu ne m'as pas sauvé ? Pourquoi tu n'étais pas là ?

- J'ai... Je... suis désolé
dit-il en se dirigeant vers le gamin.

Ce dernier à son approche lui mit un coup d'épée dans la jambe avant de disparaitre. Une nouvelle silhouette apparut. C'était Mara. K-Joe voulut la rejoindre, mais plus il se rapprochait et plus elle s'éloignait.

- Pourquoi tu ne m'as pas assommez ? Nous aurions été heureux sur notre île.

- Je ne pouvais pas
dit-il désespéré.

Elle lança une dague sur lui, il essaya d'esquiver mais sans succès. Il prit le coup dans l'autre jambe et tomba à genoux. Une nouvelle silhouette approcha, c'était la grande prêtresse elle-même armée de la sacrificielle.

- Tu as trahi notre secte, je te condamne à mort pour t'être rebellé contre notre vénéré Dark MoGwaï (GàL !).

K-Joe ne sut pas quoi dire. Il renonça et baissa la tête. Arwen enfonça la lame sacrée dans sa poitrine. Alors qu'il était à l'agonie il eut un éclair de lucidité. La lame n'aspirait rien. Ce n'est pas la sacrificielle !

Tu n'es pas la grande prêtresse ! Hurla-t-il en plantant rageusement sa dague dans les côtes d'Arwen. L'océan disparu pour laisser apparaître Axelle et K-Joe, leurs armes plantées l'un dans l'autre.

- Je t'ai eu lui dit-il au bord de l'évanouissement.

- Oh. Tu le crois vraiment ? C'est mignon lui rétorqua-t-elle avec un sourire malicieux.

Soudain la dague parut être enfoncée dans rien. Le corps d'Axelle se transforma en une fumée noire de morts déferlant sur K-Joe. C'était la fin.

K-Joe se retrouva à nouveau dans une obscurité profonde mais ce n'était pas une illusion cette fois-ci. Suis-je mort se demanda-t-il. Une voix familière lui dit :


- Pas loin mon ami.

Il se retourna et le vit devant lui.

- Gilbert.

- Eh bah elle ne t'a pas raté mon cochon. Besoin d'un coup de main ?

- Je t'ai vu mourir
dit K-Joe dans l'incompréhension mais il alla quand même lui faire un câlin.

- T'as l'air d'en avoir bavé en mon absence gamin lui dit-il en lui rendant son étreinte.

- Tu es mort ?

- Je suis mort.

- Alors quoi t'es une image de mon subconscient ?

- Waouh ! Ça c'est bizarre comme idée même pour toi.
Lui dit-il en arrêtant le câlin.

- C'est censé vouloir dire quoi ?

- Des saucisses murales et des cookies en slip... Sérieusement...


Ok il marque un point concéda K-Joe.

- Même deux.

- Je suis mort moi aussi ?

- Pas encore, je peux t'éviter ça.

- Ah non ! La dernière fois on sait tous les deux comment ça a fini ! Et d'ailleurs pourquoi tu as fait ça ? Hein ! Tu m'as laissé tout seul maudit dans cette foutue dimension !

- J'aurais pu le battre !

- Bien sûr que non ! Sois honnête il t'a écrasé ! Et il y a une raison très simple à ça ! Personne ne croit en toi ! PAS MEME MOI !


Gilbert ne dis rien et K-Joe regretta ses mots.

Excuse-moi je suis un peu à cran, j'ai passé une mauvaise journée.

Gilbert sourit.

- Une mauvaise journée hein ? T'es en train de mourir. Ton plan de vengeance est tombé à l'eau. Je vais y aller moi dit Gilbert en lui tournant le dos.

- Attends ! J'ai... j'ai besoin de ton aide. Et ce n'est pas vrai... je... je croyais en toi.

Gilbert se tourna vers lui.

- Je peux t'aider mais ça ne durera que quelques minutes je ne pense pas tenir plus.

K-Joe ne comprit pas, d'habitude il n'avait aucune limite.

Ton sort et le mien sont assez proche finalement dit-il avec un sourire énigmatique.

- Ou étais-tu quand j'ai affronté le Gitrodon ? Quand j'ai perdu mon bras ? Quand j'ai perdu... Mara ? Pourquoi maintenant ?

- Qui sait... Es-tu prêt ?


K-Joe savait ce que ça signifiait. Il détestait cette sensation mais il n'avait pas de meilleure option. Il tendit la main vers le dieu déchu. Celui-ci commença à enserrer la main de K-Joe puis remonta le long de son bras jusqu'à son visage. On a beau la connaitre c'est vraiment une sensation désagréable. Tout son corps ne lui appartenait plus. Avant d'être complètement corrompu il lui dit :

- Gilbert ! Ne guérit pas mes blessures !

Gilbert répondit dans sa tête qu'il mourrait dans ce cas-là. K-Joe se mit à rire.

Ce n'est pas si mal de mourir.


Axelle vit sa fumée de mort commençait à être aspirée. Elle qui était déçue de ce piètre duel, elle ne comprenait pas ce qui était en train de se produire. Une fois entièrement avalé K-Joe ouvra la bouche pour laisser échapper une fumée noire et un soupir de contentement. Comme s'il avait bien mangé. Elle recula laissant son épée dans son ventre. Il tourna sa tête vers elle, ses yeux crépitaient d'énergies maléfiques. Axelle fit encore un pas en arrière et demanda :

- Qui es-tu ?!

K-Joe la dévisagea comme si c'était un vulgaire insecte, ce qui l'énerva beaucoup.

Tu vas répondre !

- Je suis le néant.


K-Joe élança son moignon vers elle. Une main noire chargée d'énergies démoniaques en sortit et s'étira jusqu'au buste d'Axelle qui n'eut pas le temps de réagir. La main sembla agripper quelque chose à l'intérieur d'elle. Il ramena sa main et arracha son étincelle d'arpenteuse. Elle tomba au sol en hurlant de douleur. Elle cracha du sang et regarda K-Joe. Celui-ci contemplait son étincelle. Puis il la regarda avec un sourire sadique.

Tu n'es rien.

Il éclata l'étincelle dans sa main déclenchant un terrible cri de douleurs d'Axelle. K-Joe revint à lui et entendit la voix de Gilbert dans sa tête. "Finit le travail".
Toute l'énergie démoniaque se dissipa. K-Joe était blessé sévèrement à l'épaule, aux jambes et avait une épée qui le transperçait de part en part. Il tenait à peine debout mais il avança doucement en titubant vers Axelle qui gisait au sol. Elle se rendit compte du danger alors qu'il avait toujours une dague en main. Elle était incapable de se lever et commença à ramper à l'opposé de K-Joe qui la rattrapait de plus en plus. Elle était terrifiée.


- Non ! N'approche pas ! Laisse-moi ! Je suis une déesse ! Laisse-moi tranquille !

Elle se retourna et lança un sort vers K-Joe, elle mit tout ce qui lui restait dedans. Il le prit de plein fouet. S'arrêta un moment puis la regarda haineusement. Il hurla alors qu'il plongeait sur elle et enfonça la dague profondément dans son torse. Puis la ressortit et la planta encore et encore une fois. Le sang gicla de partout mais K-Joe ne pouvait s'arrêter il était dans une transe rageuse. Il frappait encore et encore alors qu'Axelle était déjà morte.

Lorsqu'il s'arrêta, le corps était en charpie et K-Joe couvert de sang de la tête aux genoux. Il rengaina la dague et reprit celle à la ceinture de la défunte. Il voulut la remettre dans l'encoche de son vêtement spécialement cousu par sa bien-aimée. Mais la dague tapée contre l'épée plantait dans son ventre et ne pouvait plus rentrer dans son encoche. Il sourit et pensa à Mara.


C'est bien comme ça ? lui demanda-t-il, mais aucune réponse ne vint. Il finit par s'effondrer sur le côté. Il est temps de se reposer un peu se dit-il en souriant avant de perdre connaissance.

Edité 2 fois, dernière édition par maitredragon Le 03/02/2021

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maitredragon - Chevalier - Le 24/09/2020

Quel est cette sensation de picotements se demanda K-Joe. Il releva la tête pour regarder la source de cette désagréable sensation sur son pied. Il était en train de brûler. En les voyants il ressentit la morsure des flammes sur sa peau, il voulut les éteindre mais tout son corps était paralysé. Il ne pouvait plus bouger ! Les flammes remontaient lentement mais progressivement le long de sa jambe. La douleur était infernale mais il ne pouvait rien faire. Il voulut crier mais ça aussi, lui était interdit. Il se débattit pendant que les flammes se scindaient en deux, une partie avalant son autre jambe et la seconde calcinant tout son ventre. Pourquoi ne s'évanouissait-il pas ? Ou simplement mourir ! Ça aurait été une bénédiction alors que son corps entier était en train de brûler. Les flammes vinrent lécher son cou et enflammer ses cheveux. Alors que la fin était proche il put enfin lâcher un hurlement de douleur.

K-Joe se réveilla en hurlant, la douleur encore présente dans tout son corps. Il vomit. Puis une autre sensation douloureuse lui fit comprendre qu'il ne pouvait pas bouger comme il le souhaitait. Il regarda autour de lui complètement perdu. Il flottait dans la désespérante dimension du vide. Il regarda son ventre, son épaule et ses jambes persuadé d'y voir les plaies béantes laissé par les assauts impitoyables d'Axelle. La douleur était bien là mais, les séquelles physiques, elles, avaient disparues. L'incompréhension était totale. Il se rappela être tombé et s'évanouir. Personne ne peut ouvrir un portail à part mo... Gilbert ! Cette raclure ! S'énerva soudainement K-Joe. Il l'appela faisant résonner son nom dans toute cette dimension. Pas de réponses. Il avait promis s'indigna-t-il.
Il remarqua alors l'épée de l'arpentrice attaché à sa ceinture. Celle-là même qui se logeait dans son ventre il y a peu. A quoi ça va me servir pesta K-Joe, je serai incapable de la manier a une main !


Tu aurais dû la laisser là où elle était ! Comme moi ! J'avais accompli ma quête ! Je n'ai plus rien à faire nulle part hurla-t-il en pleurs.

K-Joe resta là quelque temps se plaignant de son sort et maudissant Gilbert persuadé qu'il était responsable de tout ça ! Aucune réponse ne venant. Il finit par se résigner.
Après cinq ans à explorer mondes après mondes pour se venger, peut-être pouvait-il revenir maintenant à son objectif de base qui était... eh bah... Il n'y avait pas vraiment d'objectif se dit-il avec dépit. Il avait juste voulut s'éloigner de la secte qu'il avait trahi et était ressorti d'ici pour éviter de devenir fou. Mon nouvel objectif va être simple se dit-il soudain. Trouver une taverne ! Il regarda autour de lui pas de repères d'un précédent passage. Que de l'inconnu donc pensa-t-il, était-ce une bonne chose ? Il n'en savait rien. Il ouvrit une porte et en sortit après avoir vérifié les alentours.
Une forêt d'arbres, impossible de dire quels types, il n'y connaissait rien. Ils avaient tous la même taille, 3 ou 4m de haut pas plus et semblaient assez jeunes. Lorsqu'il posa les pieds sur le sol il s'effondra comme une loque. Il referma le portail et vociférera méchamment après l'univers tout entier. Il était tombé car son corps et en particuliers ses jambes ne le supportaient plus. Les blessures bien qu'absentes semblaient toujours présentes. Il resta par terre et regarda autour de lui. C'était une jeune forêt avec des arbres peu épais, le sol était tapissait de plantes aux grandes feuilles. Elles lui arrivaient jusqu'aux genoux en étant debout. Alors présentement étalé au sol personne ne pouvait le distinguer parmi les feuillages. Génial personne ne peux venir m'aider soupira-t-il. Il tenta en vain de se relever. Un seul bras et des douleurs pas possibles dans tout le corps rendait l'exercice extrêmement difficile. Il entendit soudain un bruit, comme des grognements lointains. C'est bien ma veine se dit-il en pensant qu'il s'agissait d'un danger. Après plusieurs tentatives infructueuses, il finit par se relever et s'arma tant bien que mal d'une dague. L'épée n'était pas concevable. Il se dirigea vers les bruits en titubant. Il manqua de tomber à plusieurs reprises. Il y avait maintenant deux sons, deux râles différents. K-Joe se déplaçait lentement, il aperçût enfin la source du bruit. C'était un homme au-dessus d'une femme, ils étaient en train de copuler en pleine forêt! C'est une blague se dit K-Joe un peu gêné. Il fit marche arrière, manqua de tomber se rattrapa aux branches mais le bruit avait attiré l'attention des deux amoureux. Mon dieu maléfique qu'ils sont poilus se dit K-Joe avant de parler :


- Excusez-moi je n'avais pas l'intention de vous déranger. Pourriez-vous m'indiquer la direction de la taverne s'il vous plaît ? Il réalisa trop tard a quel point cette demande faisait poivrot.

L'homme et la femme se ruèrent sur lui, leurs déplacements étaient primales et n'avait rien de civilisé. Sans déconner c'est un peu excessif comme réaction se dit-il. K-Joe fit tombé l'homme dans un portail, la femme le saisit violemment au cou le faisant tomber en arrière. Il réussit à lui trancher la gorge et son corps sans vie s'écroula sur lui. En plus d'être particulièrement moche et poilue, elle était surtout nue et venait à peine de... pensa K-Joe avec dégoût alors qu'il essayait de la repousser le plus loin possible. Mais avec un seul bras il n'arrivait à rien. Il créa un portail sous eux et ressortit par une autre porte, il tira les corps hors du néant. Ils étaient tous deux très costauds et avaient vraiment quelque chose de primaire. Pas sûr de trouver une taverne ici. Ça sent le moisie cette histoire, je suis tombé sur un monde non civilisé. A tous les coups je vais tomber sur une tribu et non une ville. Déçu il continua quand même jusqu'à la lisière de la forêt. Ce qu'il vit lui coupa le souffle. Une grande plaine entourée par la forêt avec à l'horizon une énorme cité moderne. Et du peu qu'on en distinguait elle semblait vraiment très moderne, ce qui dénotait complètement avec le coté primaire auquel K-Joe venait de faire face. Une route divisé la plaine en deux jusqu'à la cité, il la suivit. Ça tapait sec sur la plaine on devait probablement être en plein après-midi. Il ne croisa personne sur la route. Au vu de son rythme de marche considérablement ralenti par les multiples sensations douloureuses de son corps, il devrait probablement arriver en fin d'après-midi. A plusieurs reprises il fit une pause, la douleur étant trop forte et la chaleur n'arrangeant rien. Peut-être que je devrais me reposer dans la dimension du vide pensa-t-il hésitant. Mais il n'en fit rien et continua jusqu'à arriver devant la cité, le soleil ne semblait toujours pas vouloir se coucher. Étrange pensa t'il. Et cette route déserte ce n'est pas normale. La cité était magnifique et l'architecture vraiment originale. On ne pouvait pas parler d'une seule architecture d'ailleurs, certains bâtiments étaient complètement différents et tous s'accordaient autour d'un immense arbre qui surplombait tout. D'immenses fruits de différentes couleurs pendaient aux branches. Il en salivait d'avance, un fruit de cette taille aurait nourri une centaine de personnes ou un K-Joe. C'était la promesse d'une bonne journée, espérons que ces fruits servent aussi à faire de l'alcool, j'ai soif.
De gigantesques murs entouraient la cité, ils faisaient au moins une dizaine de mètre. Pas de porte. K-Joe se mit a les contourner à la recherche d'une entrée. Soudain un sifflement l'avertit qu'une volée de flèches fonçait sur lui. Il leva la tête, il y avait trop de flèches pour esquiver. Il créa un portail suffisamment grand au-dessus de lui pour toute les récupérer puis le referma une fois le danger écarté.


- OH ! C'est comme ça qu'on accueille les étrangers chez vous leur hurla-t-il.

K-Joe s'attendait à se reprendre des flèches mais rien ne vint. Il sentit que son temps était bientôt écoulé. Bordel ce n'est pas le moment ragea t'il. Une plateforme se mit à descendre des murailles. Pas d'attaches ou de poulies, la plateforme lévitait seule. Effectivement cette cité maîtrise des technologies assez avancée. Lorsqu'elle arriva en bas, K-Joe fut surpris, il n'y avait dessus que des animaux sous forme humanoïde, habillé et équipé comme des humains. Plusieurs soldats de différentes espèces l'encerclèrent, chat, chiens, serpents, oiseaux et d'autres encore que K-Joe ne connaissait pas. Un crabe accompagné d'une grenouille vinrent à sa rencontre. Leurs habits témoignaient d'une richesse et d'une classe nettement supérieure. Sans doute les chefs pensa K-Joe. Le crabe brisa le silence le premier :

- Bonjour, pardonnez-nous notre accueil musclé, nous n'avons plus l'habitude de voir des humains... civilisés. Puis-je vous demander votre nom ?

- Je m'appelle K-Joe.

- Et vous êtes venu ici comment et pourquoi ?

- Je suis venu ici pour...
K-Joe sentit la sensation déplaisante de la liquéfaction qui se rapprochait de plus en plus.

Je suis désolé je n'ai plus de temps je reviendrai dit-il juste avant de créer un portail sous lui et de disparaître devant son auditoire médusé.

Un peu de repos n'était pas de refus mais il aurait quand même aimé finir cette discussion. Quel monde étrange des hommes aussi sauvage que des bêtes et des bêtes plus civilisées que des hommes. Bah peu importe l'espèce, l'alcool est quelque chose d'universel. Toutefois il ne semblait pas la bienvenu. Bref aucune importance, il lui fallait du repos afin de régénérer son corps encore endolori. Après quelque minute il finit par s'endormir.

Pas de cauchemars cette fois, ce n'est pas un mal se réjouit-il en se réveillant. La douleur était toujours là, mais au moins il se sentait un peu plus reposé. Il ouvrit une porte et sortit devant la cité. Des gardes était resté sur place, il avait beau le savoir leurs têtes étaient surprenantes. Lorsqu'il réapparut, un des gardes appuya sur quelque chose dans le mur avant de rejoindre ses confrères pour l'encercler à nouveau. Il faisait toujours aussi beau et aussi chaud, comme si on était toujours en plein milieux de l'après-midi. Après plusieurs minutes la plateforme descendit à nouveau avec Mr crabe et Mr grenouille.


- On va pouvoir finir notre conversation, excusez-moi pour cette interruption, je ne peux rester qu'un temps limités hors de mon monde.

- Et qu'est-ce que « votre monde »
demanda Mr crabe.

K-Joe réfléchit comment expliquer ça mais ne voulait pas perdre de temps.

- Aucune importance, il n'y a rien là-bas. Vous vouliez savoir ce que je viens faire ici. Je cherche un endroit pour boire beaucoup d'alcool. Autant aller à l'essentiel se dit-il.

- Ce que vous appelez alcool, c'est bien le poison liquide que vous autre humain buvez et qui vous met dans un état de transe ?

- C'est ça... Vous ne faites ou ne buvez pas d'alcool
en conclut désespéré K-Joe.

- Non. Mais nous avons des réserves d'alcools très anciennes. Vous pouvez nous accompagner si vous voulez, nous serions ravis de vous en servir.

Les gardes étaient confus et ne semblaient pas trop comprendre. C'est un peu gros comme piège pensa K-Joe mais qu'importe il me faut vraiment un verre et au pire je pourrai toujours m'enfuir dans le vide.

- Ça me va. Je vous suis.

- Vous allez devoir nous remettre vos armes par contre, si vous voulez pénétrer notre ville.

- Même pas en rêve.


Les gardes se tendirent, leurs armes se rapprochant de K-Joe.

- C'est regrettable dit Mr. Crabe.

K-Joe en eut marre de cette mascarade, il les fit tous tomber sauf le crabe dans des portails. Il attrapa le crustacé qui essayait de s'enfuir et mit la dague sur ce qui lui servait de cou.

- Je n'ai pas envie de détruire toute cette cité mais je le ferai si c'est le moyen le plus rapide de trouver vos réserves d'alcools. Maintenant tu vas gentiment m'y conduire.

Il le poussa en avant avec son corps tout en gardant la dague sous sa gorge. En étant aussi proche il se protégeait des volées de flèches. A moins que Mr Crabe ici présent n'ai aucune importance pour eux. Dans ce cas il serait vite fixé. Ils avancèrent vers la plateforme, pas de flèches. Une fois dessus ils s'élevèrent au-dessus des murs, toujours pas de flèches. La cité était vraiment très belle et pullulait de vie. Plusieurs plateformes volaient au-dessus des bâtiments. Nous étions bien au-dessus d'eux, sans doute mon acolyte avait jugé qu'il serait plus rapide de faire ainsi. Ou peut-être ne voulait-il pas que je vois la ville de trop près. Bah peu importe se dit K-Joe. Seul l'alcool compte. Ils se dirigèrent vers l'arbre géant et en particulier l'énorme bâtiment au creux des racines. Ça devait être ce qu'il considéré comme leurs château.

- Vous avez un roi ou une reine ? Demanda K-Joe intrigué.

Voyant le manque de réponse de ce dernier il appuya la dague un peu plus fort sur son cou.

- Nous... nous avons un conseil.

- Tu en es membre ?

- Je... suis... un de leur émissaire.

- Les réserves sont dans ce bâtiment ?

- Dans une de ses caves oui.

- Elle appartenait à qui ses réserves ? Si vous ne fabriquez ni ne consommez d'alcool.


Le crabe ne répondit pas. K-Joe appuya un peu plus sur sa gorge ce qui lui fit faire un faux mouvement à la plateforme. La lame trancha son cou alors que K-Joe essayait de se rééquilibrer. Le crabe tomba au sol essayant désespérément d'arrêter l'hémorragie. Bah mince alors pensa K-Joe alors que la plateforme commençait a piqué vers le sol. Il rengaina sa dague et essaya de la redresser, malheureusement il ne put réduire sa vitesse. Elle percuta le toit d'un bâtiment avant de se crasher le long de la rue fauchant et tuant tous les habitants sur son passage. K-Joe se releva tant bien que mal de là où il avait atterri, les habitants qui le virent semblaient terrorisés. Plusieurs plateformes commençaient à arriver, probablement des gardes sur les murailles qui ne voulaient pas les perdre de vue. K-Joe s'enfuit à toutes jambes vers le pied de l'arbre géant. Ces déplacements étaient un peu facilités par l'adrénaline mais restaient douloureux. Il déclenchait cri et effroi sur son passage. Ça va pas être évident de me cacher... Des gardes arrivèrent face à lui. Il créa un portail d'entrée devant eux et un portail de sortie derrière eux. Il les traversa et continua sa route derrière eux. Il y avait eu assez de morts par sa faute aujourd'hui. Il esquiva plusieurs unités avec ses portails et arriva enfin au pied des escaliers donnant sur le château. Il y avait un garde toutes les deux marches de chaque côté. K-Joe accéléra au lieu de ralentir, l'escalier était assez large il arriverait au moins a la moitié avant d'être bloqué. Les gardes se ruèrent vers lui. Il créa une porte au milieu et une au sommet qu'il atteint enfin en les traversant. En haut d'autres gardes lui barraient la route. C'était sans fin. De plus son pouvoir était quasiment épuisé. Il retourna donc dans la dimension du vide.

Peut-être était-ce plus simple de changer de monde mais certainement pas le plus rapide. Leurs fameuses réserves ont quand même piqué ma curiosité se dit K-Joe en se détendant. Néanmoins la sortie allait être compliquée, ils vont tous m'attendre en embuscade devant l'entrée. Que faire ? Il finit par s'assoupir.
Combien de temps avait-il dormi ? Ça n'avait plus d'importance depuis longtemps. La douleur était moindre mais toujours là. Le dialogue n'étant plus une option, il ouvrit un portail et s'écarta un peu. Plusieurs flèches fusèrent de la porte. K-Joe sourit se rappelant la fois où un sectateur avait lancé un drapeau à travers un de ses portails. Gilbert l'avait reçu en plein cul, il n'était pas très content. Qui avait bien put faire ça... Je parierai sur Lanreth. Plusieurs épées essayaient vainement de couper la porte. Il y en aura bien un qui aura l'idée de traverser se dit K-Joe en se concentrant à nouveau. Après plusieurs coups d'épées et volées de flèches, un courageux finit par traverser. Il mourut en quelque secondes, K-Joe referma la porte. C'était une sorte de renard je suppose se dit-il incertain. Bien que pas du tout à sa taille, K-Joe vola l'équipement de l'infortuné et se déguisa en soldat. L'ensemble était assez ridicule. Les pièces d'armures était faites pour un certain gabarit et K-Joe était bien trop maigre il flottait littéralement dedans. Mais qu'importe avec ça je passerai un peu moins inaperçu se dit-il en mettant le casque sur sa tête. Il abaissa la visière. Parfait personne ne verra que je suis un humain, enfin j'espère... Il partit vers un autre repère, celui d'une des portes qu'il avait ouvert en pleine ville. Une fois atteint il ouvrit une porte sortit rapidement la referma prestement et regarda tout autour de lui si on l'avait remarqué. Il était en pleine rue, fort heureusement il n'y avait pas beaucoup de monde. Seul trois gardes et une maman avec son petit c'était arrêté surpris par son entrée. Il hésita mais n'avait pas vraiment le choix.


Je suis désolé.

Il les fit rapidement disparaître à travers des portails. On sera plus tranquille sans témoin se dit-il coupable. Il se mit en chemin vers le château. L'armure trop grande et les douleurs rendaient les déplacements rapides compliqués. Néanmoins il arrivait a se déplacer lentement avec, c'était déjà ça. Bien que pressé K-Joe se dirigea lentement vers le château histoire d'avoir l'air le moins suspect possible. Il évitait tout de même les patrouilles quand il les apercevait. Il atteint les escaliers, et créa un portail en plein milieu comme diversion. Son plan fonctionna à merveille. Tous les gardes se ruèrent vers la porte et recommencèrent leurs tests. Pendant qu'ils étaient occupés K-Joe était déjà entré dans le château. Il était arrivé dans un hall assez grand avec plusieurs plateformes pour se diriger dans les multiples pièces ornés des nombreuses racines de l'arbre. Chiotte pesta-t-il, il ne pouvait aller nulle part sans ces maudites plateformes. Le crabe avait parlé de caves, elles doivent probablement être au sous-sol. Il ferma le portail de l'escalier extérieur et regarda les déplacements des domestiques et émissaires dans le hall. Après plusieurs minutes une plateforme sembla remonter. K-Joe alla voir son pilote. Il s'agissait d'une sorte de caméléon.

Les caves ! Dit-il d'un ton autoritaire.

Le reptile l'invita à prendre place sur la plateforme. Je n'aurais pas cru que ça serai si simple se réjouit K-Joe. La plateforme lévita et descendit dans les entrailles profondes du château. Une zone particulièrement bien gardée attira son attention. Mais ils descendirent encore pour s'arrêter au dernier niveau. L'endroit n'avait clairement pas beaucoup de visiteur. Si la cité était très moderne les caves, elles étaient un vestige médiévale. Un couloir en pierre avec plusieurs portes en bois rustique et la fin de toutes les racines de l'arbre. L'ensemble ne paraissait pas droit du tout. Lorsqu'il descendit, le lézard remonta avec la plateforme. Bah mince alors je fais comment pour remonter moi s'interrogea t'il en regardant autour de lui. Aucune importance, il est temps de BOIRE ! Il ouvrit la première porte. C'était un stock d'habits complètements différents de ceux que portaient les habitants. Ils n'avaient pas vu le jour depuis longtemps... Bref inutile. Deuxième porte, un véritable trésor de pièce d'or, d'argent et de bronze. Drôle d'endroit pour stocker ça. Encore inutile. Troisième porte, divers biens et ustensiles stockés en un véritable foutoir. Mais qu'est-ce que c'est que ça, je commence à croire que le crabe m'a menti s'inquiéta K-Joe. Quatrième porte, K-Joe n'en crut pas ses yeux, une grande pièce voûtée remplit de bouteilles au sol et sur les étagères de divers meubles. K-Joe ôta son casque, ouvrit une bouteille et vida son contenu d'une traite. Délicieux ! Il en ouvrit une autre et la bu aussi vite. Il vida une dizaine de bouteilles comme ça avant le trou noir.

Lorsqu'il revint à lui, un mal de crâne extrêmement violent l'assaillit. Le soleil éclatant n'aidait pas. Attendez quoi ? Le soleil ? Il se releva et regarda autour de lui, il était au sommet des murailles, le soleil commençait à se coucher, des corps d'animaux jonché le sol autour de lui mais il n'avait plus forme humaine. Il avait relevé la tête trop vite, il pencha sa tête sur le côté et vomit. Il entendait des cris d'une foule lointaine. Il regarda ses pieds qui semblaient entravés, il avait le pantalon baissait et le sexe à l'air. Mais qu'est-ce que quoi ? Et je n'étais pas en armure moi ? se demanda-t-il dans l'incompréhension la plus totale. Les dagues étaient dans leurs fourreaux pleines de sang. L'épée était également à sa place. Il tenait un drôle d'objet dans sa main. On aurait dit une sorte de grosse forme géométrique, composée de plusieurs parties mobiles qui bougeaient de manière aléatoire. Elle débordait de magie. Une douleur vive attira son attention au niveau de son moignon. Une sorte de boule de vignes luminescentes c'était accroché là. K-Joe voulut l'enlever mais la douleur le stoppa net. Mais que s'est-il passé se demanda-t-il en se relevant péniblement. Il remit laborieusement son pantalon et vit des milliers d'humains nues en bas des murs. Ils n'avaient plus de primales que le look cette fois. Ils suppliaient tous dans un brouhaha incompréhensible. Une trace de pisse aux bords du mur fit comprendre à K-Joe pourquoi il s'était réveillé défroqué. Il se retourna pour voir la ville. C'était l'hécatombe, les habitants étaient retournés à leurs instincts sauvages. Les rues étaient pleines d'animaux et de carcasses. Plus une seule plateforme ne survolait la ville. Toutes celles qui étaient en vol avaient dû se crasher. Il y avait même un incendie qui s'était déclenché au loin. K-Joe regarda les murailles, une plateforme non loin était encastrée sur le sommet des murs. Était-il arrivé là comme ça ? Il n'en savait rien. Il avait mal partout et la liquéfaction n'était plus très loin.


Hmm... Ce n'est pas la pire cuite que j'ai prise concéda t'il.

Il ouvrit un portail et quitta définitivement ce monde afin de décuver et se reposer. Mission accomplie se dit-il satisfait.

Edité 6 fois, dernière édition par maitredragon Le 27/02/2021

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maitredragon - Chevalier - Le 13/10/2020

K-Joe se réveilla, un mal de crâne violent l'assaillit. Cette sensation il la connaissait bien depuis plusieurs mois. Chacune de ses sorties aboutissaient à ce réveil, ce mal de crâne et bien évidemment aucun souvenirs des événements précédents. A quoi bon se rappeler de faits peu glorieux et complètement inutiles. Il regarda sur quoi était posée sa tête. Un comptoir en bois. Il regarda un peu plus loin, ça ressemblait à la taverne dans laquelle il était entré. Il savait qu'en relevant la tête il vomirait instantanément. C'était son lot, il se releva et vomit des litres et des litres sur le comptoir. Ça dégoulinait même sur lui mais K-Joe était tellement mal qu'il ne s'en rendait même pas compte. Aucune réaction, aucun bruit ne suivit son épanchement. Même le tenancier n'avait rien dit. Il regarda là où était le propriétaire la dernière fois. Ce dernier avait la tête empalé sur le comptoir par une dague de la grande prêtresse. Pendant quelques secondes il crut être à la taverne de la secte et se retourna vivement avec beaucoup d'espoir. C'était faux bien sûr. Ce mouvement rapide le fit tomber à quatre pattes sur le sol et vomir à nouveau. Il se releva après plusieurs minutes et regarda la pièce. Une Battle royale avait eu visiblement lieux. Et tout le monde s'étaient entre-tués. Pas de gardes ou de milices armées pour venir l'arrêter ? L'extérieur avait l'air aussi mort que l'intérieur de la taverne. Il regarda sur lui, l'épée d'Axelle était toujours là mais les dagues non. Il rechercha frénétiquement dans toute la pièce la deuxième dague. Elle suspendait un pauvre bougre au mur. Il regarda son moignon, cette maudite boule de vigne luminescente était toujours là. Il eut la nausée à nouveau mais réussit à la réprimer. Il se dirigea vers le propriétaire et décrocha non sans mal, la dague avant de la ranger dans une de ses encoches. Il tituba ensuite vers le type suspendu. Il décrocha la dague, le corps tomba à moitié sur lui le projetant au sol. Il avait perdu la dague dans sa chute. Il se dégagea en rampant sur le sol crasseux et se releva difficilement. Il retrouva la dague au sol, se pencha, manqua de vomir à nouveau puis il se releva et la remis dans son encoche. Au moins il ne les avait pas perdues contrairement à un certain artefact magique. Maintenant qu'il avait récupéré toutes ses affaires il était temps de partir. Même saoul l'arrivée de la liquéfaction le sortait toujours de son coma à temps. Il prit le temps de regarder la taverne. K-Joe ressentit un profond dégoût de lui-même à la vue de ce massacre bestiale. Avait-il tué tous ces gens ? Il ne le savait même pas. Des mois durant que le même schéma se répétait encore et encore. Il débarquait sur un monde, cherchait la taverne la plus proche au détriment de tout le reste et buvait jusqu'à perdre connaissance pour se réveiller dans des situations comme celles-ci. C'était arrivé combien de fois depuis Axelle, quarante ? Peut-être cinquante fois ? Il était las de tout ça. Peut-être méritait-il de rester enfermé dans le néant à jamais. C'est sur cette pensée qu'il réintégra le vide avec la ferme intention de ne plus jamais en ressortir. C'est probablement mieux ainsi pensa t'il amer.

K-Joe regardait dans le vide. Sa vie avait été une suite d'échecs tous plus cuisants les uns que les autres. Aujourd'hui il pouvait changer ça ! Apporter une victoire flamboyante à cette satanée liste de ratages. Peut-être suis-je ici depuis trop longtemps se dit-il soudain. Je devrais arrêter de cogiter je perds mon combat. Foske me hurle de me relever. Il en est à combien le cookie arbitre 7 ou 8 ? Ramone m'a mis un sacré crochet du droit. L'enfoiré en profite parce que je suis manchot. Ca serait sensiblement différent si j'avais le droit à une des dagues. Ce bouffeur de pépite aurait été au tapis en moins de deux et on n'en serait pas au 6 e round. Je dois me relever, je ne peux pas perdre ce combat. K-Joe se releva péniblement, le public était en folie. Tout cookie town était venu assister au combat du siècle. Ramone se remit en position de combat. Le cookie arbitre regarda K-Joe qui lui fit signe de la tête. Il s'écarta et Ramone chargea. K-Joe le repoussa avec un coup de pied et tenta de lui assener un direct. Mais Ramone était rapide et réussit à esquiver sur le côté et plaça un crochet dans les côtes de K-Joe. L'impact coupa sa respiration et le fit cracher un filet de bave. Pas le temps de récupérer, cette maudite pâtisserie enchaîne avec un uppercut. Il se décala légèrement, ainsi le poing ne fit que le frôler et en profita pour placer un coup de coude directement dans son ventre. K-Joe enchaîna avec un violent coup de pied sur le côté du genou. Ramone tomba à genoux laissant le temps à K-Joe de décocher un formidable coup de genou en plein dans sa mouille. Ramone tomba en arrière, il était inconscient. La foule retint son souffle. Le cookie arbitre se mit à compter. Ramone reprit conscience et essaya de se relever à 8. Il n'y parvint pas. La foule explosa, j'ai gagné se dit K-Joe jouissif. Le cookie arbitre leva la main de K-Joe le désignant ainsi comme vainqueur. K-Joe se mit à crier de joie pour célébrer sa victoire. Puis il se dirigea vers Ramone encore dans les vapes.

- C'est à moi ! Lui dit-il rageusement en lui prenant son slip.

Il se déshabilla puis enfila le slip sous un tonnerre d'applaudissements. Il rejoint Foske son cookie entraîneur, le seul qui ai bien voulu l'entraîner dans toute cette ville. K-Joe c'était toujours demandé pourquoi mais il n'avait jamais osé demander. Foske le prit dans ses bras et le souleva.

- Nous avons gagné dit-il euphorique.

Une fois le bon gros bain de foule prit, Foske et K-Joe se frayèrent un chemin jusqu'au vestiaire. Arrivés là, Foske lui dit pendant qu'il se lavait :

Tu as magnifiquement combattu mais tu peux encore être meilleur gamin.

- On parlera de ça demain. Maintenant on va fêter ça ! Dit-il enjoué en sortant de la barrique, tendant les bras vers son entraîneur. Foske était un entraîneur très dur, toujours ronchon. Mais ce soir il était fier et heureux. Les deux compères sortirent dans les rues de cookie town. Tous les habitants les applaudissaient. C'était la consécration pour K-Joe, assurément un de ses meilleurs moments de vie. Ils allèrent à la taverne boire, manger, danser etc.

Quelle nuit ! Se dit K-Joe en se réveillant le lendemain matin. Il sortit de son lit prêt à aller à l'entraînement. Il attrapa un truc à grignoter avant de sortir dans la ville. Il mangeait comme quatre mais avait toujours cette sensation de faim permanente. Il regarda tous les bâtiments, contemplatif et heureux d'être la coqueluche de cette magnifique ville. Il se mit en route pour la salle qui était à cinq minutes à pied. Il croisa Louis un voisin qui le salua avant de lui dire :

- Magnifique match !

- Merci vieux, passe le bonjour à Susie.

- Oh j'y compte bien
dit-il malicieusement.

Sacré Louis. K-Joe continua sa route croisa d'autres connaissances qui le félicitèrent tous pour sa victoire. Lui qui avait toujours était le paria de la ville maintenant il en était la vedette et ce n'était pas pour lui déplaire. Il croisa Regie la seule crêpe de toute la ville. Tout le monde pensait qu'il venait de Crèpolis, un type bien mystérieux mais K-Joe l'aimait bien. Foske était déjà prêt malgré la fiesta d'hier. C'était son crédo, « pas un jour à perdre pour s'entraîner » avait-il l'habitude de dire. Alors que toute la ville aurait voulu sa défaite, pourquoi m'avait-il entraîné ? Il n'y a pas de meilleur moment pour lui poser cette question. K-Joe hésita puis se décida.

- Foske je peux te poser une question ?

- Ne perd pas ton temps avec ça gamin. Va t'entraîner !


K-Joe sourit, peut-être était-ce mieux ainsi.

- Merci Foske dit K-Joe reconnaissant mais sûr de se prendre une réflexion du vieux lui sommant de presser le pas.

Mais rien ne vint. Le vieil entraîneur semblait figé.

- Foske ? Ça va ? S'inquiéta K-Joe

Pas de réponse. K-Joe alla vers lui et essaya de le secouer. Il était aussi dur que la pierre. Aucun bruit ne filtrait de l'extérieur. La ville était pourtant si bruyante à cette heure-ci. K-Joe sortit, tout semblait figé. Plus personne ne bougeait et un silence de mort pesait sur toute la ville.
Soudain le silence fut brisé par un bruit, quelqu'un applaudissait et approchait derrière lui. K-Joe se retourna, c'était lui !


- Gilbert !

Il continua à applaudir et s'arrêta à quelque mètre de lui. Il regarda toute la ville puis se concentra sur K-Joe.

- Je dois l'admettre c'est impressionnant. Je n'ai pas vraiment le temps de t'expliquer mais vois ça comme une intervention pour te sauver de ta démence. Une intervention qui va me coûter cher mais bon... Tu es ici depuis trop longtemps.

Il pointa sa main vers K-Joe avant de lui dire :

Je ne suis pas désolé.

Toute la ville sembla soudainement s'évanouir pour ne laisser place qu'au sombre et déprimant vide. K-Joe courut vers la salle pour attraper Foske et éviter qu'il ne disparaisse. Mais ses bras se refermèrent sur rien. Il n'y avait rien, plus rien !

- POURQUOI ?! Demanda-t-il rageusement en pleurs vers Gilbert
POURQUOI TU AS FAIT CA ?!

- Tu dois te rappeler de ce qu'est la réalité. Et habille-toi, sérieusement...

Le slip de Ramone avait disparu, il était à nouveau dans ses affaires crasseuses qui puaient le vomi et l'alcool. Et d'un geste de la main K-Joe fut propulsé en arrière, il parcourait le vide à toute vitesse. Une porte s'ouvrit et il déboula rapidement sur le sol. Après avoir labouré la terre sur plusieurs mètres il finit par s'arrêter. Il resta là un bon moment essayant de se remettre de tout ça. Il n'avait pas posé le pied dehors depuis si longtemps qu'il ne devrait même pas pouvoir tenir debout correctement. Mon dieu maléfique que les oiseaux sont bruyants ici ! Un mouton arriva à côté de lui. Il renifla K-Joe puis s'éloigna devant l'odeur de ses vêtements. Il finit par manger l'herbe à côté de lui. Quelle herbe magnifiquement verte. Je ne peux pas rester là, il faut que je retourne à cook... se dit K-Joe avant de réaliser que tout ça n'existait plus et n'avait probablement jamais existé. Un deuxième mouton vint manger non loin. Est-ce réel se demanda K-Joe ?

- Eh le mouton. Tu es réel ? Demanda K-Joe

Aucune réponse ne vint. En même temps c'est un mouton a quoi je m'attendais se réprima K-Joe. Il finit par essayer de se relever. N'y arrivant pas il décida de rester assis et regarder autour de lui. Un paysage aux reliefs montagneux, couverts d'une herbe magnifiquement verte et un golem assis au bout d'un énorme rocher. Tout est norm... Attendez quoi ?! Le golem le regardait du haut de son pic il était gigantesque, tout en cuivre avec plein de cheminées qui s'élevaient de son dos lançant des fumées noires dans ce magnifique ciel bleu. K-Joe chercha instinctivement une des dagues mais ses encoches étaient vides. L'épée d'Axelle n'était pas à sa ceinture non plus. Je suis mal appréhenda K-Joe, vaut mieux que je retourne dans le vide. Il voulut créer un portail mais rien ne se passa. Il tenta à nouveau, toujours rien. Je suis tellement foutu se résigna t'il. Mais le golem ne faisait que le regarder. Il restait assis là sur ce pic rocheux. Il avait quelque chose d'assez enfantin si on peut dire ça d'un golem se dit K-Joe. Il se leva tant bien que mal et commença à s'éloigner du colosse. Il tomba alors nez à nez avec un vieux nain assis sur un rocher. Il ne l'avait pas vu. Le nain le fixait intensément mais ne dit rien. K-Joe ne savait pas vraiment quoi faire. Il passa à côté du nain sans rien dire et continua à l'opposé des deux. Soudain le nain parla :

- Tu ne trouveras rien dans cette direction.

- Je ne vous ai rien demandé.


Le vieux soupira et ne dit rien de plus. K-Joe continua son chemin dans cette direction tout en pestant contre cette situation. Arrivé au sommet il put constater que les dires du vieux étaient vrais. Les montagnes tombaient dans une mer de nuages. Il semblait être sur une énorme île flottante. Il rebroussa chemin. Marcher l'épuisait, il n'avait pas fait ça depuis longtemps. Allait-il se liquéfier sans pouvoir retourner dans le néant. Cette pensée le fit frissonner. Pour l'instant ça avait l'air d'aller. Étrange tout de même. Je me demande bien ce qu'a fait Gilbert. Il retomba sur le vieux, le golem et leurs moutons. Le vieux sourit d'un air moqueur en voyant K-Joe.

- Jeune con.

- Eh Oh ! Ça va hein. J'ai vécu bien plus d'années que j'en ai l'air vieux débris.

- J'ai 256 ans, je doute que tu es vécu autant
lui dit le vieux nains.

K-Joe ne pouvait le dire, il ne savait pas combien de temps il avait vécu avec Mara. Pas autant à priori.

- Où sommes-nous ? Demanda K-Joe.

- En dehors du monde répondit le nain pensif.

- Qu'est-ce que ça veut dire ?

- Ça veut dire que tu m'emmerdes avec tes questions.


C'est agréable pensa K-Joe énervé.

- Eh dites je suis arrivé ici par erreur. Je n'ai pas demandé à venir ici, si je le pouvais, je repartirais directement. Je veux juste comprendre pourquoi on m'a envoyé ici.

- Qui t'a envoyé ici ?

- C'est une longue histoire.

- T'as mieux à faire peut-être ? Tu le dis surtout si je t'ennuie grumpf.


Vieux con pensa très fort K-Joe même s'il avait globalement raison. Il finit par se présenter et raconter son histoire et tous ce qui c'était passé avant de venir ici. Après avoir fini son récit, le vieux resta perdu dans ses pensées un petit moment. K-Joe n'osa pas le déranger au risque de se prendre encore une réflexion cinglante. Le nain finit par dire :

- J'ai quelque chose qui pourrait t'intéresser chez moi. Suis-moi.

Il se leva et commença à descendre la colline suivit de ses moutons. Le golem se leva et ferma la marche. K-Joe hésita mais il n'avait rien à perdre après tout. Il rattrapa ce groupe atypique et arriva à côté du nain. Il lui demanda :

- Et vous c'est quoi votre histoire ?

- Ça ne te regarde pas
grommela t'il.

- Est ce que je peux connaître au moins votre nom demanda K-Joe perplexe.

Il soupira et finit par lâcher :

- Bolgek et lui c'est Jzeug dit-il en désignant le golem.

- Pourquoi lui avoir donné un nom ? Vous l'avez créé non ?

Bolgek s'arrêta net et regarda très froidement K-Joe avant de lui répondre :

- Peut-être parce que c'est juste un être vivant comme toi, comme moi dit-il très énervé avant de reprendre la marche.

K-Joe regarda le Golem un peu penaud, peut-être ce vieux fou avait-il raison. Je ne saurais le dire honnêtement se dit-il avant lui aussi de reprendre la marche. Il n'osa pas poser d'autres questions du reste du voyage. L'humeur de son hôte n'était déjà pas très joviale par sa faute. La marche était difficile pour lui, il était fatigué et avait tellement faim.
Ils sortirent des collines pour arriver sur une petite prairie d'herbes vertes dont une partie était délimitée par un grand enclos. Au bout il n'y avait que des nuages. Il y avait une maison assez grande sur le côté. Un mélange d'habitation, de ferme et d'atelier. Le lieu semblait très paisible et rappela un souvenir de K-Joe avec Mara sur la plage devant leur maison. Le nain vit le changement d'expression sur son visage et lui demanda :


- Un problème ?

- Pas vraiment... Juste un souvenir. Un beau souvenir...


Jzeug guida les moutons vers leurs enclos et referma le portail avec une délicatesse assez improbable vu sa taille. C'était bizarre d'ailleurs que les moutons ne soient pas du tout effrayés par une créature de cette taille. Ils ont dû s'habituer avec le temps pensa K-Joe. Il regarda Bolgek et lui dit :

- Vous avez l'air d'être en paix ici.

- Nous l'étions avant ton arrivée
pesta-t-il avant de se diriger vers la maison.

Tout est bon pour s'en prendre une c'est fou ! K-Joe garda néanmoins ses pensées pour lui. Il suivit le nain dans la maison. Il était assez curieux de savoir ce que ce vieux grincheux pouvait bien avoir pour lui. A son grand étonnement il n'eut pas besoin de se baisser pour rentrer dans la maison. Cette dernière pouvait-être habitée par un humain.

Reste ici lui ordonna le nain avant d'aller vers son atelier.

C'est un comble quand même pesta K-Joe dans sa tête. Le nain revint avec l'épée d'Axelle et les dagues de la grande prêtresse dans les mains. K-Joe fut soulagé de les retrouver lorsque le nain les lui tendit.

- Où les avez-vous trouvés ?

- Elles sont arrivées au même endroit que toi hier.


Maudit Gilbert ! A quoi ça rime tout ça se questionna K-Joe

Sais-tu ce que sont ces armes ? Demanda Bolgek contemplatif.

- Comment ça ?

- Les dagues sont de factures elfiques, ces saligauds les ont forgés en mythril. Ce n'est pas mauvais pour un travail réalisé par des elfes. Ça manque de runes si tu veux mon avis m'enfin...

- C'est quoi du mythril ?

- L'un des matériaux les plus durs qui soient. Ces lames ne s'émousseront quasiment jamais et elles résisteront à n'importe quel impact. Tu devrais y faire plus attention à l'avenir, elles valent leurs pesants d'or. Mais ton épée est encore plus intéressante. Par contre je ne comprends pas comment tu fais pour la manier ?

- Je ne peux pas la manier.


Bolgek regarda K-Joe avec incompréhension avant de continuer :

- Cette épée est faite dans un métal qu'on appelle ici le Norcrab. C'est moins résistant que du mythril mais c'est un amplificateur de magie. Une rune a été forgée sur cette lame et je dois dire que c'est un véritable travail d'expert. C'est assurément un nain qui a forgé ça. Saurais-tu qui par hasard ?

- Non.

- C'est bien dommage, un travail de cette qualité...

- A quoi sert la rune ?

- C'est une rune d'antimagie, elle a été conçue pour détruire et protéger son porteur de tous type de magies. Et avec le Norcrab autant te dire que c'est très efficace.

- Tu sembles bien t'y connaître pour un éleveur de mouton.


Cette remarque stoppa net sa contemplation. Son expression fut soudain plus dure.

- Tu as retrouvé tes engins de morts maintenant va-t'en de ces terres ! Allez ouste ! Lui cria-t-il tout en le repoussant en dehors de sa maison.

K-Joe bien que repoussé en profita pour demander au nain :

- Et ça qu'est-ce que c'est ? Demanda K-Joe en montrant la boule de vigne luminescente sur son moignon.

- Tu m'as pris pour un druide ou quoi ?! Allez bon débarras ! Tu pues en plus ! Il poussa K-Joe hors de la maison et claqua la porte derrière lui.

K-Joe s'était étalé au sol. Il se releva et pesta contre le vieux nain. Les soleils commençaient à se coucher. Jzeug était assis à côté de la maison. Dormait-il ? K-Joe n'aurait pas sût le dire jusqu'à ce que le colosse tourne sa tête vers lui. Toujours pas de liquéfaction en vue. Mais qu'est-ce que c'était que ce bordel se demanda t'il. Il se dirigea vers le golem mais celui-ci lui indiqua du doigt une barrique d'eau. K-Joe mit un peu de temps à comprendre.


- Oh ! Allez ! Je ne pue pas tant que ça !

Jzeug continua de désigner la barrique et K-Joe finit par se résigner. Il faisait nuit lorsqu'il eut fini de se laver et de laver ses affaires. Il les étendit à plat sur l'herbe et chercha quelque chose à se mettre, il grelottait. Le voyant ainsi le colosse tendit un bras et attrapa une laine de mouton dans la grange. Il la tendit à K-Joe.

- T'es le meilleur Jzeug ! s'exclama t'il en se précipitant sur la laine. Ça puait le mouton mais peu importe.

Il s'assit à côté du golem et se laissa tomber contre lui. Les parois en cuivre étaient froides heureusement qu'il était entouré de laine de mouton. Il avait arrêté de grelotter.

- Ton maître n'est pas facile à suivre.

Jzeug haussa les épaules.

- Vous vivez ici depuis longtemps ? Demanda K-Joe oubliant que le Golem ne parlait pas vraiment.

Jzeug fit oui de la tête, puis il pencha sa tête sur le côté en désignant K-Joe et ferma les yeux. Ça a le mérite d'être clair se dit K-Joe. Pas plus fatigué que ça il essaya quand même de s'endormir. Chose que son comparse Jzeug faisait déjà très bien. Comment une machine peut-elle dormir ? Est ce qu'il rêve ? Et si oui de quoi ? Un lit n'aurait pas été du luxe. K-Joe eu beaucoup de mal a s'endormir trop de choses qu'il ne comprenait pas, trop de nouveautés et surtout trop faim. Cette sensation de faim avec laquelle il vivait depuis toujours dans le néant devenait ici insupportable. Il se sentait las physiquement. Comme si ses forces s'envolaient. Etait-il en train de s'endormir ou s'évanouir se demanda t'il en fermant les yeux.
K-Joe ouvrit les yeux. Il était confortablement allongé dans un lit. Il tourna très difficilement la tête pour faire le tour de la pièce. Il était dans les vapes. Bolgek était là, il pestait, sans doute après lui mais K-Joe ne captait que quelque bout de phrases. « Non mais je vous jure ! », « Qu'un nouveau-né », « avale ça » etc.
Lorsqu'il s'éveilla à nouveau K-Joe pouvait bouger. Sa sensation de faim était toujours là mais beaucoup moins présente que lorsqu'il était dans le vide. Il se releva, personne n'était dans la pièce. Il était nu mais ses affaires étaient posées au bout du lit. Une fois habillé et équipé il sortit de la chambre. Un long couloir avec plusieurs portes de chaque côté menait a un escalier qui descendait. Arrivé en bas, personne ne semblait être dans la maison. K-Joe attrapa tous les fruits sur la table et sortit. Pas de moutons dans l'enclos. Ils ont dû les emmener paître là-haut pensa K-Joe en se mettant en chemin. Les fruits étaient délicieux et K-Joe était repu pour la première fois depuis Mara. Il vit Jzeug et Bolgek sur leurs rochers regarder les moutons. Ils passaient vraiment leurs journées à ça ? Se demanda K-Joe en approchant. Il salua en retour Jzeug qui lui faisait coucou avec la main. Puis il arriva devant le vieux.


Merci de m'avoir soigné lui dit-il reconnaissant.

- T'as une dette envers moi gamin et je compte bien que tu t'en acquittes !

Oh non pensa K-Joe.

- Vous m'avez sauvé uniquement pour ça hein ?! demanda K-Joe en colère.

- Personnellement je t'aurais jeté dans les nuages mais Jzeug t'aime bien. C'est assez ironique alors que tu ne le vois même pas comme une vraie personne.

K-Joe regarda le Golem reconnaissant.

Tu vas faire quelque chose pour moi lui dit-il à voix basse.

- Quoi donc ? demanda K-Joe inquiet.

- Suis moi dit le nain en sautant du rocher.

Il redescendit la colline et demanda à Jzeug de veiller sur les moutons. Le golem acquiesça de la tête. Le retour à la maison se fit dans le silence. K-Joe était de plus en plus inquiet à mesure qu'il redescendait. Au pire il avait les dagues sur lui. Ils entrèrent dans la maison. Le nain s'installa à table et l'invita à faire de même.

- Je vais bientôt mourir dit-il de but en blanc.

- Vous êtes malade ? Demanda K-Joe sans vraiment réfléchir.

- Je suis vieux. Crétin ! Il ne me reste que quelque mois à vivre. Je pensais en avoir pour plus longtemps mais je me suis trompé.

Le vieux n'avait pas l'air attristé de son sort. Il était inquiet mais pour autre chose.

- Je suis désolé pour vous mais qu'est-ce que ça à avoir avec moi ?

- Tu es coincé ici. Tu as perdu tes pouvoirs. Tu ne peux plus voyager. Te vois-tu finir tes jours ici ?

- Certainement pas
s'exclama t'il.

Bolgek se mit à rire.

- Je pensais la même chose que toi avant. J'ai donc construit un portail, il devait me permettre de quitter cet endroit. J'ai construit Jzeug pour m'aider dans sa réalisation.

- Il fonctionne ?

- Je ne l'ai jamais testé. Mais j'ai suffisamment confiance en mes compétences pour te répondre oui, il fonctionne. Il est au fond de la grange.

- Pourquoi ne jamais l'avoir utilisé ?
Demanda K-Joe dans l'incompréhension.

Bolgek ouvrit la bouche pour répondre puis la referma. Il était perdu dans ses pensées. Il finit par dire :

- Il y a beaucoup de raisons. Jzeug en est une.

- Le golem ?

- Oui, oui ! Le golem ! Tu le vois peut-être comme une machine obéissante mais il est bien plus que ça ! Il est comme mon fils ! Il pense, il a des goûts, il aime regarder les moutons, s'amuser et surtout il a une âme pur, comme celle d'un enfant. Et il est hors de question de l'abandonner ici.

- Vous auriez pu partir et revenir.

- Une fois le voyage effectué, il n'y a plus de retours possibles. Le portail n'existe qu'ici et pas ailleurs. Si j'avais fait ce que tu dis je n'aurais jamais pu retrouver le chemin de ces terres.

- Je veux utiliser ce portail.

- Tu ne sauras jamais t'en servir mais je peux t'apprendre, à une condition.

- Vous comptez faire durer le suspense encore longtemps vieux croûton ! Qu'est-ce que vous voulez à la fin ?!

- Je veux que tu veilles sur Jzeug après ma mort.


K-Joe était abasourdi par cette demande.

- Autant me demander de finir mes jours ici !

- Il va mourir dans 2ans, 4mois et 24jours dit Bolgek amer.


K-Joe resta sans voix.

- Vous avez programmé la mort de votre fils ?! C'est une machine pourquoi avoir fait ça ?! Il aurait pu vivre éternellement !

- L'éternité est une malédiction pour quiconque. Te vois-tu vivres ici seul à jamais ?


K-Joe connaissait bien le sujet et dû reconnaître que le nain avait raison.

Je l'ai programmé ainsi parce que je pensais mourir peu de temps après cette date. Je me suis trompé. Je ne vais pas lui retirer de la vie c'est hors de question ! Veilleras-tu sur lui pour les 2 années à venir ?

K-Joe réfléchit, il n'avait pas vraiment le choix. Il finit par accepter le marché du vieil homme.

Les mois qui suivirent, il vécu avec eux, apprenant le fonctionnement de la maison, l'entretien du verger et des moutons et bien sûr le fonctionnement du fameux portail. Le nain l'initia au métier d'artificier ce qui était extrêmement compliqué pour un manchot. K-Joe du apprendre à lire et ce ne fut pas une mince affaire non plus. Pas de retour au néant ni de liquéfaction, K-Joe ne comprenait pas mais le vivait très bien. La santé de Bolgek diminuait chaque jour un peu plus. Une nuit le vieux nain appela K-Joe à son chevet.


- Promet moi que tu veilleras sur lui !

- Je me suis déjà engagé auprès de vous.

- JURE-LE !
Hurla-t-il.

- Je le jure.

Le vieux nain se mit à pleurer comme jamais. Il semblait délirer.

- Qui a détruit le monde ? Lui demanda-t-il.

J'avais une femme et des enfants. Tu penses que je les reverrai après ce que j'ai fait ?

- Je vous le souhaite.

- Tu n'avais pas le choix. Moi je l'avais ...


Le vieux nain pleura quelque temps, se calma et s'assoupit. K-Joe le regarda dormir en repensant a ses mots. Il finit par aller se coucher.
Il se réveilla à l'aube, Bolgek n'était pas encore réveillé, lui qui était si matinal. Pressentant le pire K-Joe monta dans la chambre du nain. Le vieux était mort dans son lit. C'est une belle mort pensa t'il. Il ressortit et alla voir le Golem.


- Il n'y a pas de bonnes ou de mauvaises manières de t'annoncer ça. Ton père est mort. Il s'est éteint dans son sommeil cette nuit annonça K-Joe.

Jzeug tomba à genoux et baissa la tête, bien qu'il s'y attendait la nouvelle l'attristait au plus haut point. K-Joe le voyait bien, il mit sa main sur sa jambe pour le soutenir.

Je suis désolé. J'ai promis à ton père de veiller sur toi et c'est ce que je ferai. Je pensais l'enterrer à côté de son atelier on déposera ensuite des fleurs sur sa tombe si tu veux bien m'aider.

Le golem acquiesça lentement de la tête. Il n'y avait pas de larmes mais les sentiments étaient bien là. Ils enterrèrent le vieux nain a côté de l'atelier. Ce fut pénible aussi bien physiquement que mentalement, Bolgek aussi grognon soit-il, était devenu le mentor de K-Joe. Ils déposèrent des fleurs chaque jour qui suivit. K-Joe aurait pu utiliser le portail et s'enfuir mais il n'en fit rien. Au lieu de ça il tint sa promesse. Il prit soin de Jzeug pendant les deux années qui suivirent. Voyant ça au début comme une corvée, K-Joe changea d'avis très vite et un lien solide se créa entre le golem et lui. Bolgek avait raison, il était bien plus qu'une simple machine. Ils étaient tous les deux heureux dans leur routine. La communication était difficile au début mais K-Joe finit par comprendre de manière instinctive les gestes et réponses de Jzeug. Il lui parla de ses voyages, de la secte, les rudes combats qu'il avait mené etc. Jzeug était désireux d'apprendre et K-Joe ravi de l'instruire. Il avait créé un artefact qui décomptait sa vie, balisant à chaque coup d'oeil que ce soit le dernier. Jusqu'au matin où ce fut le cas. K-Joe sortit et emmena les moutons avec Jzeug dans les collines la boule au ventre. Il s'assit à côté du golem et regarda tristement les moutons avec lui. Il finit par lui dire :

Tu sais Jzeug, je ne t'en ai jamais parlé avant parce que c'est un sujet très douloureux pour moi. J'ai trouvé la femme de ma vie il y a plusieurs années de ça.

Jzeug fit un mouvement que K-Joe comprit de suite.

Oui j'étais très chanceux de l'avoir rencontré tu as bien raison sourit K-Joe en y repensant.
Elle s'appelait Mara. Tu vois on a jamais pu avoir d'enfants elle et moi, bien qu'ont été prêt à être parent.

Jzeug fit un autre geste.

Non ce n'est pas qu'elle ne pouvait pas... Ou plutôt si en quelque sorte c'est un peu compliqué. En fait elle vivait sur une île enchantée.

Jzeug répondit.

Non elle n'avait pas de la chance, l'île était effectivement paradisiaque mais elle y a vécu seule pendant longtemps et l'enchantement arrêtait le temps, il était donc impossible qu'elle puisse tomber enceinte dit tristement K-Joe.

Jzeug lui tapota le dos.

Je... elle est morte à cause de moi tu vois. Et... je ne serai jamais parent parce que je ne veux pas rencontrer d'autres femmes. C'était l'amour de ma vie dit-il les larmes aux yeux.
En tous cas si elle était toujours en vie aujourd'hui je suis sûr qu'elle t'aurait beaucoup aimé. Et je dois dire qu'au début je te voyais juste comme une machine... J'étais stupide parce que... aujourd'hui tu es comme le fils que je n'ai jamais eu. Mara t'aurais vraiment beaucoup aimé dit-il en pleurs.

K-Joe savait que l'absence de réponses de Jzeug ne voulait dire qu'une chose. Mais il refusait de le constater.

Tu as raison, parfois il faut juste regarder dit-il en tapotant sa jambe en larmes.

K-Joe resta a côté de lui pendant un temps. Les cheminées de Jzeug qui produisaient tant de fumée s'étaient éteintes. Il restait assis là de manière enfantine sur son rocher.
K-Joe sécha ses larmes et finit par redescendre vers la maison avec les moutons. Il resta quelque temps sur ses terres, fabriquant des artefacts et enclos pour permettre aux moutons de vivre sans risque sur toute l'île en totale autonomie. Il amenait des fleurs tous les matins sur la tombe de son mentor et aux pieds de son fils. Il repensa à ce que lui avait demandé le vieux. Est ce qu'il se voyait finir ses jours ici. Si Jzeug était toujours avec lui ça aurait été avec joie. Des instants de paix dans ce monde de fous on n'en trouve pas des masses. J'en ai connu deux moi, je suis chanceux se dit K-Joe en se recueillant une dernière fois auprès de ses proches. Des fous ils y en a tout une secte quelque part sur un autre monde. Je vais essayer de les rejoindre. Ils sont ce qu'il me reste de plus proche d'une famille maintenant. Adieu Jzeug, adieu Bolgek.

K-Joe libéra les moutons, fit un sac de provisions et alla allumer le portail. La destination était inconnue. Il hésita, regarda une dernière fois en arrière, puis, traversa le portail.

Edité 5 fois, dernière édition par maitredragon Le 03/02/2021

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maitredragon - Chevalier - Le 27/11/2020

Une fois le portail passé, K-Joe traversa un tunnel lumineux à grande vitesse avant d'arriver en trébuchant sur un sol. Le vieux n'avait pas menti, son portail fonctionnait, par contre bonjour la gerbe se dit-il à quatre pattes. Le vomi finit par venir. Après avoir repris sa respiration, il se releva. Il était dans un brouillard épais. On n'y voyait même pas à 1 m. Au moins il n'avait pas atterri dans un volcan se réjouit-il. Malgré le brouillard une chose était clairement visible et surpris K-Joe. Ce monde avait quatre lunes. On les distinguait nettement malgré le brouillard, une lune rouge, bleu, blanche et noire. Une autre chose le frappa, la concentration de manas dans l'air. Elle en était presque suffocante tellement l'atmosphère en était saturée. Une terre riche en magie donc en conclut K-Joe. Il commença à avancer à tâtons. Un de ses pieds percuta une racine et manqua de le faire tomber à nouveau. Une forêt ? Il continua d'avancer, pas de nouvelles racines. Curieux se dit-il. Après quelques mètres, il décida de s'arrêter, s'était trop dangereux. Un ravin aurait pu se trouver devant lui qu'il ne l'aurait même pas vu. Il décida de s'installer là pour la nuit. Le sol était rocailleux avec un peu d'herbe par ci par là. Pas très confortable mais ça fera l'affaire se dit-il. Il s'allongea au sol et posa sa tête sur son sac une dague à la main, mieux vaut être prudent on ne sait jamais se dit-il. K-Joe eu beaucoup de mal à s'endormir. Il hésita plusieurs fois à se relever et reprendre sa route mais le brouillard n'avait pas désépaissi. Quelle maudite purée de pois pesta-t-il. L'air était frais mais il ne souffrait pas trop du froid pour le moment. Il finit par trouver le sommeil.

Un bruit de vagues le réveilla, il crut d'abord avoir rêvé n'ayant pas vu de sable ni entendu quoi que ce soit de la sorte en se couchant, mais le même bruit arriva une deuxième fois cette fois précédé d'un cri. Ce n'était pas un cri de détresse. C'était plus un cri de hargne avant d'attaquer. Est-ce que quelqu'un se battait non loin ? Ça n'expliquait pas le bruit de vagues et d'eaux qui continuaient. K-Joe se leva, prit ses affaires et se dirigea lentement vers la source de ce vacarme dague en main. A mesure qu'il approchait chaque bruit de vague projetait des gouttes d'eaux sur lui. Le sol était de plus en plus boueux, on aurait dit un vrai marécage. Mais qu'est-ce que c'est que ce bordel se demanda-t-il. Il vit enfin l'origine de ce bruit à un mètre devant lui une jeune femme, se tenait dos à lui en pleine posture de combat. Elle cria comme pour rassembler ses forces et projeta sa main en avant. Une vague digne d'un tsunami en sortie et déferla devant elle. K-Joe était sans voix il ne put s'empêcher de siffler d'admiration. La jeune fille se retourna vivement. Elle était essoufflée et avait des yeux magnifiques, il n'en avait jamais vu des comme ça. K-Joe n'eut pas le temps de la féliciter pour son sort. Elle se mit en position face à lui et lui hurla dessus :


- Tu ne m'auras pas comme ça, suppôt de la lumière !

Elle concentra toutes ses forces et projeta un tsunami trois ou quatre fois plus grand que celui qu'elle avait produit précédemment. K-Joe eut juste le réflexe de se protéger avec la dague, ce qui ne suffirait clairement pas. Prêt à se faire balayer, le tsunami se dissipa pourtant immédiatement autour de lui. Il fut néanmoins trempé jusqu'aux os. La jeune fille tomba à genoux à bout de souffle. Elle ne comprenait visiblement pas pourquoi K-Joe était toujours devant elle sans la moindre égratignure. K-Joe ne comprit pas de suite non plus. Puis il regarda l'épée d'Axelle dans son fourreau et se souvint de l'analyse de Bolgek. Là aussi tu ne t'étais pas trompé le vieux pensa K-Joe nostalgique. Il se concentra à nouveau sur la jeune femme devant lui. Elle était très belle et vêtue d'une manière assez tribale. La puissance de son sort était vraiment impressionnante. Heureusement que j'avais cette épée, autrement je serai mort pensa K-Joe en rangeant la dague et en empoignant le manche de l'épée reconnaissant.

- Non mais ça va pas d'attaquer les gens comme ça ! OH ! J'aurais pu mourir bordel ! En plus je ne sais même pas ce qu'est un « suppôt de la lumière » !

Elle le dévisagea avec méfiance, puis vit ses drôles de vêtements. Il tendit sa main pour l'aider à se relever. Elle sembla comprendre son erreur et se prosterna le front dans la boue.

- Je suis vraiment désolée, j'ai failli vous tuer par erreur. Vous pouvez disposer de ma vie comme vous l'entendez lui dit-elle en implorant son pardon.

Il l'a pris par l'épaule et la releva.

- Non mais c'est pas grave dit-il gêné avant de repartir.

- Attendez ! Qui êtes-vous ?

- Je m'appelle K-Joe, je viens d'un autre monde. Comment s'appelle cet endroit ?

- Gysme
répondit-elle surprise Vous êtes un arpenteur ?

- Si seulement... dit K-Joe amer.

- Vous êtes tout mouillé ! Permettez-moi au moins de m'excuser en vous offrant le gîte et le couvert pour ce soir dit-elle très gênée.

Dormir sur autre chose que cette foutue rocaille et un bon repas était une perspective plus qu'heureuse, hors de question de dire non se réjouit K-Joe.

- Ok.

Cette réponse lui rendit le sourire, un très beau sourire. Elle se présenta et lui indiqua la direction de son village en lui donnant une valeur de distance que K-Joe ne comprit pas. Elle s'appelait Esmée et lui demanda de la suivre. C'était plus facile à dire qu'à faire. En effet elle semblait se mouvoir dans le brouillard sans le moindre problème. Ce qui n'était pas du tout le cas de K-Joe, qui se cognait absolument partout. Il l'a perdit de vue et tomba au sol. Il avait beaucoup de mal à respirer dans cet environnement. Elle revint vers lui et lui demanda :

- Que venez-vous faire ici ?

- Je suis arrivé ici par hasard. Je cherche juste un moyen de rentrer chez moi. Vous avez un moyen de voyager entre les mondes ? Ou vous connaissez peut-être un arpenteur qui vient souvent ici ?
Demanda-t-il pleins d'espoirs.

- Il existe un moyen ici mais il est réservé aux gens natifs de ces terres.

Il ne me reste plus qu'à le voler pensa K-Joe déterminé.

Je peux vous aider à obtenir ce que vous voulez dit-elle à la surprise de K-Joe.

- Mais je croyais que c'était réservé aux...

- Ça l'est !
Le coupa-t-elle. Marcher avec moi je vais vous expliquer.

Ils se mirent en route, cette fois côte à côte en marchant tranquillement. K-Joe était guidé par Esmée qui le prévenait du moindre obstacle.

Vous êtes un grand guerrier. Vous êtes sorti indemne de mon attaque, en plus vous n'avez qu'un bras. Accepteriez-vous de m'entraîner ?

K-Joe ne comprenait rien. Lui un grand guerrier... cette pensée le fit doucement rire. Qu'à cela ne tienne s'il fallait ça pour atteindre son but.

- Pourquoi tu t'entraînes exactement ?

- Vous voyez les lunes ?


Difficile de faire autrement on ne voit que ça pensa K-Joe.

- Oui.

- Tous les 74 ans, une pierre de lunes se forme. Cette pierre exauce le voeu de son propriétaire. Devant la rareté d'un tel objet il y a eu une guerre. Afin d'arrêter le carnage, les héros de chaque peuple mirent en place un système. Chaque peuple vénère une lune. Et tous les 74 ans chacun d'eux désigne un champion. Le duel des quatre champions à lieux et le vainqueur remporte la pierre lune. Vous comprenez ?


K-Joe avait plein de questions mais il ne savait pas vraiment par où commencer.

- Tu vénère quelle lune toi ?

- Mon peuple vénère la lune bleue.


Question stupide pensa K-Joe en repensant au tsunami.

- Du coup tu maîtrises des sorts de manipulation, de contre et de...

- Mais pas du tout ! Je ne suis pas un suppôt de la lumière pour qui me prenez-vous ! Je tape vite et fort ! C'est la voie suivie par mon peuple.


K-Joe resta bouche bée.

- Vous tapez vite et fort en utilisant du mana bleu...

- C'est quoi du mana ?
Demanda-t-elle

K-Joe s'arrêta net.

- Le tsunami que tu m'as envoyé dessus, tu l'as créé à partir de quoi ?

- L'énergie de la lune bleue.

- Ok chez moi on appelle ça du mana et chez moi ceux qui tapent vite et fort utilisent principalement du mana vert pour ça.

- Mais... Nous n'avons pas de lunes vertes dit-elle confuse.

- Pas besoin de lunes, la terre sur laquelle nous marchons produit largement ce qu'il faut.


Elle le dévisagea partagé entre l'incompréhension et le doute. Elle doutait clairement qu'il dise la vérité. Pour prouver ses dires, K-Joe tendit sa main vers elle et en fit jaillir du mana vert. Au moment où le mana apparut la boule de vigne luminescente toujours accroché à son moignon se transforma en un bras végétal luminescent vert. K-Joe était stupéfait et Esmée aussi. Aucun d'eux n'osa parler pendant plusieurs minutes. K-Joe se sentit bête de ne pas avoir essayé ça avant. Il contemplait son nouveau bras on aurait dit celui d'un élémental. Il avait complètement oublié Esmée. Le bras répondait à sa volonté il pouvait le bouger à sa guise. Il faisait des mouvements de bras devant son visage radieux. Il fermait le poing, l'ouvrait à nouveau, bougeait ses doigts puis son bras de haut en bas, de gauche à droite, en diagonale. Il était heureux de retrouver son membre.

- K-Joe ? K-Joe ? K-JOE ?

Le cri d'Esmée le sortit de sa contemplation. Il fut surpris de voir Esmée ayant oublié jusqu'à sa présence. Il la regarda heureux comme tout et dit :

- J'ai un bras.

- Oui je vois ça
dit-elle amusée par son air enfantin.

Visiblement la magie lié au mana vert était quelque chose d'inconcevable pour Esmée qui avait beaucoup de mal à intégrer ce qui se passait.

Vous maîtrisez une magie qui n'existe pas ici. Je ne sais pas quoi en penser dit-elle incertaine.

- J'ai beaucoup d'affinité pour le mana vert, mais je peux produire tous les autres manas.


Pour prouver ses paroles il fit jaillir chaque type de manas différents dans sa main. Le bras végétal prit la couleur de chaque mana sans changer d'apparence. En voyant ça Esmée ne parut pas à l'aise. K-Joe lui demanda alors :

Quoi ? Avec tout le mana présent dans l'air vous devez bien avoir des personnes qui maîtrisent la magie de plusieurs lunes ?

- On en a... mais ils sont tués dès la naissance.


Le visage horrifié de K-Joe poussa Esmée à s'expliquer :

Chaque nouveau-né est testé à la naissance. Ceux qui ont des affinités pour plusieurs lunes sont considérés comme des déviants dit-elle tristement.

- Toi et ton peuple allez vouloir me tuer ? Demanda K-Joe sur ses gardes.

- Non, nos règles ne s'appliquent qu'aux natifs. En revanche je n'ai encore jamais rencontré de personne maîtrisant le « mana vert » ou cinq types de magies différentes.

- Et qu'arrive t'il aux enfants qui naissent avec une affinité différentes de leurs parents
demanda K-Joe craignant le pire.

- C'est très rare... Ils sont emmenés et élevés par le peuple de leur affinité.

- C'est ton cas ?

- Bien sûr que non
dit-elle sèchement. Reprenons le chemin ordonna-t-elle.

Ils reprirent la marche en silence. Les sujets précédents avaient jeté un froid. Une fatigue énorme s'abattit soudain sur K-Joe. Il tomba au sol essoufflé. Le bras végétal se recroquevilla et revint à son état de boule. Il faut que je produise du mana en continue... Je ne vais pas pouvoir l'utiliser en permanence comprit-il. Esmée attendit qu'il reprenne son souffle. Ça plus l'atmosphère saturée, K-Joe eu beaucoup de mal à se relever. Il en profita pour interroger à nouveau Esmée sur Gysme.

- Comment vous pouvez être sûr que la pierre lune ne sera pas volée ?

- Elle achève sa formation le même jour à la même heure au même endroit tous les 74 ans. La voler avant serait inutile, elle ne fonctionne qu'une fois achevée.

- Et le jour où elle s'achève ?

- C'est le tournoi des 4 champions. Le champion une fois désigné, pose ses mains sur la pierre et attend les dernières gouttes devant les quatre peuples.

- Et aucun peuple ne tente rien ?

- Personne ne veut la guerre. C'est un peu comme une fête.

- Ce ne sont pas des combats à mort ?


Elle le dévisagea comme s'il était un primate.

- Qui fait ça ?!

Qui tue des nouveaux nés... pensa très fort K-Joe.

- Personne n'a jamais fait un souhait qui impacterait un des autres peuples ?

- Mais de quelles contrées diaboliques venez-vous ? Non !

- Même les suppôts de la lumières ?

- Eux... ils ne tentent rien pendant le tournoi. Mais avant, s'ils peuvent mettre hors d'état de nuire un futur adversaire... Ils n'hésiteront pas. C'est pour ça que je vous ai attaqué. Je suis vraiment désolé


K-Joe réussi à se relever. Ils recommencèrent à marcher.

- Et toi pourquoi veux-tu devenir la championne ?

- Assez de questions ! C'est à vous de me répondre !
Répliqua-t-elle. Acceptez-vous de m'entraîner ?

- Tu ne sembles pas vraiment en avoir besoin...

- Je n'ai même pas réussi à vous toucher.

- Ca c'est parce...


K-Joe s'arrêta de parler et réfléchis à toute vitesse. Sa seule chance de partir d'ici était la pierre lune. Bon aussi qu'un arpenteur passe par là mais c'était beaucoup moins probable. Esmée était donc sa seule chance si ce qu'elle avait dit était vrai.

J'accepte de t'entraîner.

Elle rayonna.

- Super ! Merci beaucoup. Vous ne le regretterez pas.

- Par contre tu vas me tutoyer à partir de maintenant.

- D'accord... Il ressemble à quoi votr... ton monde ?
Demanda-t-elle soudain.

K-Joe hésita puis commença par décrire la secte. Une chose semblait inconcevable pour Esmée.

Attend, attend. Vous êtes dirigés par une femme ?!

- Pas dirigés... C'est plus compliqué que ça. C'est la grande prêtresse de notre secte.

- C'est la plus haute autorité chez vous ?

- Une des plus hautes autorités, oui.

- Waouh. Ça doit être vraiment bien d'habiter dans un monde comme celui-là
dit-elle admirative.

- Tu dis ça parce que tu ne l'as jamais vu s'énerver dit-il à voix basse comme s'il craignait que la grande prêtresse surgisse d'un coup.

Cela rendit Esmée encore plus admirative, ce qui interrogea K-Joe.

Pourquoi tu trouves ça si bien ? Il y a plein de femmes très puissantes partout dans le monde. Ça n'a rien d'extraordinaire.

- Ce n'est... ça n'a pas d'importance. Pourquoi avez... As-tu quitté ce monde ? Il a l'air vraiment chouette.


K-Joe ne répondit pas. Tout lui revenait en mémoire. Tout était toujours aussi douloureux. Soudain K-Joe pensa à l'unique question qu'il n'avait pas posé et qui pourtant était la plus importante.

- Quand a lieu le duel des quatre champions ?

- Dans un peu moins de quatorze ans. Pourquoi ?


Cette information eut l'effet d'un coup de massue sur K-Joe. Quatorze ans... A ce train-là je serai mort avant même de rentrer chez moi pensa t'il. Il ralentit, cherchant une solution plus rapide pour quitter ce monde. Rien ne vint. Il devait se résoudre à perdre quatorze ans de sa vie ici, à entraîner Esmée. K-Joe refusa de s'y résigner, il devait y avoir un moyen de partir d'ici plus rapidement c'était obligé ! Esmée vit son expression et comprit ce qui n'allait pas. Elle resta silencieuse un moment avant de dire :

- Tu peux visiter ce monde en large et en travers, ça ne te prendra que quelque mois. Mais l'unique moyen d'en partir est la pierre. Tu n'es pas le premier à vouloir partir tu sais...

- Peut-être que vous êtes passé à côté de quelque chose peut-êt...

- Je suis désolé.
Le coupa t'elle Il n'y a pas d'autres moyens.

K-Joe espérait du plus profond de son être qu'elle mentait, mais il savait qu'elle disait la vérité. Il était coincé. C'était la première fois depuis des années que la présence de Gilbert et surtout de ses pouvoirs lui manquait.

- On est arrivé dit soudain Esmée.

K-Joe été trop dépité pour apprécier la vue. Le brouillard s'était dissipé sans même qu'il s'en rende compte. Ils étaient sur une colline qui surplombait le village d'Esmée. Enfin village... le nombre d'habitations était plus proche de celui d'une ville. C'était un parfait mélange de tribal et de modernité magique lié à l'eau.

- Par ici appela Esmée.

K-Joe suivait comme un robot sans même prêter attention à ce nouvel environnement. Le dépit et la résignation se faisait lentement. Esmée lui racontait ce qu'elle avait vécu à tel ou tel endroit. Mais K-Joe n'écoutait pas vraiment. Ils finirent par arriver devant chez elle. Elle se stoppa net avant d'entrer et se tourna vers lui.

- Je vis avec mon père, il doit être couché mais si jamais il est encore debout, est ce que tu peux éviter de dire que je m'entraînais ou que tu vas m'entraîner à l'avenir. S'il te plait ?

- Ok
dit K-Joe sans même prêter attention à ce qu'elle avait dit.

Ils entrèrent dans l'habitation. K-Joe ne sut comment mais il se retrouva assis à table devant un merveilleux repas. Esmée n'attendait qu'une chose c'est qu'il déguste sa cuisine. Il attaqua le repas sans grande conviction même si la perspective le réjouit un peu. C'était délicieux, il perdit assez vite son humeur maussade et avala goulûment tout ce qui se trouvait devant lui. Il s'aidait même de son nouveau bras pour aller plus vite. Esmée était aux anges, heureuse de voir son hôte se régaler. Elle voulait lui poser encore pleins de questions mais se retint bien consciente que les 14 ans d'attente n'était pas encore digérés. De meilleure humeur grâce à ce succulent repas, K-Joe resta néanmoins perdu dans ses pensées, refusant toujours la situation.

Il fut tiré de ses pensées par Esmée qui l'invita à aller se coucher dans sa chambre... K-Joe eut comme un air de déjà-vu. Il protesta en disant qu'il pouvait dormir à même le sol dans le salon. Esmée ne voulait pas que son père trouve un inconnu chez lui au matin. Il dormirait donc par terre dans sa chambre. Au moins ils ne partageraient pas le même lit se dit-il soulagé. Devant sa chambre elle lui demanda de rester dehors un instant le temps de tout réorganiser. Quelques minutes plus tard elle s'était changée pour dormir, délaissant le coté guerrier pour ne garder que le côté sexy. K-Joe chassa cette pensée de sa tête avant de prendre place sur son lit de fortune. Se déséquiper était tout de suite plus simple avec deux bras. Il enleva ses affaires qui étaient encore mouillées et garda le reste. Hors de question d'être nu !
C'était vraiment agréable de dormir à nouveau dans une maison et le ventre plein. Esmée dormait déjà, brave petite. Elle n'était pas très prudente quand même se dit K-Joe. Tout ça lui rappela d'agréables souvenirs de sa première nuit avec Mara. Même si ce n'était pas, ici, le même type de relation se justifia t'il intérieurement. Il s'endormit souriant, oubliant qu'il passerait les quatorze prochaines années coincé ici.

Lorsqu'il se réveilla il tenait sa dague juste au-dessus de la nuque d'Esmée. Il avait la ferme intention de la tuer, elle, son père et la totalité des habitants. Elle frémit soudain, tirant K-Joe de ses sombres desseins. Qu'est-ce que je fais ?! Se demanda-t-il horrifié par ses dernières pensées ? Il faisait encore nuit dehors. Il ne pouvait pas rester près d'elle, il devait sortir, quitter cet endroit. La panique commença à le gagner, il prit ses affaires rapidement et sortit de la chambre. C'était quoi ça ?! Bordel !

Soudain il se retrouva nez à nez avec un homme d'une cinquantaine d'année, plutôt costaud, dans le salon. Il avait les mêmes yeux qu'elle, sans doute le père d'Esmée, pourquoi était-il debout en pleine nuit ? Un silence gêné flotta quelque temps, le père rompit le silence le premier :


- Qui êtes-vous ?

- Je m'appelle K-Joe lui répondit-il machinalement.

- Et qu'est-ce que vous faites chez moi ?

- Votre fille m'a... elle... m'a sauvé... alors que je mourrais de faim dans les bois
mentit K-Joe en se rappelant qu'il ne devait pas parler des entraînements d'Esmée. Pourtant il ne se souvenait pas qu'elle lui ait dit ça mais il le savait. Étrange...

- Vous avez dormi dans sa chambre ? Demanda-t-il de manière suspicieuse.

Chiotte pensa K-Joe ne trouvant aucune excuse valable. Heureusement Esmée arriva précipitamment dans le salon. La gêne était palpable.

Peux-tu m'expliquer ce qu'il se passe Esmée !

- Bon matin papa


Matin ? Pensa K-Joe en la regardant, ne comprenant pas. Il faisait nuit dehors.

Je te présente K-Joe, je l'ai trouvé dans les bois et...

- Comme je vous l'ai dit j'étais mort de faim
la coupa t'il.

- Voilà ! Et... j'ai... j'ai décidé de lui offrir le gîte et le couvert. Il vient d'un autre monde, il était très fatigué.

- Pourquoi a t'il dormit dans ta chambre et pas dans la chambre d'ami ou ici par terre ?
demanda-t-il d'un air accusateur.

Tiens c'est vrai ça pourquoi je n'ai pas dormi dans cette chambre pensa très fort K-Joe en regardant Esmée.

- Il était très faible je... voulais garder un oeil sur lui.... Au cas où.

Le père sembla se détendre un peu.

- Il m'a pas l'air si affaibli... Bon, je suppose que tu as bien fait. J'y vais, le petit déjeuner était parfait, continue comme ça et tu auras un bon mari. Je préviens la garde qu'un étranger est ici, donc tenez-vous à carreau vous dit-il à K-Joe en lui lançant un regard noir avant de refermer la porte.

Esmée sentit ses jambes tressaillir, elle soupira comme s'ils avaient frôlé la mort de très près. Puis elle regarda K-Joe d'un regard noir très proche de celui de son père.

- Mais qu'es ce qu'il t'a pris ?! On peut savoir ?!

- Je suis désolé j'ai...
je ne peux décemment pas lui dire que j'étais à deux doigts de tous les tuer pensa K-Joe.

Je suis désolé.

Elle soupira exaspérée avant de se diriger en cuisine. Le silence ne dura pas longtemps. Esmée n'aimait pas ça, ni être brouillée avec quelqu'un. Elle avait hâte de commencer à s'entraîner avec lui et était bien trop excitée pour lui faire la tête.

- J'en ai pour une petite heure et après on pourra aller s'entraîner. J'ai juste le ménage et le repas à faire pour ce soir. Fort heureusement j'ai déjà fait les courses ça va nous faire gagner du temps dit-elle tout en se servant de ses pouvoirs pour laver, rincer et nettoyer.

- Alors c'est comme ça que ça marche ici. Je comprends mieux ton admiration pour les femmes fortes et ton envie de devenir championne.

- Je n'ai pas envie d'en parler.

- Je ne suis pas sûr de vouloir t'entraîner.


Esmée arrêta tout ce qu'elle faisait et le regarda droit dans les yeux.

- Pourquoi ?! Demanda-t-elle cachant à peine sa frustration.

- Je... J'ai peur de... Écoute tu ne me connais même pas. Je ne pense pas être compétent et pire, je pourrais te blesser... Grièvement.

- Ça me va
dit-elle déterminée.

- Que... Quoi ? Attends ! Tu ne m'as pas compris, écoute je...

[b]- Non c'est toi qui va m'écouter
le coupa t'elle sèchement. Je passe ma vie à faire ces conneries de tâches ménagères. Tout ça pour qu'au final mon père me marie avec un homme que je n'aimerai jamais. Je passerai le reste de ma vie à faire ces même foutues tâches à la con ! Je m'entraîne loin du village pour que personne ne me voie afin de ne pas apporter le déshonneur sur ma famille. Personne ne m'apprend rien je dois me débrouiller seule. En tous cas je devais, jusqu'à ton arrivée. Alors il est hors de question que tu m'abandonnes ! Et tant pis si ça met ma vie en danger.

K-Joe était bouche bée. Esmée était aux bords des larmes. K-Joe se dirigea vers elle pour la réconforter mais la jeune femme recula vivement.

Je n'ai pas besoin de ta pitié ! Si tu comptes m'abandonner fait le maintenant en quittant cette maison !

- Je ne vais pas t'abandonner. Je veux juste éviter de te blesser.

- Tu t'y prends très mal !

- Ok, voilà ce qu'on va faire, on va aller s'entraîner aujourd'hui et si tous se passe bien on continuera. Est-ce que ça te convient ?


Elle essuya ses yeux humides d'un coup sec du revers de la main avant de répondre :

- Oui. J'en ai plus pour longtemps.

Bordel dans quoi je me suis encore fourré moi se dit K-Joe. Une fois qu'elle eut finit toutes ses tâches, elle alla dans sa chambre s'équiper de sa « tenue de combat ». Vu l'état d'esprit de son village, K-Joe doutait que ce soit réellement une tenue faite pour ça. Il ne put s'empêcher de demander :

- Ce n'est pas vraiment une tenue de combat n'est-ce pas ?

- C'est la tenue traditionnelle pour la danse d'ouverture du championnat. Je ne suis pas censée m'entraîner au combat tu te rappel.


Ils sortirent dans la rue, celle-ci grouillait de vie alors qu'on était toujours en pleine nuit. Deux gardes étaient postés devant chez elle. Esmée et K-Joe se mirent en chemin, Esmée saluant les gardes et toutes les personnes qu'elle croisait. Les gens semblaient beaucoup l'apprécier. K-Joe attirait des regards curieux mais pas menaçant hormis ceux des gardes.

- Tu as dit « bon matin » à ton père mais il fait toujours nuit.

- C'est quoi la nuit ?

- Attends il fait toujours comme ça ici ?

- Comme ça comment ? Je ne comprends pas.

- Vous n'avez pas de soleil ?

- C'est quoi un soleil ?


Mais BORDEL ! Hurla K-Joe intérieurement.

- Laisse tomber, c'est encore une différence entre nos deux mondes ce serait trop compliqué à expliquer.

Ils commencèrent à monter la colline. Esmée remercia les gardes qui les avaient suivis jusque-là. Ils se regardèrent dubitatifs et restèrent en bas des marches. Il faisait donc nuit en permanence ici. Ça explique ces yeux si singuliers. La ville bien qu'illuminée par la gigantesque lune bleu, avait tout un réseau de sphères de mana bleu qui éclairait les maisons et les rues. Arrivés au sommet ils s'enfoncèrent dans les bois et le brouillard. Ce brouillard n'était pas naturel. K-Joe demanda à Esmée. Il s'agissait d'une barrière magique contre les autres peuples et en particuliers celui qui vénérait la lune blanche. Un climat de paix pas si paisible pensa K-Joe. La marche lui parut moins longue que la veille, pourtant ils avaient parcouru la même distance. Esmée lui fit face et lui demanda :

- Tu es prêts ?

- Prêts.


Ce n'est pas comme si j'avais le choix pensa K-Joe en se mettant en position de combat. Esmée lui lança une énorme bulle d'eau qui se dissipa directement autour de K-Joe. Voyant que sa magie ne fonctionnait pas elle fondit sur lui pour l'attaquer au corps à corps. K-Joe n'avait été entraîné que par un cookie imaginaire. Pourtant il pouvait voir que ses attaques étaient d'un niveau amateur. Il esquiva en retrait un coup de pied et se décala sur le côté pour éviter un coup de poing. Profitant de s'être rapproché de sa cible, il lui décocha un formidable crochet en plein visage. Esmée fut projetée en arrière par le choc. Elle se releva chancelante encore sonnée. Elle vit alors les yeux de K-Joe crépitaient d'une énergie magique.

- Encore ! Dit K-Joe

Esmée ne comprenait pas ce qu'il se passait. Énervé d'attendre K-Joe fit pousser son bras végétal et le planta rageusement dans le sol. Une multitude de racines jaillirent sous les pieds d'Esmée pour l'immobiliser. La jeune fille fit un bond en arrière, les racines la traquaient malgré tout. Elle les détruisit à l'aide de deux jets d'eaux à très hautes vitesses. Elle était essoufflée alors que K-Joe jubilait de plus belle.

- ENCORE !

- Peut-être va t'on s'arrêter là pour aujourd'hui
dit-elle effrayée.

- NON !

Il retira son bras végétal du sol pour le diriger rapidement vers Esmée. Il tira un jet de mana concentré sur elle. Esmée tenta de se protéger avec plusieurs gigantesques murs d'eaux avant de se coucher sur le sol. Le jet de mana brisa les murs et tout ce qui se trouvait sur son passage. Esmée ne le prit pas de plein fouet, néanmoins elle fut projetée très violemment contre un arbre qui se brisa sous l'onde de choc. Elle retomba sur le sol une douleur vive dans le bas ventre. Elle ouvrit péniblement les yeux pour voir un morceau de bois enfoncé profondément dans sa chair et K-Joe juste au-dessus d'elle. Il la saisit par le cou avec son bras végétal et la souleva pour que sa tête soi au niveau de la sienne.

- ENCORE !

Esmée lui sourit en caressant sa joue avec une main pleine de sang.

- Je... suis... désolée lui dit-elle avant de perdre connaissance.

K-Joe fut immédiatement ramené à la réalité, son bras végétal se recroquevilla. Et il réussit difficilement à retenir le corps inanimé d'Esmée avec son seul bras. Elle était toujours en vie mais plus pour longtemps. Il était seul dans le brouillard ne sachant pas quelle direction prendre pour la ramener de toute urgence au village. Il appela à l'aide aussi fort qu'il le pouvait. Il tira des jets de mana en l'air afin d'attirer l'attention de quiconque serait à proximité. Personne ne vint. Hors de question de perdre encore quelqu'un se jura K-Joe, il continua ses efforts pendant un temps qui lui sembla atrocement long hurlant à briser ses poumons et tirant des jets de manas jusqu'à épuiser toutes ses réserves. A bout de souffle, la chance finit enfin par lui sourire. Les deux gardes qui les avaient accompagné jusqu'aux marches arrivèrent en courant. A l'aide de leur magie ils procédèrent à des soins d'urgences avant de l'emmener. Ils ordonnèrent à K-Joe de les suivre. Pendant tout le chemin K-Joe se sentait misérable. Il savait que ça se passerait mal et pourtant il n'avait rien fait pour empêcher ça. De plus il n'avait même pas été capable de la soigner. Même Dranelassar savait soigner bordel ! Esmée était entre la vie et la mort par sa faute. Arrivée au village elle fut tout de suite prise en charge et K-Joe enfermé dans une cellule. Son destin était maintenant lié à celui d'Esmée.

Edité 1 fois, dernière édition par maitredragon Le 27/02/2021

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maitredragon - Chevalier - Le 06/12/2020

Elle est après moi ! Je l'entends approcher. Si elle me voit je suis mort. Je pensais l'avoir tué mais certaines choses ne veulent simplement pas mourir. Elle n'est plus humaine maintenant, l'a-t-elle déjà été ? Elle est devenue quelque chose de plus dangereux encore. Respire, je dois me calmer ! N'importe quelle bête sauvage repérerait mes battements de coeur. Respire, calme toi, ici elle ne pourra pas te trouver. K-Joe sentit soudain un souffle glacé derrière sa nuque. Elle est là ! Il tourna sa tête pour se retrouver nez à nez avec Axelle ou plutôt ce qui fut jadis Axelle. Elle l'attrapa par le cou le vidant de toutes ses forces. K-Joe utilisa ce qui lui restait pour la frapper. Elle lâcha son emprise et recula pour éviter le coup. Axelle ouvrit alors la bouche, de la fumée bleue en sortie. Elle lui demanda :

- Pourquoi résistes-tu ? Je suis toi.

K-Joe ne comprit pas ses mots pourtant elle avait raison. Il était-elle, flamboyante dans son armure l'épée dans une main. L'autre entourée d'une nuée noire maléfique en préparation d'une malédiction. Mara était devant lui, terrorisée. Attends hurla t'il alors que sa main visait sa bien-aimée. ATTENDS ! Et il lança la malédiction faisant disparaître Mara dans un nuage noir.

K-Joe se réveilla brutalement, le coeur prêt à exploser, complètement désorienté. Un frisson parcourut tout son corps. Il était trempé de sueur. Il lui fallut un petit moment avant de reconnaître sa cellule. Il reprit petit à petit son souffle. Des cauchemars... Je n'en avais pas eus depuis des années, maintenant j'y ai droit à chaque nuit. Je devrais m'y être habitué mais impossible de s'y faire. Ces terres ne sont pas bonnes pour moi pensa K-Joe. Peut-être vaudrait-il mieux qu'on me juge coupable et que je sois exécuté. Je n'aurais pas à subir ça durant les quatorze prochaines années de ma vie. Et surtout je ne mettrai plus personne en danger. J'espère qu'Esmée s'en sort mieux que moi. Personne ne me dit rien, j'ai perdu le compte des jours ici. Est-elle morte ? Personne ne veut me répondre. J'ignore pourquoi je l'ai attaqué mais je sais une chose. Ce n'est pas du fait de Gilbert, je n'ai pas ressenti sa présence. A vrai dire je ne ressens plus sa présence depuis deux ans. Qu'est-ce qu'il m'arrive ? Je ne comprends pas. Évidemment ils m'ont pris dagues et épée. Qui laisse un prisonnier armé ? Ils ont même réussi à enlever la boule de vigne. Ils sont doués je leur reconnais au moins ça. Esmée est entre de bonnes mains, meilleures que les miennes c'est sûr. Je ne pense pas qu'elle soit morte autrement j'aurais déjà été exécuté. Enfin je suppose tout est si différent ici. Le jour me manque. La nuit en permanence c'est grisant, comme le vide. Je suis allé sur pleins de plans différents mais je reconnais que celui-ci est vraiment unique. A commencer par cette cellule, perdue au milieu de l'eau. De l'eau au-dessus, en-dessous, sur les côtés, partout ! Et malgré leurs aspects liquides, les parois, le plafond et le sol sont aussi rigide que l'acier. Je ne pense pas que ce soit une illusion. N'importe qui deviendrait fou en quelques jours dans un environnement sans repère comme celui-ci. Mais j'ai vécu dans le néant plus longtemps que n'importe qui. J'ai encore du temps avant de voir apparaître un cookie. Non la vraie torture c'est de me laisser dans l'ignorance. Au début j'ai eu le droit à des interrogatoires réguliers. Leurs principales préoccupations étaient de savoir si j'avais attaqué Esmée pour le compte d'un autre peuple. Une sorte de déclaration de guerre en somme. Ils sont en paix et pourtant on dirait qu'ils cherchent n'importe quel prétexte pour partir en guerre. C'est risible. Je n'ai rien dit. Et le fait qu'il ne sache rien me fait penser qu'Esmée est encore inconsciente. Si c'est le cas que va-t-elle faire à son réveil ? Je me demande bien... Elle pourrait dire que je suis fou, que j'ai tenté de la tuer et me laisser me faire exécuter ou enfermer. Son honneur serait sauf et son père pourrait la marier comme c'était prévu. Personne ne saurait qu'elle s'entraînait pour le duel des quatre champions. Après tout elle ne m'a connu que sur deux jours. Elle ne me doit rien, je ne lui en voudrais même pas. Je suis fou et dangereux c'est mieux ainsi. J'espère juste qu'elle va s'en sortir. Le reste n'est que du détail.


Esmée ouvrit les yeux doucement, ses yeux mirent un temps à ne plus voir flou. Les souvenirs étaient confus comme si elle avait déjà vécu une vie mais dont elle ne se souvenait pas. Où était-elle ? Et dans quelle vie ? Je ne comprends pas se dit-elle en tournant lentement la tête pour voir son environnement. Elle était dans un bac d'eau régénératrice. Les souvenirs revenaient petit à petit. Elle passa sa main instinctivement à l'endroit où sa chair avait été transpercée. Rien, même pas une cicatrice. Elle regarda la fenêtre, on était en début de soirée. Ses souvenirs étaient limpides mais mélangés à d'autres qui l'étaient beaucoup moins. Elle aurait eu besoin d'un peu de temps pour démêler tout ça. Mais le maître soigneur entra avec deux aide-mains.

- Bonsoir Esmée.

- Bon...soir
articula t'elle difficilement.

- Te souviens-tu de qui je suis ?

- Vous... êtes notre... maître soigneur.

- Bien, bien, très bien. As-tu mal quelque part ?

- Non
dit-elle en remettant la main sur son ventre.

- Bien, bien. Tu dois être confuse. Tu es restée inconsciente pendant trente-neuf jours.

Il fit une pause pour lui laisser le temps d'assimiler l'information. Trente-neuf jours réalisa gravement Esmée. Une myriade de questions se mit à trotter dans sa tête.

Tu avais perdu beaucoup de sangs quand on t'a amené ici. Tu dois la vie à Ifh et Juieg.

Les gardes ?! Pensa-t-elle surprise.

Ils t'ont retrouvé dans les bois et ont réussi à stopper l'afflux de sang, momentanément évidemment. Nous avons dû te mettre dans ce bac de toute urgence. Je dois avouer ne pas avoir été très optimiste à ton sujet, au départ en tous cas. Tu es guérie maintenant à notre plus grande satisfaction dit-il en regardant les aide-mains en train de procéder aux contrôles standards.

Esmée avait pleins de questions mais ne savait pas du tout par où commencer. Toutes ces informations formaient une gigantesque pagaille avec ses souvenirs. Elle finit par demander :

- Où... est... l'homme qui... était dans les bois... avec moi ?

- Oh, lui, il est enfermé ne t'en fais pas. Il ne pourra plus te faire du mal.


C'était incompréhensible, pourquoi avait-il fait ça.

Je suppose que tu te doutes que plusieurs hauts gradés veulent entendre ta version des faits pour tirer au clair cette affaire. Mais priorité à la santé de mes patients ! Tu peux te reposer encore, demain on attaque la bulle de remise en forme. Je ne préviendrai de ton réveil qu'à ce moment, tu seras ainsi en pleine forme pour répondre à leurs questions, qui je n'en doute pas seront nombreuses... Et toi as-tu des questions ? Veux-tu quelque chose en particuliers ?

Elle avait pleins de questions, mais tous dans sa tête était encore bien trop confus pour se pencher dessus. Et elle voulait par-dessus tous une chose. Manger !

- Je peux avoir à manger ?

Ce n'est pas tous les jours qu'ont peux demander à un homme de nous servir se dit-elle non sans déplaisir.

- Bien évidemment dit-il en faisant un signe de tête à l'un des aide-mains.

Celui-ci partit immédiatement chercher un repas.

Souhaites-tu rester dans le bac ou veux-tu t'installer dans une chambre ? Oh et veux-tu que je prévienne au moins ton père ?

- Je veux bien... aller dans une... chambre. Pas mon père... s'il vous plaît.

- Bien, mes aide-mains vont gérer la suite. Bon retour parmi nous Esmée et à demain.


Il sortit de la salle. La plupart des maîtres soigneurs ne lui auraient même pas laissé choisir quoi que ce soit. C'était une chance d'être tombée sur lui se dit-elle. L'aide-main avait lancé la récupération de l'eau régénératrice. Quelques minutes plus tard elle était emmenée par un flux d'eau vers sa chambre. Arrivée là, des vêtements et un bon repas l'attendaient. Un autre aide-main l'aida à s'habiller avant de la laisser déguster son repas.

Enfin seule se dit-elle. Le repas était très agréable même si Esmée mit un temps infini à en venir à bout. Elle n'avait pas spécialement mal, mais rester plus d'un mois dans un bac n'était jamais bon pour sa motricité. Même dans de l'eau de régénération. Une fois finit ses idées étaient beaucoup plus ordonnées. Elle s'allongea doucement et réfléchit intensément. K-Joe a voulu me tuer. Ça n'a aucun sens ! Il aurait pu me tuer dans ma chambre. Est-ce que les gardes l'ont stoppé avant qu'il ne m'achève ? Je vais avoir une dette envers eux ce qui va les mettre en bonne place pour devenir mon futur époux. Un frisson de dégoût parcourut son corps. Esmée n'aimait pas les membres de la garde même si elle leurs était reconnaissante de lui avoir sauvé la vie. Le maître soigneur a dit qu'il était enfermé, si ça fait trente-neuf jours qu'il est là-dedans, il a forcément parlé. Pourtant à voir la réaction de tous ceux que j'ai croisé aucun jugement, mépris ou autres attitudes non naturelles. Serait-il possible que... Elle fut interrompue dans ses pensées, le maître soigneur entra dans la chambre.


- Votre père est ici.

Mon père ?! Elle n'eut pas le temps de réfléchir ou même d'élaborer un plan, son père était déjà dans la chambre. Il eut les larmes aux yeux en l'apercevant et la prit dans ses bras. Il la serra très fort et pleura à chaudes larmes. Esmée n'avait jamais vu son père comme ça. C'était très étrange pour elle.

- Ça va papa je vais bien dit-elle très gênée en lui rendant son étreinte.

- J'ai cru que je t'avais perdu toi aussi dit-il toujours en pleurs.

La mère d'Esmée était morte en la mettant au monde. Son père ne lui avait jamais reproché directement, toutefois pour cette raison Esmée était persuadée qu'une certaine distance avait toujours était présente entre eux. Ce moment ébranlait cette certitude en elle. Peut-être que son père ne lui en avait jamais vraiment voulu. Ou peut-être que d'avoir failli la perdre... Je ne sais pas... Mais c'est agréable conclut Esmée en décidant de profiter pleinement de l'instant.

- Je suis là.

Elle ne pouvait pourtant se permettre de trop en profiter, il allait poser des questions et elle devait élaborer en quelque secondes une version qui tienne la route pour...

- Je n'aurais jamais dû te laisser seul avec cet inconnu. Je suis désolé lui dit-il soudain.

Esmée fut prise de cours, persuadée que son père lui reprocherait ce qui s'était passé, il n'en était pourtant rien. Il se sentait coupable, lui ! Si à cheval sur les traditions ! Tout ça n'arrangeait pas son état de confusion.

- Ça... a été... à la maison ?

- Ne t'inquiète pas pour moi dit-il en la relâchant et en essuyant ses larmes. L'important c'est que tu ailles mieux. Tu sais cet incident a boosté ta côte de popularité. Les demandes en mariage vont affluer à l'annonce de ton réveil. Je suis si heureux.


Et voilà, chassé les traditions, elles reviennent aux galops. Pourquoi les choses se sont-elles passées comme ça pensa t'elle morose. Son père vit sa réaction, elle avait oublié de la cacher.

Je sais que ce n'est pas ce que tu souhaites finit-il par dire. Mais c'est ce qui peut arriver de mieux ici.

Elle savait que son père ne voulait que son bonheur. Et le bonheur d'une femme en ce monde est d'avoir un foyer chaleureux et un mari qui prend soin d'elle. C'est comme ça depuis toujours, elle ne pouvait en vouloir à son père. Il ne voulait que le meilleur pour elle.

- Est ce qu'on... pourrait... parler de ça... plus tard ?

- Bien sûr ma fille, excuse-moi c'est l'excitation. Je suis vraiment heureux que tu ailles bien. Et crois-moi ce saligaud va payer cher sa vilénie !

- Il a parlé ?

- Il n'a rien dit, les chefs ne savent plus quoi faire. Personne n'a jamais vu quelqu'un tenir aussi longtemps dans les cuves. On est tombé sur un sacré lascar !


Incroyable ! Se dit-elle.

- Et... Les gardes ?

- Ah ! Tes sauveurs, si tu demandes c'est que tu es intéressée. Tant mieux ! Sache que si l'un d'eux vient me demander ta main je serai ravi de la leur donner
dit-il gaiement.

- Je ne... parlais pas de ça dit-elle en serrant les dents pour éviter de montrer son énervement à son père. Qu'ont-ils dit ?

- Ils t'ont retrouvé inconsciente dans les bois avec cet énergumène. Ils ont suivi des cris et des jets de lumières apparemment et sont tombés sur toi.

- Et lui ?

- Il était à bout de force à coté de toi. Tu n'as pas dû être tendre avec lui. Tu as toujours eu un coté revêche. Tu ne te souviens pas de ce qui s'est passé ? Pourquoi es-tu allais seule dans cette foret avec cet étranger ?


Réfléchis-vite ! Il n'a rien dit, pourquoi ? Ils ne savent rien et attendent ma version pour le juger. Dès que je sors je suis mariée dans la semaine. Merde ! J'ai besoin de plus de temps...

- Je... tout est... confus. Je ne... me souviens...pas très bien.

Menteuse, je me souviens de chaque détail avant de m'évanouir. Ce n'est pas très beau de devoir mentir à son père mais je n'ai pas le choix. J'ai besoin de plus de temps pour réfléchir à tout ça.

J'ai besoin... d'un peu de...repos.

- Évidemment le maître soigneur m'a dit de ne pas trop t'en demander. Repose-toi. Une grosse journée t'attend demain.

Il la reprit dans ses mains et la serra très fort contre lui. Elle se sentait coupable de lui mentir mais elle ne voyait pas d'autres solutions. Une larme coula le long de ses joues. Il l'embrassa sur le front et se leva.

J'y vais, je reviendrais demain. Je t'aime.

- Je t'aime... papa.


Ces mots furent moralement difficiles à prononcer pour Esmée alors que son père sortait de sa chambre. Elle resta assise essayant de justifier sa culpabilité. Elle finit par conclure qu'elle n'avait pas le temps de penser à ça et essaya de réfléchir aux restes. Serait-il possible qu'il est appelé à l'aide. J'étais inconsciente, les jets de lumières et les cris sont forcément de son fait. Il aurait pu m'achever comme il le voulait. Mais s'il a tenté d'appeler à l'aide pourquoi n'a t'il rien dit ? Ça n'a aucun sens ! Trente-neuf jours dans une cuve... N'importe qui serait devenu fou. Il est vraiment très fort c'est étonnant qu'on ait pu l'arrêter. Il aurait pu tuer les gardes mais il ne l'a pas fait. Pareil pour moi ? Pourquoi ?! Il faut que je lui parle avant demain, il faut que je sache. Qu'est-ce que je dis c'est impossible. Fais shmir ! Esmée tourna le problème dans tous les sens et finit par s'endormir au milieu de ses réflexions.

Lorsqu'on vint la réveiller dans la matinée pour la séance de bulle de remise en forme, elle n'était pas plus avancée que la veille. Elle essaya d'y réfléchir à nouveau mais fut incapable d'y arriver. La remise en forme demande un effort physique et mental qui laisse peu de place à d'autres considérations. Une fois finit c'est comme si le temps avait accéléré jusqu'à son face à face avec les hauts gradés. Elle n'avait toujours pas trouvé de solutions. Huit hommes se tenaient face à elle prêts à dégainer leurs multiples questions. Son père était également présent c'était une catastrophe. Réfléchis vite se disait Esmée de plus en plus angoissée et donc de moins en moins capable de trouver une solution. Le Ridyl prit la parole, il était le chef des haut gradés, c'était lui la plus haute autorité du village. Le rencontré était toujours un honneur. Un homme sage, beaucoup trop dans cette situation périlleuse pensa Esmée.


- Bon retour à toi Esmée.

- Merci estimé Ridyl
dit Esmée en s'inclinant vers l'avant de plus en plus stressée.

- Le maître soigneur a attendu que tu sois parfaitement remise avant de nous annoncer ton réveil. Je ne peux que l'en féliciter. Cet entretien sera ainsi bien plus prolifique.

Ce n'était sûrement pas l'avis de tout le monde, mais Esmée ne put s'en assurer elle devait rester inclinée. Un contact visuel direct aurait été un affront.

Bien nous souhaitons avoir ta version des événements. De quoi te souviens-tu ?

Réfléchis-vite !

- Nous avons été dans les bois, je... J'avais besoin d'une plante spécifique pour mon plat. Et... K-Joe voulait m'aider. Je l'ai rencontré la veille. Il était perdu, il a dit venir d'un autre monde mais ne pas être un arpenteur. J'ai voulu me montrer serviable et je lui ai offert le gîte et le couvert.

Elle marqua un temps de pose essayant de réfléchir à ce qu'elle pouvait dire.

- Ensuite ?

- Nous avons été attaqués par un crakor.


Une réaction de surprise parcourue l'assemblée.

- Un crakor si loin des montagnes ? C'est curieux.

Pourquoi j'ai dit ça se fustigea Esmée.

- Oui c'était surprenant, il... Il nous a attaqués et K-Joe a réussi à le faire fuir. Mais durant l'attaque j'ai été touchée. Je me suis évanouie peu de temps après la fuite de la bête.

Elle marqua à nouveau une pause alors que l'agitation gagnait ses auditeurs. Le plus gros mensonge de l'histoire de Gysme. Jamais ça ne passera, ils vont savoir que je mens.

- Ton histoire est surprenante Esmée, nous ne nous attendions pas à ça. Si c'est vrai pourquoi ton sauveur n'a t'il rien dit ? Trente-neuf, non, quarante jours maintenant dans une cuve n'importe qui aurait parlé. Pourquoi n'a t'il rien dit ?

Elle repensa à K-Joe.

- Par culpabilité peut-être dit-elle en se disant qu'elle était la plus médiocre menteuse de toute l'histoire de Gysme.

- Faire fuir un crakor n'est pas à la portée de tout le monde. Et encore moins pour un manchot...

- Les apparences peuvent être trompeuses. C'est un grand guerrier.


Elle avait donné sa réponse sans même y réfléchir. Pour elle K-Joe était effectivement le plus puissant guerrier qu'elle ait jamais vu et cette détermination dans sa déclaration avait fait mouche. Par ailleurs elle ne pouvait le laisser se faire condamner, il y avait trop d'inconnues dans cette affaire. S'il était reconnu coupable il aurait été soit exécuté, soit exilé dans les Arrindiems, ce qui équivalait à la mort. Esmée ne pouvait pas laisser faire ça. L'entretien se poursuivit avec d'autres questions sur K-Joe, la soirée qui a précédé l'attaque, l'attaque, le crakor etc. Une fois le plus gros mensonge passé il était un peu plus simple pour Esmée de broder autour. Son père et elle furent remerciés et invités à sortir de la salle. Ils pouvaient rentrer chez eux. Les hauts gradés allaient délibérer et probablement faire une annonce publique.

Esmée n'osait pas regarder son père. Savait-il qu'elle avait menti... Les pères voient ce genre de chose pensa-t-elle avec appréhension. Ils retournèrent dans la chambre de soin en attendant l'annonce du Ridyl. Son père restait silencieux, il semblait plongé dans d'intenses réflexions. Esmée aurait pensé que c'était au sujet de son mariage mais pas au vu des derniers évènements... Il finit par briser le silence après un long moment.


- Vous avez vraiment été dans les bois pour récupérer une plante ? Quelle plante ? Ton plat était déjà complet. Dit-il suspicieux.

L'une des rares questions auxquelles les hauts gradés n'avaient pas pensé.

- De l'happron dit-elle en ayant choisit la première plante qui lui passait par la tête.

- Il n'y en a pas dans ces bois.

Mon père doit-être un des rares hommes du village avec autant de connaissances en matière de cuisine. Bon sang !

- Mais oui suis-je bête, c'était du Farenkor.

- Piètre mensonge, tu étais plus douée tout à l'heure face aux hauts gradés
dit-il en colère.

Les pères voient effectivement ça pensa Esmée à cours de solution.

Je ne t'ai jamais vu parler d'un homme comme ça. Jamais.

Attends quoi ?

Il a dormi dans ta chambre tu as omis de le dire au Ridyl. Me crois-tu si stupide que ça ?

- Ce n'est pas ce que tu crois papa.

- Oh c'est exactement ce que je crois !


Ils furent interrompus par l'apparition d'une bulle de communication. Le Ridyl apparut sur l'écran aqueux. Les délibérations avaient été rapides. Il salua tous ses auditeurs et pris la parole.

« Mes chères amis, j'ai de bonnes nouvelles à vous annoncer. Tout d'abord Esmée GALANDYR s'est réveillée, hier dans la soirée. Elle est sauve et en pleine forme. Nous l'avons entendue ce matin, il s'avère que cette histoire est un grand quiproquo. En effet nous avons accusé à tort notre prisonnier. Il semblerait qu'il ait sauvé Esmée d'une attaque de crakor. Il a réussi à mettre la bête en fuite et à tout fait pour alerter les gardes qui, ainsi ont pu les localiser et sauver Esmée qui était blessée. Nous l'avons donc malheureusement enfermé à tort. Il sera donc libéré immédiatement et je souhaite qu'il bénéficie de notre bienveillance et reconnaissance. Afin de nous excuser de l'avoir accusé et enfermé à tort et aussi d'avoir sauvé Esmée, nous avons décidé selon nos anciennes lois de lui accorder le statut de héros. J'espère qu'il nous pardonnera et acceptera nos traditions. Qu'Izmyr vous renforce. »

La bulle disparue laissant un silence de mort dans la chambre. Esmée avait oublié l'ancienne loi... C'était une catastrophe, jamais elle n'aurait pensé qu'ils iraient jusque-là. Peu importe la décision de K-Joe rien de bon ne résulterait de tout ça. Esmée ne put s'empêcher de pleurer. Une avalanche de désespoir lui tombait dessus. Elle tomba à genoux et s'effondra complètement. Son père ne compris pas exactement sa réaction mais essaya de la réconforter comme il le pouvait. Ils restèrent ainsi un long moment.


K-Joe regardait dans le vide. Malgré l'obscurité il arrivait parfois à distinguer des vagues par ci, par là. Ses yeux s'adaptaient-ils à son nouvel environnement ? Il était peut-être encore trop tôt pour le dire. Pourtant il repérait de plus en plus de vagues. Quelqu'un était en train de venir, déjà l'heure du repas ? Ils sont en avance non ? Se demanda K-Joe comme s'il avait des repères exacts ici. Un homme entra dans la cellule suivit de deux gardes. K-Joe ne l'avait encore jamais vu. Plutôt grand, âgé mais pas vieux avec une certaine prestance. Un responsable assurément. Il s'inclina vers K-Joe et lui dit :

- Bonne journée

K-Joe ne savait pas quoi répondre, les derniers interrogatoires qu'il avait subis ne s'étaient pas du tout déroulés comme ça. Qu'est-ce qu'il se passe ?

Tout d'abord et au nom de mon peuple je souhaite m'excuser. Il semble que nous vous ayons enfermé à tort.

- Esmée s'est réveillée ? Est-elle sauve ?
Demanda soudain K-Joe ayant compris la situation.

- Elle va très bien et il semble que ce soit en grande partie grâce à vous. Pourquoi avoir gardé le silence ?

K-Joe ne comprenait pas de quoi il parlait. Manifestement Esmée ne l'avait pas incriminé. Mieux ils pensaient qu'il l'avait sauvé. Il fallait éviter de rentrer dans les détails se dit-il avant de répondre.

- Vous m'auriez cru ?

Le Ridyl sourit.

- Il est vrai que si vous l'aviez affirmé, je vous aurez assurément traité de menteur. D'ailleurs je suis curieux, comment avez-vous fait ?

Bordel de quoi il parle se demandait K-Joe essayant de trouver une réponse adéquate.

- J'utilise une magie que vous ne connaissez pas ici. En tous cas d'après Esmée.

- Oh, elle a effectivement dit que vous veniez d'un autre monde. Ça se voit à vos yeux. Il est vrai que cette affaire était quand même très curieuse. Je suis personnellement désolé de cette injustice. Et pour nous faire pardonner de notre erreur, nous avons décidé de vous faire bénéficier de l'une de nos plus anciennes lois.

- C'est à dire demanda K-Joe craintif ?

- Nous vous donnons le titre de héros.

- Je suis désolé, je ne comprends pas ce que ça implique.

- Izmyr, le premier héros de notre peuple, a écrit plusieurs lois. L'une d'elle permet aux hauts gradés d'accorder le statut de héros. Il s'agit d'une très haute distinction que nous attribuons en récompense d'un haut fait. Faire fuir un crakor n'est évidemment pas un haut fait mais votre détention à tort nous a poussés à être magnanimes. Par ailleurs personne n'a jamais tenu aussi longtemps que vous enfermé ici dans les cuves. Votre nouveau statut de héros vous permet d'être considéré comme un natif et...

- Je pourrais participer au duel des quatre champions ?
Le coupa K-Joe.

Le Ridyl fut surpris par cette question. K-Joe n'avait pas réfléchit avant de la poser. Une fois la surprise passé il lui répondit :

- Je suis étonné que vous connaissiez le duel des quatre champions. Je suppose que c'est Esmée qui vous en a parlé ?

- Oui.

- Soit, je ne savais pas que cela vous intéressez. Malheureusement c'est impossible, seuls les natifs étant né ici, peuvent nous représenter. Je suis désolé.


L'espoir naissant de K-Joe venait de partir en fumée.

- En revanche, le titre de héros vous donne droit à une maison, de nombreuses aides pour votre activité professionnelle, une renommée dans tous le village et bien entendu la possibilité de vous marier avec une native. Il est d'ailleurs coutume que le sauveur officialise son nouveau statut en épousant la femme qu'il a sauvé. Je simplifie à votre cas évidemment.

- Et dans le cas où j'aurais été une femme ?
Ne put s'empêcher de demander K-Joe irrité.

- Vous ne l'êtes pas dit sèchement le Ridyl.

- Si je ne souhaite pas l'épouser ?

- Une telle décision apporterait le déshonneur sur elle et sa famille.


Quelles bandes de dégénérés pensa K-Joe.

- Et son père ? Il n'a pas son mot à dire dans tout ça ? demanda K-Joe essayant de trouver une autre solution.

- Je suis la plus haute autorité du peuple de la lune bleu. Je parle en son nom. Mais si vous ne voulez pas ce n'est pas grave, il y a plein d'autres femmes qui seraient ravies de devenir votre épouse et...

- Non, non... j'accepte la main d'Esmée dit K-Joe sentant la situation lui échapper.

Elle ne risque pas d'être malheureuse avec moi je la considérerai toujours comme mon égal et je me déroberai aux devoirs conjugaux. En revanche j'ai plus peur de ce que je pourrais lui faire si j'ai de nouvelles crises. Le Ridyl interrompit ses pensées.

- Merveilleux, vous récupérerez évidemment toutes vos possessions. Malheureusement la boule végétale qui était accroché à votre bras est morte dès que nous l'avons enlevé. Je suis navré.

K-Joe avait perdu son nouveau bras aussi vite qu'il l'avait retrouvé. Pas de doute là-dessus je suis vraiment maudit se dit-il encore plus énervé.

- Est ce que je peux voir Esmée ?

Il y avait beaucoup de choses à clarifier avant d'officialiser cette union. Il était impératif de mettre ces choses aux clairs avec elle.

- Je suis désolé la coutume veux que vous attendiez votre promise dans la chambre de l'union. Elle vous y rejoindra ce soir une fois préparée.

Ce soir ! La chambre de l'union ! Mais bordel !

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maitredragon - Chevalier - Le 04/01/2021

Esmée se retenait de pleurer. C'était un combat de chaque instant alors qu'elle était entourée par une dizaine de préparatrices. Il avait accepté de l'épouser ! Bien que surprise, Esmée n'en voulait pas à K-Joe, elle avait été la principale instigatrice de tout ça. Maintenant on allait la marier à cet homme, qui, dans un excès de rage avait failli la tuer. Avait-elle eu tort de le défendre ? Esmée savait que ce jour arriverait, elle ne s'y était pas préparée et encore moins résolue aussi tôt. Son père était aux anges, sa fille épousant un héros du peuple. Quel plus grand honneur pouvait-il espérer ? Pourtant il m'a vu m'effondrer à l'hôpital c'est même lui qui m'a relevé et soutenue jusqu'à la maison. Il sait pertinemment que ça me rend malheureuse. Mais qu'importe ce que je pense hein ? Peut-être que cette fois K-Joe arrivera a me tuer. Mourir ne serait pas si mal vu la situation. Non j'ai encore la solution du duel des quatre champions ! L'ai-je vraiment ? Une fois qu'il... que nous...
Des larmes commencèrent à brouiller sa vue.
Chasse cette pensée de ta tête. Ce sera rapide... J'espère... Une fois... unis, lui seul décidera de ce que je pourrais faire ou non. Me laissera-t-il... Au final je ne sais quasiment rien de lui. Personne ne le connaît et tout le monde semble heureux de m'offrir à lui comme épouse. « Quelle chance tu as Esmée... » Connasse va ! Elles sont là estimant que je suis la femme la plus chanceuse du peuple en cet instant. Rien n'est plus faux ! Je n'ai jamais compris cette logique. Dois-je le regretter ? Si j'étais comme elle je serai actuellement la femme la plus heureuse du monde. Si j'étais comme elle rien de tout ça ne se serai produit. En tous cas pas aussi vite. Et cette tenue de l'union... Jamais vu aussi peu de tissus. Ça ne changerait pas grand-chose que je n'ai rien sur moi ! Pourquoi c'est aussi long d'ailleurs ! Je suis quasiment nue qu'on en finisse ! Hurlait Esmée intérieurement.

Il y avait évidemment la coiffure, les tatouages, l'épilation, les ornements etc. Etc. Arriva enfin le moment où tout était finit.
Autant de personnes pour ça... Ridicule. Esmée connaissait la suite. On lui mettra un long manteau pour que personne ne puisse la voir ainsi. Seul son futur mari y avait droit. Une fois bien camouflée on la fera sortir dehors en procession avec tout le village. On la dirigera à la chambre de l'union. Elle devra alors monter seule le long escalier qui la mènera jusqu'à K-Joe. Elle devra fermer les portes selon un rituel et des mouvements bien précis qu'on lui a appris et rabâché depuis l'âge de ses 10 ans. Une fois face à lui, elle devra faire glisser son manteau lentement le long de son corps, histoire que son futur époux découvre toute la marchandise au fur et à mesure. Et si jamais ce qu'il voit ne lui plaît pas, il pourra toujours quitter la chambre. Honte et déshonneur blablabla mais au moins je serai libre pensa-t-elle avec réconfort. Mon père ne s'en remettrait jamais. Ça n'arrive malheureusement pas si souvent. Nous ne valons quand même pas grand-chose pensa Esmée avec dépit alors qu'ont la faisait sortir de la maison.

Son père l'embrassa et la guida vers sa place dans le cortège. Il était heureux, ça en fait au moins un pensa t'elle tristement. Esmée regardait autour d'elle, aucune échappatoire ! Comme si la fuite était une option se dit-elle avec sarcasme. La musique s'arrêta soudain, ils étaient déjà arrivés devant l'escalier. La foule s'écarta comme pour lui faire une haie d'honneur. Alors qu'elle atteignait les premières marches dans un silence de mort, elle dut se résoudre à l'évidence, elle était foutue. L'ascension fut lente et longue, Esmée aurait voulue qu'elle dure une éternité. Lorsqu'elle atteint le sommet elle le vit assit et souriant sur le devant du lit. Faites qu'il me tue pensa-t-elle alors qu'elle exécutait machinalement le rituel. Puis arriva le moment où elle devait laisser glisser son manteau. Ne pleure pas se dit-elle alors qu'elle se retenait de toutes ses forces. Ses mains saisirent l'encolure de son manteau. Elle se figea un instant. Ses bras resserrés sur elle lui donnaient une sensation de protection qu'elle ne voulait pas quitter. Elle ne voulait pas ça. Rien de tout ça. Mais que faire ?! Les larmes coulèrent le long de ses joues. Ce sera vite finit essaya-t-elle de se convaincre. Les larmes coulèrent de plus belle depuis combien de temps était-elle là ? Idiote ! Qu'est-ce que tu fais ! Elle essuya ses larmes délicatement en essayant d'abîmer le moins possible ce qui avait été fait sur son visage. Elle souffla, reprit courage et empoigna a nouveau son manteau. Elle regarda le lit. K-Joe n'y était plus, il était à quelque centimètre d'elle. Elle fit un pas en retrait surprise. Quand avait-il bougé ?! Ça n'a aucune importance. Il devait s'impatienter. Elle inspira un grand coup, ferma les yeux et commença à faire glisser le manteau le long de ses épaules. Quelque chose bloquait la descente du vêtement. Elle ouvrit les yeux, K-Joe avait saisi le manteau et était en train de le remettre sur ses épaules. Ce n'est qu'à ce moment-là qu'Esmée se rendit compte qu'il était en train de lui parler.


K-Joe était assis là, dans une pièce bien trop grande ne contenant qu'un lit. Même si celui-ci était anormalement grand, toute une pièce juste pour ça était assez démesurée. On lui avait dit d'attendre là, il ne devait se lever sous aucun prétexte. Quelle coutume triviale ! Au moins ils ne seraient que tous les deux se consola K-Joe. L'une de ses plus grande peur était que les membres des hauts gradés ou d'autres personnes soient présentes pour assister à « l'union ». J'ai vécu des moments malaisants dans ma vie mais ça aurait été le summum. Qu'est-ce que je vais bien pouvoir lui dire ? Désolé d'avoir essayé de te tuer... mouais non.
On pouvait entendre une musique qui se rapprochait petit à petit. Elle arrive pensa K-Joe avec appréhension. Il était de plus en plus stressé et n'arrivait pas à trouver les mots. La musique se rapprochait encore un peu plus. C'est quand même assez glauque quand on y pense se dit K-Joe. Est-ce que chaque couple qui se marie ici doit faire ça ? On l'avait installé là et ordonné d'attendre sans se lever depuis sa sortie de prison. Aucunes explications. Il avait néanmoins récupéré tout son équipement, hormis la boule de vigne. Il prit la dague de jet en main et la regarda. Il se revit la lancer dans le coeur de Mara. Il chassa ces tristes souvenirs de sa tête et essaya de penser à autre chose. Il revécu le coup de dague dans le dos, l'enfermement dans la bouteille et... la mort. C'était mérité se convainc K-Joe. Peut-être aurait-il mieux valu mourir définitivement à ce moment-là. Moins d'aventures, moins de peines et plus de repos. Une pensée vint soudain l'assaillir tout en contemplant la ligne parfaite de la lame elfique. Est-ce que tout ça valait vraiment le coup ? Il resta silencieux un long moment. La musique était de plus en plus proche mais il l'entendait sans vraiment l'entendre. Il rangea la dague dans son fourreau. De toute façon, que pouvait-il faire d'autre finit-il par conclure. La musique, les rires, les chants, les pas etc. Tout s'arrêta net dehors. Il n'y avait plus qu'un silence de mort. Qu'est-ce qu'il se passe ? K-Joe mourait d'envie d'aller voir mais il craignait également que cette action fasse tout tomber à l'eau. Il avait réussi à s'en sortir ne sachant même pas ce qu'Esmée avait dit. Ce n'était pas le moment de tout faire caguer ! Quelqu'un montait les escaliers. Un pas léger, après un long moment qui sembla une éternité pour K-Joe, une silhouette commença à apparaître. C'était elle ! En même temps tu t'attendais à qui ? Vognar ? Se dit-il moqueur. Cette pensée le fit sourire.
Elle était enveloppée d'un magnifique manteau d'apparat qui lui descendait jusqu'aux chevilles. Elle avait des peintures aux motifs fins sur le visage, plusieurs bijoux et une coiffure qui la mettait parfaitement en valeur. On ne voyait que sa tête et ses pieds et pourtant cela suffisait pour dire qu'elle était absolument sublime. Toutefois quelque chose clochait. Elle n'avait eu aucune réaction en le voyant et maintenant elle fermait les portes avec des mouvements très gracieux mais qui ne ressemblaient pas du tout à la Esmée qu'il avait rencontré. Elle semblait agir comme un pantin sans volonté.


- Esmée je... je suis vraiment désolé pour ce qu'il s'est passé dans les bois. Réussit-il à dire.
Il la regarda en culpabilisant, pas de réaction, elle s'était figé les bras recroquevillés contre elle empoignant le haut de son manteau.


Esmée ?

Elle était en larmes. K-Joe se leva et alla la rejoindre. Il l'appelait mais rien ne semblait la faire revenir à la réalité. Était-elle vraiment guérie ? Avait-elle des séquelles si graves pensa K-Joe avec crainte. Soudain elle essuya ses larmes doucement, expira en resserrant son emprise sur son long manteau, ses yeux le fixèrent alors. Elle eut un pas de recul effrayée. Sérieusement elle ne m'a pas vu approcher ? Elle prit une grande inspiration ferma les yeux et commença à faire descendre son manteau doucement découvrant sa poitrine parfaitement mise en valeur.

WOOOOH ! S'exclama K-Joe très gêné en saisissant le manteau.

La vue était certes magnifique mais non ! Juste non ! Il remit son manteau sur ses épaules alors qu'elle ouvrait à nouveau les yeux. Elle semblait perdue mais bien là cette fois.

Tu n'as pas entendu un mot de ce que je t'ai dit hein ?

- Je... Quoi ?

- Viens t'asseoir
lui dit-il en la guidant vers le lit.

Il la fit s'asseoir au bord du lit et s'assit par terre à un mètre d'elle.

Quand tu es rentrée je te disais que j'étais désolé de ce qu'il s'est passé dans les bois. J'ai complètement perdu l'esprit. Je ne sais même pas pourquoi je t'ai attaqué. Je suis vraiment désolé.

- Pourquoi as-tu fait ça ?
Demanda-t-elle aux bords des larmes

- Je viens de te le dire, je ne sais pas et je suis vraiment désolé. Je pense... Ça reste une supposition hein ? Je pense que votre monde très concentré en man... en magie a des effets néfastes sur moi.

- Ça n'a plus vraiment d'importance maintenant
dit-elle désespérée les larmes coulant à nouveau sur ses joues.

- Pourquoi tu dis ça ?

- Pourquoi avoir accepté de m'épouser ?! Tu savais que c'était tout sauf ce que je voulais !

- Je sais. Et c'est précisément pour ça que j'ai accepté.

- Quoi ?

- Je vais t'épouser et tu seras libre comme l'air.

- Qu... quoi ?
Dit Esmée de plus en plus dans le flou.

- Je n'attends rien de toi, je ne vais rien t'imposer. J'ai déjà rencontré la femme de ma vie. Je ne souhaite pas plus que toi de ce mariage.

- Mais... pourquoi ?
Demanda-t-elle déconcertée.

- C'était ça ou vous plonger dans le déshonneur toi et ton père. On aura une maison où tu seras libre de tout. Je ne te demanderai rien et certainement pas de nous « unir » si tu vois ce que je veux dire. Tu pourras continuer à t'entraîner à ta guise.

Elle sourit pour la première fois. Toujours un magnifique sourire.

Par contre je ne prends plus le risque de t'entraîner je suis désolé.

Cette remarque la fit rire, elle rit tout en s'effondrant en pleurs. Elle était vraiment désespérée se dit K-Joe en la prenant dans ses bras.

Eh bah c'est plaisant d'avoir une telle réaction à l'idée de m'épouser.

Elle rit de plus belle en restant accrochée à lui. Ils restèrent ainsi plusieurs minutes.
Un peu plus détendue Esmée put mettre toutes les choses aux clairs avec K-Joe. Une fois fait, ils sortirent et furent acclamer par tous le village. On les conduisit à leur nouveau chez eux. Une maison très grande pour deux personnes se dit K-Joe. Plusieurs pièces et qu'un seul lit évidemment. Esmée put se changer, des vêtements avaient été spécialement préparés pour elle. K-Joe, lui, fouilla la maison à la recherche de liens pour l'attacher cette nuit. Ça plus grande peur était de tuer Esmée pendant un de ses cauchemars. Il trouva de quoi faire et en informa sa femme. Il lui demanda également de cacher les dagues et l'épée dans un endroit qu'il ne pourrait jamais trouver. Une fois fait, ils allèrent au banquet qui était organisé pour fêter leur « union ». Esmée était cette fois la plus heureuse des femmes du village, elle était absolument radieuse. La fête fut très animée et notre jeune « couple » rentra exténués de cette journée dans leur nouveau chez eux. Ils n'avaient qu'une envie, dormir. Esmée attacha solidement K-Joe avant de l'installer sur le lit de fortune mis en place dans le salon. La chambre étant à l'étage, elle ne craignait rien. C'est sur cette pensée que s'endormit K-Joe rassuré.

K-Joe apprit avec Esmée un tout autre niveau de cuisine et de ménage. Étant le seul à pouvoir travailler, il profita de son statut de héros et des aides associées afin de créer son atelier d'artificier. N'étant qu'un initié et manchot de surcroît les débuts furent difficiles. Les temps de créations étaient très longs, ils ne roulaient pas sur l'or mais Esmée était libre de faire ce qu'elle voulait et tous deux cohabitaient ensemble à la perfection. K-Joe s'était lancé quasiment dès le début de son activité dans la création d'un bras articulé. Après un peu plus d'un an d'essai raté, il allait abandonner mais Esmée eut l'idée de se servir de sa maîtrise de l'eau pour aider K-Joe à façonner les pièces. Ils créèrent ainsi un nouveau type de matériaux extrêmement modulable pour ceux qui maîtrise l'eau mais dur comme l'acier une fois solidifié. A partir de ce moment Esmée travaillait dans l'atelier avec lui. Les créations se faisaient plus rapidement et aidaient grandement le village qui fut très vite entièrement équipé par leur matériau. K-Joe eut à la fin de l'année suivante un bras articulé parfaitement fonctionnel.

Esmée quant à elle continuait à s'entraîner seule à l'écart du village. Toutefois elle comprit assez vite qu'elle n'y arriverait pas comme ça. K-Joe l'aida comme il put en l'accompagnant aux arènes où les femmes ne pouvaient s'entraîner, pour voir comment se préparaient ses futurs adversaires. Il lui permit d'accéder à toutes les ressources qu'un homme pouvait disposer. Mais bien qu'il souhaitait son succès, il refusait catégoriquement de l'entraîner à nouveau. Son aide fut précieuse, Esmée en tira de nombreuses connaissances et son travail à l'atelier lui permit de maîtriser plus finement son pouvoir. Mais ça ne suffirait pas et elle le savait. Elle le supplia des mois durant ce qui donna lieu à de nombreuses disputes, raz de marée et fermetures temporaires de l'atelier. K-Joe eut alors une idée, il révéla à Esmée que si sa magie ne l'atteignait pas c'était uniquement grâce à son épée. Il voulait la refondre pour récupérer la rune et le précieux Norcrab afin de les incorporer dans un automate avec lequel elle pourrait s'entraîner. L'idée bien que surprenante fut acceptée par Esmée. La conception du corps prit un peu plus de quatre années. La refonte de l'épée et l'intégration du Norcrab sans altérer la rune était problématique. K-Joe n'était pas sûr que ça puisse aboutir. Il n'eut pourtant aucune hésitation à refondre son épée. Esmée fusionna les deux métaux pièce par pièce. C'était un travail minutieux et laborieux qui prit beaucoup de temps. Une fois terminé ils firent des tests, la magie d'Esmée se dissipait parfaitement autour du corps de l'automate. C'était une réussite. K-Joe aurait aimé créer un être vivant à part entière comme Jzeug. Mais ses compétences n'était pas aussi développées que celle de Bolgek. Il l'avait conçu uniquement dans le but d'entraîner Esmée. Il avait néanmoins une autre fonction, neutraliser K-Joe s'il se montrait violent. Bien qu'assez simpliste dans son fonctionnement ils étaient très fiers de cet automate et le nommèrent Jyro. Les premiers tests d'entraînement ne furent pas très concluants et nécessitèrent des réparations et plusieurs aménagements. Après quelques mois Jyro était un partenaire d'entraînement idéal pour Esmée. Au début Jyro revenait souvent en vrac de ces entraînements. Puis ce fut Esmée qui finit par revenir soutenue par Jyro couverte de bleus et de blessures. Néanmoins il ne risquait pas de la tuer, K-Joe y avait veillé. Il emmena régulièrement l'automate aux arènes de la ville afin qu'il assimile les méthodes de combats des futurs adversaires d'Esmée. K-Joe travaillait encore et encore sur Jyro, il avait la volonté d'en faire un être comme Jzeug sans pouvoir y parvenir. Il avait ainsi développé des fonctions plus poussées chez lui qui en faisait un automate avec de très bonnes capacités d'adaptation et d'assimilation en particulier pour le combat.

Les années passèrent, Esmée s'entraînant assidûment avec son partenaire et K-Joe le perfectionnant toujours un peu plus. L'atelier était prospère et la vie suivait une routine très agréable. Le village médisait sur le fait qu'ils n'aient pas eu encore d'enfants mais ils s'en moquaient.
K-Joe continuait de faire des cauchemars chaque fois qu'il dormait et devait toujours être ligoté avant de se coucher. Esmée le considérait comme la meilleure chose qui lui soit arrivé dans sa vie. Elle connaissait tout de lui, tout ce qu'il avait vécu avant d'arriver à Gysme. Au fil des années, à force de vivre ensemble des sentiments s'étaient développés l'un envers l'autre. Esmée préférait les réprimer tant qu'elle n'avait pas atteint son but. K-Joe les réprimait également par soucis de fidélité en mémoire de Mara. Toutefois certains moments d'intense tension avait déjà failli déraper entre eux. Ils ne pouvaient se passer l'un de l'autre, c'était leur quotidien.

Un an avant le duel des quatre champions chaque peuple organisait son tournoi pour désigner le champion qui le représenterait. Les inscriptions étaient libres et ouvertes un mois à l'avance. Avant de s'inscrire Esmée voulait affronter K-Joe en duel sous la supervision de Jyro qui interviendrait si K-Joe perdait à nouveau l'esprit. Il avait refusé catégoriquement sa demande mais ils vivaient ensemble depuis longtemps et Esmée savait très bien comment le faire changer d'avis. K-Joe se maudit d'avoir une femme aussi têtue !

Ils étaient dans les bois au même endroit que la dernière fois. K-Joe regarda les alentours, il y avait encore des traces de ses ravages à travers les arbres. Il avait beaucoup d'appréhension sur ce duel. Des êtres chers il en avait déjà trop perdus. Hors de question que ça arrive à nouveau et surtout pas Esmée. Il avait suffisamment travaillé sur Jyro pour savoir que l'automate réagirait avant qu'il ne puisse faire quoi que ce soit. Néanmoins ce combat ne lui laissait présager rien de bons.


- Prêt ? Lui demanda Esmée impatiente.

- Tu es sûr de toi ? Honnêtement je ne pense pas que ce soit une bonne idée...

- Oh allez ! Jyro est là, ça craint rien dit-elle enjouée.

- Mouais
dit K-Joe peu convaincu en dégainant les dagues.

Esmée le chargea à une vitesse hallucinante, elle était très rapide. Il voulut parer son coup mais il n'en eut pas le temps. Elle créa une aura d'eau autour de son poing et le frappa en plein ventre. K-Joe fut projeté en arrière. Il se releva difficilement, en plus de la douleur il était mouillé. Esmée avait nappée le sol d'eau et elle se déplaçait dessus à une vitesse folle. Vitesse plus magie percutante un très bon combo fidèle à son crédo « taper vite et fort ». K-Joe sourit, il essaya de contrer l'attaque suivante mais sans succès. Elle était bien plus forte qu'avant en combat au corps à corps et elle combinée ses coups standards avec de la magie leur donnant bien plus de punch. Finit les tsunamis m'as-tu-vus. K-Joe fut à nouveau projeté en arrière. Il refusait toutefois de s'énerver craignant un dérapage. Esmée attaqua encore lui laissant à peine le temps de se relever. Au sol une énième fois, il le frappa rageusement en se relevant des éclairs pleins les yeux. C'était exactement ce qu'attendait Esmée. Elle voulait le combattre à nouveau sous cette forme. Elle dit alors à Jyro :

- Jyro, n'intervient pas.

- Etes-vous sûr ? Je ne pense pas que ça plaira à K-Joe
lui répondit-il.

- Fais ce que je te dis s'il te plaît.

- Bien
dit-il en s'adossant à un arbre.

Esmée enferma alors K-Joe dans une sphère aquatique. Elle éviterait qu'il se noie évidemment, elle voulait surtout qu'il perde connaissance et qu'il n'est pas de contacts avec le sol. Pourtant une vive lumière explosa sa sphère et l'aveugla un court instant. Sa vue revint assez vite, dans la perspective de combattre un suppôt de la lumière, ils avaient équipé Jyro de flashs aveuglants. Elle était donc parfaitement préparée pour ce type d'attaque. Lorsqu'elle réussit à voir à nouveau, K-Joe allait planter ses dagues en elle. Elle contra le coup le plus mortel et dévia l'autre qui lui entailla le bras. La coupure était profonde mais pas mortelle. Elle l'enchaîna alors de coups rapides et dévastateurs au corps à corps avant de lui assener une violente cascade d'eau qui l'écrasa au sol. K-Joe était étendu à terre. Esmée recula un peu, elle était essoufflée par son enchaînement mais en avait encore beaucoup sous le coude. Il ne se battait plus pour s'entraîner mais pour tuer. K-Joe se mit à rire, une aura noir couvrit entièrement son corps. Il se releva de manière pas naturelle pour un humain. Des espèces de portes noirs apparurent tout autour d'eux. Esmée ne savait pas ce que c'était mais elle comprit instinctivement qu'il ne fallait pas rentrer dedans et les esquiva. L'eau au sol tombait dans les portes, réduisant la nappe à zéro, Esmée serait moins rapide ainsi. Soudain des mains apparurent de sa sinistre aura, chacune lançant des jets de mana concentrés très lumineux aléatoirement à travers les portes. Les jets entraient et ressortaient transformant la zone en un déluge de faisceaux aveuglants et destructeurs. Esmée n'avait pas le choix elle devait quitter cette zone, elle s'éleva dans les airs en faisant jaillir de l'eau sous ses pieds. Elle se protégea des faisceaux lors de son ascension avec des murs d'eaux concentrés à haute vitesse. Ils lui permirent de dévier les faisceaux mais elle recevait quand même chaque choc. Une fois au-dessus de la zone, elle créa un chemin d'eau droit vers K-Joe. Celui-ci tourna toutes ses mains vers elle et envoya des jets de manas dans sa direction. Elle dut moduler son chemin pour les esquiver en plein air avant d'arriver à pleine vitesse sur lui. Elle lui décocha un formidable coup de poing chargé de magie. Son coup porta comme un coup standard, sa magie se dissipant au contact de l'aura de K-Joe. Elle devait donc le finir à la main comme lorsqu'elle s'entraînait avec Jyro. Les multiples chocs et le déploiement de sa magie l'avait beaucoup fatiguée. Mais elle pouvait encore se battre, elle se rua sur K-Joe qui avait reculé de quelque mètre sous le choc de son monumental coup de poing. N'étant pas à 100 % de son acuité visuel, elle n'avait pas vu que les dagues étaient manipulées par l'aura maléfique. Celle-ci les projeta à très grande vitesse, l'une malgré l'esquive d'Esmée, lui transperça une partie de l'épaule et la fit tomber au sol. L'autre alla directement empaler Jyro dans l'arbre derrière lui. Esmée somma l'automate d'intervenir mais ce dernier était bloqué par la dague. K-Joe souleva Esmée par la taille et la projeta en la bloquant contre un arbre proche d'eux. Le choc lui coupa le souffle, elle était bloquée. Il allait lancer un faisceau à bout portant sur sa tête lorsqu'elle l'embrassa soudain avec fougue. L'aura disparue complètement, tout disparut complètement. K-Joe finit par lui rendre son baiser avec autant de vigueur. Jyro arriva alors à toute vitesse plaquant K-Joe au sol avant de l'assommer. Esmée tomba au sol tremblante. Jyro vint la voir et dit :


- Est ce que ça va ? En tendant sa main pour la relever.

Au sol encore haletante, elle ne sut quoi répondre, la joie, la douleur, la panique et la peur s'entremêlaient dans sa tête. Pourtant elle ne cessait de sourire, ce que ne comprenait pas du tout Jyro.

- Oui ça va finit-elle par répondre avant de l'empoigner.

- Il va falloir faire soigner ça dit Jyro en désignant ses blessures.

- Oui dit-elle en allant doucement vers K-Joe toujours étalé au sol.

Elle lui caressa les cheveux affectueusement. Elle n'avait toujours pas réussi à le battre malgré ses années d'entraînement.
Jyro cautérisa ses blessures et prit K-Joe sur ses épaules. Ils allèrent à la clinique de soin. Esmée avait une épaule en miettes, quelques fractures et une coupure profondes. K-Joe avait la mâchoire en lambeaux, de nombreuses fractures et lésions internes. Ils eurent droit à un séjour dans des bacs de régénération. Les explications de Jyro qui avait été briefé durant le retour par Esmée était du même ordre que l'attaque du Crakor. Encore une fois c'était peu crédible et pourtant ça passa comme une vie dans les Arrindiems. Jyro sous les ordres d'Esmée avait également demandé qu'on ligote complètement K-Joe durant les soins pour une raison farfelue. Ils faillirent louper les inscriptions au tournoi, heureusement ils sortirent quelques jours avant la clôture. C'était vraiment une mauvaise idée n'arrêtait pas de penser et râler K-Joe. Ni l'un ni l'autre n'évoquèrent leur premier baiser échangé dans la forêt. Des sourires et regards à la fois complices et gênés les trahissaient par moment.

La tête du juge valait son pesant d'or lorsque K-Joe soumis l'inscription de sa femme au tournoi. Les trois jours restants, la nouvelle fit le tour du village. Ils eurent droit à des réactions peu chaleureuses voire hostiles. L'activité en pâtit mais K-Joe s'en fichait. Même les hauts gradés les convoquèrent pour les en dissuader. Ils tinrent bons jusqu'au tournoi, K-Joe jouant sur son statut de héros et maintenant d'artificier de tout le village. Esmée qui était si appréciée auparavant devint une source de moquerie pour tous, les gens étaient persuadés qu'elle se ferait éliminer en quelque secondes. Ils trouvaient ça ridicule. Son père ne voulait plus avoir de contact avec elle. C'était clairement les pires jours de leurs vies à Gysme. Mais Esmée s'y était préparée et elle comptait bien tous les faire taire.

Le jour du tournoi ils furent accueillis sous les moqueries et rires de la foule. Étrangement le tirage au sort la faisait affronter l'un des favoris du tournoi dès le début. K-Joe lui souhaita bonne chance et la serra fort contre lui avant de rejoindre les spectateurs avec Jyro. Lorsqu'ils arrivèrent dans la foule c'est comme s'ils avaient été atteint de la peste. Les hommes et leurs femmes se moquaient ouvertement de lui. K-Joe aurait voulu tous les sacrifier, mais il ne pouvait se permettre de perdre son sang-froid maintenant, ça aurait été un carnage. K-Joe garda son calme pendant tout le début du tournoi jusqu'à l'arrivée d'Esmée et de son adversaire. Le favori fut bien sûr acclamé contrairement à Esmée. Mais elle s'en fichait, elle était bien trop concentrée sur la suite. Elle regarda néanmoins la foule à la recherche de K-Joe qui lui fit signe. Elle sourit. Son adversaire avança alors sur la scène, se tourna et s'adressa à K-Joe.


- Ils t'ont pas appris à les dresser là d'où tu viens ?

Cette question bien qu'insultante pour toute les femmes présentes voire tous les principes du village fut reçue par des éclats de rires. K-Joe ne riait pas, il puisait dans tous ce qu'il avait au fond de lui pour éviter de perdre les pédales. Au prix d'un effort monumental il réussit à faire retomber sa colère et à se calmer. Une autre remarque de ce style aurait par contre signé leurs arrêts de mort à tous ou plutôt sa neutralisation par Jyro. Il en vint à regretter que l'automate soit là pour l'empêcher de tuer tous ces pourceaux.
Esmée imperturbable, était en position de combat, son adversaire ne la considérait pas comme une menace et il ne prit même pas la peine de se mettre en garde. Lorsque le signal fut donné, il balança négligemment une vague deux fois plus grande qu'elle pour la faire sortir du ring. La vague cacha ainsi son champ de vision et il ne se rendit compte qu'à la dernière minute qu'Esmée était déjà passée derrière lui. Elle lui asséna derrière le crâne un violent coup de poing chargé de tout le mana qu'elle avait pu accumuler en si peu de temps. La tête du bonhomme fut projetée contre le sol dans un bruit de craquement d'os monstrueux qui retentit dans toute l'arène. La foule était en état de choc, il n'avait eu que quelques secondes pour comprendre et assimiler ce qu'il venait de se passer. K-Joe jubilait intérieurement, les visages déconfits de toute la foule étaient une source de joie infinie. Au final il ne regrettait pas d'avoir fait autant d'effort pour garder son calme, louper ça aurait été une grande perte. Esmée commença à partir du ring victorieuse, couverte par les murmures d'incompréhensions de la foule. Soudain la foule se tut et laissa place à des applaudissements, ceux de K-Joe et Jyro qui tapaient dans leurs mains aussi fort qu'ils le pouvaient. Personne ne les suivit mais ça n'avait aucune importance, elle souriait en sortant de l'arène.
Le tournoi continua, les moqueries avaient laissé place à des conversations sur le pourquoi du comment. Les habitants conclurent que la victoire d'Esmée était due à la chance. Apparemment il était inconcevable pour eux qu'une femme puisse vaincre un homme à la loyale. Ça ne se reproduirait certainement pas une deuxième fois.

Lorsqu'elle entra pour son deuxième combat la foule eut la même réaction que la première fois. Son deuxième adversaire devait faire cesser sa chance insolente, il fut acclamé comme jamais. Cependant, ce dernier ne se risqua pas à un trait d'esprit que ce soit sur elle ou K-Joe. Mieux il se mit en garde et ne semblait pas la sous-estimer du tout.

Les combats furent réglés moins rapidement que le premier, néanmoins Esmée dominait tous ses adversaires en termes de techniques, vitesses et même de puissances. Au fil de la journée elle remporta tous ses matchs jusqu'à la finale. Un changement s'opéra dans le public qui passa de la surprise à l'admiration. Plusieurs femmes se mirent à l'applaudir avec K-Joe et Jyro au grand dam de leurs maris. Dans ses derniers combats elle était aussi soutenue que ses adversaires si ce n'est plus. K-Joe fut agréablement surpris par ce revirement assez inattendu du village. On est peut-être capable d'évoluer en bien se dit-il admiratif.

Esmée entra sur le ring sous un tonnerre d'applaudissement, elle non plus n'en revenait pas. Avait-elle réussi a changer l'état d'esprit de son village en une seule journée ? Non quand même pas, mais c'était un moment agréable se dit-elle heureuse.
Son adversaire n'était pas un des favoris du tournoi, Esmée les avaient tous sortis. Ils se saluèrent et se mirent en position, la foule retenait son souffle. Le signal retentit, il élança ses bras chargés de mana au-dessus de sa tête et les propulsa rapidement vers le sol. Esmée avait anticipé ses intentions et envoya avant qu'il ait pu toucher le sol une petite vague à très grande vitesse dans ses jambes. Le gaillard fut fauché en pleine action et s'écrasa au sol. Il tenta de se relever le plus vite possible mais Esmée était déjà face à lui sa jambe chargée de mana se rabattant à pleine puissance quelque centimètre à côté de sa tête. L'impact de son coup laissa un petit cratère sur le sol. Elle avait délibérément frapper à coté et laissa le temps à son concurrent encore à quatre pattes de réfléchir. Ce dernier, sans ce relever finit par lever son bras en l'air en signe de capitulation.
La foule exulta, c'était fait ! Une première dans toute l'histoire Gysme, la première femme championne d'un peuple allait participer au duel des quatre champions. Esmée saisit son opposant et l'aida a se relever. Ils se saluèrent respectueusement puis elle se tourna vers la foule. Elle vit quasiment immédiatement K-Joe dans cette marée humaine en délire. Elle se projeta à l'aide de ses pouvoirs dans les tribunes et retomba face à lui. Alors qu'ils étaient entourés par la foule en liesse elle plongea ses yeux dans les siens. Il n'y avait qu'eux deux, elle caressa sa joue hésita un court instant puis l'embrassa longuement et sincèrement.

Edité 2 fois, dernière édition par maitredragon Le 27/01/2021

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maitredragon - Chevalier - Le 27/01/2021

K-Joe et Esmée faisaient l'amour dans leurs chambres. Leur étreinte durait depuis si longtemps qu'il en avait perdu la notion du temps. Il était allongé sur le dos alors qu'Esmée ondulait au-dessus de lui. C'était presque parfait s'il faisait fi de l'odeur. Mais qu'est-ce que ça pouvait bien être ? Une odeur de putréfaction à vous retourner l'estomac. Soudain il réalisa que l'odeur provenait du corps de sa bien-aimée. Il la regarda et vit Axelle à moitié décomposé brandissant sa longue épée au-dessus de son torse. C'est l'heure lui dit-elle d'une voix d'outre-tombe alors qu'elle l'empalait violemment. K-Joe se réveilla dans un sursaut le coeur battant. Il voulut toucher son corps à l'endroit où la lame avait transpercé sa chair mais il était ligoté sur le sol de sa maison. Il regarda par la fenêtre, la matinée commençait à peine. Ses cauchemars... Il s'y était habitué depuis le temps. Ça n'était toutefois jamais agréable à vivre. Jyro vint le voir pour le détacher et lui demanda :

- Encore des cauchemars ?

- Je ne m'y ferai jamais, désolé mon pauvre Jyro j'ai dû perturber ton repos.

- Je ne me repose pas vraiment vous le savez très bien.


Jyro était un automate, K-Joe savait pertinemment qu'il ne se reposait pas. Ils avaient décidé de le traiter comme un humain depuis sa création. Et il était quasiment comme tel, K-Joe y avait travaillé chaque jours de ces neufs dernières années. Ils avaient normalement leur rituel le matin qui commençait par un check-up complet de Jyro à l'atelier. C'était à ce moment où K-Joe et lui conversait sur les autres mondes, les arpenteurs, son monde d'origine, ceux qu'il avait visité etc. Mais le duel des quatre champions avait lieu demain, aussi ils changèrent leurs habitudes et préparèrent pour Esmée un petit déjeuner digne des plus riches royaumes. Une fois fait K-Joe décida d'aller à la rencontre de sa belle. Sur le chemin de la chambre, Jyro l'interrompit.

Que ferez-vous si elle gagne ?

K-Joe se stoppa net dans l'escalier, il regarda pensivement l'automate. Cette question le taraudait depuis plusieurs mois. Il avait très envie de retrouver la secte et de quitter ce monde où il risquait de perdre les pédales à chaque instant. Passer enfin une nuit apaisante, retrouver la lumière du jour. Toutefois il avait construit sa vie ici et la finir dans cet endroit malgré ses inconvénients n'était pas une idée déplaisante. Esmée, elle, voulait tout quitter sans la moindre hésitation. C'était compréhensible... Après réflexion il finit par répondre :

- Je retournerais probablement sur mon monde.

- Vous comptez m'emmener ?

- Oui, bien sûr. Enfin sauf si tu veux rester enseigner ici. Mais si tu le souhaites, je ferai le voeu que nous fassions le voyage tous les trois.

- Ça fonctionnera ?

- Je ne sais pas Jyro. Je ne sais pas...


Cette pensée le fit frémir, si la pierre ne s'appliquait qu'à lui... Il perdrait tout. K-Joe resta un moment dans l'escalier perdu dans ses doutes. Il finit par rejoindre la chambre de sa femme. Il ouvrit doucement la porte et s'agenouilla à côté du lit. Il l'embrassa jusqu'à ce qu'elle lui rende la pareille, ce qu'elle fit volontiers très rapidement tout en l'attirant dans le lit. Depuis le tournoi ils avaient cédé l'un à l'autre mais c'était résolu à ne pas consommer leur mariage avant le duel. L'année qui venait de s'écouler avait été une lutte de chaque instant pour ne pas succomber à leurs pulsions. A plusieurs reprises ils avaient failli aller au-delà des préliminaires. Ils avaient même hésité à programmer Jyro pour les stopper dans de tel cas. Mais cette idée était bien trop glauque et ne fut jamais mise en pratique. K-Joe se faufila dans le lit tout en continuant à l'embrasser.

Bonjour.

- Bonjour
lui dit-elle en souriant

Après avoir fait leurs bonheurs et un effort pour ne pas aller plus loin, chose qu'ils commençaient à maîtriser assez bien, ils rejoignirent Jyro. Ils profitèrent pleinement de ce festin. Cette dernière année était passée comme un éclair. Leur cote de popularité dans le village était au top et tout le monde les soutenait. Elle avait renoué avec son père ce qui n'était pas gagné d'avance. Les hauts gradés n'étaient pas tous unanimes car en cas d'échec ils passeraient pour des faibles aux yeux des autres peuples. En cas de victoire en revanche, ce serait l'humiliation suprême pour leurs adversaires. Le risque était gros mais le Ridyl ne pouvait contester le résultat du tournoi. Ils n'avaient d'autres choix que de la soutenir et prier pour sa réussite. Esmée continuait de s'entraîner avec Jyro mais cette fois aux arènes. On lui avait autorisé l'accès afin d'éviter toute attaque extérieure qui aurait pu arriver dans les bois. Une femme ayant le droit de s'entraîner aux arènes c'était encore une première. L'idée était aussi d'améliorer les techniques des autres combattants même s'ils étaient trop fiers pour l'avouer. Jyro devint l'automate d'entraînement de tous mais la priorité restait Esmée. L'atelier quant à lui fonctionnait moins rapidement, K-Joe étant seul aux commandes. Les entraînements étaient devenus intensifs et Esmée n'avait plus le temps de l'aider. Heureusement il avait deux bras et c'était suffisant pour assurer le nécessaire aux habitants.

Non cette année était vraiment passée trop vite pensa K-Joe un peu triste en regardant par la fenêtre. La journée passa également rapidement. Esmée ne s'entraînait pas aujourd'hui et K-Joe avait fermé l'atelier. Ils purent ainsi profiter pleinement l'un de l'autre, chose qu'ils firent à merveilles. Ils préparèrent également leurs affaires pour leur futur voyage. Le voeu devant être prononcé le jour même il fallait que tout soit prêt en cas de victoire. Faire ses affaires ne fit que renforcer les doutes de K-Joe mais il choisit de ne pas en faire part à Esmée. Il ne voulait pas prendre le risque de la déconcentrer ou pire de la démotiver. Ils se couchèrent lorsque la soirée commença ce qui était plus tôt que d'habitude mais le départ le lendemain le serait aussi. Elle l'attacha, l'embrassa et lui dit à demain. Souhaiter un bon sommeil n'était plus une option depuis longtemps. Il dormait ligoté pour la dernière fois, cette pensée l'apaisa un peu puis il se demanda s'il arriverait a dormir à nouveau normalement. Jyro le sortit de ses pensées.


- Puis-je poser une question ?

- Bien sûr Jyro, vas-y.

- Pourquoi ne souhaiteriez-vous pas devenir un arpenteur ?

- J'y ai pensé... Mais je ne sais pas comment fonctionne le voyage entre les mondes pour les arpenteurs. Avec la chance que j'ai, je devrais probablement être obligé de passer par pleins de mondes différents avant d'arriver sur le mien. C'est plus simple de souhaiter d'y aller directement tu ne crois pas ?

- Je ne sais pas.

- Moi non plus... moi non plus
conclut K-Joe incertain.

Il eut beaucoup de mal à s'endormir trop de questions trottaient dans sa tête. La nuit fut mauvaise mais pas uniquement à cause des cauchemars. A son réveil il était plus fatigué que d'habitude, Esmée, elle, pétait la forme, c'était le principal. Tous les habitants du village se déplaçaient pour voir le duel des quatre champions. Le départ se faisait tôt et groupé. Leurs affaires furent chargées avec d'autres dans un des nombreux chariots contenant nourritures, alcools, cuve de régénération rapide, bannières etc. Les hauts gradés avaient mis l'un des favoris à la place d'Esmée comme champion dans le cortège. Il s'agissait d'une protection en cas d'attaque même si une embuscade était peu probable. Le fait qu'Esmée ait gagné le tournoi était apparemment resté secret. D'ailleurs K-Joe était assez admiratif qu'ils aient réussi à ne pas faire fuiter une telle nouvelle. Dans tous les cas il n'y avait aucun risque que ça ne se passe pas bien, l'idée qu'une femme puisse participer au duel n'aurait pas effleuré une seule personne des autres peuples.

Au final le voyage fut long mais se déroula sans encombre. Le chemin débouchait sur un énorme trou montagneux au centre duquel était érigée une gigantesque arène ovoïdale. Ils descendirent les marches taillées à même la roche jusqu'aux pieds de l'édifice trois autres cortèges faisait de même arrivant de différents endroits. Une fois sur place Esmée l'embrassa très fort, K-Joe l'encouragea puis le Ridyl l'emmena dans l'arène. Personne ne fit vraiment attention à eux, comme lui avait dit Esmée, c'était une fête, beaucoup étaient déjà bien alcoolisés et l'ambiance était au divertissement pas à l'espionnage.

Chaque peuple avait installé ses étales de spécialités, un festin commençait déjà avant même d'être entré dans l'arène. A la surprise de K-Joe il ne semblait pas y avoir de ressentiment ou d'attitude conflictuelle entre les différents peuples, même avec celui de la lune blanche. Ils s'étaient tous mélangés et festoyés comme un seul peuple unis. Des distinctions pouvaient se faire uniquement sur les coiffures, ornements, bijoux et vêtements arborés. Après le départ d'Esmée, K-Joe avait suivi des habitants du village qui s'était mêlé à d'autres groupes. On lui tendit un verre d'alcool qui avait une odeur délicieuse. Mais K-Joe savait comment ça pouvait finir s'il succombait à l'ivresse. Il hésita toutefois sachant que Jyro était à ses côtés et qu'il le maîtriserait s'il perdait les pédales... Il garda son verre plein dans ses mains toute la fête mais n'y toucha pas. En revanche il s'empiffra de toutes les nouvelles choses qui lui tombaient sous la main. K-Joe et Jyro attiraient la curiosité de plein de gens des autres peuples. Il se présenta en expliquant qu'il venait d'un autre monde d'où ses yeux différents. Les autres membres du village et surtout son beau-père dirent qu'il était un héros ayant sauvé Esmée d'un Crakor. Un peu gêné il fut ravi de changer de sujet en présentant Jyro et son activité d'artificier. On lui demanda évidemment où était sa femme. Chaque homme présentait sa moitié comme un faire-valoir, c'était un concours de qui a la plus belle. Esmée aurait gagné haut la main se dit K-Joe en toute non objectivité. Malgré les ordres des hauts gradés et le regard noir de son beau-père, il répondait à chaque fois qu'elle était la championne du peuple de la lune bleu. Ça faisait mourir de rire ses auditeurs. Puis il enchaînait sur une remarque sexiste sur les attributs féminins qui donnait lieu à des débats stupides faisant par la même, oublier l'existence d'Esmée à ses interrogateurs. C'était facile, il avait honte mais au moins on lui fichait la paix sur ce sujet. L'alcool aidant des combats amicaux commencèrent dans la foule. Les gens s'écartaient en cercle autour des combattants qui se mettaient joyeusement sur la face sans utiliser de magie, c'était interdit. Le public s'adonnait à des paris ridicules sur ces différents combats improvisés. K-Joe quant à lui, avait mal au ventre a force de se bâfrer.

La fête battait son plein lorsqu'un signal sonore mis fin aux festivités. Tout le monde se mit lentement mais sûrement dans des files afin de rentrer dans l'arène. On était déjà avancé dans l'après-midi. K-Joe récupéra ses affaires et celle de sa femme puis s'installa avec Jyro et ses comparses de festin dont son beau-père dans les gradins. La surface de combat était grande, quatre portes équidistantes permettaient d'y accéder, chacune portant le symbole d'un peuple. Au bout de l'arène un promontoire avec un réceptacle contenait une pierre imparfaite qui recueillait régulièrement des éclats étincelants tombant du ciel. La pierre lune pensa K-Joe excité. Après avoir attendu que tout le monde soit bien installé et la danse d'ouverture terminée, les portes s'ouvrirent. La foule était en délire alors que chaque Ridyl faisait son entrée accompagné de son champion. Le champion de la lune rouge ressemblait physiquement à Victorius la barbe et quelque centimètre en moins. Celui de la lune noir était bien plus grand et massif que les trois autres. Il semblait assez vieux, portait une armure de soldat qui embellissait sa carrure impressionnante. Celui de la lune blanche était l'archétype même du jeune assassin surentraîné. Esmée, elle, était absolument magnifique en toute objectivité. Elle portait l'armure de combat qu'ils avaient conçu cette dernière année avec leurs matériaux.
Son arrivée dans l'arène fit baisser les acclamations de la foule mais pas celle du village. Elle regarda dans les tribunes, un petit flash de Jyro lui permit de les repérer. Quand elle arriva à hauteur de ses adversaires, ils paraissaient confus. Le champion de la lune blanche se mit à rire et dit :


- C'est une blague ? Vous êtes tombés si bas que ça ?

- Tu n'es pas encore autorisé à parler
le coupa sèchement le Ridyl du village.

Le jeune excentrique fit une révérence qui était plus de l'ordre de la moquerie que du respect. Les autres Ridyls furent surpris et toisèrent Esmée pendant un long moment avant de reporter leur attention sur leur pair. Ils se saluèrent d'un signe de tête puis élancèrent leurs bras en l'air. Ils firent ainsi apparaître des bulles de communications de leurs éléments respectifs un peu partout au-dessus des tribunes afin que tout le monde puisse entendre les présentations. Le premier à parler était le Ridyl du peuple qui avait gagnait le duel précédent, à savoir celui de la lune rouge.

- Représentant notre peuple, Ailen MORY dit-il en désignant le mage rouge qui salua la foule sous un tonnerre d'applaudissement.

Les présentations suivantes se faisaient dans l'ordre des derniers éliminés. Le Ridyl de la lune blanche pris la parole.

- Représentant notre peuple, Kester PEGHIS.

Les applaudissements furent un peu moins forts que précédemment, le peuple de la lune blanche étant moyennement apprécié par les autres. Kester salua dédaigneusement la foule.
Ce fut au tour d'Esmée d'être présentée.


- Représentant notre peuple, Esmée GALANDYR.

Le village fit tous le bruit qu'il put mais les autres peuples murmuraient plus qu'ils n'applaudissaient. Elle salua la foule malgré tout, Kester avança et lui cracha au visage. Le village était sous le choc, quel insulte ! Ils commencèrent à s'insurger contre les premiers membres du peuple de la lune blanche à portée de mains. Ça allait très vite dérapé en bagarre général. Le Ridyl du village avança pour corriger l'insolent mais Esmée lui barra la route avec son bras.

Ce n'est rien dit-elle consciente des enjeux.

Puis elle essuya la salive qui coulé le long de sa joue et sourit à son détracteur. Ce dernier pesta et retourna au côté de son Ridyl qui ne semblait pas plus offusqué que ça par le geste de son champion. Les autres n'avaient pas réagi non plus. K-Joe était très énervé mais il faisait confiance à sa femme pour laver cet affront, puis il était bien trop occupé a contenir son beau-père. Le village finit par se calmer, la réaction d'Esmée ayant beaucoup aidé. Après un petit temps, le Ridyl du peuple de la lune noir put enfin prendre la parole.

- Représentant notre peuple, Ywain ALKOJE.

Les quatre Ridyls encouragèrent leurs champions une fois les ovations terminées et sortirent de l'arène. Le duel débuterait dès que les bulles de communication disparaîtraient. Ailen et Ywain se mirent en position face à face. Kester n'avait d'yeux que pour Esmée. Les deux autres s'étaient sans doute dit qu'il l'éliminerait en premier et qu'ils ne constituaient donc pas une menace immédiate pour eux. Belle mentalité se dit Esmée alors qu'elle se mettait en position. Malgré son mépris flagrant il ne la sous-estimait pas. Sa présence semblait l'énerver au plus haut point et il ne cachait pas sa ferme intention de lui en faire baver.

Les bulles disparurent.

Esmée se recouvrit de son aura aqueuse juste à temps avant de recevoir le coup de pied projeté fulgurant de Kester. Il avait balancé derrière lui plusieurs jets de flash augmentant sa vitesse et éblouissant sa cible. Son coup la repoussa sur plusieurs mètres toutefois il fut surpris de la voir toujours debout et son pied bloqué dans son aura. Elle saisit sa jambe et le projeta contre le mur de l'arène. Le choc lui coupa le souffle, il lança alors un énorme flash aveuglant tout le monde en espérant ainsi, pouvoir se sortir de ce mauvais pas. Mais Esmée avait réussi à garder ses repères et le frappa de toute sa puissance. Le jeune homme fut littéralement encastrer dans le mur, il gisait là inconscient. Elle cracha sur son corps puis fit face à ses deux adversaires restants. Une vive douleur sur son flanc lui fit comprendre qu'elle avait plusieurs côtes cassées. Si elle n'avait pas déployé son aura il l'aurait détruite d'entrée de jeu. Elle avait mis au point cette technique en s'inspirant de l'aura maléfique de K-Joe. La foule était estomaquée alors que ceux du village était en furie. Ailen et Ywain avaient stoppé leurs tête-à-têtes pour voir la scène. Ils se regardèrent d'un air entendu et lui firent face ensemble.

Sérieusement se dit-elle en soutenant ses côtes qui lui faisaient un mal de chien. Ywain chargea Esmée alors qu'Ailen restait en retrait. Elle s'apprêtait à bloquer son coup lorsque le colosse et son partenaire firent en même temps plonger leurs mains chargés de mana sur le sol. Un mur de flammes rouges et noirs qui finirent par se combiner en flammes violettes, enfermèrent Esmée et Ywain dans un petit espace carré. Le géant en armure partit alors à l'assaut. Le bougre était doué au corps à corps ! Sa carrure massive ne laissait pas présager une telle vitesse. En temps normal Esmée n'aurait pas eu de mal à le suivre mais ses côtes brisées lui faisaient très mal et constituaient un handicap sérieux. L'aura aqueuse n'était pas une option, ça la ralentissait beaucoup trop en plus de consommer trop de mana. Combinée à ces furieux assauts, chaque initiative d'Esmée était contrée par une attaque de flammes d'Ailen. Le combat devenait de plus en plus dur, elle avait du mal à esquiver et commençait à prendre des coups. Son armure tombait petit à petit en morceaux. Ywain, lui, semblait gagner en vitalité à chaque attaque. Pire ! Aucune riposte d'Esmée ne semblait le surprendre. Sa vigilance était impressionnante. En esquivant une des attaques surprises d'Ailen, elle se retrouva en mauvaise posture face à Ywain qui la punit d'un puissant coup de pied. Elle fut projetée en arrière sous la violence de l'impact. Le mur de flamme était à quelque centimètre d'elle et cette chaleur était insupportable. Elle avait paré mais le choc lui avait brisé d'autres côtes et un bras. Encore au sol elle cracha du sang alors qu'on fondait sur elle pour l'achever. Ailen lui lança une énorme boule de flammes, quitte à blesser Ywain dans la foulée. Ce dernier n'y prêta guère attention alors qu'il rabattait à pleine puissance son poing chargé de manas sur elle. Son coup combiné à la boule de flamme pulvérisa le corps d'Esmée et une partie du sol. Ywain se redressa le bras partiellement brûlé. Lui et Ailen se retrouvaient dans un épais brouillard. Esmée, elle, avait disparu. K-Joe en voyant le brouillard commença à être inquiet. Quelle honte pensa elle indignée, être obligée de recourir à cette technique. Ça allait à l'encontre de tous ses principes guerriers. Mais c'était ça ou perdre et le mur de flammes avait grandement facilité la réalisation de ce sort. Les deux compères virent autour d'eux plusieurs Esmée qui chargeaient du mana dans leurs bras. Ils en attaquèrent quelques une qui se changèrent aussitôt en brume. Ailen agacé décida de tout faire disparaître dans une déflagration monumentale. Il ferait d'une pierre deux coups en se débarrassant également d'Ywain. Ce dernier ayant compris ses intentions se para d'un énorme bloc de mana noir. Il se plaqua derrière prêt à recevoir le choc. Le mage rouge mit tous ce qu'il avait dans son sort. Sa déflagration détruisit tout sur son passage. Elle couvrit quasiment toute l'arène et coupa le souffle au public. Une fois que tout retomba la foule eu un sursaut de surprise. Dans l'arène Ailen avait posé le genou à terre épuisé par son attaque dévastatrice. Le bloc d'Ywain avait pris une partie des dégâts avant d'être détruit, lui, avait pris le reste. Il était toujours debout. Mais la surprise de la foule ne leur était pas destinée. Dans leurs dos, Esmée continuait de charger son bras. Elle était dans la toute petite zone de l'arène non atteinte par la déflagration. Elle commença à marcher vers eux en continuant d'accumuler du mana alors que la foule retenait son souffle. Lorsqu'Ailen fut à portée, elle l'enferma dans une bulle d'eau en tapant du pied sur le sol. Épuisé par son attaque il ne put opposer une résistance suffisante pour s'en sortir. La bulle disparue une fois le mage évanouit. Le village ne tenait plus en place !

Elle ne chargeait évidemment pas son bras pour Ailen. Malgré la violence de la déflagration, Ywain avait gardé des forces. Il faut dire qu'il avait bien fait le plein durant leur duel dans la prison de flammes. Elle s'élança en courant vers lui faisant fi de la douleur qui l'assaillait de partout. Sa stratégie était simple, le pulvériser ! A quoi bon s'être entraîné si durement avec Jyro pour en finir avec une tactique aussi bateau pesta-t-elle intérieurement. Son bras scintillait d'une vive énergie bleue se renforçant un peu plus chaque secondes. Ses pieds balançaient des jets d'eaux augmentant sa vitesse à l'image de l'attaque foudroyante de Kester. Ywain dressa quatre immenses blocs entre elle et lui. Esmée repensa à tous ce qu'elle avait vécu, tout ce qu'elle avait subi, tous les défis qu'elle avait relevé, elle regroupa toutes ses forces et hurla rageusement en frappant le premier bloc.
Un impact lourd fit trembler toute l'arène, plusieurs personnes perdirent l'équilibre. Lorsqu'ils réussirent à se stabiliser ou se relever, ils purent voir le résultat de ce duel final.

Esmée avait désintégré les quatre blocs d'Ywain et avait fait reculer le colosse jusqu'au bout de l'arène brisant complètement son armure. Les deux étaient immobiles comme des statues, Esmée le corps complètement en avant, le bras tendu et le poing enfoncé contre les abdominaux d'Ywain courbé par l'impact. Elle respirait fort, essayant de ne pas s'évanouir sous le coup de l'épuisement et de la douleur. Sa tête était penchée en avant, elle regardait le sol attendant le moindre mouvement de son adversaire. Tout était étrangement silencieux. Soudain la main massive du gaillard se posa sur son épaule. Esmée commença à pleurer, elle avait tout mis dans ce coup et ça n'avait pas suffi. Elle avait échoué si près du but !


- Bien joué dit péniblement Ywain en tapotant doucement son épaule.

Le colosse s'effondra sur le coté laissant Esmée être l'unique personne encore debout. Elle ne bougea pas, avait-elle encore la force de bouger ? Alors que les ovations jaillissaient de partout elle fit un dernier effort qui lui parut insurmontable pour se redresser. Elle contempla la foule qui l'acclamait. Je ne vais pas y arriver se dit-elle alors qu'elle sentait ses dernières forces l'abandonner. Au moment où elle commençait à tomber en arrière elle fut retenue par quelqu'un. Elle releva la tête, c'était son mari.

- Mais... comment ?

- Jyro m'a aidé. Tu ne vas pas louper ça quand même lui dit-il en la soutenant.


Elle sourit.

- Je l'ai fait.

- Tu l'as fait.


Le stade vibrait sous les applaudissements de la foule. Esmée avait accompli son rêve, elle avait du mal à le réaliser et croire que c'était réel. L'état dans lequel elle était n'aidaient pas. Des maîtres soigneurs et leurs aides-mains étaient entrés dans l'arène. Un bac de régénération rapide avait été amené par le village et l'attendait. Les aides-mains voulurent la prendre avec eux mais elle resserra son bras autour de K-Joe.

Je vais l'y emmener leur dit-il.

Il la regarda alors, elle ne semblait pas être capable d'aller jusque là en marchant. Il la souleva le plus délicatement possible et la porta doucement vers la porte de leur peuple. Elle posa sa tête contre lui et se relâcha complètement. Elle murmura un je t'aime à peine audible avant de perdre connaissance.

Il aimait cette femme plus que tout au monde. Hors de question de la perdre se jura-il alors qu'il la regardait souffrir dans le bac de régénération. La cérémonie allait bientôt avoir lieu, elle n'avait qu'une petite heure pour se soigner. Les bacs de régénération rapide permettaient une guérison en peu de temps mais cette vitesse se payait dans la douleur. De plus en seulement une heure elle ne serait pas complètement guérie... Juste ce qu'il faut pour tenir debout. Le maître soigneur était toutefois assez optimiste. K-Joe était seul avec elle, Jyro était probablement retourné dans la foule. Quatorze ans qu'il vivait ici. Est-ce que ça valait vraiment le coup de tout quitter... L'heure passa comme un éclair pour K-Joe perdu dans ses doutes. Le Ridyl, le père d'Esmée et le maître soigneur vinrent les récupérer. Esmée allait beaucoup mieux, elle se rua sur lui dès qu'elle put sortir du bac pour l'embrasser heureuse comme tout. Puis elle prit chaque personne dans ses bras heureuse et surexcitée. Soudain une vive douleur dans tous son corps la calma un peu. Ils la félicitèrent tous, son père était particulièrement fier. On les emmena devant le réceptacle, leur irruption dans l'arène déclencha une hystérie collective dans le public. Cette fois Esmée put les saluer dignement. Ils firent leurs adieux au Ridyl et au père d'Esmée. On les plaça alors chacun d'un côté du réceptacle, les mains posés l'une sur l'autre paume vers le ciel. La pierre lune lévitait juste au-dessus attendant les derniers fragments qui la compléteraient. Une protection magique tel un dôme avait été mis en place autour d'eux empêchant quiconque de pénétrer la zone. Il restait quelque minute, Esmée le regarda et vit le doute sur son visage.


- Qu'est qui ne va pas ?

- Je ne sais pas... Tu es sûr que ça va fonctionner pour nous deux ?

- Ne t'inquiète pas, la pierre lune exauce exactement ce que tu lui demandes. Tu n'as pas de craintes à avoir.

- Ce n'est pas que ça. Quand Mara a voulu partir de l'île tout s'est effondré tu le sais.


Elle acquiesça.

Je n'ai pas envie que ça arrive à nouveau.

- Ça n'arrivera pas, je te le promets.

- On a toute notre vie ici. Même le village semble avoir évolué en bien.

- Tu te vois vraiment vivre ici ? Dormir tous les soirs attachés ? Risquer de perdre le contrôle à tout moment ? Prendre le risque que nos futurs enfants soient tués à la naissance ?

- Ce sera définitif il n'y aura pas de retour en arrière possible Esmée.

- Pas forcement, il y a plusieurs arpenteurs qui vivent dans ton monde.

- Je vois que tu as pensé à tout. Ce que tu peux être bornée !
Dit-il agacé.

- J'ai vraiment envie de voir ton monde. Oh ! Et rencontrer la grande prêtresse aussi dit-elle soudain euphorique.

Un frisson parcourut tout le dos de K-Joe.

- Je ne suis plus sûr que ce soit une bonne idée... dit-il appréhendant cette rencontre.

Elle plongea ses yeux dans les siens.

- Ça va aller. Fais-moi confiance.

Elle rayonnait de bonheur, c'était difficile de ne pas abonder dans son sens. Ses doutes s'estompèrent au contact de la joie irradiante d'Esmée. Il lui sourit. Peut-être avait-elle raison après tout. Il s'inquiétait probablement pour rien.
La pierre lune se mit à briller vivement aveuglant partiellement K-Joe et Esmée. Lorsqu'ils s'habituèrent à la lumière ils virent Jyro à leurs côtés tenant la pierre.


- Je souhaite devenir un arpenteur dit-il.

La pierre se brisa dans un déferlement de lumière aveuglant tout le monde. Le torse de Jyro se mit à étinceler comme s'il aspirait toute la lumière émise par la pierre. Il posa alors ses mains sur les épaules de ses créateurs encore éblouis et transplana avec eux.

Edité 1 fois, dernière édition par maitredragon Le 27/02/2021

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maitredragon - Chevalier - Le 17/02/2021

L'arrivée sur le sol fut rude mais pas autant que la lumière du jour. Après quatorze ans passés dans la nuit, être si soudainement mis à la lumière d'un soleil fut une expérience très désagréable pour K-Joe. La douleur était bien trop vive, il était à quatre pattes sur l'herbe dans l'incapacité d'ouvrir les yeux. Il essayait de les cacher le plus possible pour éviter toute incursion lumineuse. Non loin de lui Esmée gémissait. La pauvre pensa-t-il si c'était déjà si douloureux pour lui qu'est-ce que ça devait être pour elle. Il tenta d'avancer doucement, une main toujours plaquée sur son visage. Il finit par l'atteindre.

- C'est moi.

- Je... Je ne peux pas ouvrir les yeux c'est trop douloureux.

- Je sais. Moi non plus je n'y arrive pas
lui dit-il tout en la redressant.

Il colla son visage contre son torse afin qu'aucune lumière ne puisse plus l'atteindre.

- J'aurais dû le prévoir dit-elle contrite.

- On va trouver quelque chose ne t'inquiète pas. L'important c'est d'arriver a savoir où nous sommes et si nous ne craignons rien. Si on se fait attaquer maintenant je ne donne pas cher de notre peau !

- Où est Jyro ?

- Je ne sais pas
dit-il avec une pointe d'énervement.

- Pourquoi a-t'il fait ça ?

K-Joe n'eut pas le temps de répondre des pas se dirigeaient doucement vers eux. Il se releva gardant Esmée contre lui et dégaina une dague en direction des pas.

- Qui que vous soyez, sachez que je défendrai chèrement nos vies !

- Ce ne sera pas nécessaire
lui répondit une voix familière.

Jyro !


- Espèce de traître comment as-tu pu ?!

Esmée posa une main sur la joue de son mari et la caressa doucement pour l'apaiser.

- Je ne vous ai pas trahi. J'ai simplement choisi l'option la plus sûr.

- L'option la plus sûr ! A l'heure qu'il est si tu n'étais pas intervenu nous serions sur mon monde ! Quatorze ans que j'attendais ça !

- Vous n'étiez pas sûr que ça fonctionne.

- Maintenant ça ne risque pas !

- Calme toi
, lui dis Esmée.

- Comment veux-tu que je me calme. Il a pris une décision à notre encontre sans rien nous demander. Personne ne l'a autorisé à faire ça et maintenant je viens de perdre peut-être l'unique occasion de rentrer chez moi.

- Maintenant vous avez un arpenteur à votre service qui pourra vous emmener sur n'importe quel monde.


K-Joe resta bouche bée. Le culot de Jyro était impressionnant. Esmée se mit à rire tout en restant blottit contre son torse. K-Joe ne comprenait pas.

- Qu'est qu'il y a de si drôle dit-il agacé toujours les yeux fermés.

- Ce n'était pas ton but qu'il soit un être à part entière ? Lui demanda-t-elle en faisant pression à plusieurs reprises avec sa tête contre lui.

K-Joe était sidéré. Il balbutia sans arriver à s'exprimer. Il était clair que Jyro était devenu comme Jzeug un être vivant avec sa propre personnalité. K-Joe avait enfin réussi ce qui le réjouit beaucoup. Mais en contrepartie sa colère envers lui était bien trop grande pour pouvoir en profiter pleinement. Un raclement de gorge derrière eux leur indiqua la présence d'une autre personne. K-Joe essaya d'ouvrir les yeux mais c'était comme les enfoncer dans un brasier. Il tendit sa dague approximativement vers l'origine du bruit et resserra son bras autour d'Esmée.

- Qui es-tu ? Demanda-t-il sur la défensive.

- Je m'appelle Hubert. Vous ne semblez pas bien vaillant pour des braconniers dit-il moqueur. Je vous aurez tué directement mais si le forgeron vous a invité sur ses terres...

- Je ne les ai pas invités
dit soudain une autre voix derrière eux.

- Ah ! Ça change tout dit Hubert en dégainant ce qui semblait être une épée.

- Tu n'oserais pas croiser le fer sur mes terres Hubert dit le nouveau protagoniste de manière menaçante.

- T'as dit que tu ne les avais pas invités...

- Ils ne sont pas d'ici même toi avec ton petit cerveau de loutre tu as dû le comprendre. Va m'attendre à la forge je vais m'occuper d'eux.

- Roh t'es pas drôle
pesta Hubert en rengainant son arme.

Il se mit alors en chemin, passa à côté du couple en grognant et continua à marcher derrière eux.

- Bien vous allez me dire de quelle province vous débarquez, votre objectif et comment vous vous y êtes pris pour entrer dans cette forêt. Et c'est quoi le problème avec vos yeux bon sang ?!

- Nous venons de Gysme et nous voulons trouver son monde d'origine. Je suis un arpenteur et je les ai transplanés ici avec moi. Le monde d'où nous venons n'a pas de jour, il y fait nuit en permanence. C'est pour ça qu'il n'arrive pas à ouvrir les yeux
dit Jyro.

Leur interrogateur était auditivement perplexe.

- Qu'est-ce que c'est que ces foutaises ?! Demanda le « forgeron » confus.

K-Joe comprit très vite la situation. Il y a des mondes encore arriérés qui ne connaissent pas le multivers et encore moins l'existence des arpenteurs.

- Jyro ! Il ne sait pas ce que tu es s'empressa de dire K-Joe.

- Oh... comprit Jyro. Je peux voyager entre les différents mondes.

Le con pensa K-Joe désespéré.

- Voyez-vous ça ! Et sinon vous avez finit de me prendre pour une buse ?!

Réaction classique du péquenaud moyen se dit K-Joe. Il essaya à nouveau d'ouvrir les yeux mais sans succès. Esmée proposa alors :

- Jyro tu peux transplaner avec ce monsieur. Après ça il n'aura pas d'autre choix que de nous croire.

- Je ne peux pas, je vais avoir besoin d'un moment avant de pouvoir à nouveau le refaire
répondit l'automate.

- Les arpenteurs ne transplanent pas à volonté ça leur demande un effort assez important expliqua K-Joe.

- J'avais oublié ce détail dit Esmée ennuyée la tête toujours sur son torse.

- Dites ça va ?! Je ne vous dérange pas ?! Demanda le forgeron avec sarcasmes.

- Eh Oh ! Deux minutes hein ! On essaye de trouver une solution pour que vous compreniez comment on est arrivé là répliqua Esmée énervée. Et puis la moindre des choses c'est de se présenter avant de questionner des gens qu'on ne connaît pas. Enfin est ce qu...

Elle s'arrêta de parler soudainement et commença a s'affaisser dans les bras de K-Joe.

- Esmée !

- Ca va aller... Je ne suis pas encore complètement remise
dit-elle fatiguée.

Elle ne parlait plus. K-Joe dû la reposer sur le sol sous le poids de son corps inerte.

- Esmée ? ESMEE ?!

- Elle s'est évanouie
dit Jyro.

K-Joe était toujours en colère après lui mais il y avait plus important en jeu présentement.

- Jyro prends la s'il te plaît demanda-t-il à l'automate qui s'exécuta immédiatement.
Vous ! Le « Forgeron » dit-il sans vraiment savoir où orienter ses paroles.
Nous sommes désolés d'avoir fait irruption dans votre domaine. Cette histoire est compliquée à résumer en quelques minutes. Est-ce que vous auriez un endroit où nous pourrions nous reposer et prendre le temps de vous expliquer ce qu'il en est ? Je vous jure sur ma vie que nos intentions ne sont pas belliqueuses. S'il vous plaît ?


Il y eut un long silence puis un souffle.

- Belliqueuses ou non je ne vois de toute façon pas ce que vous pourriez faire dans votre état. Suivez-moi dit-il non chaleureusement.

Jyro portait Esmée et guidait K-Joe à travers la forêt. Sa vue n'était toujours pas revenue même s'il y avait un léger mieux. La marche ne fut pas longue. La voix familière d'Hubert les accueillit, ce dernier ne comprenait pas pourquoi ils étaient encore en vie et pourquoi le forgeron nous laissait pénétrer dans sa demeure. Ce dernier l'envoya paître en guise de réponses. Ils montèrent des marches, le forgeron leur mis une chambre à disposition avant de redescendre avec Jyro. K-Joe voulait rester veiller sur elle. Puis la chambres était plongée dans le noir avec les volets fermés, ce qui lui permit d'ouvrir à nouveau les yeux. Il s'installa dans le lit à ses côtés et réfléchit à tous ce qu'il venait de se passer. La fatigue finit par le rattraper.

Un doux baiser dans le cou vint le réveiller, il ouvrit les yeux et vit ceux d'Esmée dans le noir.


- Tu te sens mieux ?

- Beaucoup mieux
lui dit-elle d'un air complice.

- Tu te rends compte quand même ! Je n'en reviens pas de ce qu'a fait Jyro.

- On pari que je te fais oublier ce qu'il a fait ?

- Essaye toujours mais je ne vois pas comment t...


Esmée l'embrassa vigoureusement, très vigoureusement ! Effectivement il oublia très vite jusqu'à l'existence même de l'automate.
Ils eurent le temps de rattraper leurs dix années de frustration dans cette chambre. Combien de jours ils restèrent là ? Ils n'en avaient aucune idée et c'était le cadet de leurs soucis. Ils assuraient leur ravitaillement par de petites sorties nocturnes tel des voleurs avant de retourner rapidement dans leur paradis. Ce n'était pas une conduite digne pour des invités et plusieurs fois ils se dirent qu'il fallait que ça s'arrête. Mais aucun des deux ne trouva la force d'aller jusqu'au bout. Il fallait se soustraire à l'attraction de l'autre et ils en étaient incapables. Bizarrement personne ne vint les déloger. Ils laissèrent le soin à Jyro de régler cette situation, après tout c'était lui qui les avait amenés là. Ils profitèrent ainsi au maximum de ce temps à deux.

Un matin enfin ce qui semblait être le matin pour lui, K-Joe ne dormait plus. Quelle bénédiction de dormir à nouveau normalement se dit-il en voyant Esmée dormir à poing fermé à ses côtés. Il ne voulait pas la réveiller elle était bien trop belle ainsi, ça aurait été criminel. Il la contempla pendant un moment prenant pleine mesure de la chance qu'il avait. Il finit par sortir doucement du lit, prit ses habits et sortit discrètement de la chambre. La lumière du couloir était agressive mais ses yeux finirent par s'y habituer après de longues minutes. Ce n'était pas encore ça mais au moins il réussissait à garder les yeux ouverts. Heureusement que le forgeron n'était pas venu par là pendant ce temps. Se retrouver nu devant lui aurait été assez humiliant. Tout en s'habillant il se demanda pourquoi ils avaient pu rester aussi longtemps ici sans qu'on ne vienne les déranger. Qu'est-ce qu'a bien pu faire Jyro encore se demanda K-Joe avec appréhension. Il descendit les marches et se retrouva seul dans le salon. Personne à l'horizon. Des bruits provenaient de dehors mais il était encore incapable de distinguer ce qu'il se passait à travers les fenêtres. Il sortit et essaya de garder les yeux ouverts afin de les réhabituer. Pendant ce temps des coups d'épées fusaient devant la maison. Quelqu'un s'approcha de lui.


- Alors ? Ça y est, enfin rassasié. Je te tire mon chapeau mon gars. On est des sacrés queutards nous aussi mais là j'avoue que je suis impressionné.

Hubert...

- Qu'est-ce qu'il te fait cr...

K-Joe réfléchit à la situation et oui effectivement il n'y avait pas de quoi sauver les apparences. Il se contenta de remercier l'impudent un peu embarrassé.

Ça fait combien de temps qu'on est ici ?

- Ça va faire une semaine.

Une semaine... se dit K-Joe à la fois surpris, fier et gêné. Sa vue commença à s'améliorer. Il put enfin voir à sa grande surprise a quoi ressemblait le fameux Hubert.

- Mais... Hubert, tu es une loutre !

- Je t'emmerde !


Hubert était une loutre parfaitement bipède habillé et armé comme un ranger humain. Pourquoi suis-je étonné se demanda K-Joe, il avait déjà vu un monde comme ça.

- Le prends pas mal, c'est la première fois que je vois à quoi tu ressembles dit-il en tournant sa tête vers le combat.

Jyro se battait à l'épée avec le forgeron. Ce dernier était un vieil homme très costaud et plutôt en forme pour son âge. Jyro pourtant surentraîné ne faisait pas le poids face à lui.

Impressionnant ne put s'empêcher de dire K-Joe admiratif.

- Et encore tu l'as pas vu quand il était chevalier durant la grande guerre lui dit Hubert.

- La grande guerre ?

- Ouais, heureusement je ne suis jamais tombé face à lui.

- Vous étiez ennemi ?

- Oui
dit Hubert pensivement.

- Qu'est ce qui a changé ?

- Tout...


Jyro fut projeté au sol après un coup magnifique. Le forgeron l'aida à se relever et lui prodigua des enseignements que K-Joe ne put entendre à cette distance. Puis ils se dirigèrent vers lui.

- Ah voilà notre tombeur dit le vieux un sourire en coin.

- Je suis désolé dit K-Joe tout penaud.

- Faut pas ! Madame dort encore demanda-t-il toujours le sourire en coin.

- Oui répondit-il au summum de la gêne.

- Bien c'est que tu as dû être plutôt doué mon mignon dit-il en s'esclaffant avec Hubert.

Sérieusement se dit K-Joe ne sachant plus où se mettre.

Je te taquine lui dit-il en lui mettant une tape sur l'épaule.

L'impact faillit le faire tomber au sol.


- Jyro vous a tout expliqué ? demanda K-Joe en regardant Jyro tout en massant son épaule douloureuse.

- Oh oui ! On a fait plus amples connaissances. Comme je refusais de le croire il a fini par m'emmener là d'où vous venez.

- Tu l'as transplané sur Gysme ?
demanda K-Joe à Jyro.

- Oui répondit l'automate.

- Après ça il m'a raconté votre histoire. Ça fait un paquet d'aventures je suis assez impressionné.

- M...Merci
dit K-Joe incertain.

- Comme c'est un golem d'entraînement, j'ai voulu voir ce qu'il donnait une épée en main. Je dois dire qu'il assimile tout très vite. Si on continue nos entraînements je pense qu'il atteindra très vite le niveau d'un maître d'épée.

- C'est ce que tu souhaites Jyro ?
demanda K-Joe.

- Çà m'intéresse oui.

- Il m'a également aidé à la forge, on a fait quelque chose pour ta dame. Attends.


Il partit derrière la maison pour aller chercher le dit objet. Il revint avec des lunettes semblables a celles portées par les pyromanciens. Les verres étaient toutefois bien plus sombres.

Avec ça elle ne craindra plus la lumière du jour.

- Je ne pense pas que ce soit nécessaire avec un peu de temps elle s'y habituera non ?

- Est ce que tu arrives à voir dans le noir ?


Sa vision nocturne s'était clairement améliorée en quatorze ans. Mais non il ne pouvait voir convenablement dans le noir à l'inverse d'Esmée. Il réalisa alors combien était stupide ses derniers propos.

- Non. Pardon c'était bête. Merci beaucoup en tous cas... Comment dois-je vous appeler ?

- Jean Robert.

- Le maître des lames
dit Hubert un peu taquin.

K-Joe ne prêta pas attention à cette dernière remarque et partit apporter l'objet à sa douce. Après un réveil crapuleux auquel il ne put résister, il donna les lunettes à Esmée. Elle s'habilla et les enfila avant de sortir de la chambre. La luminosité du couloir ne semblait pas l'indisposer, c'était bon signe. Une fois dehors, bien qu'ils aient déjà plus ou moins vu la maison et ses alentours lors de leurs sorties nocturnes, l'expression sur le visage d'Esmée témoignait d'une découverte toute nouvelle. Elle sourit et regarda partout autour d'elle. Jean-robert, Hubert et Jyro s'étaient placés derrière eux. Esmée fit un câlin à Jean Robert et Jyro pour les remercier. Elle caressa affectueusement la tête d'Hubert qui refusait toutes formes de câlins.

Ils restèrent là les deux mois qui suivirent, hébergés par Jean Robert et guidés par Hubert à travers la forêt, les contrées animales et humaines et même bien que ce dernier y soit réticent, la capitale, Liorres. Esmée, Jyro et K-Joe purent ainsi découvrir une grande partie du plan. Le pays était dans un climat de paix. Les peuples animaux encore sur la défensive commençaient à s'ouvrir doucement aux restes du monde. Leurs terres étaient toutefois interdites aux humains, Jean Robert était une exception. Apparemment c'était parce qu'il était le frère d'un certain Glinell. Un homme vénéré telle une divinité par les animaux. Ils ne purent toutefois en savoir plus, le sujet était sensible. Les deux peuples cohabitaient en évitant tous conflits. Ce n'était pas toujours facile d'après Hubert mais le prince qui dirigeait le pays, était apprécié de tous. Il avait repris les rênes lorsque son père avait été atteint d'un mal inconnu. Sa mort pouvait être annoncée d'un instant à l'autre. Elle aurait été pleurée par les humains et fêtée par les animaux. Quant à la guerre et au passé du pays, Hubert et Jean Robert esquivaient toujours le sujet. C'était visiblement trop douloureux pour eux. Jyro continua de s'entraîner avec le forgeron. Ils furent rejoints par Esmée qui souhaitait affronter le vieux avec ses propres moyens. Elle réalisa toutefois très vite que sa magie était bien moins prolifique que sur Gysme. Ça lui demandait plus de stratégie, ce qui n'était pas pour lui déplaire. Jean Robert malgré son âge arrivait a leur tenir tête même lorsqu'ils faisaient équipe. Cet homme était réellement très impressionnant. K-Joe put également apprendre de lui car le vieux était un maître forgeron. Il lui rappelait Bolgek par moment. Ce fut deux mois où ils apprirent beaucoup.

Un matin alors qu'ils mangeaient avec d'autres animaux venus réparer leurs outils à la forge, Jean Robert se figea. Entrant dans la clairière une escorte regroupant tous les animaux de la forêt guidait un vieux chevalier. Le forgeron alla à sa rencontre immédiatement alors que les animaux s'écartaient le long de la clairière.


- Qui est ce ? demanda Esmée à Hubert.

- Joydorin, général des armées de Liorres. Vous avez devant vous les deux hommes qui ont certainement tué le plus d'entre nous durant la guerre dit-il amer.

Cette situation était incompréhensible pour eux, probablement parce qu'il ne venait pas d'ici. Le chevalier fut le premier à parler.

- Jean Robert dit-il en le saluant.

- Joydorin lui répondit le vieux en lui rendant son salut. C'est arrivé quand ?

- Ce matin.

- De quoi parlent-ils ?
demanda K-Joe à Hubert.

- Le roi est mort répondit-il gravement.

Lui qui avait dit fêter l'événement, il semblait bien plus inquiet qu'heureux.

- Je vais m'équiper dit Jean Robert avant de se diriger dans la maison.

Il demanda à Hubert de venir l'aider. K-Joe, Esmée et Jyro ne comprenait toujours pas ce qu'il se passait. L'atmosphère si festive il y a peu était maintenant très pesante. Après une vingtaine de minutes, Jean robert ressortit avec des pièces d'armure sur lui. Jyro demanda alors à Hubert qui les avaient rejoints :


- Pourquoi ne sont-ils pas en armure complète ?

- Ils n'en ont pas besoin répondit Hubert inquiet.

Les deux vétérans se firent front, mirent un genou à terre leurs épées plantées dans le sol face à face tel le miroir de l'autre.

- Regrettes-tu ? Demanda Joydorin.

- Commençons.

- Bien.


Ils se relevèrent, se mirent en position et firent entrechoqués la pointe de leurs épées avant de commencer leur duel.

Joydorin chargea le vieux qui l'accueillit en se décalant rapidement sur le côté avec un coup circulaire visant ses côtes. Le chevalier para, puis attaqua de l'autre côté. Jean Robert avait eu le temps de remonter sa garde pour contrer le coup. Son adversaire changea la direction de son épée pour l'atteindre cette fois à la tête. Ce dernier para au-dessus de lui tout en se déplaçant sur le côté. Ce mouvement déséquilibra légèrement le chevalier qui fit volte-face. Tous deux l'épée pointant vers l'autre se maintenant à distance. Seul leurs positions avaient changé puisque le forgeron était maintenant à la place de départ de Joydorin et inversement. Le tintement des lames résonnait encore dans toute la clairière. K-Joe, Esmée et Jyro avaient envie d'intervenir et de stopper ce combat probablement comme Hubert et tous les autres. Mais ce duel était d'un tel niveau qu'il semblait hypnotiser tout le monde. Joydorin attaqua à nouveau, lorsqu'il fut paré il pivota soudainement sa lame au-dessus de lui et la rabattit frontalement vers le forgeron. Ce dernier dévia l'épée de justesse s'offrant ainsi une ouverture. Il pivota sa lame de la même façon et la rabattit violemment pour trancher le chevalier en deux. Joydorin n'avait pas le temps de faire une parade, il recula de deux pas le corps complètement courbé en arrière. La lame fit une fine entaille verticale sur le métal couvrant son torse.

Joydorin se remit en garde et avança grandement son épée vers son adversaire. Le vieux voulut la dégager car trop menaçante mais le chevalier retira sa lame au dernier moment faisant frapper le forgeron dans le vide, il enroula alors son épée pour atteindre une nouvelle fois la tête de Jean Robert. Celui-ci para et riposta deux fois avec force dégageant la lame de Joydorin sur le côté tout en s'avançant. Trop près pour profiter de cette nouvelle ouverture à l'épée, il le frappa d'un puissant coup de pied poussé dans le ventre. Joydorin tomba en arrière fit une galipette pour se remettre en position tout de suite et pointer son épée vers Jean Robert qui était en train d'avancer sur lui pour l'achever. Le vieux essaya de balayer la lame adverse mais sans succès, il préféra donc reculer laissant le temps à son adversaire de se relever.

Une fois debout il attaqua à nouveau mais frappa dans le vide, le forgeron avait esquivé en reculant. Il frappa une nouvelle fois, mais, devançant son attaque Jean Robert fit une parade haute à une main tout en passant rapidement sous la lame adverse pour décocher un violent coup de coude à l'arrière du crâne de son adversaire. Le chevalier fit à nouveau une galipette au sol avant de se remettre immédiatement en position. Ils avaient cette fois repris leur position d'origine. Malgré la gravité de la situation il fallait bien reconnaître une chose, cette passe était magnifique.
Le forgeron attaqua de suite ne laissant pas de répit à Joydorin. Il attaqua circulairement à la tête, fut paré et enchaîna en visant les côtes dans l'autre direction. Le chevalier para à nouveau mais cette fois l'épée droite, une main sur la lame. Bloquant le coup, il balaya la lame adverse en la remontant vers le haut avec sa garde se créant ainsi une ouverture. Il put rabattre rageusement sa lame en diagonale sur le flanc gauche de Jean-Robert. Celui-ci fut projetait en arrière. Le coup avait porté mais l'armure avait réduit les dégâts, du sang coulait néanmoins le long de son corps. Alors qu'il était en train de se relever péniblement Joydorin fondit sur lui le forçant à se défendre sur les genoux. Il para la première attaque puis se releva rapidement et contre-attaqua. Les deux adversaires en plein échange de coups tournaient l'un autour de l'autre. Ils étaient maintenant à nouveau à l'inverse de leur position d'origine. Leurs lames se bloquèrent l'une dans l'autre en position haute chaque pointes dirigées vers la tête adverse. Jean Robert balaya l'épée de Joydorin vers le bas et frappa pour décapiter le chevalier qui esquiva en se baissant. En se relevant Joydorin para le coup suivant et en profita pour bloquer la lame adverse. Il essaya à son tour de décapiter le vieux emmenant son arme dans le même sens. Jean Robert fut projeté au sol sur le dos derrière son rival, au moins il avait évité l'assaut et le désarmement. Le chevalier voulut alors l'empaler en se mettant au-dessus de lui pour rabattre sa lame. Le forgeron para et profita d'être à portée pour lui asséner un coup de pied au visage alors qu'il était toujours au sol. Joydorin tomba en arrière sous le choc.

Les deux se relevèrent quasiment en même temps leurs épées toujours dirigées l'un vers l'autre. Ils se remirent en garde, ils étaient à nouveaux dans leur position de départ. Il s'en suivit un échange d'une dizaine de coups fulgurants entre les deux duellistes à l'issu duquel Jean robert trouva ou se créa une ouverture et frappa violemment le flanc gauche de Joydorin. Le coup faillit le faire tomber mais il se rattrapa avec sa main avant de se relever alors que le forgeron fondé sur lui. Après deux coups ils semblaient avoir leurs épées bloqués l'une dans l'autre. Joydorin réussit à se dégager et à projeter son adversaire au sol. Il shoota alors sa main qui essayait de récupérer son arme. Puis il se mit au-dessus de lui en position pour l'abattre mais Jean robert saisit l'épée, la planta dans le sol et projeta violemment le chevalier par-dessus lui. Lorsqu'il se releva rapidement il vit Jean Robert debout face à lui les deux épées en main.

La pointe sous le menton Joydorin semblait foutu. Jean Robert lança alors son épée à son propriétaire. Il lui sourit. Le chevalier attrapa son épée au vol et estoqua a une vitesse impressionnante mais à la surprise de tous, même de Joydorin, Jean Robert ne bougea pas. La lame le transperça de part en part. Hubert dégaina son épée et s'avança vers eux menaçant. Le forgeron tomba à genoux, le chevalier encore tremblant n'en revenait pas. Alors que le vieux allait tomber en arrière, Joydorin le retint, il était en larmes.


- Pourquoi ?

- Tu as encore de bons conseils... à donner au roi mon ami
dit Jean Robert péniblement.

- Par Glinell tu parles d'un ami dit rageusement Hubert alors qu'il allait abattre Joydorin.

- Non ! Hurla Jean Robert stoppant net l'action d'Hubert.

- Pourquoi tu mourrais et lui vivrais ?! Hein ?! Il mérite bien moins que toi ! Hurla Hubert en pleurs.

- Ce n'est pas... une question de mérite Hubert... Tu le sais très bien.

- Vous et vos principes débiles
dit-il en larmes baissant son arme.

- L'épée, Jean Robert, où est l'épée ? Demanda Joydorin.

- Je l'emmène avec moi dit-il en guise de réponse. Dis-moi plutôt... comment se porte le royaume ?

- Le royaume est en paix, rassures toi.

- Bien, c'est bien... Peut-être que tout ça n'a pas été vain...


- Non ça ne l'a pas était... dit tristement Joydorin alors que son meilleur ami venait de rendre son dernier souffle dans ses bras.

Joydorin reposa le corps sans vie du vieux forgeron au sol. Un long silence demeura dans la clairière. Le vieux chevalier se tourna ensuite vers Hubert.

- Pouvons-nous lui offrir des funérailles communes entre nos deux peuples ?

Cette demande agita les animaux en bordure de la forêt. Hubert semblait très énervé, il resserra sa main sur le manche de son épée. Il réussit à contenir son immense envie de tuer cet homme et dit :

- On va faire ça. Maintenant fous le camp, tu as un salopard à enterrer.

Joydorin se releva, le salua et marcha péniblement vers la forêt. Hubert l'interpella alors.

Joydorin ! Si je te revois dans cette forêt ton ami ne sera plus là pour te sauver.

- Compris.


Le Roi fut enterré. Quelque jour plus tard ce fut Jean Robert en présence des deux peuples réunis. La cérémonie bien que tendue ne soufra d'aucun débordement. Ce fut un magnifique enterrement digne d'un roi. Sa tombe avait été placée judicieusement à cheval entre le domaine humain et celui des animaux. Il devint par la suite un lieu de recueillement commun entre les deux peuples. Le premier endroit du plan où animaux et humains pouvaient se côtoyer pacifiquement.

Hubert fit ses adieux à nos trois voyageurs. Ils les avaient laissé rester dans la maison du forgeron le temps de se remettre de tout ça. Il les autorisa à récupérer tout ce dont ils avaient besoin à la forge. Hubert leur assura qu'ils pouvaient revenir là quand ils le voudraient, ils seraient toujours la bienvenue dans cette forêt. Ils n'eurent en revanche jamais le fin mot de cette histoire, Hubert refusait toujours d'en parler. Ce qui est passé est mort leur dit-il. Était-ce si important après tout, ils n'étaient pas d'ici, il était temps de repartir.

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maitredragon - Chevalier - Le 24/02/2021

Lorsque Jyro eut finit de transplaner, K-Joe voulut reprendre son souffle mais seul de l'eau rentra dans sa bouche, son nez et ses yeux. Alors que la panique le gagnait, son corps coulait lentement dans un océan. Il gesticulait dans tous les sens paniqué mais continuait de s'enfoncer sans arriver à remonter. L'air commençait à lui manquer quand l'eau autour de lui sembla le remonter à la surface. Une fois hors de l'eau il put enfin reprendre son souffle en toussant. Esmée ne lui laissa toutefois pas le temps de se remettre.

- Je peux nous maintenir à flots mais ça ne sera pas suffisant leur dit-elle.

Attends quoi ? K-Joe réalisa soudain qu'il n'était pas sur un sol dur mais à la surface de l'eau. Esmée utilisait ses pouvoirs pour les maintenir au-dessus de l'eau.

Il faut qu'on bouge leur dit-elle en les tirant tous les deux dans une direction.

Ils se mirent à courir sur l'eau ce qui était assez déroutant. Jyro avait du mal à suivre il n'était pas encore remit. De toute façon il n'y avait rien à l'horizon à part l'océan. Ils semblaient être en plein après-midi.

- Esmée ?

- Nous devons continuer il y a une île là-bas
dit-elle en pointant dans une direction.

Il ne voyait rien.

- Comment peux-tu savoir ça ? lui demanda K-Joe alors qu'il soutenait Jyro.

- Je ne sais pas, je le ressens.

Étrange, à Gysme son lien avec l'eau n'avait pas une telle portée malgré l'affluence de mana du plan.

- Tu auras assez pour qu'on l'atteigne ? Demanda K-Joe qui s'efforçait de suivre l'allure effrénée de sa femme.

- Je ne sais pas mais on ne peut pas rester sur place, ces eaux sont infestées de nuiqres.

Les nuiqres étaient des sortes de requins à Gysme. La perspective de se faire manger motiva K-Joe à accélérer. Ils coururent de cette manière non naturelle pendant une bonne vingtaine de minutes. Des ailerons commençaient à pointer à l'horizon mais toujours pas d'île se dit K-Joe la peur au ventre. Qu'est ce qui était pire la noyade ou se faire dévorer se demanda t'il. Soudain Esmée se stoppa net. K-Joe manqua de lui rentrer dedans. C'était vraiment déroutant de freiner avec ses pieds à la surface de l'eau.

- Qu'est-ce qu'il y a ? demanda t'il essoufflé.

- Quelque chose vient vers nous...

- Un requ... euh je veux dire un nuiqre ? J'en ai vu quelques-uns mais ils sont encore loin.

- Il en a la forme mais... ce n'est pas un animal.

- Qu'est-ce que c'est alors ?
demanda K-Joe inquiet.

- Je ne sais pas... Mais c'est grand... Très grand dit-elle avec crainte.

- Est ce qu'ont peux atteindre l'île avant que ce truc soit sur nous ?

- Il est déjà en dessous de nous
dit-elle apeurée.

En effet une forme de plus en plus grosse remontée vers eux. Esmée n'avait pas menti c'était assez gros sans pour autant sembler être vivant. Un gigantesque aileron métallique sortit de l'eau avant qu'ils soient complètement soulevés hors de l'eau par le dos de cette énorme machine. Se pouvait-il que ce soit une sorte de navire se demanda K-Joe. De tous ses voyages il n'avait jamais vu ça, c'était au moins aussi gros qu'un galion. Après plusieurs minutes une porte s'ouvrit à la base de l'aileron. K-Joe dégaina ces deux dagues, Esmée et Jyro leurs épées qu'ils avaient récupérer à la forge de Jean Robert. Un jeune homme sortit, il était grand, bien que musclé assez maigrichon, pieds nus et vêtu uniquement d'un pantalon. Le torse nu il avançait vers eux avec assurance. Frimeur ne put s'empêcher de penser K-Joe. Il s'arrêta à quelques mètres d'eux et leur dit :

- Bonjour, je m'appelle Joshua.

- Bonjour répondirent-ils incertains.

- Je n'ai jamais rencontré d'être comme moi auparavant dit-il enjoué en s'adressant particulièrement à Esmée. J'ai cherché pendant tellement longtemps, où étais-tu ?

- Je pense qu'il y a méprise... Je ne suis pas née sur ce monde dit Esmée.

- C'est inutile de mentir, ne crains rien je suis ton allié, je suis comme toi. J'ai vu comment tu maîtrisais l'eau. Est-ce que tu parles aux animaux aquatiques également ? Tu peux respirer sous l'eau comme moi ? Est-ce qu...

- Tu te trompes le coupa K-Joe.

Je te suis reconnaissant de nous avoir sauvés mais ma femme n'a aucun de ses pouvoirs. Elle maîtrise l'eau parce que c'est sa magie.

Joshua ne semblait pas comprendre ces propos.

Vous n'avez pas de sorciers ou de mages sur ce monde ?

- Non... Mais tu ne vis pas dans l'eau ? demanda-t-il à Esmée avec une once d'espoir.

- Je suis désolé dit-elle un peu coupable.

Sa bonne humeur avait laissé place à une grande déception. Des larmes commencèrent à couler le long de ses joues. C'était un peu disproportionné comme réaction. Ils se regardèrent ne sachant pas trop quoi faire. Esmée s'avança vers lui et posa sa main sur son dos pour essayer de le réconforter.

- Je suis vraiment désolé, je ne pensais pas que ça te mettrais dans un tel état.

- Je suis désolé, je... Je m'étais un peu trop fait à l'idée de trouver enfin quelqu'un comme moi dit-il tristement.


- Je suis désolé pour toi dit à nouveau Esmée.
Si on peut faire quoi que ce soit ?

- Venez à l'intérieur, on va discuter de tout ça à l'intérieur ce sera mieux.

Ils le suivirent après tout il ne semblait vraiment pas avoir d'intentions belliqueuses. K-Joe garda une dague en main néanmoins. Esmée fut très indisposée par l'odeur une fois à l'intérieur. Effectivement il y avait une forte odeur marine, K-Joe s'y habitua toutefois très vite. Ils montèrent pleins d'escaliers, traversèrent plusieurs couloirs pour finalement arriver à la passerelle en haut de l'aileron. Là un vieil homme les attendait à la barre aidé par quelques requins entièrement en armures mobiles. Il fallait le reconnaître ce vieux avait de sacrés talents d'artificier se dit K-Joe n'envisageant même pas une seul seconde que Joshua puisse être à l'origine de ça.

- Je vous présente Henri, c'est lui qui a créé ce vaisseau et sauvé ces requins dit Joshua en désignant les requins en armure.

- Bonjour dit le vieil artificier.

Après lui avoir répondu, Henri se tourna vers Joshua pour lui demander si c'était bien ce qu'il pensait. Ce dernier se contenta tristement de faire non de la tête. L'artificier tapota sur l'épaule de son jeune acolyte avec compassion. Un bruit surprit soudain tout le monde. Esmée qui était restée en retrait venait de vomir, elle était vraiment désolée. K-Joe alla la voir, elle avait beaucoup de mal à supporter l'odeur ou même le fait d'être sur le vaisseau. Un des requins vint nettoyer pendant que Joshua et Henri murmuraient entre eux. Jyro, lui, regardait en détail les requins et leurs armures. Henri était visiblement lui aussi très intéressé par l'automate. Ils proposèrent une cabine dans laquelle pourrait se reposer Esmée si elle avait besoin mais elle refusa s'excusant et prétextant qu'elle se sentait un peu mieux. C'était bien évidemment faux et ce le fut encore plus quand l'engin replongea sous l'eau. Néanmoins elle tenait à comprendre ce qu'il se passait ici.

Après s'être présentés, ils expliquèrent rapidement ce qu'étaient le multivers et les arpenteurs. Joshua et Henri bien qu'un peu réticent au début intégrèrent ces connaissances bien plus rapidement que la moyenne. K-Joe, Esmée et Jyro purent ainsi raconter leurs histoires. Henri put ensuite leur expliquer la situation de ce monde, Joshua lui, était encore sous le coup de la déception.

K-Joe, Esmée et Jyro avaient atterri sur un monde couvert par l'océan et des îles de tailles variables. Ce monde était en paix, la source de vie et de mana de tout l'océan étaient assurés par une entité appelait Dybom. Celle-ci était malheureusement morte il y a plusieurs années par la faute des humains. Cette catastrophe avait engendré plusieurs choses. Déjà un conflit entre humains et requins. Les humains ayant subi une vendetta particulièrement sanglante de la part de Blue Jaegger le meilleur ami de Joshua et Dybom. C'était un immense requin modifié génétiquement par des expériences d'Henri. Il n'était d'ailleurs pas fier du tout d'être responsable de ça, on pouvait le sentir dans ses paroles. C'est après ça qu'il mit fin à toutes ses expériences. L'océan source principale du commerce humain était donc impraticable. Les navires se faisaient attaqués et coulés en un rien de temps. Une personne a survécu aux attaques de Blue Jaegger, une femme de pêcheur appelée Lee. Déchiquetée de partout, on l'a amenée à Henri qui a réussi à la sauver. Mais cette dernière au vu de son apparence inhumaine est devenue folle et a obligé l'artificier encore une fois à sa grande honte à la transformer en une machine de guerre anti-requins. Elle l'a ensuite blessée mortellement et laissée pour mort. Elle et son groupe d'exterminateurs sont partis dans une guerre sans merci avec Blue Jaegger.
Pendant ce temps Joshua et sa meilleure amie, Eïlla, s'étaient rendu compte que l'océan mourrait à petit feu depuis la mort de Dybom. Ils ont essayé de convaincre tout le monde mais ça n'avait pas fonctionné. Eïlla bien que bannie a tenté d'aller voir son peuple d'ondins pour qu'ils les aident. Pendant ce temps Joshua est venu au laboratoire d'Henri et l'a retrouvé blessé et soigné par ces requins terrestres. Ils l'ont soignés comme ils ont pu, lui a fait le reste. Joshua avait besoin de lui et son vaisseau pour atteindre une zone très profonde et inexplorée de l'océan qui aurait un lien avec ses origines et pourrait peut-être même régler la situation.


Car Joshua est la seule personne dans ce monde à être comme il est, et de toute façon nous n'avions plus beaucoup d'options dit Henri avec dépit.

Alors ils y sont allés, ont traversé une grotte dans les profondeurs marines et se sont retrouvés au pied d'un gigantesque temple en pleine forêt.

Oui c'était assez déroutant dit Henri.

Ils explorèrent le temple mais plus personne ne vivait là depuis des années. En son centre il y avait une gigantesque machine antique qui ne répondait qu'à Joshua. Cette machine une fois activée, a ressuscité Dybom dans une bulle d'eau sous sa forme bébé.

Après ça tout le temple a commencé à s'écrouler, nous sommes donc ressortis en catastrophe. Je serai probablement mort sans Joshua. Nous nous rendions vers l'île d'Eorth pour retrouver Eïlla et lui annoncer la bonne nouvelle quand Joshua a capté les requins qui vous prenez en chasse conclut Henri.

Après ce long récit l'île était en vue. Joshua leur vanta l'hospitalité de ce lieu et le bonheur qu'Eïlla sa meilleure amie allait ressentir lorsqu'il lui montrerait bébé Dybom. Le dit bébé était un magnifique requin baleine aux multiples couleurs d'une soixantaine de centimètres enfermé dans une bulle d'eau. Il y nageait gaiement. Le vaisseau atteint la plage, nos trois voyageurs furent conduits par leurs hôtes à l'extérieur du vaisseau. Joshua trépignait, pourtant à leur arrivée sur la plage, l'île si accueillante et joyeuse qu'il avait décrite semblait être un doux mensonge. En effet l'ambiance au sol était plus que mortuaire. Les villageois étaient venus à leur rencontre l'air grave. Une dame sortie de la foule pour aller vers Joshua. Henri la présenta comme la tenancière de l'auberge et la personne sur les terres avec qui Joshua s'entendait le mieux. Elle s'arrêta à quelques centimètres de lui ne sachant pas comment lui annoncer ce qui était clairement de mauvaises nouvelles.

- Où est Eïlla ? lui demanda-t-il avec crainte.

Les larmes aux yeux la tenancière finit par lui répondre :

- Lee et ses hommes l'ont piégée. Ils s'en sont servis comme appât pour attirer Blue Jaegger. Elle est... morte dévorée par les requins.

Joshua n'en croyait pas ses oreilles.

- Et... Blue Jaegger ?

- Il a tenté tous ce qu'il pouvait pour la sauver... il a même blessé gravement Lee mais... Il est mort lui aussi, je suis désolée
répondit-elle en pleurs tout en enlaçant le jeune homme qui s'effondra dans ses bras.

Henri dû s'asseoir lui aussi. K-Joe, Esmée et Jyro étaient vraiment désolé pour eux. Après un long moment les pleurs cessèrent. Ils arrêtèrent leurs étreintes, Joshua tendit alors le bébé requin à la tenancière et lui dit :


- C'est Dybom. J'ai réussi. Je veux que tu prennes soin d'elle le temps que je revienne. L'avenir de ce monde est entre tes mains.

Henri se releva comprenant ses intentions et dit :

- Ce n'est pas la solution Joshua.

- Et c'est quoi la solution ? Hein ?! Tu sais comme moi qu'elle ne s'arrêtera pas là. On a essayé la méthode pacifique, tu trouves qu'on s'en sort bien ?!!

- Non...
répondit-il.

- Qui veut m'aider ? Demanda-t-il en se tournant vers la foule. Personne ne bougea, Lee et son équipage terrifiés toutes les îles environnantes.

- Moi répondit Henri derrière lui.

- Nous allons aussi te prêter main forte après tout, vous nous avez sauvé la vie toi et Henri, on vous doit bien ça dit K-Joe.

- Je ne pense pas que ce soit une bonne idée qu'Esmée vienne avec nous... lui dit Joshua.

- Tu dis ça parce que je suis une femme ?! Rétorqua Esmée énervée.

- Non, je dis ça à cause de la vie que tu portes en toi répondit Joshua qui ne comprenait pas sa réaction.

K-Joe faillit tomber sur lui-même. Il regarda Esmée qui était tout aussi abasourdie. Au vue de leur surprise Joshua comprit.

Vous ne le saviez pas... je suis désolé.

- Tu es sûr de toi ? demanda K-Joe qui avait du mal à y croire.

- Oui.

K-Joe enlaça sa femme aussi fort qu'il le put et la fit tourner avec lui. Ils étaient très heureux, il colla son oreille sur son ventre comme s'il s'attendait à entendre une voix. Elle caressa ses cheveux affectueusement. Leur joie contamina un peu Joshua et Henri qui les félicitèrent. Jyro était lui aussi très heureux pour ses créateurs qu'il félicita également. Après ce bref mais très intense moment d'allégresse. Ils finirent par réaliser que leur explosion de joies face au deuil général était un peu déplacée. Esmée dit alors :

- Ça ne change rien, je viens avec vous.

- Non c'est hors de question
dit K-Joe.

Elle se retourna vers lui mécontente mais K-Joe ne lui laissa pas le temps de négocier.


Esmée, écoute-moi s'il te plaît. Tu sais que je ne remettrais jamais en cause tes compétences au combat, jamais ! Et tu nous serais d'une grande aide, j'ai aucun doute là-dessus. Mais nous n'allons pas là-bas pour faire de prisonniers, nous allons là-bas pour tous les tuer jusqu'au dernier. Il n'y a rien de glorieux ou d'héroïque là-dedans. Je ne veux pas que toi et le bébé vous participiez à ça. S'il te plaît.

Ses mots avaient fait mouche. Esmée finit par se résigner, elle posa sa main sur sa joue et l'embrassa très fort. Elle fit un câlin à Jyro et souhaita bonne chance à Joshua et Henri. Elle resta sur la plage alors qu'Henri, Jyro, Joshua et K-Joe remontaient sur le vaisseau. Esmée regarda le vaisseau plongeait dans l'océan avec appréhension.
Une fois partis de l'île, ils mirent peu de temps à atteindre leur destination. Le voyage c'était fait dans un silence de mort. Pas de plans, ni de stratégies l'idée générale était de leur rentrer dans le lard.

L'île avait une falaise en forme de tête de requin. Dans les hauteurs trônait un château constitué de plusieurs grandes tours carrées, un long chemin sinueux en pierre descendait jusqu'à une plage au pied des rochers. Sur cette plage étaient amarrés cinq ou six navires. Plusieurs récifs les protégeaient mais Henri avec son vaisseau si particulier pu les localiser et passer à côté d'eux sans problème. Il accéléra encore sa machine et se dirigea droit vers les navires. Ses intentions étaient claires, tout le monde s'accrocha à ce qu'il put alors que leur vaisseau en partie hors de l'eau fonçait à pleine vitesse.

Si ces soudards étaient en train de faire la fête et n'avaient pas eu le temps d'être prévenus par ceux qui montaient la garde, le choc et le bruit de fracassement auraient alertés toutes personnes vivant sur cette île. Les navires étaient renforcés pour résister aux attaques marines, mais pas du tout à ce genre d'assaut. Après réflexion K-Joe se dit qu'aucun navire dans tout le multivers ne pouvait résister à un tel choc. Dans le poste de commande l'impact avait été très violent, K-Joe aurait lâché prise si Jyro ne l'avait pas retenu. Henri lui, avait bénéficié de l'aide de plusieurs requins en armure. Joshua lui, était déjà debout prêt à en découdre. Ils sortirent sur la plage et purent voir l'étendue des dégâts. Il ne restait rien des navires ennemis à part une masse de débris flottants. Les membres d'équipages qui étaient restés à bords s'ils n'avaient pas été tués sur le coup étaient dévorés dans l'océan par les requins de Joshua ou achevés à terre par notre équipe. Ils venaient à peine d'arriver et il y avait déjà beaucoup de morts. Il ne restait d'intact que l'aileron du vaisseau d'Henri, le reste n'était pas récupérable. Malgré tout il ne semblait rien regretter. Il resta en retrait car ce n'était pas un combattant, ses requins en armures les accompagneraient. Il n'y en avait plus qu'une vingtaine, plusieurs d'entre eux avait été tués durant le choc.

Après avoir achevé les rescapés sur la plage, ils s'engagèrent sur le chemin en pierre qui menait au château alors que le reste de l'équipage de Lee commençait à arriver sur eux. Ils étaient des centaines et des centaines. K-Joe ne s'attendait pas a ce qu'ils soient aussi nombreux. Ils avaient clairement l'avantage numérique, mais l'attaque surprise leur avait laissé que peu de temps pour se préparer, de plus beaucoup étaient encore très alcoolisés et le gros de leur armement reposait déjà dans l'océan. Enfin le chemin n'était pas suffisamment large pour profiter pleinement de leur supériorité numérique. A dire vrai K-Joe ne comprenait pas pourquoi ils n'étaient pas restés dans le château, leurs chances auraient été bien plus grandes-la-bas. A tous ceci vint se rajouter un autre avantage, Joshua. K-Joe se demandait depuis un moment ce que pouvait bien faire un jeune homme maigrichons, torse nu et pieds nus comme lui. Le premier soudard qui essaya de le tuer reçu un coup de poing au visage qui le tua sur le coup, projetant son corps inertes sur ses amis derrière lui qui furent ainsi repoussés au sol. K-Joe en eut le souffle coupé. Ça eut aussi un gros impact moral sur leurs adversaires. Joshua était bien plus rapide et puissant qu'un homme ordinaire. S'il avait semblé sur Eorth qu'il avait fait le deuil de ses amis très vite, n'importe qui à ses côtés à ce moment pouvait voir que ce massacre lui permettait de décharger toute sa haine et sa tristesse au grand damne de ses ennemis. K-Joe avait un peu plus de mal, il n'avait pas combattu depuis longtemps. Les dagues elfiques et son bras lui permettait de garder l'avantage dans les situations difficiles. Quand il se retrouvait vraiment en danger, Jyro venait toujours l'aider. Ce dernier armé de son épée ou à mains nues dominait complètement ses adversaires. Les requins d'Henri étaient très efficaces eux aussi. K-Joe fut heureux qu'Esmée ne soit pas là pour voir ça ou pire pour participer à ça. Comme il lui avait dit il n'y avait rien de glorieux, c'était un massacre pur et dur. Les blessés qui ne pouvaient plus se battre étaient achevés au sol, ceux qui fuyaient ou qui voulaient se rendre été tués ou dévorés sans états d'âmes.

Lorsqu'ils arrivèrent aux pieds du château, seul une vingtaine d'ennemis étaient encore en vie. Joshua ne semblait pas essoufflé et ne souffrait que de blessures légères alors que K-Joe n'en pouvait plus. Il avait reçu plusieurs coups et blessures et avait du mal à tenir encore debout. Jyro avait des traces de coups sur tout son corps mais pas de dégâts importants, il pouvait encore continuer ainsi des heures et des heures. Ils avaient néanmoins perdus la majorité des requins en armure durant leurs ascensions. Il n'en restait plus que deux. Aucune trace de cette fameuse Lee. Ils vinrent à bout sans difficultés des derniers survivants et entrèrent dans le château. A l'entrée était suspendu par la queue le corps d'un énorme requin aux formes humanoïdes. Probablement le fameux Blue Jaegger exposé là tel un trophée. Joshua décrocha son corps et le posa sur le sol doucement. Une voie derrière eux leur dit :


- J'espère que la décoration vous convient.

Ils se retournèrent et virent une sorte d'automate habillé comme un humain. Certaine partie de son corps était encore sous forme de chair mais il était impossible de savoir qu'il s'agissait d'un humain et encore moins d'une femme. Elle tenait Henri par la tête devant elle, les pieds du pauvre homme touchaient à peine le sol. Elle ne semblait pas en excellent état, un morceau manquait sur son flanc. K-Joe ne pouvait plus bouger, Jyro et les requins n'osez pas de peur qu'elle achève Henri. Joshua, n'hésita pas, il se releva et avança rapidement vers elle.

J'aurais au moins eu le plaisir de t'enlever tous ceux que tu aimes dit-elle tout en brisant le crâne du vieil homme hurlant entre ses doigts.

Le corps d'Henri tomba au sol, tout le monde était sous le choc sauf Joshua qui n'avait même pas fait mine de s'arrêter.


Ainsi tu ressentiras ce qu...

Elle n'eut pas le temps de finir sa phrase, Joshua la mit au sol et pulvérisa tout son être en la martelant de coups à répétition tout en lui hurlant dessus.
Une fois calmé il ne restait d'elle qu'un amas de ferrailles et quelques morceaux de chairs en bouillis. Joshua alla voir la dépouille d'Henri. Il demanda aux requins en armure de le prendre pendant qu'il s'occupait de la dépouille de Blue Jaegger les tirants ainsi de leurs états de chocs. Il ne semblait rien ressentir. K-Joe voulut l'interpeller pour tout ça mais il n'en fit rien.

Le soleil commençait à se coucher sur l'horizon. En redescendant les marches jonchées de cadavres, K-Joe prit conscience de l'ampleur de cette boucherie et il n'aimait pas ce qu'il ressentait présentement. Joshua ne regrettait sans doute rien après tous ces hommes avaient tués tous ses proches. Quant à Jyro il était impossible de savoir ce qu'il en pensait. K-Joe lui demanda :


- Est ce que ça va ?

- Physiquement vous voulez dire ?

- Mais non, je sais bien que ça va physiquement, tu es quasiment indestructible. Je voulais dire sur ça, ce qu'il vient de se passer, tous ses morts.

- Je ne sais pas... Y-a-t-il vraiment une leçon a tiré de tout ça ?

- Non
répondit K-Joe amer.

Le reste du trajet se fit en silence, arrivée sur la plage Joshua appela et chargea un énorme requin baleine de ramener K-Joe et Jyro sur l'île d'Eorth. Il les y rejoindrait après s'être occupé des dépouilles de ses amis. Il semblait vouloir rester un peu seul, K-Joe n'insista pas pour l'aider, il les remercia.

Voyager à dos de requin était une expérience particulière, une fois mouillé et habitué c'était un moyen de transport assez agréable. Même si K-Joe avait peur à chaque secondes que le squale décide de plonger oubliant les passagers sur son dos. Lorsqu'ils arrivèrent à Eorth, la nuit était tombée mais Esmée les attendait sur la plage comme si elle était restée là tout ce temps. Elle leur fit un câlin très soulagée et heureuse de les revoir sain et sauf. Enfin sain... K-Joe était blessé de partout et à moitié congelé mais rien dont Esmée ne pourrait pas venir à bout.

Après plusieurs jours Joshua n'était toujours pas revenu les voir, la tenancière n'avait pas de nouvelles non plus. Un matin elle se réveilla en panique, bébé Dybom avait disparu. Ils fouillèrent toute l'île mais sans succès. Peu après cette disparition les activités maritimes qui avaient repris timidement, réussirent grandement aux plus téméraires. Les autres suivirent et le commerce reprit petit à petit. Pas une attaque de requins ne fut a déploré dans la semaine qui suivit. Ils en conclurent que tout ça était l'oeuvre de Joshua et Dybom. Peut-être avait-il décidé de vivre définitivement dans l'océan dit tristement la tenancière.

K-Joe était quasiment guéri, il était temps de repartir. Esmée et lui avait discuté sur leur prochaine destination. Il voulait trouver un endroit tranquille pour s'installer, construire leur maison et élever leur futur enfant. Retrouver la secte n'était plus du tout un objectif pour K-Joe, en vérité ça faisait un bon moment qu'il n'avait plus repensé à eux. Ils allèrent sur la plage pour transplaner dans l'espoir que Joshua viendrait leur dire au revoir mais il n'en fut rien. Personne ne vint, ils repartirent un peu déçus mais excités a l'idée de construire cette nouvelle vie ensemble.

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maitredragon - Chevalier - Le 10/03/2021

K-Joe enserrait Esmée pour lui tenir le plus chaud possible le temps que Jyro retrouve ses forces. Ils avaient cette fois-ci transplané en plein milieu d'une tempête de neige. Ils s'étaient fait un abri de fortune en attendant, rester à découvert n'était pas une option. K-Joe était très inquiet pour sa femme et le bébé malgré les tentatives de cette dernière pour le rassurer. Il pressa Jyro, le pauvre n'y pouvait rien mais K-Joe était trop stressé. Ils avaient arpentés plusieurs mondes à la recherche d'un endroit où s'installer et s'étaient retrouvés dans plusieurs situations périlleuses. Mais ils n'avaient rien trouvé jusqu'à maintenant malgré une dizaine de transplanages. Esmée et K-Joe n'avaient pas eu de coup de coeur, en tous cas lorsque le plan était suffisamment accueillant pour en voir une bonne partie. Ils restèrent dans cette tempête plusieurs minutes ressenties comme des heures. Le froid resserrant son emprise toujours plus insidieusement.

Jyro put enfin transplaner à nouveau. Ils atterrirent cette fois dans de l'eau. Après ce froid glaciaire, cette eau paraissait aussi chaude qu'un bouillon. C'était presque agréable si K-Joe n'était pas paniqué alors qu'il était en train de se noyer. Esmée les remonta à la surface. Un air de déjà vu pensa K-Joe alors qu'il toussait. Terminé, finit j'arrête là ! Se dit-il énervé avec un énorme sentiment de ras le bol. Esmée était debout, elle ne bougeait pas, elle semblait captivée. K-Joe se releva et regarda dans la même direction. Il en resta bouche bée. Ils étaient sur un lac en face d'une magnifique maison au bord de l'eau. Elle avait tout ! Tout ce qu'ils souhaitaient. La perfection même ! A un tel point que s'en était irréel. Sans dire un mot Esmée et K-Joe avancèrent jusqu'à la terre ferme. Une fois devant la maison ils en firent le tour, personne ne semblait habiter là. C'était encore plus louche, K-Joe n'avait pas confiance, une maison parfaite dans un coin de paradis... Il restait sur ses gardes persuadé que tout ceci était trop beau pour être vrai. Jyro était occupé à récupérer et Esmée, elle, était bien trop heureuse de ce qu'elle voyait. En la regardant K-Joe prit un moment pour la contempler avec son petit ventre naissant. Il préféra la laisser ainsi et toqua à la porte, dagues en mains. Pas de réponses. Il essaya d'ouvrir mais la porte était fermée. Il regarda les alentours et finit par se relâcher, rengainant ses armes. Esmée l'avait rejoint, toujours aussi ravie par cette maison. Elle était vraiment belle pensa K-Joe admiratif. Elle se tourna vers lui.


- Elle est parfaite hein ?

- Essayons de ne pas nous emballer. Ça ne te semble pas louche ?

- Mon tendre époux et son pessimisme
dit-elle moqueuse en se dirigeant vers lui.

Elle l'embrassa et tous ses doutes s'envolèrent durant ce laps de temps. Esmée avait ce pouvoir sur lui.


- Je vais aller voir les alentours histoire d'être sûr quand même.

Elle acquiesça en lui caressant la joue comme s'il était incorrigible. Jyro resta avec elle, il devait se reposer après tous ses efforts et Esmée ne craignait rien avec lui à ses côtés. Il partit donc en exploration sereinement. Le lac était de taille moyenne bordé d'arbres. C'était vraiment un coin très beau. K-Joe finit par tomber sur un petit chemin de terre qu'il décida de suivre. Ça le mena droit sur un village en bordure des bois. La maison devait être à dix ou quinze minutes de marche de là. Apparemment c'était le matin et un marché avait lieu sur la place du village. Un poissonnier interpella K-Joe qui avançait doucement parmi la foule.

- Holà voyageur, aurais tu besoin d'une de ses merveilles pour ton repas. Pêchés directement de ce matin.

- Tu les as pêchés sur le lac dans la forêt ?

- Ah monsieur est passé par là ! Belle endroit hein ?

- Saurais-tu à qui appartient la maison ?

- Oh cette bâtisse, elle était au vieux Gérald. Un sacré pécheur pour sûr !

- Il n'y habite plus ?

- Eh non le pauvre bougre est passé par-dessus son bateau. Certains poissons sont plus costauds que d'autres. Et regardes-y cui la a failli me faire pareil ! Belle bête hein ?

- Et la maison ? Elle appartient à qui aujourd'hui ?

- Toi t'es intéressé par cette bicoque hein?! C'est vrai qu'elle est jolie mais personne n'en veut. Être isolé dans les bois comme ça c'est pas bon pour le ciboulot. Y en a qui dise que le vieux Gérald avait un pet au casque et qu'il a pas eu besoin d'un poisson pour aller dans le lac. Moi je pense que c'était un gros poisson. Qu'est ce t'en dis-toi ?


K-Joe ne sut pas vraiment quoi répondre.

Pardon je cause, je cause j'en oublie les affaires. Si ça t'intéresse vraiment va voir le chef du village. Il sera heureux de te la vendre, il savait pas quoi en faire.

- Et je peux le trouver où ?

- Oh ça c'est facile ! Tu files tout droit jusqu'à la grande maisonnée là-bas. Tu peux pas la louper.

- Merci l'ami.

- Eh ! Si tu deviens propriétaire pense à moi, je peux te fournir directement du poisson frais de mes pêches avant de venir ici.

- J'y penserai
dit K-Joe souriant amusé par la familiarité du gaillard.

En effet il était impossible de louper la maisonnée. Le chef du village était étonnamment jeune. Le poissonnier n'avait pas mentit il était ravi de pouvoir enfin la vendre. Le prix semblait correct bien que K-Joe ne put l'acheter dans l'immédiat. Il signa une promesse de vente et revint annoncer la bonne nouvelle à Jyro et Esmée. Ils n'en revenaient pas de la chance qu'ils avaient. Ils chargèrent Jyro de retourner sur Gysme pour récupérer de quoi payer la maison et aussi annoncer au père d'Esmée qu'il allait être grand père. K-Joe proposa a Esmée d'y aller avec Jyro mas elle refusa. Elle ne voulait pas retourner là-bas dans l'immédiat. L'automate partit en fin d'après-midi après avoir aidé K-Joe et Esmée à installer leur campement.

Une fois partit K-Joe demanda a Esmée derrière lui ce qu'elle voulait qu'ils fassent. N'ayant pas de réponses il se retourna et fut surpris de la voir avancer nue vers lui. Ça a le mérite d'être clair se dit-il. Il était un peu réticent à cette idée si jamais Jyro revenait mais elle fit taire ces doutes comme elle savait si bien le faire.

Ils étaient allongés dans leur lit d'appoint nus comme des vers, l'un contre l'autre à regarder le ciel nocturne parsemé d'étoiles. Esmée tourna sa tête vers lui.


- Tu es sûr que tu ne veux plus rentrer chez toi ?

- Présentement je n'ai pas envie de bouger
dit-il avec un sourire malicieux.

Elle le pinça. Ils se battirent tous les deux rapidement avant de redevenir sérieux.

Je suis sûr oui.

- On pourra toujours y aller plus tard avec Jyro.

- Je ne pense pas que Jyro devrait rester avec nous.

- Oh ! Monsieur vire son premier fils pour accueillir le deuxième belle esprit.


- Tu sais bien ce que je veux dire dit-il un sourire en coin.

- Oui je sais.

- C'est un arpenteur maintenant il veut partir à la découverte des mondes et pas être notre nounou.

- Oh ! Toi aussi tu trouves que c'est notre nounou.


Ils rirent.

Il a grandi tellement vite dit-elle nostalgique.

- Tu crois qu'on fera un aussi bon boulot avec celui-ci dit-il en posant sa main sur son ventre

- Ça risque d'être plus dur... Il sera beaucoup moins autonome à la naissance.

- Y a pas moyen que tu sois sérieuse deux minutes
dit-il en rigolant.

- C'est toi qui as commencé.

Il l'embrassa tendrement. Puis se rallongea.

Comment on va l'appeler ?

- Si c'est une fille, elle s'appellera Arwen.


K-Joe se raidit en entendant ce prénom un frisson parcourant toute son échine.

- Hors de question.

- Pourquoi pas ?!

- On ne peut pas appeler notre fille comme la grande prêtresse !

- Je veux qu'elle est le nom d'une femme forte
dit-elle en se redressant prête à ne rien céder.

Son visage ne laissait aucun espoir à K-Joe de pouvoir lui faire changer d'avis.

- Et si c'est un garçon dit-il mal à l'aise pressé de changer de sujet.

- Si c'est un garçon on pourrait l'appeler Hubert.

K-Joe la regarda avec une expression d'horreur.

C'est une blague gros bêta dit-elle amusée par son air outré.

- Très drôle pesta t'il.

- J'avoue ne pas avoir d'idée... J'ai choisi pour une fille, choisit pour un garçon.

- Zell.

- ...

- Ca ne te plaît pas ?

- C'est le nom que vous aviez choisi avec Mara.

- Excuse-moi ça n...

- Ça ne me gêne pas
le coupa-t-elle. C'est juste que j'étais pas prête. Tu penses toujours à elle ?

- Je ne l'oublierai jamais Esmée... Mais aujourd'hui c'est toi que j'aime, hier c'était toi que j'aimais et demain ce sera toujours toi que j'aimerai. Et ça, ça ne changera jamais.

- Tu dis ça mais tu ne m'as pas encore vu avec un ventre énorme
dit-elle souriante une larme de joie perlant toutefois sur sa joue.

En guise de réponse K-Joe l'embrassa longuement, un baiser digne des plus grands chevaliers d'histoires pour enfants. Ils se couvrirent d'étoffes et s'endormirent l'un contre l'autre. Ils furent réveillés de bon matin par l'arrivée de Jyro. A midi K-Joe achetait la maison et en fin d'après-midi ils étaient installés. La proposition du poissonnier était sympathique mais c'était sans compter sur les pouvoirs d'Esmée pour dégotter les meilleurs poissons. D'après elle il y avait de sacrés bestiaux dans ce lac, en tous cas ceux qu'elle capturait étaient un vrai régal se dit K-Joe. Ils restèrent ainsi tous les trois quelque jour. Un matin K-Joe et Esmée allèrent voir Jyro au bord du lac.

- Jyro, Esmée et moi on aimerait te parler.

- Je vous écoute.

- Voilà on en a discuté et on pense que ce serait mieux pour toi si tu partais à la découverte du multivers plutôt que de rester ici.


Devant son incompréhension Esmée demanda :

- Ce n'est pas ce que tu souhaites ?

- Si mais comment retournerez-vous sur votre monde
demanda-t-il à K-Joe.

- Je n'y retournerai pas. Ce n'est plus mon objectif. Je vais vivre ici avec Esmée et élever notre enfant.

- Je n'ai pas payé ma dette dit Jyro.

- Oh si Jyro, tu l'as payé et même plus d'une fois... Et de toute façon il y a belle lurette que je t'ai pardonné. A vrai dire je pense même aujourd'hui que tu as bien fait. Promets-moi juste durant tes voyages de faire le bien et uniquement le bien.

- Et si je me perdais en route
dit-il avec craintes.

- Tu pourras toujours revenir ici, on t'aidera. Si tu es blessé c'est pareil. Reviens quand tu veux. Tu nous le promets ?

- Je le promets.

- Reviens nous voir aussi d'ici six mois, ton frère ou ta soeur sera né dit Esmée souriante mais les larmes aux yeux.

- Mon frère... Ma soeur...
répéta Jyro.

- Oui tu es notre fils dirent K-Joe et Esmée ensemble.

Jyro s'avança vers eux et les prit tous les deux dans ses bras. Ils étaient en larmes. Après un dernier adieu il transplana vers l'inconnu laissant Esmée et K-Joe triste, heureux et fier. Les mois passèrent, le ventre d'Esmée s'allongeait de plus en plus, K-Joe s'était installé un petit atelier pour bricoler et garder la main en tant qu'artificier. Ils étaient parfaitement installés maintenant, c'était leur maison.

Un matin K-Joe alla au village, il croisa son ami le poissonnier qui emmenait son fils pêcher sur le lac. Il les salua et fila vers le village, pour acheter du pain. Les villageois étaient regroupés autour de la place. Un groupe de guerriers en armure accompagnaient quatre hommes habillés luxueusement. K-Joe alla acheter son pain et demanda à la boulangère qui était ces gens. Elle lui répondit tout excitée qu'il s'agissait d'un contingent de la capitale. Il faisait partie d'un ordre religieux, le culte d'Oghmar. K-Joe ne comprit pas ce qu'ils étaient venus faire là et très honnêtement il s'en fichait. Une fois son pain acheté il pressa le pas pour retourner auprès de sa bien-aimée. Toutefois une phrase de l'orateur le stoppa net


« ...tuer tous les mages et les sorciers... »

K-Joe se rapprocha et écouta les nouveaux venus. Ce plan avait une religion basée sur le culte d'Oghmar, une guerrière légendaire connue pour avoir purifié ce monde de toutes formes de magies. Grossièrement résumé, dans toute forme de religion il y a toujours une partie d'interprétation, la réalité historique n'est jamais vraiment respectée ni les bonnes intentons d'origines, K-Joe le savait bien. Ainsi ce détachement était là pour chasser toute réapparition magique quelle qu'elle soit et invitait les villageois à dénoncer quiconque serait suspect. Le châtiment réservé serait bien évidemment la mort. Intolérance brutale classique de n'importe quel culte. K-Joe aurait trouvé ça ironique mais l'arrivée de ces sectateurs lui fit craindre le pire. Il était passé complétement à côté de cette croyance. Il quitta la place et retourna le plus vite possible chez lui.

Esmée marchait doucement aux bords du lac, elle vit et salua le poissonnier et son fils sur leur petite embarcation. Il fallait l'avertir de ce qu'il se tramait au village se dit-il en la voyant. Soudain le fils du poissonnier fut entraîné violemment dans l'eau. Son père paniqué prit les rames pour le rejoindre avant qu'il ne se noie mais il n'y arriverait pas à temps. K-Joe vit alors Esmée prête à utiliser ses pouvoirs pour sauver le gamin. Il se précipita sur elle et stoppa son mouvement.


- Tu ne peux pas faire ça, des hommes en ville sont venus pour tuer des détenteurs de magie comme nous.

- Je ne vais pas laisser un enfant se noyer, lâche moi !

- Si tu fais ça nous sommes condamnés.

- Crois-tu vraiment que si je sauve son fils, il nous dénoncera ?!

- Je ne veux pas courir ce risque ! Esmée s'il te plaît.

- Je ne laisserai pas un enfant mourir sous mes yeux !


Elle se dégagea de son emprise, souleva l'enfant hors de l'eau et le ramena vers la terre ferme. K-Joe était tenté de prendre les dagues et de les tuer tous les deux. Avait-elle raison ? Est ce qu'ils se montreraient reconnaissants ? Fallait-il les laisser en vie ? Esmée récupéra le jeune garçon et s'assura qu'il allait bien. Puis elle posa une main sur l'épaule de son mari afin de le rassurer. Mais ça ne fonctionna qu'à moitié. Le poissonnier arriva prit son enfant dans ses bras, lui fit un câlin soulagé de le retrouver sain et sauf, il les remercia non sans malaises et fuit a toutes jambes vers le village. Lorsqu'il fut hors de portée des dagues K-Joe se maudit de ne pas les avoir tué. Il fut même tenté de les poursuivre.

- Tu n'aurais pas dû faire ça Esmée...

- Je n'allais quand même pas laisser ce gamin mourir
dit-elle comme une évidence.

- Les types au village sont des fanatiques. S'ils apprennent ce qu'il vient de se passer, ils vont nous attraper, nous torturer et nous tuer. Que tu sois enceinte n'y changera strictement rien.

- Tu n'en sais rien
dit-elle décontenancée.

- Esmée j'ai fait partie d'une secte et j'ai vu ce qui arrive à des personnes qui était considérées comme hérétiques.

Son regard en disait long, Esmée réalisa qu'il disait vrai.

- Il ne nous trahira pas alors qu'on vient de sauver son fils dit-elle aux bords des larmes.

K-Joe ne pouvait rien affirmer, pour lui à l'heure qu'il était on venait déjà ici pour les tuer.

- Retournons à la maison.

Il passa toute l'après-midi à renforcer la maison, guetter l'horizon à la recherche de la moindre offensive. Il était en permanence sur le qui-vive.
Cette nuit-là, Esmée se réveilla sans K-Joe à ses côtés. Ils s'étaient pourtant couchés ensemble. Elle descendit et le retrouva debout nu dans le salon les dagues en main, guettant l'obscurité par les fenêtres. Elle se colla contre son dos et l'étreint.


- On ne devrait pas rester ici.

- Je suis désolé
dit-elle tristement.

- Je suis désolé aussi je n'aurais pas dû m'énerver. Sauver ce gosse était la meilleure chose à faire... J'ai juste très peur de te perdre.

- S'il doit nous arriver quelque chose au moins nous serons ensemble.


Il se retourna et la prit dans ses bras la serrant fort contre lui. Ils retournèrent se coucher mais K-Joe ne dormit pas de la nuit attentif aux moindres bruits dehors. Le lendemain se déroula sans encombre et la semaine passa ainsi. Esmée avait peut-être raison, le poissonnier ne les avait peut-être pas vendus. Pour en avoir le coeur net il décida de descendre au village.

Aucune trace du poissonnier ni du contingent religieux. Était-ce bon ou mauvais signe ? Il commença ses courses quand soudain une crainte s'empara de lui. Et s'ils avaient attendu qu'il sorte de chez lui pour attaquer. Il rentra en courant le plus vite possible la peur au ventre, jamais il n'avait couru aussi vite. Il se précipita dans la maison et appela Esmée de toutes ses forces. Elle descendit paniquée au grand soulagement de K-Joe. Il l'enserra dans ses bras comme s'il avait failli la perdre les larmes coulant le long de ses joues. Elle avait sans doute raison il devenait parano. Le poissonnier avait une dette envers eux, ils avaient sauvés son fils après tout.

Ils reprirent leur quotidien chaque jour effaçant un peu plus les craintes qu'il avait pu avoir. Une autre semaine passa. Esmée en était à 8 mois de grossesse. La maison était prête à recevoir leur bébé. K-Joe fut réveillé une nuit par un mouvement sur le côté du lit. Il découvrit avec horreur un solide gaillard en armure qui rabattit quelque chose sur son crâne. La dernière chose qu'il entendit avant de perdre connaissance fut les cris d'Esmée.
Il fut réveillé brutalement par un coup dans le ventre. Son crâne lui faisait un mal de chien, du sang en coulait. Son bras mécanique avait été arraché. Il était nu, ligoté au sol dans une pièce de leur maison. Sa main était enfermée dans un énorme socle. Trois soudards en armure et un de ses drôles de type en vêtements de luxe était avec lui. Il mit beaucoup de temps à évaluer tout ça, étant encore dans les vapes. Soudain il prit conscience que les cris et gémissements qu'il entendait depuis le début étaient ceux d'Esmée. Il hurla son nom mais fut immédiatement tabassé. Il ne comprenait pas très bien ce qu'ils attendaient de lui, une histoire d'aveux. Par contre il sentit très bien toutes les tortures physiques qu'on lui infligea les heures qui suivirent. Ces types furent particulièrement inventifs pour le faire souffrir. Il s'évanouit plusieurs fois mais ils arrivaient toujours à le faire revenir à lui. Entendre sa femme souffrir sans pouvoir rien faire était un enfer. K-Joe aurait avoué n'importe quoi mais jamais de la vie qu'il était sous l'emprise d'Esmée. Quand il réussit à parler il balbutia péniblement qu'il était à l'origine de tout espérant ainsi la sauver. Il le répéta encore et encore malgré la douleur toujours plus grande. Malheureusement Esmée avait eu la même idée que lui.

Après un temps interminable de purs sadismes, ils furent sortit de leur maison et attachés chacun à un bûcher côte à côte. Une bonne partie du village était là dont le poissonnier et son fils et la totalité du contingent plus leurs renforts. Le jour étant levé, Esmée ne voyait rien avec ses yeux et K-Joe aurait aimé ne rien voir non plus. Il essaya de lui parler mais il n'arrivait plus à articuler correctement. Ils avaient mis le feu à leur maison et maintenant le porte torche avançait vers les bûchers. Il choisit de commencer par celui d'Esmée qui ne vit même pas ce qui était en train de se passer. Elle entendait son mari mais était incapable de le voir. K-Joe hurlait et se débattait avec le peu de force qui lui restait. C'était impossible, Jyro allait arriver et les sauver tous les deux, quelqu'un allait bien faire quelque chose, elle est enceinte hurla K-Joe. Mais personne ne vint. Personne ne fit rien. K-Joe ne put regarder qu'impuissant sa bien-aimée hurlante et son futur enfant disparaître dans les flammes. Cette vision le plongea dans un abyme profond alors que les flammes avaient commencé à le dévorer.


Il se retrouva soudainement là sans comprendre pourquoi ou comment c'était arrivé. Il n'avait pas demandé à venir ici. Il vit K-Joe assis non loin de là, il ne flottait pas, il était juste assis dans ce noir profond. Gilbert ne reconnaissait pas sa dimension, lui qui pouvait se repérer n'importe où dans le vide, il n'avait aucune idée d'où il se trouvait.


- Comment m'as-tu amené ici ? Demanda-t-il dans l'incompréhension la plus totale.

- Ch... Ch... Chut se contenta de lui répondre K-Joe qui semblait apprécier ce moment paisible comme si c'était le dernier.

- Tu es en train de mourir ?

- Tu savais que certains oiseaux peuvent devenir des phénix ? Un oiseau tout à fait lambda devenant une créature légendaire...


- Où veux-tu en venir ? Et à quoi ça rime tout ceci ?!

K-Joe prit une grande inspiration puis se leva. Il ne flottait pas, il tourna sa tête vers Gilbert.

- Tu es libre maintenant.

Gilbert voulut répondre mais il remarqua quelque chose. Son être était aspiré par K-Joe

- Qu'as-tu fait ?!

- Je me suis perdu
dit-il avec une expression qui déclencha une sensation nouvelle et encore inconnue chez Gilbert. La peur.

Gilbert ne lutta pas il était sous le choc alors qu'il disparaissait un petit peu plus chaque seconde. Il finit par disparaître complètement ne comprenant toujours pas comment K-Joe avait fait. Ce dernier ferma les yeux pour les rouvrir sur le bûcher. Tout était figé. Il se décrocha, régénéra ses blessures, détruisit le socle sur son bras et descendit du bûcher. Il se dirigea vers le corps de sa bien-aimée. La détacha, enleva ses socles et la prit avec lui. Il marcha jusqu'au milieu du lac déposa le corps sur la surface en gardant sa tête contre lui et sa main sur son ventre. Il resta ainsi un long moment.

Après une grande inspiration, K-Joe leur fit ses adieux. Il allongea Esmée et la fit traverser lentement la surface. Il retourna devant sa maison. Les villageois et le contingent n'avaient pas compris ce qu'il s'était passé quand toutes les flammes s'étaient figées. Encore moins pourquoi il ne pouvait plus bouger. Ils étaient condamnés à regarder l'accusé se mouvoir librement sans pouvoir rien faire. K-Joe alla voir le poissonnier, il lui tapota l'épaule chaleureusement en lui souriant, caressa la tête de son fils en passant. Puis il alla voir le chef de la secte.


Commençons.


Jyro transplana ravi de revoir ses parents après tous ce temps. Il avait beaucoup de choses à leur raconter et avait hâte de rencontrer sa soeur ou son frère. Lorsqu'il arriva devant la maison, ce qu'il vit le dégoutta tellement qu'il en tomba à genoux. S'il avait été capable de vomir il l'aurait fait et à plusieurs reprises. Il ne restait rien de la maison à part des ruines calcinées. Ce qui avait eu forme humaine autrefois était maintenant figé dans des formes horribles priant Jyro de les achever tellement leurs souffrances étaient insupportables. Ils semblaient maintenus dans cet état par un maléfice. Aucune trace d'Esmée ou K-Joe.

Il alla au village, personne n'y était, comme si plus aucun humain ne vivait là. Jyro étendit ses recherches sur tout le plan il trouva pleins de villages, villes et même la capitale. A chaque fois il trouvait soit ces horreurs en souffrances soit une zone fantôme. Il n'y avait littéralement plus un seul humain vivant sur ce plan. Les seules traces d'humanités ayant vécu ici se trouvaient dans un état horrible. La signature magique provenait clairement de K-Joe pourtant elle était très différentes de celle qu'il avait déjà connu sur Gysme. Beaucoup plus puissante et malfaisante. Tout ça ne présageait rien de bon se dit Jyro de retour devant la maison. Le centre du lac avait aussi une grande concentration magique. Jyro marcha jusqu'au fond et trouva pour son plus grand malheur sa mère. Il prit le corps rompant le maléfice qui l'entourait et la ramena avec lui sur les terres. Lorsqu'il y arriva K-Joe apparut dans une vapeur de fumée noir. Il était... Jyro n'avait pas de mots pour le décrire.


Jyro...

- Qu'est-ce qu'il s'est passé ?
Demanda-t-il tristement.

- Tu n'étais pas là...

Les bruits de souffrances de ces choses autour d'eux étaient insupportables, pourtant son père semblait s'en repaître avec joie. Il posa la dépouille d'Esmée sur le sol.

- Pourquoi ne pas l'avoir enterrée selon les rites de Gysme ?!

- Elle détestait ce pays d'arriéré misogyne et puis je n'allais pas l'enterrer à côté d'eux
dit-il en désignant les horreurs suppliantes.

- Vous ne pouvez pas les achever simplement ?! Répondit Jyro énervé.

- Je veux qu'ils souffrent dit K-Joe en faisant un geste de la main.

Ce geste fit redoubler les cris de douleurs de toutes ces choses.


- Arrêtez ! cria Jyro en s'avançant vers lui.

K-Joe pointa sa main dans sa direction, Jyro fut instantanément immobilisé par le maléfice. Impossible pensa t'il persuadé d'être protégé de toute forme de magie. K-Joe resserra sa prise et le força à tomber à genoux.

- Ta bonté est louable mais crois-moi, il ne mérite pas ta pitié dit-il chacun de ses mots augmentant les lamentations.

- Que vous est-il arrivé ? Demanda l'automate avec dégoût.

- Je suis mort, Jyro.

- Je ne comprends pas... Vous m'avez dit de faire le bien...

- Le bien...
dit-il pensivement en regardant la dépouille de sa femme.

D'un geste il fit léviter doucement son corps jusqu'au milieu du lac et la laissa retomber doucement au fond.

Le bien... répéta t'il.

Jyro n'était plus entravé il put se relever.


Viens avec moi Jyro tu me serais d'une grande aide.

- Vous aider pour quoi ?

- Réduire l'humanité à néant et supprimer tout concept de religions dans le multivers.


S'il refusait de le constater il ne pouvait le nier maintenant, K-Joe était fou. Il n'en croyait pas ses yeux.

- Je ne peux pas faire ça... Je dois vous stopper dit-il à la fois déterminé et en peine.

- Dommage répondit K-Joe en se retournant prêt à repartir.

Jyro fut de nouveau entièrement entravé par le maléfice, condamné à rester à genoux parmi les cris des victimes. Il ne put regarder qu'impuissant K-Joe repartir dans un nuage de fumée noir ignorant ses appels, le laissant ainsi prisonnier de cet enfer.

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maitredragon - Chevalier - Le 28/04/2021

Jyro avait perdu la notion du temps dans cet enfer. Il comprenait enfin ce que lui avait décrit son père lorsqu'il vivait dans la dimension du vide. Ici pourtant il pouvait voir le jour et la nuit se succéder, mais les hurlements constants de ces choses feraient perdre n'importe quelle notion à quiconque se retrouverait bloqué là. Il avait essayé de transplaner, mais sans succès, le maléfice qui l'entourait semblait l'en empêcher. C'était une véritable entrave aspirant force et énergie. Au début Jyro avait gardé espoir de s'en tirer et tentait quelque chose à chaque fois qu'il le pouvait. Mais il finit par se résigner, seul son père pourrait le libérer. Comment avait-il pu passer sa protection runique. Est-ce que son père reviendrait ou avait-il décidé de le laisser ainsi éternellement. Où était-il partit ? Décimer d'autres plans ? Comment en étaient-ils arrivés là... Toutes ces questions assaillirent Jyro sans avoir le moindre élément de réponse. Les mois passèrent, Jyro était un automate, là où un humain aurait perdu la raison en à peine un mois, lui pouvait conserver sa stabilité mentale encore plusieurs années. L'exercice était toutefois bien plus difficile dans cet environnement bruyant assez propice à la folie. Depuis quand était-il là ? Son exploration du multivers avait été bien courte se dit-il amer. Avant de revenir ici, Jyro avait visité trois plans. Parmi eux il y avait le plan de K-Joe, Jyro n'avait pas eu la chance de le lui annoncer. Qui sait ce qu'il se serait passé s'il le lui avait dit... Peut-être était-ce mieux ainsi. Les deux autres plans étaient très avancés technologiquement, deux vrais paradis pour un automate. Jyro s'y était fait de bons alliés, ces souvenirs de ses premières aventures l'aidaient beaucoup à supporter l'horreur de son quotidien actuel. Si son père mourrait en tentant d'exterminer un plan serait-il libéré du maléfice ? Fallait-il en arriver à espérer sa mort ? Non ! Hors de question de penser comme ça se dit Jyro. Réfléchir à une solution était très difficile dans cet environnement. Y avait-il seulement une solution ? Perdre espoir aurait signé la fin de tout. Mais en même temps que restait il à Jyro à part l'immobilité, l'ennui et la folie.

Un matin K-Joe réapparut soudainement dans une vapeur de fumée noir. Jyro fut presque heureux de le revoir malgré son apparence, son aura emplie de désespoir et la forte odeur de sang se dégageant de lui.


- Bon matin Jyro.

- Père
dit Jyro avec supplique et crainte osant à peine le regarder.

- As-tu réfléchis à ma proposition ?

- J'accepte
dit Jyro précipitamment.

L'entrave de Jyro disparu. Il put enfin se relever et se mouvoir librement. Il n'était peut-être pas humain et ne souffrait pas autant qu'eux d'une telle immobilité mais ça lui fit un bien fou.

- Je vois que tu as su mettre à profit ton temps de réflexion, c'est bien. Tu vas nous transplaner sur Gysme ordonna soudain K-Joe.

- Bien dit Jyro sans la moindre hésitation.

Ils transplanèrent dans leur ancienne maison. Ce lieu et le silence ambiant était délectable pour Jyro. K-Joe resta lui aussi immobile un certain temps dans l'obscurité du salon. Il était impossible pour Jyro de dire ce qu'il avait en tête.

Il se dirigea ensuite vers l'atelier, Jyro le suivit. Il saisit l'un des prototypes de bras articulés laissés là. Il travailla quelques heures sur son épaule afin de réparer les dégâts. Jyro l'aida en silence. Une fois terminé il fixa le bras à son épaule et testa chaque mouvement. Tout semblait fonctionner.


- Parfait dit-il satisfait.

Ils sortirent dehors, Gysme était en fin de matinée. Les passants commençaient à affluer vers Jyro heureux de le revoir et pressés d'avoir des nouvelles d'Esmée. Ils ne reconnurent pas K-Joe. Ce dernier se tourna vers l'automate.

Tue les tous ordonna soudain K-Joe.

Jyro regarda son père.

- Bien dit Jyro en dégainant son épée.

Il tua tous les passants à portée sans la moindre hésitation. Plusieurs personnes restèrent prostrées-là ne comprenant pas ce qu'il arrivait, ce qui permit à Jyro de les occire très facilement. D'autres se mirent à fuir en hurlant mais l'automate les rattrapa et mis un terme à leurs cris. Des gardes vinrent pour les stopper usant de leurs magies mais celles-ci ne furent d'aucunes aides contre Jyro qui les tua sans mal. Certains étaient pourtant ses anciens élèves. K-Joe n'en manquait pas une miette, hommes, femmes et enfants, tous y passaient pour son plus grand plaisir. Lorsque des habitants échappaient à la lame de Jyro, ce qui était assez rare, K-Joe les trucidait sans pitié. Très vite les rues furent désertées. K-Joe et Jyro avancèrent tranquillement vers le centre du village laissant derrière eux de nombreux cadavres. Les hauts gradés avaient organisé en catastrophe une résistance avec tous les hommes disponibles afin de protéger la fuite de la population. Le Ridyl était parmi eux ainsi que son beau-père. Jyro s'avança mais K-Joe le stoppa avec son bras.

- Inutile de te fatiguer, ils nous ont facilité la tâche.

K-Joe déploya un puissant maléfice qui annihila tout le village en moins d'une minute. Il prit un grand plaisir à tuer tous les hauts gradés et le Ridyl lui-même. Une fois qu'il eut terminé, il ne restait parmi les corps sans vies que le père d'Esmée. Ce dernier était à genoux sous le choc regardant ses semblables inanimés sur le sol. K-Joe s'avança vers lui et regarda vers l'horizon.

- Je vois... Vous pensiez leur laisser le temps de s'échapper.

K-Joe lança son bras vers le ciel. Des milliers de volutes de fumées noires en jaillirent et partirent en chasse. Des cris retentirent au loin puis plus rien, les fumées se dissipèrent. K-Joe reposa son bras sous le regard horrifié de son beau-père.

- Qu'avez-vous fait ?! demanda t-il refusant d'accepter la réalité.

- Vous ? Allons beau-père c'est bien la première fois que vous êtes si cérémonieux avec moi.

- Qu... K-Joe ?!
Dit-il surpris ne l'ayant pas reconnu.

- J'ai tant changé que ça ?

- Où... où est ma fille ?


K-Joe regarda en silence son beau-père tremblotant parmi les cadavres. Il prit une profonde inspiration.

- Jyro et moi allons faire exactement la même chose aux autres villages puis nous repartirons. Vous aurez alors tout le reste de votre vie pour répondre à cette question.

K-Joe et Jyro s'en allèrent le laissant là en pleurs.
Le prochain village était celui de la lune rouge. Le rallier ne prendrait pas beaucoup de temps le plan était petit et Jyro et K-Joe se déplaçaient extrêmement vite. Ils y arrivèrent dans la nuit, ils liquidèrent tous les gardes méthodiquement afin de n'alarmer personne. Après ça, ils tuèrent chaque homme, femme et enfant dans leur sommeil, maison par maison. C'était long et fastidieux mais K-Joe préférait faire ainsi plutôt que comme il l'avait fait au village de la lune bleu. Une petite difficulté supplémentaire histoire de pimenter un peu le tout. A l'aube plus personne ne vivait au village de la lune rouge. Ils prirent alors le chemin du prochain village celui de la lune noir. Jyro fut surpris de voir que son père ne faisait pas de pause afin de dormir ou se reposer mais il ne dit rien. L'attaque se fit cette fois en fin de journée dans les rues bondées. Ce fut un massacre tout aussi rapide et sanglant que le village de la lune bleue. La résistance fut cette fois plus organisée et plus puissante mais encore une fois inutile. Il ne restait plus qu'un village, le meilleur pour la fin pensa K-Joe. En approchant de ce dernier tôt dans la matinée, ils furent confrontés à des vigies qu'ils éliminèrent sans le moindre mal. Néanmoins lorsqu'ils arrivèrent à l'entrée du village, tous les habitants les attendaient de pieds fermes. Des quatre villages se fut celui qui avait eu le temps de mieux se préparer. Pourtant toutes leurs embuscades, défenses et tentatives échouèrent lamentablement. Kester souffrit bien plus que les autres entre les mains de K-Joe qui prit un plaisir sadique à le torturer longuement avant de finir par le tuer. L'après-midi était bien entamé lorsque Kester rendit l'âme. Jyro essuya sa lame pleine de sang et l'examina pensivement.


- Un problème ? Demanda K-Joe.

- Ma lame s'est émoussée répondit Jyro en tendant son épée à son père.

K-Joe prit l'épée, effectivement il pouvait toujours tuer avec mais beaucoup moins efficacement. Il faut dire que cette lame en avait fait couler du sang ces trois derniers jours.

- Prends une des leurs ce n'est pas les lames qui manquent dit K-Joe en pointant les cadavres aux sols.

- C'est Jean Robert lui-même qui l'avait forgé, je doute qu'on réussisse à retrouver une épée de cette qualité ici.

- Transplane nous là-bas alors
ordonna K-Joe ravi d'avoir une nouvelle destination de massacre.


Ils arrivèrent devant la maison du vieux surprenant Hubert assit devant l'entrée. L'après-midi venait de commencer.

- Je me dépêche dit Jyro en se dirigeant lentement vers l'atelier, encore fatigué par le transplanage.

K-Joe fit un signe de tête pour acquiescer et Jyro salua doucement Hubert sur le chemin. Ce dernier le salua également et se dirigea vers K-Joe qu'il ne reconnut qu'en arrivant à quelque centimètre de lui. Grandement indisposé par son aura et l'odeur de sang qui l'accompagnait, il dit néanmoins :

- Eh bah ! Je t'avais pas remis dis donc !

- Hubert
répondit K-Joe en inclinant la tête vers la loutre.

- Madame n'est pas avec vous ? Elle se repose encore de vos nuits endiablées tenta Hubert incertain.

- Elle est morte, enceinte de ma fille répondit froidement K-Joe laissant Hubert sous le choc.

- Que s'est-il passé ? Demanda Hubert gêné par sa bévue.

- L'humanité... dit toujours froidement K-Joe. Nous sommes ici pour exterminer tous les humains de ce plan. Tu veux te joindre à nous ?

Hubert fut de nouveau sans voix. Il réfléchit un moment et finit par dire :

- Je ne peux pas faire ça, Jean Robert a tous sacrifié pour qu'on soit enfin en paix et nous le sommes.

- Vous le serez encore plus sans eux.

- Ce n'est pas une solution K-Joe.

- C'est une fatalité, la question est de savoir si tu comptes nous en empêcher ?
demanda K-Joe très menaçant.

Hubert était un bon guerrier pourtant son instinct savait pertinemment qu'il n'avait aucune chance de vaincre. Une pression phénoménale s'abattit sur lui, il en eut le souffle coupé. Jyro ressortit de l'atelier une nouvelle épée à la ceinture. Son arrivée fit baisser un tout petit peu la pression et permit à Hubert de reprendre son souffle.


Ça n'a aucune importance finit par conclure K-Joe.

Il se tourna vers Jyro.

En route !

Ils partirent dans les bois en direction de la capitale laissant Hubert là, désespéré ne sachant pas quoi faire. K-Joe et Jyro arrivèrent devant la capitale, les rues bondées malgré le temps maussade respiraient la joie, le commerce, l'opulence et la paix. Une jeune fille souriante se dirigea vers eux une pomme à la main. Elle la leur tendit comme un cadeau de bienvenue. Elle devait avoir 7 ou 8 ans et rayonnait d'une innocence pure propre aux enfants. Les passants sourirent en voyant son geste bienveillant.

Tu commences ou je commence ? Demanda K-Joe à l'automate pressé de s'y mettre.

- Je veux bien commencer, j'ai une nouvelle épée a tester.

- Soit
dit K-Joe en regardant Jyro avancer vers la gamine.

Il se mit en position devant la jeune fille pour dégainer et la tuer d'une traite. K-Joe avait hâte de voir commencer les cris et le désespoir déformer le visage de tous les habitants. Pourtant aucun cri ne vint. Jyro avait bel et bien dégainé mais à la grande surprise de K-Joe, il avait fait volte-face de manière fulgurante et transpercé son ventre avec sa nouvelle lame. Son épée n'avait rien de sensationnelle dans son apparence si ce n'est cette lame de couleur noir ébène. La manier semblait être extrêmement difficile pour Jyro, son bras s'était en partie délité le temps de la frappe. Il n'avait eu d'autre choix que de la lâcher là, plantée dans le ventre de son père. K-Joe fit un pas en arrière prêt à se régénérer et faire payer chèrement sa trahison a sa création. Mais il fut surpris de voir qu'il n'arrivait pas à se régénérer. Pire il ne semblait plus capable de déployer sa puissance. Il ne put que tomber à genoux la douleur grandissante paralysant un peu plus chaque membre de son corps. Cette épée ! Pensa K-Joe. Son sang coulait le long de la lame sans vraiment la salir. Il se mit à rire.

- Qu'est ce qui est si drôle ? Demanda Jyro inquiet tenant son bras en partie détruit.

- Un air... de déjà vu... dit-il pensivement.

Il releva sa tête vers Jyro et demanda :

C'est bien comme ça non ?

Jyro ne sut pas quoi répondre. K-Joe eut un sourire en coin alors qu'il tombait sur le côté sa vue s'obscurcissant à mesure qu'il approchait du sol. Le contact avec le sol ne vint toutefois jamais.


K-Joe ouvrit les yeux en sursaut, il était débout. Pourtant il venait juste de se réveiller non ? Instinctivement il porta ses mains à son torse. Pas de blessures ni d'épée ou de dagues. Il ne comprenait pas, il regarda autour de lui, il ne put dire où il se trouvait. Le paysage était... Unique. Il se tenait debout sur de l'herbes vertes émeraude, le sol voûté semblait s'étendre à l'infini. Aucune autre perspective à l'horizon autour de lui. Il avait beau regarder de tous les côtés cette voûte semblait sans fin. Le ciel ressemblait à une aurore boréale bleu foncée. Il fit un pas prudent en avant ne sachant pas vraiment où il mettait les pieds. Rien. L'herbe était douce. Il commença à marcher devant lui. Après un long moment le décor n'avait toujours pas changé. Rien à l'horizon alors qu'il lui avait semblait marcher longtemps. Il essaya sur les côté mais le résultat fut le même. Où avait-il atterri ?! Il essaya d'utiliser ses pouvoirs mais sans succès. Il se mit à courir comme un dératé, peut-être qu'en augmentant sa vitesse il parviendrait à venir à bout de cette environnement infini. Il finit à quatre pattes crachant ses poumons. Après avoir récupéré, il souffla, c'était vraiment stupide se dit-il en se laissant tomber dans l'herbe. Mais où suis-je bordel ! Il resta là un moment l'herbe n'était pas si désagréable et ce ciel... Tout ça était vraiment étrange. Pourtant pour la première fois depuis longtemps il sembla un peu apaisé. Sans même qu'il s'en rende compte il s'assoupit. Lorsqu'il ouvrit les yeux à nouveau, c'était comme s'il venait de se réveiller d'un sommeil millénaire. Cette sieste lui avait fait un bien fou. Le paysage n'avait pas changé mais il fallait lui reconnaître un avantage on s'y sentait bien. Vivre dans un endroit infini en étant tout seul, K-Joe connaissait, ça finissait tout le temps en delirium à base de cookies. En revanche pas sûr qu'ici ça puisse être possible se dit-il. De plus ça faisait très longtemps qu'il ne s'était pas retrouvé dans une situation comme celle-là. C'était à la fois effrayant et apaisant. Il se releva, l'herbe sous lui reprit sa forme à son grand étonnement. Il arracha quelque feuilles qui repoussèrent immédiatement alors que celle arrachée disparurent dans ses mains. Il essaya de plonger ses mains dans le sol mais rien ne pouvait traverser cette surface. C'est vraiment un endroit bizarre se dit-il. Il sauta de toutes ses forces en l'air et retomba au sol la seconde suivante. Il commença à pester. Il fit plein d'autres tests qui n'apportèrent rien de nouveau. Depuis quand était-il coincé là ? Il regarda le paysage voûté qui s'étendait à perte de vue. Je ne comprends pas qu'est-ce que je fais ici ? Un bruissement d'herbe l'avertit que quelque chose s'approchait de lui à grande vitesse. Il eut juste le temps de se retourner pour voir à sa grande surprise Esmée furieuse lui assener un de ses redoutables punch magique. K-Joe fut projeté violemment en arrière, fit une multitude de roulés boulés. Il essaya de se relever rapidement mais Esmée ne lui en laissa pas le temps. Elle le tabassait violemment en lui hurlant dessus. K-Joe ne saisissait aucun de ses mots. Chaque coup était dévastateur pourtant rien ne semblait se briser en lui, néanmoins la douleur était bien présente. Esmée fut stoppée par une autre personne qui avait attrapé sa main.

- Je pense qu'il a compris que tu étais en colère après lui dit Mara en relâchant le poing d'Esmée qui pesta.

- Ma... Mara articula douloureusement K-Joe qui n'en croyait pas ses yeux.

- K-Joe ! Dit-elle avec entrain avant de se jeter sur lui.

Elle l'enserra tout en l'embrassant très sensuellement. Beaucoup trop sensuellement ! Même si sur le coup K-Joe trouva ça extrêmement agréable.

- EH ! NON MAIS CA VA ! FAUT PAS VOUS GÊNER ! Hurla Esmée folle de rage arrachant Mara de son mari.

- Oups excuse moi j'avais oublié dit Mara toute souriante.

Elles commencèrent à se disputer comme deux rivales à la fois ennemies et amies de longues dates. K-Joe restait dans l'incompréhension la plus totale. Elles étaient exactement comme dans ses souvenirs, leurs habits, eux par contre, semblaient surréels surtout ceux de Mara. Les voir toutes les deux aussi belles l'une que l'autre et si pleine de vie. Un énorme sentiment de tristesse s'abattit sur K-Joe qui s'effondra complètement à leurs pieds à leurs grands étonnements. Elles arrêtèrent de se disputer.

- Je vais m'en occuper, désolé Esmée.

- Non ! Ne...


En un mouvement de main Mara fit disparaître Esmée.

- Ne t'inquiètes pas elle va revenir dit-elle en serrant K-Joe contre elle.
Elle t'en veut pour ce que tu as fait après sa mort mais au fond elle t'aime toujours.

Elle caressa ses cheveux lentement jusqu'à ce que K-Joe se calme et cesse de pleurer. Lorsqu'elle le regarda a nouveau, il s'était endormi. Elle sourit et le serra fort contre elle. Des larmes coulèrent le long de ses joues. Elle finit par s'assoupir tranquillement.

Un bruit sourd la fit se réveiller en sursaut. Elle regarda K-Joe qui dormait toujours comme un bébé contre elle. Elle se retourna pour voir le grand portail de l'Aruogedjin s'ouvrir et laisser passer Esmée folle de rage. Elle a osé passer par là pensa Mara un sourire en coin. Une fois le portail passé, il disparut derrière elle. Elle se rua sur eux produisant un bruit effroyable dans le calme paisible du Tisnarh. Mara tendit un bras vers Esmée réduisant tout le bruit à néant. Esmée glissa alors jusqu'à eux pour s'arrêter à leurs côtés, elle ne pouvait plus bouger ni émettre le moindre son. Mara lui sourit avant de lui chuchoter en caressant son visage.


- Esmée, aurais tu oublié que je suis ta régisseuse ?

Esmée fit mine de souffler de mécontentement !

Je sais que tu lui en veux et je comprends pourquoi. Mais sincèrement il y a un temps pour tout dit-elle avec son sourire angélique.

Esmée fut libérée de ses entraves mais ne dit rien. Elle était très contrariée et n'aimait pas ce genre de situation. Elle finit par demander en chuchotant à Mara :

- Il dort depuis combien de temps ?

- Je ne sais pas je me suis moi aussi endormie
dit-elle penaude.

- Toi tu t'es endormie ?! Dit Esmée stupéfaite.

- Il a pleuré pendant longtemps Esmée vraiment longtemps. Essaie d'imaginer ce qu'il a enduré. Ça ne justifie pas ses actes mais essaie au moins de te mettre à sa place. Nous avons nous aussi notre part de responsabilité dans tout ça dit Mara les larmes coulant le long de ses joues.

- Mara...

- Pardon. Je suis tellement heureuse.
Dit-elle en essuyant ses larmes délicatement avec sa main. Ma nièce n'a pas voulue venir avec toi ?

- C'est moi qui n'ai pas voulue.

- Esmée...

- Je ne suis pas encore prête.

- Prends ma place, je suis restée ici trop longtemps, j'ai une tonne de choses à faire.


Mara fit glisser Esmée à sa place avant même qu'elle n'ai le temps de refuser.

Et sois gentille avec lui, a tout à l'heure dit-elle en l'embrassant tendrement sur la joue.

- Mara attend ! Dit Esmée en se retournant.

Trop tard, elle avait déjà disparue.

Ton premier amour a le don d'être vraiment agaçante dit-elle à K-Joe endormi.

- C'est du Mara tout craché laissa échappé K-Joe.

- Espèce de... grogna Esmée.

Elle lui colla une gifle monumentale et se releva sans aucune délicatesse pour lui. K-Joe se remit debout en frottant sa joue douloureuse.

Comment as-tu osé faire ça ?! Lui cria-t-elle tout en le repoussant méchamment en arrière.
Et Jyro ! Comment as-tu pu lui faire subir ça ! Tu as tué tout le monde, tous ceux que nous connaissions ! Et tu as laissé mon père seul sur ce plan ! Comment as-tu osé faire ça ?! Tous les plans que tu as vidé ! Tu ne vaux pas mieux que ceux qui nous ont attaqué !

Elle frappa K-Joe à plusieurs reprises en larmes, ce dernier ne faisait même pas mine d'esquiver, il encaissait chaque coups.

Dis quelque chose !

- A quoi bon ? Répondit-il doucement, stoppant ses assauts. Tu as raison, j'ai fait des choses horribles... Te voir disparaître dans ces flammes... c'était trop... dit-il en la regardant droit dans les yeux, les larmes coulant à flots.

Esmée se calma un peu et essuya ses larmes du revers de la main. Elle repensa à ce qu'avait dit Mara.

- J'ai besoin de temps... Je ne peux pas te pardonner ce que tu as fait pour l'instant finit elle par dire.

- Je suis désolé.

- Tu fais bien !
Dit-elle pleine de rancoeur et de tristesse avant de s'éloigner.

Elle disparue de cette endroit via un petit portail lumineux, laissant K-Joe seul ne sachant toujours pas où il se trouvait ni pourquoi. Il n'avait rien d'autres a faire que marcher, réfléchir, expérimenter des choses inutiles et dormir. Elles avaient l'air d'aller bien se réjouit K-Joe même s'il n'était pas bien sûr que tous ceci soit réel.


Un doux baiser le tira d'un sommeil. Lorsqu'il ouvrit les yeux Mara était au-dessus de lui.

- Mar...

Elle posa un doigt sur sa bouche pour qu'il se taise. Puis elle l'embrassa langoureusement. Ce baiser ne laissait présager aucun doute sur la suite des événements.

Mara dormait nue contre lui. Il ne voulait pas bouger et prendre le risque de la réveiller. Il était bien trop heureux de la regarder ainsi et la garder contre lui. Rêve ou pas c'était vraiment fantastique se dit K-Joe qui attendit patiemment que sa belle veuille bien se réveiller. Mara finit par ouvrir les yeux doucement.


- Bonjour dit-il en souriant.

- Bonjour répondit-elle tout aussi souriante. J'ai dormi longtemps demanda-t-elle ?

- Je n'ai pas vraiment la notion du temps ici...

- Oh oui c'est vrai. Pardon excuse moi. 


Elle releva la tête et regarda autour d'elle.

Ca va j'ai encore un peu de temps dit-elle ravie en reposant sa tête contre son torse.

- Tu peux m'expliquer où je suis et ce que je fais là s'il te plaît Mara ?

- Je n'ai pas vraiment le droit de te le dire
répondit-elle hésitante.

- Mais venir ici et me faire l'amour ça, ça va ?

- Je n'ai pas vraiment le droit non plus...
dit-elle avec un sourire complice.

Un portail lumineux s'ouvrit soudain à côté d'eux, Esmée le traversa et les vit.

- MARA !!!

- Désolé
dit Mara coupable en mettant ses vêtements devant elle pour cacher son intimité.

- Est ce que tu te rends compte de ce que tu risques ?! ET TOI !!! dit-elle rouge de rage en regardant K-Joe prête à le frapper.

- Esmée ! s'écria soudain Mara en désignant quelque chose derrière elle.

Une petite fille avait traversé le portail qu'Esmée avait oublié de fermer derrière elle.
Elle regarda sa mère, puis K-Joe et Mara.


- Pourquoi tatie Mara et papa ils sont tout nues maman ?

K-Joe écarquilla les yeux.

- Arwen ?!!

Edité 1 fois, dernière édition par maitredragon Le 23/05/2021

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maitredragon - Chevalier - Le 01/06/2021

Sigrid regardait son père entretenir leur bateau de pêche sur les berges. Plus tard elle voudrait devenir comme lui, un pécheur hors pair. Lorsqu'il la vit il fit un geste pour qu'elle vienne à ses côtés. Sigrid n'attendait que ça elle allait avoir droit à une de ses leçons sur l'entretien des bateaux dont elle raffolait tant. Son père guidait sa main le long de la coque tout en lui expliquant chaque zone à vérifier et comment les entretenir. Elle ne pouvait pas rêver mieux. Soudain sa mère les appela pour le déjeuner. Son père la pris sur ses épaules, c'était vraiment un bon début de journée. Alors qu'ils cheminaient vers l'entrée un sifflement fusa dans l'air. Elle entendit un bruit sourd avant de sentir une secousse sur les épaules de son père. Ce dernier perdit l'équilibre et tous deux tombèrent au sol devant leur maison. D'autres sifflements fusèrent, Sigrid n'eut pas le temps de comprendre ce qu'il se passait ni de se remettre de sa chute douloureuse, son père l'agrippa et l'emmena le plus rapidement possible à l'intérieur. Il l'a remis à sa mère qui sortit avec elle, son frère et ses soeurs à toute vitesse par la trappe. Elle regarda en arrière et vit alors un bref instant son père armé de son épée se tenant tant bien que mal contre la porte d'entrée plusieurs flèches plantées dans le corps. Elle voulut aller l'aider mais ils étaient déjà dehors en pleine forêt. Sigrid se défit de l'emprise de sa mère et retourna en direction de la maison à travers les bois qu'elle connaissait si bien. Elle ne regarda pas en arrière ni ne fit attention aux cris de sa mère. Elle fit abstraction des douleurs liées à sa chute et fonça. Lorsqu'elle fut près de leur maison, elle resta cachée derrière un arbre. Son père était sorti dehors épée en main, il était entouré par cinq hommes qui le tenaient en joue avec leurs arcs. Un sixième semblait lui parler mais elle n'arrivait pas à distinguer ce qu'il disait de là où elle était. Elle les reconnut tous. Celui qui parlait était le chef du village, Egil, les autres étaient tous des amis de son père, Svart, Olec, Koigrim, Gardi et Vifil. Pourquoi faisaient-ils ça ?! Elle se pencha et chercha dans la neige une pierre, elle en trouva une et la mit contre elle prête à viser l'archer le plus proche. Elle n'eut pas le temps d'armer, leurs assaillants venaient tous les cinq de décocher leurs flèches sur leur cible. Elle ne put voir qu'impuissante son père criblé de flèches tomber au sol. Remplie de haine et de tristesse elle arma désespérément son bras prête à hurler toute sa rage sur ces meurtriers mais un choc violent à l'arrière de son crâne lui fit perdre connaissance.

Sigrid ouvrit les yeux péniblement, elle voulut toucher l'arrière de son crâne qui était douloureux mais son geste fut interrompu par Gerd l'une des Loeknirs du village. Elle était une des amies de longue date de sa mère. Une personne de confiance, Sigrid voulut tout lui raconter mais elle aperçût Koigrim qui se trouvait à l'entrée. Allait-il la tuer elle et Gerd si elle parlait... Gerd lui demanda ce qu'il s'était passé mais Sigrid n'osa pas répondre terrorisée par la présence d'un des meurtriers de son père. Elle avait du mal à tout remettre en place seule la vision de son père tombant au sol lui revenait. Elle demanda à Gerd où étaient son frère, ses soeurs et sa mère. Gerd hésita, Koigrim eut un sourire en coin, c'est là que Sigrid sut qu'elle était la seule à avoir survécu. Était-ce une erreur de leur part ou bien était-ce volontaire ? Elle fondit en larmes. Peu de temps après Egil et ses meurtriers rappliquèrent et la questionnèrent sur ce qu'il s'était passé. Promettant sur les dieux de tout faire pour retrouver les coupables. Est-ce une blague ? Ce sont eux qui ont tués ma famille ! Sigrid garda pourtant le silence sur ses événements, la tuer aurait été un jeu d'enfant pour eux. Elle était terrifiée. Gerd changea les bandes sur sa tête et l'emmena le soir venu assister aux rites funéraires de sa famille sous la supervision étroite des meurtriers. Elle put voir toute sa famille étendue les uns avec les autres sur le drakkar funéraire. Son père semblait dormir en paix avec les siens. Des larmes coulèrent à flots en les voyant ainsi eux qui étaient si vivants ce matin même. Les chants commencèrent, Sigrid avança dans l'eau glacée pour pousser le navire vers les flots. L'eau lui arrivait jusqu'au cou, elle fut aidée par plusieurs hommes dont Olec et c'est Gardi qui tira la flèche qui mit le feu au drakkar. Les dieux ne l'avaient pas sauvée pour voir ça, c'était une punition, ils l'avaient reniée se dit-elle. Qu'avait-elle fait de si grave pour subir ça ?! Alors que Gerd entourait d'un manteau de fourrure la petite perdue dans ses pensées, le village commença à se retirer.

Vifil et Svart parlèrent à Gerd qui accepta de leur laisser Sigrid. Ils promirent de la lui ramener saine et sauve, ils voulaient l'emmener sur les lieux du crime pour l'enquête. Ce qui était bien évidemment un mensonge mais Gerd ne pouvait s'en douter. Tu es entre de bonnes mains lui dit-elle. On ne pouvait pas faire pire ! La main de Vifil posée sur son épaule la pressa fermement pour lui indiquer de la fermer. Malgré la mine terrorisée de la gamine, Gerd la laissa et se retira chez elle. Sigrid voulut crier mais c'était trop tard, de plus Vifil lui avait couvert la bouche avec sa main avant de l'entraîner vers sa maison à l'écart du village. L'endroit parfait pour la tuer. Elle eut beau se débattre rien n'y faisait, Vifil était un des guerriers les plus costaud du village.


- Comment on va expliquer ça à Gerd ?

- Egil nous soutient t'inquiètes pas. On dira qu'elle s'est enfuie et qu'un ours l'a attaqué.

- On a le temps de s'amuser un peu du coup ?

- Vifil elle a onze ans...

- Ce serait dommage qu'elle quitte ce monde pucelle tu ne crois pas ?

-Pfff si tu veux mais fais ça vite !


Arrivés devant la maison, Vifil entraîna Sigrid à l'intérieur pendant que Svart montait la garde à l'extérieur. Il la projeta violemment sur le lit de ses parents, Sigrid voulut se débattre et s'enfuir complètement paniquée mais il lui assena un violent coup de poing au visage. Elle faillit perdre connaissance, une vive douleur au crâne et un liquide chaud au goût ferreux coulait abondamment de son nez. Lorsqu'elle arriva à reprendre un peu ses esprits, elle vit ses vêtements en lambeaux probablement arrachés d'un coup par son agresseur. Ce dernier c'était mis au-dessus d'elle le pantalon baissé et le sexe droit comme un poignard prêt à la violer. Elle n'avait aucune chance face a cette immense colosse. Sigrid n'avait plus de force, complètement paralysée elle ne sut dire si elle était encore présente en ces murs à cette instant, comme si elle était déjà morte. Un bruit sourd la ramena pourtant à la vie et stoppa Vifil dans sa vile besogne. La porte d'entrée fut défoncée par le corps massacré de Svart, un homme passa doucement par la porte d'entrée bien trop petite pour lui. On aurait dit un ours géant, Vifil dont la stature n'avait pourtant rien à envier à personne au village, paraissait insignifiant a côté de lui. La maison elle même semblait trop petite pour lui. Même avec le peu d'esprit qui lui restait Sigrid savait qui était ce géant. De nombreuses légendes parlaient de lui et son père lui avait déjà narré maintes histoires et exploits. Hreitharr, le guerrier ours.

- Toi ! Hurla Vifil en essayant de trouver son épée.

Hreitharr bien qu'à l'étroit lança sa hache sur Vifil, elle le traversa compétemment avant d'arracher un pied du lit et de se planter profondément dans le mur en pierre. Alors que le lit s'écroulait d'un côté, secouant Sigrid qui resta inerte, le corps fendu en deux de Vifil tomba sur le sol. Sigrid ne réagit pas, encore en état de choc.
Hreitharr s'approcha, récupéra sa hache et claqua violemment la jeune fille, la faisant ainsi quitter son état léthargique. Parfaitement consciente cette fois elle n'osa pas bouger pour autant face à la présence intimidante et oppressante du géant. Elle était complètement à sa merci.


- Prends tes affaires et dépêche-toi ! lui ordonna-t-il d'une voix rauque avant de ressortir de la maison.

Malgré ses blessures Sigrid s'exécuta sans même réfléchir ayant trop peur de le contrarier ou de le faire attendre. Faisant fi de la douleur, elle s'habilla chaudement le plus rapidement possible et se rua dehors.

- Suis-moi ! ordonna t'il.

Sigrid s'exécuta sans poser la moindre question. Elle regarda une dernière fois en arrière sa maison et son village.

Le géant avançait dans la forêt à un rythme très soutenu malgré la neige. Elle avait du mal à marcher, tout se chamboulait dans sa tête, la douleur et le froid la faisait vaciller à chaque pas. Hreitharr avançait sans se soucier d'elle, si elle le perdait de vue elle serait foutue. Le froid ou les animaux se chargeraient d'elle mais pour lui, ça semblait être le cadet de ses soucis. Pourquoi l'avoir sauvé si c'est pour la laisser finir ainsi pensa-t-elle. Elle augmenta le rythme pour rester près de lui et ce malgré la douleur. Un pas du guerrier ours valait au moins trois des siens, pourtant Sigrid arrivait à rester à ses côtés. Depuis quand marchaient-ils ? Elle n'avait jamais été aussi loin dans les montagnes. Une violente tempête de neige s'abattit sur eux, pourtant Hreitharr ne ralentit pas du tout. Il s'éloignait de plus en plus d'elle, le froid et la douleur l'engourdissait toujours un peu plus. Elle gardait sa silhouette en vue malgré le vent glacé qui lui cinglait le visage. Elle essaya de courir après lui sans jamais arriver à le rattraper. Ils firent ainsi pendant un temps qui lui sembla infini. Elle finit malheureusement par le perdre de vue, à bout de force, au bord de l'évanouissement elle tomba à genoux dans la neige.

Au moins elle ne mourrait pas des mains des meurtriers de sa famille. Fallait-il vraiment s'en réjouir ? Elle tremblotait de partout se demandant pourquoi la mort était si longue à venir. La tempête se dissipa d'un coup comme si Hrungnir lui-même avait tout rappelé à lui. Elle était à genoux dans une clairière glacée. L'horizon par-delà les arbres n'était que des steppes glacées. Hreitharr était devant elle, elle ne l'avait même pas vu arriver comment était-ce possible ?! Il dégaina un seax d'une taille démesurée et le planta devant elle avant de partir. Sigrid ne comprenait pas, elle voulut le suivre mais ses jambes refusèrent de la soulever. Il disparut dans la forêt la laissant ainsi. Elle fondit en larmes et resta sur place un long moment.

Un grognement la tira de sa peine. Un vieil ours venait de pénétrer dans la clairière bien que vieux et mal en point l'animal faisait presque deux toises. Il se dirigea vers elle d'un pas branlant mais décidé, elle était son prochain repas. Abandonnée de tous, Sigrid était résolue à mourir, les dieux l'avaient définitivement reniée. Pourtant quelque chose la poussa à se relever et empoigner le seax. Cette arme était aussi lourde et dure à manier qu'une épée pour elle. Quelque chose en elle la poussa à charger le quadrupède hurlant toute la rage qu'elle avait emmagasiné en elle ces dernières vingt-quatre heures. Surpris l'ours se cabra sur ses pattes arrières augmentant sa hauteur, il paraissait ainsi comme une montagne impossible à franchir. Il donna un violent coup de patte en direction de la jeune fille. Cette dernière esquiva sans vraiment savoir comment et se jeta sur lui plantant de toutes ses forces et à maintes reprises la lame dans sa fourrure. L'ours hurla avant de s'écrouler en arrière. Sigrid se releva avec peine le coeur battant, couverte de sang, des douleurs dans tout son corps. Elle retira le seax profondément planté dans le ventre de la bête. Elle venait de tuer cet ours, une vérité la frappa alors, elle ne voulait pas mourir. Une seule chose résonnait dans sa tête, quatre noms, Egil, Olec, Koigrim et Gardi. Elle se vengerait du jour où ces hommes ont osé massacrer sa famille ! Un grognement la tira de sa transe haineuse, Hreitharr était accroupi la main posée sur la gueule de l'ours. Comment faisait-il pour se déplacer si discrètement avec une telle masse se demanda Sigrid. Il la regarda droit dans les yeux, Sigrid fit de même en grognant. Il donna un coup fulgurant avec sa hache, frappant le seax qui voleta loin dans la clairière. Ce violent désarmement déséquilibra Sigrid qui tomba sur le côté. Elle se retrouva les fesses dans la neige aux pieds d'Hreitharr, aussi vulnérable qu'un chaton. Son sentiment d'infini puissance c'était complètement volatilisé. Elle dû se rendre à l'évidence elle était faible et avait beaucoup à apprendre.

Durant les six années suivantes Sigrid fut prise sous la patte du guerrier légendaire Hreitharr, ce fut une éducation violente, douloureuse et sanglante. Elle apprit à survivre, construire, soigner, traquer, piéger, se battre, tuer, cuisiner etc. Le guerrier ours la mettait souvent dans des situations toujours plus périlleuses. Elle pouvait se retrouver blessée grièvement sur le territoire d'une meute de loup, dehors perdue sans manteau ni peau en pleine tempête, désarmée dans une zone infestée de Draugr etc. Il était très ingénieux pour ce genre de chose. Elle avait appris dans le sang à se battre contre lui à mains nues, au seax, à l'épée, à la hache, à la lance et à l'arc. Les cicatrices sur son corps étaient légion. Lorsqu'il ne la formait pas, il l'entraînait dans ses activités de mercenaire que ce soit dans des grandes batailles, des pillages, sauvetages, meurtres, holmgangs etc. Hreitharr était un puissant ours vieillissant toujours de mauvaise humeur. Vivre à ses côtés était difficile, Sigrid voulait le tuer la plupart du temps mais la vérité est qu'elle aurait été bien triste s'il mourrait. Lui ne semblait pas être attaché à elle en apparence mais il s'était déjà montré très protecteur envers elle notamment quand des hommes tentaient de l'approcher ou pire de la violer. Elle n'avait plus rien de la fillette qu'elle était auparavant si ce n'est son obsession pour quatre noms, Egil, Olec, Koigrim et Gardi. Ils n'étaient jamais retournés à son village, Hreitharr refusait qu'elle y aille. Si elle voulait se venger elle devrait le battre en duel lui avait-il dit. Bien que vieillissant cet énorme grognon restait l'un des hommes les plus puissant de ce pays. Sigrid était très forte mais n'avait jamais réussi à le battre jusqu'à présent. Sa seule chance était de lui fausser compagnie, plusieurs de ses tentatives c'étaient soldées par de longs rétablissements.

Aujourd'hui ce serait différent, elle avait déployé des trésors d'ingéniosités pour arriver à son village avant que le vieil ours ne puisse l'en empêcher. Le plus dur avait été de contrer son flair imparable pour lui faire avaler une herbe qui le plongerait dans un sommeil profond. Une fois qu'il fut endormit elle rejoint le plus rapidement possible leur stock d'armes, Hreitharr récupérait toutes les armes qu'il trouvait dès qu'il le pouvait et les entassait dans sa grotte principale. Elle s'équipa avec ce qu'il y avait de mieux puis descendit en direction de son village. Elle prit le temps d'installer des pièges sur le chemin. Ils ralentiraient Hreitharr si jamais il se réveillait avant l'aube. Il y avait peu de chance vu le dosage mais on est jamais trop prudente se dit-elle. Elle se sentit coupable de lui faire ça mais elle ne vivait que pour se venger, une fois fait elle accepterait sa punition comme il se doit. Cet environnement sauvage n'avait plus de secret pour Sigrid, elle s'y déplaçait de nuit comme en plein jour. Elle arriva devant son ancienne maison quelque temps après le lever du soleil. Une famille vivait là, deux enfants jouaient dehors. Les voir ainsi lui rappela un bref instant des souvenirs lointains d'une vie heureuse. Elle regarda l'horizon et huma l'air sur ses gardes. Aucun signe de Hreitharr, il trompait souvent son flair, il valait mieux se dépêcher se dit-elle. Elle poursuivit son chemin et entra dans le village qu'elle traversa par l'artère principale jusqu'à la grande maison d'Egil. Tout était comme dans ses souvenirs, les gens qui la croisaient s'arrêtaient sur son passage et la dévisageaient. La reconnaissaient-ils, étaient-ils surpris de voir une guerrière ours ou simplement quelqu'un qu'ils ne connaissaient pas. Il faut dire que Sigrid avait désormais un aspect plus qu'intimidant même pour les guerriers les plus costauds. Elle ne croisa aucun des meurtriers de son père. Elle entra dans l'immense maison et se dirigea vers la Skali. Une grande partie du village était là le reste l'avait suivi c'était parfait. Son entrée imposa un silence de mort dans toute la salle. Elle avança vers Egil et sa femme au fond de la pièce. Olec et Gardi étaient à leurs côtés, aucune trace de Koigrim. Elle salua le chef qui lui demanda :


- Qui es-tu ?

- Sigrid, fille d'Alrick
répondit-elle sèchement.

- As-tu une preuve de ce que tu dis ? Demanda Egil qui semblait soudain tendu.

Sigrid releva son poignet laissant apparaître son bracelet familial en argent ne laissant aucun doute pour quiconque sur son identité. Egil, Olec et Gardi ne semblait pas à l'aise du tout. La foule murmurait dans tous les sens. Après un temps, Egil finit par dire :

- Nous pensions que tu avais péri avec Vifil et Svart.

- Je suis ici pour venger la mort de ma famille, assassiné sous mes yeux par Olec, Svart, Vifil, Koigrim et Gardi. Sous vos ordres et en votre présence... Chef.


La foule fit un bruit commun de surprise, Gardi fit mine d'avancer pour la faire taire mais il fut arrêté d'un geste par Egil.

- Ta famille a été massacrée par un ours.

- Non et pour le prouver je vous défie dans un holmgang tous les trois et Koigrim.


La tension dans la salle monta d'un cran, tout le monde attendait en silence la réaction d'Egil. Sigrid avait proposé de les affronter tous les quatre en même temps exprès. Ainsi elle forçait la main d'Egil qui ne pouvait plus refuser désormais. De plus ils étaient ainsi convaincus de vaincre.

- J'accepte ton défi répondit-il persuadé de sa victoire. Mais tu ne nous affronteras que tous les trois, Koigrim a péri en mer.

- C'est dommage, vous auriez eu plus de chances avec lui.

Egil ne releva pas et partit se préparer avec ses hommes. Lorsqu'ils furent prêts, un drakkar les emmena sur une petite île. Il pleuvait des cordes, pourtant tout le village regardait attentivement sur les berges l'îlot lointain. Sigrid était face à trois hommes casqués, en armure, bouclier et lance pointant dans sa direction, le sourire aux lèvres persuadés de leurs victoires futures. Olec et Gardi avait probablement des haches et leur seax. Egil lui avait pris son épée.

- Avant de vous tuer je voudrais savoir une chose, pourquoi avoir assassiné mon père ?

- Ton père prévoyait de me renverser
dit Egil.

- Mon père était pêcheur !

- Et un explorateur de renom. Il gagnait en influence et allait rallier des guerriers à sa cause je ne pouvais pas laisser passer ça !

- J'ai poussé moi-même le drakkar funéraire de mon père, j'avais onze ans quand vous l'avez trahi. Aujourd'hui vos femmes et enfants ne pousseront pas vos drakkars, ils seront dedans avec vous.


Sigrid enleva alors à la grande surprise de ses trois adversaires le haut de son armure et de ses vêtements. Elle se retrouva torse nue, poitrine en évidence avec uniquement sa peau d'ours sur les épaules. Son corps n'était que cicatrices, elle profita de leurs surprises pour lancer rageusement dans un cri bestiale sa lance qui transperça le bouclier d'Olec allant jusqu'à lui entailler la chair. Il recula de plusieurs pas alors que Sigrid continuait dans sa foulée en lui lançant son bouclier dessus. Il n'eut pas le temps d'esquiver et tenta de parer avec son propre bouclier. Ce dernier se brisa de même que son bras. Le bouclier de Sigrid glissa jusqu'à son visage le frappant de plein fouet. Il tomba en arrière, Egil et Gardi en avaient profité pour se rapprocher et attaquer Sigrid désarmée. N'ayant pas le temps de sortir sa hache ou son épée Sidgrid prit le coup de lance de Gardi, attrapa le manche tira vers elle tout en l'orientant dans la direction d'Egil afin de le gêner dans sa frappe, elle appuya de toute ses forces sur le bouclier de Gardi et mit un puissant coup de boule dans son casque. Le métal s'enfonça suffisamment dans son crâne pour le faire mourir dans d'atroces souffrances. Egil bien que gêné par Gardi planta sa lance profondément dans le ventre de Sigrid. Elle brisa la lance d'un coup de coude gardant en elle la partie plantée et sortit son épée. Gardi était mort et Olec inconscient, il n'y avait plus qu'elle et lui. Elle le chargea en hurlant et frappa rageusement avec son épée tenu à deux mains. Le bouclier d'Egil bien que résistant subissait des assauts violent à répétition et même lorsqu'il arrivait a lui donner un coup ça ne semblait rien lui faire. Après de vifs échanges, Sigrid profita d'une entaille pour bloquer l'épée et briser le bras droit d'Egil avec son propre bouclier. Il hurla tout en lâchant son arme et voulut se remettre en garde mais trop tard. Elle le transperça d'un coup sec le laissant tomber à genoux. A l'agonie il la vit prendre sa hache et décapiter ses deux compagnons avant de revenir vers lui leurs têtes entre ses mains. Elle avait une lance plantait dans le ventre et de nombreuses coupures profondes, le sang ruisselait sur son corps avec la pluie mais comment pouvait-elle tenir encore debout ! Elle posa doucement la lame de sa hache sur son front mouillé.

- J'attends ce jour depuis six ans.

- Je n'avais... pas comprit... pourquoi Hreitharr... t'avait épargné.

- Quoi ?!

- Oh... tu n'étais... pas au courant
dit-il moqueur un sourire aux lèvres.

Folle de rage Sigrid rabattit encore et encore sa hache sur Egil. C'était finit, elle avait vengé sa famille, pourtant cette victoire n'avait pas du tout la saveur espérée. Les derniers mots d'Egil... ça ne pouvait être vrai !

Une fois ramenée sur les berges, les villageois l'acclamèrent comme leur nouvelle chef. Mais Sigrid se fichait de tout ça. Elle voulait retrouver Hreitharr, elle était prête à repartir dans les montagnes trempée avec toutes ses blessures. Gerd réussit à la convaincre de rester un peu le temps de la soigner et sécher ses affaires. Perdue dans ses pensées Sigrid lui accorda une heure de soin. Elle ne prêta aucune attention à la Loeknir ni à ce qu'elle disait ou faisait. Une seule chose importait, elle n'avait même plus en tête de tuer les familles d'Egil et ses complices. Quand elle se trouva suffisamment soignée elle se rhabilla et repartit dehors malgré les tentatives inutiles de Gerd pour l'en empêcher. Sigrid remonta dans les montagnes, retrouva tous ses pièges, aucun avait été déclenché ou désarmé. Comme si Hreitharr n'avait même pas essayé de la poursuivre. Plus elle s'approchait, plus elle appréhendait, sa tête rongée par le doute et la peur. Tout ceci ne pouvait être vrai ! En fin d'après-midi elle entra dans cette fameuse clairière où six ans plus tôt elle avait choisi de survivre, certaines de ses blessures s'étaient rouvertes et elle avait très froid. Hreitharr était assis là au centre de la clairière, face à elle. En le voyant des larmes coulèrent directement le long de ses joues elle s'avança vers lui.


- Dis-moi que c'est faux ?! Le supplia t'elle en pleurs.

Il ne répondit pas, pour la première fois de sa vie il lui semblait que ce vieux bougon avait peur de la regarder dans les yeux.

Dis-moi que ce n'est pas vrai ! Tu... dit-elle en sanglotant incapable de continuer.

Il se releva et la regarda enfin dans les yeux.

- C'est vrai. Egil m'avait engagé pour vous tuer.

Sigrid tremblait de tout son corps, cette annonce fit voler son coeur en éclat. Elle dégaina sa hache et la lança à la vitesse de l'éclair sur Hreitharr. Il n'eut pas le temps de réagir la hache s'enfonça profondément dans son coeur. Sigrid n'en croyait toujours pas ses yeux, ils se regardèrent aussi surpris l'un que l'autre, Hreitharr finit par tomber au sol. Elle se précipita auprès de lui regrettant aussitôt son geste, essayant désespéramment de trouver un moyen de le sauver tout en répétant paniquée en boucle qu'elle était désolée. Elle refusait l'évidence, il leva sa main vers elle pour la stopper et caressa doucement sa joue.

- Jolie coup lui dit-il en crachant du sang.

- Je ne voulais pas... Je suis désolé, s'il te plaît ne meurs pas ! Hreitharr !

- Ne gaspille pas... tes larmes.


Sigrid ne pouvait se retenir de pleurer.

Je n'ai pas pu te tuer... J'ai vu... quelque chose en toi... toi qui étais si... minuscule... un magnifique ours... Je suis désolé.

Il lui sourit sincèrement pour la première fois de sa vie puis ferma les yeux. Sigrid le regarda et s'effondra en pleurs sur son corps.

Les jours qui suivirent, elle veilla sur sa dépouille tout en préparant un gigantesque bûcher funéraire. Elle installa le corps et une partie de ses armes et trésors avec lui avant de mettre le feu au tumulus. Il brûla malgré le temps, plusieurs jours durant. Sigrid resta près de lui tout ce temps refusant de s'alimenter. La fumée dense produite par le bûcher était visible à des kilomètres à la ronde. Quand le bûcher finit par s'éteindre, Sigrid ne savait toujours pas quoi faire.

Un jour un énorme flash lumineux la tira de son deuil. Elle se retourna pour voir ce qu'elle n'avait jamais vu. Un homme manchot tout de métal était apparu dans ce flash, étais-ce un dieu ou délirait-elle à cause de son état affaibli. L'homme de métal la regarda et dit :


- Bonjour, je m'appelle Jyro.

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maitredragon - Chevalier - Le 28/07/2021

Sigrid considéra Jyro comme un dieu pendant un long moment avant d'intégrer complètement le concept d'arpenteur. N'ayant plus rien à faire sur son plan elle le suivit dans son exploration du multivers. Voyageant seul depuis plus d'un an il trouva en Sigrid, une compagnie inespérée et franchement bienvenue. Ses habilités au combats bien que manquant de finesse était remarquable. Jyro la forma et aiguisa donc ses compétences durant toutes ces années. Ils vécurent ainsi nombres d'aventures dans tout le multivers et finirent par se connaître par coeur. Ils savaient tout l'un de l'autre.
Une fois leurs dernières tâches accomplies, ils partirent explorer un nouveau plan. Arrivé au sol, Jyro posa un genou à terre le temps de récupérer. Sigrid armes en main était sur le qui-vive au cas où il y aurait la moindre menaces à proximité. Elle regarda Jyro un sourire en coin.


- Tu es pathétique.

- Ta sollicitude me touche.


Elle lui sourit puis se remit à guetter l'horizon. Ils avaient atterri au sommet d'une montagne. Le relief qui s'étendait devant eux était une chaîne de montagne aux sommets tous plats avec de multiples gorges étroites. Sigrid finit par voir un village au loin installé sur le flan d'une falaise au-dessus du vide. Il fallait beaucoup de cran pour s'installer et vivre là pensa-t-elle. On était toutefois loin de l'émerveillement que certaines cités du multivers avaient suscité en elle. Plusieurs chemins étaient soit construits le long de la falaise soit taillés a même la roche et permettaient de cheminer à travers ce labyrinthe de gorges. Ce n'était sans doute pas le seul village de la zone mais c'était le seul visible pour l'instant. Elle regarda Jyro se relever péniblement. Ça serait plus simple s'il laissait ses amis reconstruire son bras mais cette espèce de gros têtu refusait obstinément de le faire. Il portait son handicap comme la punition pour tous les crimes commis avec son père blablabla. Quelle tête de lard pesta t'elle intérieurement.

- Il y a un village en contre-bas sur le flanc de la falaise. Il y a plusieurs chemins qui serpentent le long de ces gorges. Ça ressemble à un vaste réseau. Je pense qu'il y plusieurs village comme celui-là dans toutes ces montagnes, qu'est-ce que tu en dis ?

- Allons voir.

- Je ne comprends pas pourquoi ils n'ont pas construit leurs habitations sur ces sommets tout plats.

- Peut-être parce que quelque chose de dangereux y vit
dit Jyro en désignant au loin des silhouettes volantes gigantesques.

Sigrid n'avait jamais vu des monstres volants de cette taille ou de cette forme. Ils se hâtèrent d'entrer dans la gorge la plus proche avant de se faire surprendre. A découvert comme ils l'avaient été, c'était un miracle qu'il ne se soit pas déjà fait attaquer. Une fois à l'abri dans ces étroites falaises où les monstres ne pourraient les poursuivre, Jyro et Sigrid se mirent à suivre le chemin qui semblait le plus court jusqu'au village suspendu.

- On pourrait nourrir tout un peuple avec des machins de cette taille.

- Tu ne penses vraiment qu'à manger.

- Dit, heureusement que tu nous a pas transplané en plein milieu du vide
fit remarquer Sigrid en regardant le précipice a leurs pieds.

- On a déjà vécu pire non ?

- La lave en fusion sur Zarista c'était clairement le pire.

- Je ne suis pas d'accord, les nids d'oghfoz sur Parastar on a vraiment failli y rester.

- C'est vrai que ce n'était pas la joie. Tu n'en a pas marre parfois ?

- De quoi ?

- Explorer le multivers.

- Je suis un arpenteur, je n'ai pas vraiment mieux à faire.

- Tu n'as jamais voulu t'installer et vivre quelque part ?

- Tu parles comme si j'étais humain.

- Jyro tu as été conçu et élevé comme tel.

- Et toi ?

- Quoi moi ?

- Tu en as marre de nos voyages ?

- Non je ne pense pas arriver à m'en lasser un jour. Mais je ne sais pas parfois je me dis qu'avoir un pied à terre quelque part ne serait pas un mal.

- Je vois ce que tu veux dire.

- Et donc ?

- Et donc quoi ?

- Bah est ce que tu aimerais qu'on cherche un tel endroit quelque part ? Ou sur les plans qu'on a déjà visités ?

- Certainement pas ici en tous cas.


Sigrid leva les yeux au ciel.

- Évidemment pas ici, remarque tu dis ça alors qu'on a à peine commencé l'exploration.

- Je n'aime pas cet endroit, quelque chose ne va pas ici.

- Tu dis ça à cause de ces monstres volants ?

- Ce n'est pas ça Sigrid. Quelque chose est à l'oeuvre ici, quelque chose que je n'aime pas du tout.

- Tu sais de quoi il s'agit ?
demanda t'elle inquiète

- Non mais peut-être qu'eux le sauront ou pire qu'ils en sont la source dit-il en désignant le village qui n'était plus très loin.

- Et s'ils ne...

Sigrid fut interrompue par le bruit d'un cor qui résonna sur les parois montagneuses. Jyro dégaina son épée.

- Reste sur tes gardes.

Ils avancèrent vigilant jusqu'au village. Lorsqu'ils y entrèrent, il n'y avait plus personne comme si les gens qui vivaient là avait tout abandonné à l'annonce de leurs arrivés. Certaines étales disposaient de nourritures à moitiés consommées que Sigrid s'empressa de terminer sous l'oeil désapprobateur de Jyro.

- Quoi ?! C'est facile pour toi tu n'as jamais faim.

Jyro leva les yeux au ciel avant de continuer à inspecter la zone. Les aspérités de la roche était parfaitement exploité par chaque construction, le sol sur lequel il marchait était une plateforme en bois, suspendue et maintenue au-dessus du vide par différents procédés certes assez primaires mais pas dénué d'ingéniosité concéda Jyro. Il se demandait toutefois d'où venait le bois. Il regarda en arrière pour voir Sigrid s'empiffrer, il sourit de la voir ainsi à quoi bon être sur ses gardes, le pauvre bougre qui essaierait de l'attaquer en plein festin aurait une sacré surprise, Jyro en savait quelque chose. Il continua à déambuler dans les rues vides. Soudain il vit une stèle en plein milieu de la rue. Ce truc n'avait clairement rien à faire là et dégagé cette gêne que ressentait Jyro depuis qu'il était arrivé. Quelque chose attira son attention sur sa gauche mais c'était trop tard. Un grand trou avait été profondément creusé a même la roche, de ce trou surgit un énorme tronc d'arbre qui projeta Jyro dans le vide. Sigrid se redressa alors qu'elle se faisait encercler. Jyro chuta sur quelque mètre avant de déployer ses grappins pour stopper sa chute. L'impact du tronc avait était violent mais sans dégâts majeurs. Il remonta rapidement et se propulsa dans le village. Son retour étonna les habitants présents persuadés de s'en être définitivement débarrassé. Sigrid, elle, avait assommée plusieurs d'entre eux histoire de bien leur montrer qu'elle ne se laisserait pas capturer facilement. Ils étaient une vingtaine et clairement pas des guerriers aguerris, ils ressemblaient à des chasseurs. Ils en avaient plus après elle qu'après lui vu comment ils avaient essayé de l'éjecter pensa Jyro. Ils n'attaquaient pas pour tuer, il voulait la faire prisonnière. Heureusement pour eux, Sigrid n'était pas entrée dans sa rage barbare autrement ils seraient déjà tous morts. Certains tentèrent d'attaquer Jyro qui se contenta de les assommer avec une facilité déconcertante. Voyant leurs nombres diminuer rapidement ils finirent par se montrer hésitants.

- Je veux parler à votre chef dit Jyro d'un ton impérieux.

Ils se regardèrent incertains, puis l'un d'eux courut vers la roche avant de passer à travers. Cette entrée parfaitement camouflée avait échappé au regard de Jyro. Impressionnant pensa t'il. Ils s'étaient réfugiés au sein de la montagne, ils devaient probablement avoir des cavernes pour se protéger d'un danger, mais pourquoi s'être risqué a les attaquer dans ce cas se demanda-t-il. Et cette stèle... Jyro n'aimait pas ça.

- Ça va ? demanda Sigrid.

- J'ai failli perdre mon épée sous le choc.

- Dommage on aurait pu rendre visite à Hubert.


Le « guerrier » revint accompagné d'une vieille femme, c'était leur chef. Jyro se présenta et expliqua rapidement qui ils étaient et ce qu'ils faisaient là. Apparemment l'existence du multivers et des arpenteurs étaient connus ici. La chef s'excusa pour cet accueil malheureux, ils voulaient capturer Sigrid pour l'offrir au sorcier à la place d'une de leur fille. Apparemment tous les villages du plan avaient été équipés d'une stèle de ce type. Lorsqu'elle s'illuminait le village concerné devait y attacher une de leur fille en âge d'enfanter et vierge de préférence. Elle était alors amenée au pied de la forteresse du sorcier et personne ne la revoyait plus jamais. Les villages qui ne payaient pas le tribut étaient systématiquement massacrés. Plusieurs équipes étaient parties à la forteresse pour tuer le sorcier maléfique mais personne n'en était jamais revenu. Jyro promis de les aider à se débarrasser de cette plaie malgré son sentiment de malaise. Après tout c'est ce qu'il faisait lui et Sigrid depuis des années, explorer et aider les différents peuples dans le besoin. Passé ce malentendu ils furent accueillit beaucoup plus chaleureusement. La chef avait toujours des doutes sur leurs chances de réussite mais elle n'avait pas vraiment mieux à proposer. Une personne avait été désigné comme guide, il les emmènerait jusqu'à un certain point vers la forteresse dès demain matin.

Ils restèrent et dînèrent avec eux durant la soirée afin d'en apprendre plus sur ce plan. Comme ils avaient pu le constater les sommets ne pouvaient être habités à cause des monstres volants. Ils les appelaient des Doprettyls. Les ancêtres des villageois vivaient au début à la base des falaises mais la nourriture et les diverses ressources comme le bois se trouvaient principalement au sommet. De plus ils étaient la cible de prédateurs farouches au fond des gorges. Plusieurs explorations eurent lieus entraînant un nombre considérable de morts. C'est ainsi que les routes et villages à flanc de falaises s'étaient développés constituant un véritable réseau à travers ce labyrinthe montagneux. Les habitants qui les avaient attaqués étaient effectivement des chasseurs, plusieurs systèmes avaient été créés afin de piéger les animaux volants. Certains chasseurs se vantaient même d'avoir déjà abattu des Doprettyls. Jyro cassa un peu l'ambiance en voulant avoir plusieurs informations sur ce fameux sorcier, Sigrid elle, mangeait comme quatre et festoyait en contant leurs nombreux exploits. Ce sorcier était arrivé il y a moins de cinq ans et avait installé son système de tribut et sa forteresse en moins d'un an. Il n'en sortait jamais et avait des pouvoirs dépassant l'imagination d'après les témoignages vrais ou faux qui leur était parvenu. Il n'eut malheureusement pas d'autres informations.

On leur mit une maison à disposition pour la nuit, Sigrid tomba comme une masse. Jyro lui ne dormait pas, son malaise et son inquiétude ne se calmait pas. Il alla voir la stèle mais impossible de déterminer ce qui le mettait aussi mal à l'aise. Ce fut une longue nuit pour lui.

Au matin le guide vint les saluer et attendit qu'ils soient prêts pour les emmener avec lui. Ils partirent du village et commencèrent à descendre un peu plus le long de la falaise. Un membre du village les rattrapa en courant et stoppa leur voyage. La stèle c'était activée peu de temps après leur départ. Ils revinrent sur leurs pas à toute vitesse. Sigrid accepta d'y être attachée afin de déclencher la téléportation. Jyro était réticent à cette idée mais le voyage ne fonctionnerait pas si elle n'était pas attachée d'après les villageois. Jyro la tint fermement promettant de la libérer dès qu'ils seraient arrivés.

Ils furent transporter devant la forteresse, même si forteresse n'était pas vraiment le mot. Ils se trouvaient aux pieds des gorges, une faible lumière perçait à peine du ciel, c'était une ambiance crépusculaire. La fameuse forteresse était en réalité une grande tour faite dans une architecture et un matériau qui n'avait rien de commun à tous ce qu'ils avaient vu sur ce plan jusqu'à maintenant. La roche et le sol en contact avait noirci comme si l'édifice entier polluait son environnement. Après ce bref aperçu Jyro se retourna rapidement pour détacher Sigrid mais tout son être fut bloqué par un maléfice. Le même type de maléfice utilisait par son père, soudain Jyro comprit ce qui le mettait mal à l'aise depuis le début, tout ce plan était envahi par une signature magique similaire aux maléfices de son père. Impossible pensa Jyro en panique, impossible son père était scellé depuis des années, beaucoup de sorciers avait travaillé à élaborer sa prison il ne pouvait pas s'être échappé c'était juste impossible. Jyro essayait de regarder dans toutes les directions afin de l'apercevoir même s'il était convaincu que ça ne pouvait être lui ! Lorsqu'il vit le fameux sorcier près d'eux, il fut presque soulagé de voir que ce n'était pas son père. Il s'agissait d'un homme plus jeune. Néanmoins lui et Sigrid était en très fâcheuse posture, de plus il n'avait pas l'équipement nécessaire pour affronter un type du même calibre que son père. Il devait trouver un moyen de gagner du temps pour à nouveau transplaner avec Sigrid.


- Je ne pensais pas que vous viendriez à moi directement même après avoir activer la stèle. Pas très prudent de votre part monsieur l'arpenteur. Remarquez moi ça m'arrange je vais pouvoir l'utiliser à ma guise dit-il en relevant le menton de Sigrid folle de rage qui essayait de le mordre.

- Qu'est-ce que vous allez lui faire ?! Qu'est-ce que vous avez fait des autres ?!

- Ca ne te concerne plus
dit-il en resserrant sa main.

Ce geste fit resserrer l'emprise du maléfice sur Jyro qui commençait à être écrasé. Sigrid passa alors en mode enragé elle réussit à détacher un de ces bras et arracha la stèle pour la balancer sur le sorcier qui avait fait l'erreur de lui tourner le dos. Dans un réflexe spectaculaire il réussit à invoquer ses maléfices pour amortir le coup mais fut projeter plusieurs mètres plus loin par l'impact. Le maléfice disparut, Jyro se rua sur Sigrid et puisa dans toutes ses forces restantes pour la transplaner avec lui alors que le sorcier fou de rage leur projetait dessus une sorte de lance magique. Jyro transplana par réflexe sur Tortht, le plan technologique ou il avait de nombreux amis et se sentait le plus en sécurité. L'écrasement et le transplanage à l'excès l'avait complètement épuisé pourtant il maintenait toujours Sigrid avec son bras.

- Est ce que ça va ?

- C'est qu'une égratignure
dit-elle souriante avant de perdre connaissance.

La lance les avait transpercés laissant un trou assez large dans son ventre et celui de Jyro. Heureusement Tortht était un plan très avancé technologiquement, Jyro put remettre rapidement Sigrid au centre. Il n'avait aucun doute sur sa guérison là-bas même si sa blessure était très sérieuse. Il alla voir ses amis afin de réparer ses propres dégâts. Pour la première fois et à leurs grandes surprises, il demanda qu'on lui remette un bras renforcé afin de ne plus être manchot. Jyro avait eu tout le temps de réfléchir, il savait ce qu'il devait faire, il n'en avait juste pas envie. Lorsqu'il fut réparé et fonctionnel il retourna voir Sigrid. Des soigneurs étaient paniqués par ce qu'ils se passaient dans sa chambre. Jyro sourit il savait très bien ce qu'il se passait, elle était réveillée et voulait sortir contre tous les avis des soigneurs considérant qu'elle était guérit. C'était bien trop tôt, du Sigrid tout craché. Lorsqu'il rentra dans la pièce Sigrid le vit et se calma instantanément. Ne plus le voir manchot était si surprenant pour elle qui ne l'avait que connue ainsi. Elle s'assit à ses côtés, elle savait ce que tout ça voulait dire.

- C'est maintenant n'est-ce pas ?

- J'ai besoin de l'épée pour vaincre ce type.

- Tu es prêt ?

- Tu devrais rester ici le temps que je gère ça.

- Compte là-dessus !
Répliqua-t-elle avec une pointe d'énervement.

- Sigrid ! Tu n'es même pas guérit complètement !

- Je viens !


Jyro voulut encore émettre des objections mais il savait pertinemment que c'était inutile. Ils sortirent et transplanèrent. Jyro serait bien resté sur Tortht quelques jours de plus mais la situation était urgente, il ne pouvait laisser ce sorcier agir impunément et pour ça il devait réveiller son père.
Ils transplanèrent sur le bord du lac, là où jadis lui et ses parents avaient vécu heureux. Ce temps était si lointain maintenant pensa Jyro avec amertume. Sigrid n'était jamais venue en ces lieux mais savait tout ce qu'ils s'y étaient produit. Elle resta en retrait laissant le temps à Jyro de tout vérifier. A leur arrivé Jyro vit ce qu'il redoutait le plus. La prison magique qui avait été mise en place pour son père était brisée et le cercueil qui le scellait n'était plus au fond du lac. Seul le corps de sa défunte mère était toujours là. Il l'embrassa avant de ressortir du lac.

La première année après avoir scellé K-Joe, Jyro était retourné sur Gysme et avait emmené le père d'Esmée en ces lieux lui expliquant tout ce qui s'y était passé. Il lui avait confié la mission de surveiller la prison de son père. Jyro revit tous ces souvenirs alors qu'il était face à la dépouille de cet homme. Il était mort depuis quelque temps déjà. La panique le gagna et si le sorcier de la forteresse avait finalement un lien avec son père. S'il avait changé ses plans et décidé de constituer une armée de type comme lui ?! Avait-il toujours le même sombre dessein ? Comment l'arrêter à nouveau maintenant qu'il n'avait plus l'épée. Jyro faisait les cents pas, toutes ces questions tournaient et retournaient dans sa tête. Son père était une menace interplanaire et rien ne pouvait l'arrêter désormais. Sigrid mis soudain une grosse claque à Jyro qui recula de quelque pas.


- Pourquoi tu as fait ça ?

- Tu ne semblais plus réfléchir convenablement !

- Je...

- Tu penses que ton père est lié au sorcier qu'on a affronté ?

- Je ne sais pas, c'est possible...

- Tu peux suivre une signature magique ou pas ?

- Oui j'en ai une mais si on tombe sur mon père nous sommes morts.

- C'est la signature de ton père ?

- Absolument pas.

- Alors c'est bon.

- Sigrid...

- Écoute, on y va, on voit ce qui se passe là-bas et si jamais ton père est libre on ira chercher de l'aide.

- Auprès de qui ?!

- La secte dont il faisait partie, tu m'as dit qu'il y avait des gens très puissants là-bas.

- Ils ne me connaissent même pas !

- Ils connaissent ton père. De toute façon tu as une autre idée ?!

- Non
finit par concéder Jyro.

Jyro n'était pas un sorcier, il n'avait pas de compétence magique particulière. Suite à ce qu'il s'était passé avec son père il était allé sur Tortht afin d'être amélioré, améliorations dont une lui permettait de traquer la signature magique de quelqu'un à travers les plans. Au cours de leurs aventures il n'y avait eu recours qu'à deux reprises. Il se focalisa sur la magie qui avait été utilisé pour briser la prison de son père et transplana vers elle. Ils arrivèrent dans une crypte humide, Jyro essaya de récupérer rapidement alors que Sigrid assurait ses arrières. Le cercueil était au bout de la pièce, avec K-Joe toujours à l'intérieur l'épée bien en place. Une femme était à côté de lui, était-ce elle la responsable de tout ça ?

- Femme ! Éloigne-toi immédiatement ! Hurla Jyro.

Toute la crypte était en pierre et cette sorcière semblait les contrôler, de la petite pierre aux gros blocs. En guise de réponse elle en projeta plusieurs dans leur direction, Sigrid fonça sur elle esquivant les gros blocs et encaissant le reste. Jyro pas encore entièrement remis avait plus de mal à se mouvoir aussi rapidement. Sigrid résista et évita les pièges jusqu'à arriver à sa hauteur, la sorcière était acculée. Elle créa en toute hâte un mur défensif que Sigrid pulvérisa de toutes ses forces projetant par la même l'ennemie contre le mur derrière elle.

- C'est terminé ! Dit-elle

- JAMAIS ! Hurla la démone encore au sol.

Elle frappa rageusement le sol déclenchant un raz de marée de roches sur Sigrid et Jyro. Jyro ne craignait pas la magie mais les pierres, elles, étaient bien réelles. Dans le creux de la vague rocheuse il agrippa Sigrid pour la protéger avant qu'ils subissent la déferlante. Ils furent emportés par ce torrent à l'opposé de la pièce. Jyro était à quatre pattes dans un sale état et Sigrid était inconsciente mais visiblement indemne enfin autant qu'on pouvait l'être après une telle attaque. La sorcière se releva péniblement elle semblait à bout de souffle, désespérée, à court de magie et d'idée. La crypte n'était plus qu'un champ de ruine. Jyro regarda son père, l'épée était toujours en place se rassura-t-il. Elle avait sans doute voulut trouver un moyen de briser le sceau mais c'était impossible à moins de perdre son ou ses bras. Jamais elle... Sa pensée fut stoppée net alors que la sorcière agrippée l'épée et tirée de toutes ses forces pour la desceller du corps de K-Joe.

- ES-TU FOLLE ! SI TU FAIS CA TU Y LAISSERAS TON BRAS ! Hurla Jyro désespéré de trouver le moindre argument pour la faire renoncer à pareille folie.

Mais rien n'y fit, elle tira de toute ses forces sacrifiant son bras pour finalement réussir à retirer l'épée qui tomba au sol dans un clinquement retentissant. Elle recula pour finalement tomber au sol soutenant son bras en bouilli alors que Jyro ne put que regarder impuissant ce qu'il redoutait le plus au monde. K-Joe ouvrit les yeux.

Edité 3 fois, dernière édition par maitredragon Le 21/06/2022

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maitredragon - Chevalier - Le 30/08/2021

Jyro vit avec horreur son père avancer d'un pas la main posée sur son ventre. La blessure qu'il lui avait infligée jadis était en train de se refermer. K-Joe voulut faire un second pas mais s'écroula sur le sol. Sa sauveuse l'aida à se relever mais avec son bras en bouilli l'opération s'avérait compliquée. C'était le moment parfait pour que Jyro intervienne, son père était encore trop faible il pouvait être neutralisé et son acolyte n'opposerai plus une aussi farouche résistance dans son état. Malgré ses dégâts importants Jyro s'élança à toute vitesse et traversa la crypte en quelque seconde. Il arriva à leur portée prêt à les frapper à pleine puissance. La sorcière ne put que voir l'automate leur tomber dessus à une vitesse folle sans avoir la possibilité de réagir. K-Joe releva la tête soudainement et regarda son fils droit dans les yeux. Chiotte pensa l'automate. La seconde qui suivit Jyro, Sigrid et même la mystérieuse manipulatrice rocheuse furent immobilisées dans les maléfices de son père. Il lui avait manqué une seconde à peine pesta Jyro. Son père resta immobile longtemps, on aurait dit qu'il allait s'écrouler a tout moment. Puis il finit par reporter son attention sur l'épée, il s'avança doucement d'un pas non assuré, se baissa et empoigna l'épée sans la moindre contrainte sous les yeux horrifiés de son fils. Ça ne pouvait pas être pire se dit-il. Cette épée pensa K-Joe. La jeune femme témoignait oralement son admiration sans discontinuer ce qui agaça très rapidement K-Joe qui étendit son maléfice sur sa bouche. Il avança alors vers son fils. C'est terminé pensa tristement Jyro qui fixait rageusement son bourreau.

- Je veux y retourner dit son père en tendant l'épée a son fils qui a sa grande surprise n'était soudainement plus entravé par le maléfice.

- Qu... quoi ? Réussit à balbutié Jyro dans une totale incompréhension.

- Je ne sais pas ce que tu as fait et je m'en moque. Refais-le lui ordonna son père l'épée toujours tendu dans sa direction.

Jyro regarda son père abasourdi. Certes il le savait déjà fou mais là c'était différent. De plus Jyro remarqua quelque chose, même si son père utilisait toujours ses maléfices, l'aura malfaisante qui émanait de lui avait totalement disparu depuis son réveil.

Qu'est-ce que tu attends ?! demanda K-Joe impatient extirpant Jyro de ses pensées.

- Vous voulez que je vous renvoie dans le coma ?

- J'étais dans le coma... Ça... ça semblait si réel...
dit K-Joe pensivement.

Il sembla réaliser brusquement beaucoup de choses déplaisantes. Il laissa tomber l'épée et s'assit sur le sol perdu dans ses pensées le visage affligé d'une tristesse infinie. Jyro était mitigé entre la haine et la peur que son père avait tant suscitée en lui et la pitié qu'il ressentait en le voyant ainsi. Qu'avait-il bien pu se passer dans son sommeil se demanda l'automate.

Pourquoi m'as-tu réveillé ? Lui demanda-t-il en larme.

- Je ne vous ai pas réveillé, même si j'en avais l'intention dit-il en regardant la folle qui gigotait dans tous les sens. C'est elle qui vous a réveillé, elle a été jusqu'à sacrifier son bras pour ça.

- Il faut que j'y retourne Jyro.

- Retourner où ? Vous étiez juste scellé, figé dans le coma.

- Tu peux le refaire ?

- Oui...
Jyro hésita un instant, mais j'aurais besoin de votre aide avant.

- Pour ?

- J'ai affronté quelqu'un comme vous.

- Comme moi ?

- Il utilisait les mêmes maléfices que vous. Je n'ai rien pu faire, je serai mort si Sigrid ne m'avait pas sauvé. Elle a failli y passer...

- Donc quoi ? Tu veux que je vous aide à mettre ce type hors d'état de nuire et après tu me scelleras à nouveau ?

- Oui. Je pense que c'est un minimum après ce que vous m'avez fait
dit Jyro anticipant la moindre réticence de son père.

- Je... Je suis désolé Jyro... Sincèrement désolé.

Il était vraiment sincère mais c'est quelque mot ne pouvait effacer toutes les horreurs qu'il avait perpétré. Jyro rengaina avec précaution l'épée dans son fourreau et laissa son père ainsi pour aller réveiller Sigrid et lui expliquer la situation. La sorcière s'était évanouie dans l'indifférence générale. Jyro les transplana sur un plan sans importance selon lui où elle et Sigrid pourrait être soignée. Lui aussi devait être réparé mais il refusait catégoriquement de laisser K-Joe seul avec Sigrid ou de l'emmener sur Tortht. Hors de question qu'il connaisse ce plan et ainsi risquer la vie de ses amis. K-Joe proposa de le rafistoler avec ce qu'il avait sous la main. Jyro accepta a contrecoeur et sous l'étroite supervision de Sigrid qui de toute façon s'était laissé soigner a peine quelque minutes. Ils purent ainsi discuter de la stratégie à mettre au point. Cela prit l'équivalent d'une après-midi, une fois que tout était prêt, ils transplanèrent le matin venu laissant la sorcière inconsciente sur ce plan.

Arrivée devant la tour du sorcier, K-Joe déploya immédiatement ses maléfices dans l'intégralité de la zone. Aucune personne ne vint, aucune réponse de quelque sorte ce qui laissa le temps à Jyro de récupérer. K-Joe leur assura qu'il avait piégé quelqu'un dans les sous-sols de la tour. Jyro n'avait aucune confiance en lui mais il ne voyait pas pourquoi présentement il mentirait. Ils pénétrèrent dans la tour et se frayèrent un chemin vers les sous-sols malgré l'architecture étrangère. Les maléfices avaient envahi toute la tour et permettait à K-Joe de connaître l'édifice dans son intégralité en plus de stopper de potentiel menace. Ils passèrent plusieurs pièces et descendirent un long escalier avant d'arriver en bas. Ils entrèrent dans une vaste salle offrant un spectacle macabre d'une rare abomination. Les jeunes filles avaient toutes été démembrées, chaque membres étant disposés et agencés de manière très spécifiques jusqu'à une sorte d'arche-portail au fond de la salle fait uniquement avec les têtes des victimes. Le sol était maculé de sang et l'odeur était plus qu'insoutenable. Le portail était ouvert sur un espace profondément noir qui n'était pas sans rappeler ses portes sur le néant à K-Joe. Le sorcier était emprisonné sur un autel à proximité. Sigrid était grandement indisposée par cet environnement, K-Joe et Jyro eux, ne semblait pas plus affecté que ça. Ils avancèrent jusqu'à lui, il dévisagea K-Joe avec insistance.


- C'est quoi ce truc ?! Demanda fermement Jyro.

Le sorcier ne fit pas attention à sa question et continua a dévisager son père. Jyro lui mit un coup de poing violent en plein visage pour le forcer à répondre. Le sorcier cracha du sang et se mit à rire.

- Vous arrivez trop tard.

Jyro le frappa à nouveau.

- C'était pour faire ça que tu réquisitionnais les vierges des villages ?!

- Techniquement elle n'avait pas besoin d'être vierge, c'était plus pour mon plaisir personnel
dit-il en ricanant.

Jyro le frappa à nouveau. Sigrid posa sa main sur son épaule pour le calmer, ça ne servait à rien même si après avoir commis toutes ses horreurs c'était plus que mérité.

Je ne pensez pas que tu étais réel dit soudain le sorcier en regardant K-Joe, l'aberration, l'hôte ayant assimilé son entité !

- De quoi il parle ? demanda Jyro.

- Il parle de Gilbert répondit calmement K-Joe.

- Tu l'as appelé Gilbert ! Ce... c'est une hérésie ! Notre secte te pourmmgggghhhhh...

K-Joe boucha sa bouche avec son maléfice.

- Pourquoi as-tu fait ça ? Il était en train de nous donner des informations !

- Je me fiche de qui il est ou de qui il représente. Tue-le qu'on en finisse.


Jyro pesta contre son père, dégaina son épée et se rappela alors la plus mauvaise période de sa vie. Hors de question de tuer à nouveau sous ses ordres. Il se retourna vers son père.

- Pourquoi tu ne le tue pas toi-même ?

- Je ne peux pas répondit K-Joe embarrassé.

- Pourqu...

Le portail se mit à onduler une créature en sortit. C'était une sorte de bête quadrupède de forme assez féline, très massive, ses pattes semblaient griffues et sa mâchoire formait la moitié de sa tête. Pas d'yeux ni d'oreilles ou de nez et son corps était dans une matière ondulante violette et noir assez surprenante. La créature bondit sur la personne la plus proche, K-Joe voulut l'enfermer dans ses maléfices mais ces derniers se désintégrèrent au contact de la créature. Il esquiva l'assaut à la dernière minute et fit passer la bête à travers un de ses portails. Son portail se désintégra lorsque le monstre le traversa avant qu'il puisse le refermer. Trois nouvelles créatures identiques à la première traversèrent le portail de crânes et d'autres suivaient derrière eux. Elles attaquaient instantanément dès qu'elles arrivaient dans la salle. K-Joe les faisait disparaître dans ses portails alors que Jyro et Sigrid s'armaient pour frapper la moindre de ces choses qui s'approcheraient un peu trop prêt.

- Il faut qu'on parte d'ici maintenant ! Ordonna K-Joe.

- Nous ne pouvons pas laisser ces choses sur ce plan, il faut fermer le portail.

D'autres créatures arrivaient en masse. Sigrid frappa une d'entre elles avec son énorme hache, celle-ci se désintégra immédiatement au contact de la créature. K-Joe la fit disparaître elle et les autres dans pleins de portails pour gagner du temps et protéger Sigrid d'un éventuel contact. Il devait constamment renouveler ses portails et ces créatures commençaient à trouver le moyen de les esquiver. Pire certaines ressortaient par ses portails rendant la situation de plus en plus ingérable.

- Tu ne peux pas les tuer, les attaques physiques ne leur font rien, elles désintégreront tout ce qui les touchent.

- C'est quoi ces trucs ? demanda Sigrid qui commençait à reculer.

- Ne les laissez pas vous toucher ou vous êtes mort.

- Tu pourrais les abattre avec l'épée
proposa Jyro tout en reculant.

- Non

- Pourquoi pas ?

- Ce plan est foutu, transplane nous ailleurs ou nous mourrons tous ici.


Plusieurs créatures manquaient de les atteindre de peu avant de finalement tomber dans les pièges de K-Joe la salle se remplissait néanmoins de plus en plus.

- Je refuse, on peut le sauver si tu te décides à faire ce qu'il faut !

Ils quittèrent la salle rapidement poursuivit par ses créatures qui désintégraient portes et murs sur leurs passages. Sigrid en tête avançait rapidement, Jyro refusait de transplaner et harcelait son père de questions ne comprenant pas pourquoi il agissait ainsi. K-Joe lui, les guidaient a travers la tour et piégait le plus de monstres qu'il pouvait dans ses portails. Il en arrivait toujours plus. Ils réussirent a semer les créatures dans les couloirs et escaliers. Ils se réfugièrent dans ce qu'il semblait être une chambre mais étaient toujours bloqués dans la tour. Ce n'est pas une porte ou un mur qui arrêterait ces choses, ce n'était juste qu'une question de temps avant qu'elles ne les retrouvent.

Pourquoi tu ne fais rien hurla ! Jyro sur son père.

- Parce que si je tue une seule créature quelle qu'elle soit je ne pourrais plus jamais y retourner ! Répondit abruptement K-Joe

- Où ?!

K-Joe refusa de répondre et détourna le regard

Dans le coma ?! C'est le monde réel ici ! Et tu viens d'envoyer une centaine de ces choses dans ta dimension !

- Les gars il faudrait baisser d'un ton murmura Sigrid

- Elles peuvent survivre dans le néant tu l'as bien vu ! Répondit K-Joe sans prêter attention à ce que venait de dire la guerrière.

- Donc c'est comme ça ! Tu préfères abandonner ce plan pour garder une chance de vivre dans une chimère !

- Ce plan est foutu de toute façon !

- Je ne transplanerai pas et je resterais ici à défendre les habitants jusqu'à la mort s'il le faut !

- Pareil pour moi !
répondit Sigrid cessant de parler à voix basse.

K-Joe prit le temps de les regarder tous les deux, jeunes fous ! Pensa-t-il. Il réfléchit un court instant, il n'avait évidemment aucune solution pour les faire changer d'avis et s'ils restaient là, ils mouraient tous. Aussi exaspéré qu'il l'était, il ne pouvait refréner une certaine fierté, la fierté d'un père qui a un fils admirable. Il souffla un grand coup.

- Je vais faire quelque chose mais il faut que vous partiez d'ici.

- Hors de question
répondit fermement Jyro.

K-Joe regarda son fils très sérieusement alors que des bruits de casses et d'effondrements se faisaient de plus en plus proches.

- Jyro, je ne veux pas vous compter dans ma liste déjà trop longue de victimes.

Jyro plongea ses yeux dans ceux de son père un bref instant, puis convaincu qu'il ferait le nécessaire, empoigna Sigrid et transplana.

Enfin seul dit K-Joe en soufflant de soulagement.

En toute honnêteté il fut tenté d'abandonner le plan en passant par un de ses portails. Il l'aurait peut-être fait si ça n'avait pas été si dangereux avec tous les monstres qu'il avait envoyé dedans. Il repensa aux derniers mots de Mara :

« Je t'aime, ne prends plus aucune vie sinon tu ne reviendras jamais ici. »

Il dégaina la dague de jet et s'assit un instant, il repensa a tous ce qu'il avait vécu là-bas, il pensa très fort à Mara, Esmée et Arwen. Ça avait été un rêve merveilleux se dit-il.

C'est pathétique non ? Je n'ai pas tenu plus de deux jours avant de devoir prendre des vies dit-il les larmes aux yeux comme si quelqu'un allait lui répondre.

Une main vint se poser sur son épaule. Il releva la tête et vit à sa grande surprise Mara face à lui telle un spectre de lumière.

C'est réel ? C'était réel ? Demanda-t-il désespéré en posant sa main sur la sienne.

Elle lui sourit, sa présence était apaisante. Une main se posa sur son autre épaule, c'était Esmée, elle aussi sous une forme spectrale extrêmement lumineuse.

Tu es là toi aussi, je suis désolé, tellement désolé dit-il tristement.

Il sentit quelqu'un lui faire un câlin, il releva la tête et la vit, Arwen sa fille, elle était si belle maintenant. Il la prit dans ses bras et la serra très fort contre lui, il pouvait la sentir entre ses mains. Sans savoir comment il était à nouveau debout dans la pièce. Elles l'étreignirent toutes ensemble. Alors qu'il sentait une puissance infinie montait en lui, il entendait leurs voix dans sa tête. Des mots rassurants, d'amours, d'encouragements et d'adieux. Il répondit a chacune d'elles les enserrant toutes aussi fort qu'il le put. Il ne voulait pas qu'elles partent mais les retenir lui demandait toujours plus d'efforts. A bout de force il finit par se résigner a les libérer.

Adieu.


Les habitants des falaises ressentirent un énorme choc suivit d'un violent tremblement de terre. Un faisceau très éblouissant transperça le ciel avant de se dissiper lentement en milliers d'éclats lumineux, telle de la neige.

Jyro et Sigrid attendirent un moment qui leur sembla une éternité avant de retourner devant la tour. Lorsque Jyro les transplana à nouveau devant l'édifice il n'y avait plus rien à part un immense cratère. Les falaises avaient été détruites laissant un trou béant à travers les montagnes. Jyro et Sigrid en eurent le souffle coupé, tout avait disparu. Il semblait neiger des particules lumineuses un peu partout sur le plan. Au centre du cratère K-Joe se tenait debout. Sigrid encouragea Jyro à aller le voir et resta en retrait.

Jyro arriva derrière son père, il tenait une des dagues entre ses mains. Jyro était incapable de les différencier mais il savait pertinemment de quelle dague il s'agissait. K-Joe restait là prostré regardant la perfection de la lame elfique. Il leva la tête vers le ciel et ferma les yeux, laissant les particules lumineuses glisser sur sa peau. La chaleur du soleil en ce début d'après-midi était agréable.


- J'ai vu Mara, Esmée et tant d'autres... Je ne peux pas le prouver mais... Ce n'était pas un rêve Jyro. Ils vivent dans un endroit auquel je ne pouvais accéder et où je ne pourrais désormais plus aller. Elles n'avaient pas le droit de me dire où j'étais je... Je suppose que j'étais en transit puisque tu m'as figé dans le coma. Malgré l'interdit elles venaient me voir tous les jours... Mara n'a jamais été aussi belle... Ta mère m'en a beaucoup voulut au début. Je ne sais pas comment mais elle a trouvé la force de me pardonner. Tu vas être encore plus surpris mais j'ai vu ta soeur aussi, elle avait 5 ou peut-être 6 ans la première fois qu'on s'est rencontré. Je ne saurais l'expliquer mais elle avait 16 ou 17 ans quand vous m'avez réveillé. Je suppose que j'ai été enfermé une dizaine d'années ?

Jyro acquiesça silencieusement d'un signe de tête.

Quoi qu'il en soit elles sont venues me dire adieu. J'ai pu leur dire au revoir décemment, j'en suis heureux mais c'est comme si je les avais à nouveau perdu.

- Vous pourrez peut-être les revoir.

- Non le lien est rompu
dit-il tristement en regardant à nouveau la dague.

Il resta silencieux un long moment.

Peut-être est-ce une juste punition finalement... Pourquoi aurais-je droit au paradis après tout ce que j'ai fait.

Jyro ne savais pas quoi dire.

Dis-moi Jyro, maintenant je fais quoi ? J'ai sans doute dépassé la quarantaine d'années depuis quelque temps, j'ai vécu plusieurs vies, j'ai perdu ma seule chance de revoir celles que j'aime, je ne veux plus jamais utiliser mes pouvoirs et je n'ai pas envie d'être scellé a nouveau. Je fais quoi ?

Jyro hésita un moment.

- Vous pouvez venir avec nous explorer le multivers.

- Tu n'en as pas marre toi d'explorer le multivers ? En plus je ne vois pas à quoi je vous servirai...

- Vous pouvez reconstruire votre maison et vivre auprès du lac et de mère.

- Je ne peux pas faire ça. De la même façon que je n'ai pas pu vivre sur l'île de Mara... C'est trop douloureux.

- Je pourrais vous transplaner sur votre monde d'origine.

- Il faudrait déjà que tu l'ais trouvé ce qui revient à explorer le multivers avec vous.

- Je l'ai trouvé.


K-Joe se retourna et regarda son fils.

- Je ne sais même pas depuis combien de temps je les ai quitté... Pour moi ils sont un souvenir lointain.

- Je peux vous y emmener si vous le désirez.

- Ce que je désire... Dis-moi Jyro me pardonneras tu un jour ?

- Je ne pense pas.

- C'est bien ce que je pensais.


K-Joe regarda la lame elfique.

Après tout c'était ma quête initiale...

Jyro transplana avec K-Joe et Sigrid sur les Terres originelles. Il contempla un moment le paysage, laissant le temps à Jyro de récupérer. Presque rien n'avait changé ce qui fit sourire K-Joe. Il se retourna vers son fils.

- Tu ne vas pas le regretter ?

- Je le regrette déjà.

- Merci en tout cas. Vous allez poursuivre votre exploration du multivers tous les deux ?

- J'aimerai bien qu'on trouve un endroit où se poser
répondit Sigrid enjouée.

- Ça me semble être une bonne idée, je vous déconseille toutefois de vous installer ici dit K-Joe en leur souriant. Je doute fort que tu en aies envie de toute façon... mais si jamais tu voulais repasser par-là, tu sais où me trouver dit-il en s'adressant à son fils.

- Je tacherai de garder un oeil sur vous rétorqua Jyro froidement.

K-Joe acquiesça d'un signe de tête.

- Je n'en demandais pas tant.

Après leur départ, K-Joe prit une grande inspiration et dirigea ses pas vers la taverne.

Edité 4 fois, dernière édition par maitredragon Le 13/09/2021

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maitredragon - Chevalier - Le 28/04/2022

(CF : atelier de K-Joe) Après avoir monté son atelier au sein de la cité, K-Joe écoula des jours paisibles en tant que simples artisans. Son fils lui rendait visite parfois mais ces rencontres étaient loin d'être des plus chaleureuses. Mais qu'importe, K-Joe avait ainsi des nouvelles de son fils et ça lui convenait. Malheureusement cette tranquillité fut totalement annihilée par l'arrivée d'un antagoniste causant la mort d'un sectateur, la destruction totale de l'atelier et l'enlèvement de K-Joe.

Alors qu'il traversait le portail maintenu par son ravisseur, K-Joe fut surpris de voir qu'ils ne se trouvaient pas dans la dimension du vide comme il s'y attendait. Non, cette dimension était bien différente. Sa contemplation fut toutefois brève une épaisse fumée noire commença à le recouvrir jusqu'à en perdre connaissance.

K-Joe ouvra les yeux lentement, il vit le ciel noir de la nuit parsemé d'étoiles. Il contempla ce magnifique panorama du multivers un moment puis il essaya de bouger mais tout son corps était totalement immobilisé. Qu'est ce qui pouvait bien l'obstruer comme ça se demanda t'il tout en regardant. Des maléfices ! Beaucoup de maléfices tous différents des siens. Plusieurs personnes encapuchonnées se trouvaient autour de lui, certains maintenaient les maléfices en place, d'autres semblaient préparer une sorte de rites qui malheureusement pour K-Joe avait l'air d'être sacrificielle. K-Joe fut presque déçu, lui qui pensait finir sur l'autel de la pyramide sacrifié par la grande prêtresse pour payer ses dettes. Au final il allait mourir sur ce monde inconnu aux mains d'une secte inconnue. Mourir dans l'anonymat le plus totale n'était-ce pas finalement une juste mort pour lui. Les encapuchonnés continuaient leurs préparatifs sans lui prêter la moindre attention. Il était allongé sur un autel tendu de part et d'autre et complètement immobilisés par divers maléfices. Du peu qu'il pouvait voir dans cette position il y avait peut-être six voir sept maléfices différents. Ces sectateurs étaient-ils comme lui ? Avaient-ils eux aussi un Gilbert ou un Goðtruc dans leur vie ? De ce qu'il en savait il était une aberration pour eux. Toujours personne à l'horizon. Peut-être allaient-ils le tuer sans la moindre explication. Ça n'avait pas vraiment d'importance pour K-Joe, certes ça piquait sa curiosité mais très honnêtement il avait plus hâte d'en finir qu'autre chose. Le pourquoi importait peu au final. Il regarda autour, pas de décoration avec de multiples ossements et portails en tête de morts. Dommage ça avait de la gueule se dit K-Joe en repensant à la dernière fois qu'il avait croisé un de ces fanatiques. Non ici le cadre était assez classique un autel placé au centre d'une gigantesque pièce qui semblait entièrement faites dans un matériau ressemblant à du marbre noir. Différentes inscriptions jonchées le sol et allaient jusqu'au plafond ouvert sur le ciel. Il faisait nuit noire, pas une lune en vue, seulement des myriades d'étoiles. Les encapuchonnés continuaient leurs besognes mais qu'est-ce qu'ils pouvaient bien faire se demanda K-Joe en inclinant sa tête dans leurs directions. Certains semblaient former des signes incompréhensibles avec leurs maléfices sur le sol, les murs et même en l'air. D'autres s'entaillaient et laisser couler leurs sangs pour lier les symboles entre eux. La mise en scène n'était pas si mal après tout se dit K-Joe en continuant de les regarder. Lorsqu'ils eurent fini, ils se retirèrent laissant K-Joe seul avec les encapuchonnées qui le maintenaient dans la pièce, ces derniers étaient bien trop concentrés sur leurs tâches pour faire le moindre bruit. Le silence bien que pesant lui permit de se vider l'esprit complétement, il était bien. Il est vrai qu'il aurait pu tenter d'invoquer toute sa puissance, briser ses chaînes et occire tous ses impies en son nom gloire à lui ! Lui... ça aurait bien été la première fois qu'il aurait tué en son nom. Non K-Joe était fatigué de tout ça. La mort pouvait venir le cueillir il était prêt à l'embrasser.

Une porte s'ouvrit, pas trop tôt pensa t'il. De nombreux sectateurs tous habillés dans de longues robes rituelles se placèrent le long de la pièce autour de l'autel à bonne distance. Ils étaient une bonne centaine, moins nombreux c'est sûr pensa K-Joe moqueur en repensant a son échange avec son kidnappeur. Quand on parle du loup se dit K-Joe en le voyant arriver à côté de l'autel dans des vêtements d'apparats bien différents de ceux portés par la foule. Ainsi c'était lui le chef se dit K-Joe. Il le regarda d'un air satisfait et impatient qui n'augurait rien de bon avant de se tourner vers la foule. Il leva les bras vers ses comparses et commença son discours :


- Bienvenue à tous mes très chers sectateurs. Ce soir est un soir bien particulier. Nous avons réussi a capturer et ramener sur nos terres l'aberration !

La foule exulta en scandant divers noms et demandant la mise à mort. Il est vrai que je ne me décrirai pas en des mots très flatteurs mais « aberration » est un peu fort quand même pensa K-Joe en regardant une partie de la foule. L'officiant reprit :

Il est temps de passer au jugement dit-il d'une voix grave en se retournant. Vous êtes accusé d'avoir détourné, tué et volé les pouvoirs de notre divinité du vide le grand Goðtómr. Que plaidez-vous ? Demanda-t-il a K-Joe. K-Joe était bouché bée.

- Non mais vous n'allez pas faire ça ! dit-il agacé.

- Pardon ?

- J'étais prêt bordel ! Qu'on en finisse de toute façon vous allez me tuer ! Quoi que je dise ! Toute cette mascarade ne sert strictement à rien. Arrêter de me faire perdre mon temps et qu'on me sacrifie une bonne fois pour toute allez !


Un silence et des murmures d'incompréhension envahirent la pièce.

- Du calme mes frères dit-il en direction de la foule avant de se retourner vers le prisonnier. Comment avez-vous réussi à devenir l'hôte de notre entité ?

- Mais je n'en sais rien moi dit K-Joe désespéré. Je suis mort d'accord et quand j'ai repris connaissance j'étais dans la dimension du vide avec lui. Il m'a peut-être choisi.

La foule se révolta en attendant ses propos.

- Non-sens ! Vous ne faites même pas parti de notre ordre ! Vous ne connaissiez même pas son vrai nom et vous l'avez affublé d'un surnom insultant !

- Ça ne le dérangeait pas lui, en tous cas il ne s'en est jamais plaint.

- HERESIE !


La foule hua K-Joe qui trouvait ça plutôt amusant.

- C'est si insupportable que ça de se dire que votre divinité s'emmerder tellement qu'il a préféré un hôte qui ne lui léchait pas le cul !

- Comment osez-vous !

- C'est vous qui posez les questions au lieu de me tuer ! Ne venez pas vous plaindre des réponses !


Il prit le temps de calmer la foule en furie avant de revenir à K-Joe.

- Encore un blasphème et vous êtes mort dit-il en menaçant K-Joe avec une dague.

- Pfff j'ai reçu de nombreux coups de dagues dans ma vie dit-il avec dédain en voyant la lame qui n'arrivait même pas au pommeau des dagues elfiques. Vous n'avez aucun moyen de pression. Je serai ravi de mourir maintenant et la vérité vous ne l'encaisserai jamais car elle sort bien au-delà du cadre de vos croyances. De plus vous ne m'avez toujours rien fait parce que vous pensez encore pouvoir le faire revenir et si vous me tuez cette possibilité s'évanouit. Il n'en ai rien ! Faites votre office qu'on en finisse.

L'officiant resta un moment immobile, impuissant face aux réactions totalement imprévues de son prisonnier. Une idée lui vint toutefois, il demanda à plusieurs sectateurs de rejoindre les encapuchonnés qui le maintenaient pour grossir leurs rangs.

- Il y a une chose que nous pourrons au moins récupérer dit-il en faisant remonter son maléfice sur les tempes de K-Joe.

Aussitôt K-Joe revit ce qu'il ne voulait jamais revoir. Ses yeux commencèrent à crépiter devant les provocations de l'officiant. Les sectateurs redoublèrent d'efforts pour le maintenir sous leurs emprises. Le pouvoir de K-Joe fuyait son corps, il le sentait. Le pouvoir extrait commençait à se regrouper dans les différents symboles qui se regroupaient de plus en plus autour afin probablement de tout contenir. Même si K-Joe en avait conscience, il n'arrivait pas à se concentrer suffisamment pour empêcher ça, la douleur et les visions cauchemardesques ne l'aidaient pas du tout. Il n'arrivait pas arrêter le flux et perdait petit à petit en puissance. D'autres sectateurs avaient rejoint l'autel pour maitriser K-Joe à l'aide de leurs maléfices pendant qu'il faisait déferler des vagues de puissances dans toute la pièce.

Mourir n'était pas un problème mais il emmènerait tout ça avec lui ! Hors de question que quelqu'un tombe dans les mêmes travers que lui. Et ces travers il les connaissais que trop bien puisqu'il en revoyait pleins de bribes en ce moment même. Ce pouvoir devait disparaître ! Se dit-il dans une rage guerrière reprenant petit à petit le contrôle.

La situation évoluait bien se disait le maître de cérémonie jusqu'à ce qu'ils se rendent compte que tout le pouvoir extrait revenait rapidement vers K-Joe et que son maléfice ne faisait plus effet. K-Joe le regardait rageusement mais sans la moindre énergie dans ses yeux. Non ! Non ! Non ! cria t'il sentant le fil des évènements lui échapper. Il planta rageusement la dague chargée de maléfices dans le ventre de K-Joe qui expira violemment alors qu'il venait de tout récupérer. Il toussa mais refusa de se régénérer ça aurait tout relancé hors de question ! Il avait ce qu'il voulait, le trépas n'était plus qu'une question de minutes. Il sourit et se mit à rire devant les visages déconfits des sectateurs.

Une secousse violente du bâtiment mis soudain tout le monde à terre, les maléfices disparurent. Le bâtiment entier semblait s'écrouler. Alors que tout le monde était dans l'incompréhension et la panique K-Joe sentit la stèle de l'autel se détacher et l'emmener rapidement hors du bâtiment. Lorsqu'ils s'en rendirent compte les sectateurs lancèrent tous les maléfices possibles à la poursuite de K-Joe. Ce dernier au bord de l'évanouissement sentait la stèle voltiger et esquiver plusieurs attaques pendant que de gros rochers interceptaient d'autres maléfices. Il faillit tomber à plusieurs reprises mais de nombreuses pierres accompagnées son vaisseau de fortune et empêcher toute chute ou atteinte par le moindre maléfice. Derrière lui un bâtiment s'écroulait dans un bruit monstrueux. Il se dirigeait à toute vitesse vers le sommet d'une falaise en bordure de forêt, là se trouvait une jeune femme assise en tailleur enfin... Jeune pour K-Joe. Elle était manchote comme lui mais sans prothèse. Elle tendit sa main alors qu'il arrivait sur elle a toute vitesse. Lorsqu'elle le toucha, ils transplanèrent faisant perdre conscience à K-Joe déjà pas bien vaillant.


Lorsqu'il reprit connaissance il semblait allongé sur de la paille dans une vieille bâtisse en bois. Il faisait sombre, il toucha son ventre, une vive douleur lui fit regretter son geste. Quelque chose enserré fermement son ventre on aurait dit une sorte de soie. Un craquement le tira de sa palpation, il regarda la pénombre quelque chose bougeait mais impossible de savoir quoi. C'était gros assurément.


- Il y a quelqu'un ? se risqua à demander K-Joe.

Il eut pour seule réponse une stridulation aigus. Il tenta de se relever en direction du bruit mais fut rappeler à l'ordre par la douleur. Il regarda aux alentours alors que des bruits de nombreux pas lourds se rapprochaient vers lui. Une fine lumière percée entre ce qu'il semblait être une double porte. K-Joe se mit à ramper vers la porte en essayant de ne pas tenir compte de la douleur. Il regarda en arrière et commença à entrevoir ce qu'il craignait que soi son colocataire. Huit pattes et huit yeux, elle était gigantesque. K-Joe accéléra et atteignit la porte rapidement du moins a son sens. Il se précipita à l'extérieur et recula vivement de la cabane alors que l'araignée, une espèce de mygale géante toute velue sortait doucement de la bâtisse. Pas de dagues ni d'épée, K-Joe était foutu. Certes c'est ce qu'il cherchait mais être dévoré par une araignée n'était pas une mort très enviable tout de même. L'araignée avança, elle était bien plus rapide que lui il n'avait aucune chance. Elle leva une patte, K-Joe ferma les yeux prêts à recevoir le coup, il sentit quelque chose de lourd mais assez doux lui tapoter le corps avec une délicatesse inattendue. K-Joe regarda à nouveau, l'araignée plutôt qu'utiliser ses griffes tapotait son abdomen avec ses coussinets. K-Joe se releva péniblement, l'araignée recula vivement, craintive. C'est une blague se demanda K-Joe pour qui le rapport de force était clair. Elle se rapprocha à nouveau et recommença sa palpation tout en se déplaçant autour de K-Joe et reculant au moindre de ces gestes.

- Jiji ! ce n'est pas un jouet dit une voix féminine derrière K-Joe.

Il se retourna alors que l'araignée partie rejoindre son amie et fit plusieurs bruits de stridulation. Elle lui caressa doucement la tête. La jeune manchote qu'il avait aperçu dans tous le bazar qui lui semblait s'être déroulé la veille, était assise en tailleur sur un rocher plat les yeux fermées en pleine concentration réalisant visiblement quelque chose qui lui demandait beaucoup d'efforts alors que rien ne semblait bouger autour d'eux. Un brouhaha était perceptible de l'autre côté des murs. Faisant fi de l'environnement singuliers qui l'entourait K-Joe se dirigea furieux vers elle.

Je suis désolé je ne suis pas en état de me présenter ni de conv...

K-Joe la saisit brutalement malgré la douleur qui irradiait tout son corps. Le brouhaha extérieur s'arrêta.

Non ! Attendez !

- Pourquoi as-tu fait ça ?! A chaque fois que j'ai ce que je veux tu es là pour tout bousiller !

- Je... Hum, je suis désolé mais on n'a vraiment pas le temps pour ça pré...


K-Joe allait la frapper mais fut stoppé net par Jiji qui le repoussa violemment en arrière d'un coup de patte. Alors que l'arachnide le chargeait, elle fut arrêtée par la jeune femme qui la retint et finit par arriver à la calmer. Elle se remit rapidement sur le rocher et recommença sa transe. Le brouhaha reprit. K-Joe se releva péniblement, du sang commençait à transparaitre à travers la soie qui enserrait son corps.

- Peux-tu t'en occuper Jiji s'il te plaît demanda t'elle essoufflée.

L'araignée émis une stridulation puis se rua sur K-Joe qui n'eut pas le temps de réagir. Elle le manipula comme si c'était une vulgaire marionnette. Elle retira la soie qui lui servait de pansement pour en refaire un tout neuf avant de le laisser retomber comme une crotte au sol. Elle lui stridula dessus rageusement puis repartit auprès de la jeune femme. Mais bordel pensa K-Joe complétement désorienté et incapable de se relever pour le moment. La douleur était toujours là mais moins violente. Il regardait les murs de pierre qui s'élevait très haut dans le ciel tout autour d'eux. Ils étaient dans un large cercle de prairie/foret entouré par des hauts murs de pierre. Le temps bien que magnifique ne pouvait faire parvenir qu'une faible lumière au sein de ces murs ce qui donnait une atmosphère très crépusculaire à l'ensemble. Il finit par se relever et se dirigea à nouveau vers la jeune femme. Jiji se mit devant stridula méchamment en position d'attaque les pattes levées.

C'est bon Jiji, laisse-le passer.

L'araignée s'écarta mais resta pas loin en position d'attaque.

Vos amis nous ont suivi jusqu'ici.

- Ce ne sont pas mes amis.

- J'avais compris.

- Pourquoi ne m'as-tu pas laisser mourir ?

- Vous ne le savez peut-être pas mais autrefois vous m'avez sauvé la vie.

- Je ne me souviens absolument pas de toi.

- Aucune importance. Dans tous les cas, hors de question de vous laisser mourir.

- Mais c'est dingue ça ! On ne se connait même pas !

- Je m'appelle Lyanne.

- K-Joe. Mais ce n'est pas la question !

- Ecoutez on aura le temps d'en reparler plus tard si vous voulez bien. Présentement il y a plus urgent à gérer.

- Qu'est ce que tu fais exactement ?

- J'envoi en continue des vagues de murs de pierre pour repousser ces gens qui veulent vous tuer.

- Ça marche vraiment ?
demanda K-Joe dubitatif.

Au vu de ses propres pouvoirs il était persuadé de passer un obstacle comme celui là en un rien de temps. Elle ouvra les yeux un instant et vit son air incrédule avant de se reconcentrer.


- Ils n'ont pas les mêmes pouvoirs que vous. Ils arrivent à traverser trois, quatre murs mais finissent par se faire repousser. Et je ne leur laisse pas le temps d'utiliser leurs portails.

- Je pourrais tous vous immobiliser d'un coup avec mes maléfices murs ou pas murs.

- Je pense qu'eux doivent-être proche de leur cible. Quand je vous ai extirpé de leur repaire leurs sorts avaient une portée limitée.

- Et tu comptes les repousser comme ça encore longtemps ?

- J'ai tenté d'en tuer certain mais ça n'a pas fonctionné. Je suis vraiment désolé. Pour être franche j'espérais que vous mettriez un terme a tous ça.

- Moi ?! Tu délires !

- Vous n'en êtes pas capable ?

- Non enfin si ! Tu m'emmerdes avec tes questions ! Pourquoi tu ne nous transplane pas ailleurs ?

- Ils vous suivent peu importe le plan. Ça prend parfois plus de temps que d'autres mais ils finissent toujours par vous retrouver.

- Attends tu as déjà essayé ?

- Ça va bientôt faire une semaine que vous dormez.


Diantre pensa K-Joe.

- Bon laisse-moi là et fuyez toi et Jiji. De toute façon cette histoire ne te concerne pas.

- Je refuse. J'ai décidé de vous dédier ma vie.

- Mais on ne se connaît même pas !
lui hurla K-Joe.

- Si vous choisissez de mourir ici, je mourrais avec vous.

Mais qu'est ce que c'est que cette histoire de dingue encore hurla K-Joe intérieurement !

- Lyanne, tu ne les retiendras pas éternellement, tu es déjà à bout de souffle. Je ne sais pas depuis combien de temps tu fais ça mais tu ne tiendras plus très longtemps et...

- Soit vous nous sauvez, soit nous mourrons tous ici. Je m'en remets à votre décision.

- Et Jiji dans tout ça ?!
dit K-Joe ne sachant plus quoi dire pour la faire changer d'avis.

- Vous pouvez la sauver.

- Tu es une emmerdeuse de première toi ! Et si tu as décidé de me dédier ta vie commence déjà par obéir à mes ordres ! Fous le camp d'ici !

- Je refuse.


Si Jiji n'avait pas été là il l'aurait giflé, re-giflé, sur-giflé etc. Son coté obstiné lui rappela un peu Jyro. Voyant qu'il n'arriverait à rien à essayer de la raisonner il réfléchit à la situation. Tuer ces impies sauverait probablement des milliers de vies en plus des leurs. En bonus ce serait un merveilleux tribut pour le dieu maléfique gloire à lui. Enfin Jyro ne le retrouverait probablement que dans quelque mois il n'en saurait rien. K-Joe prit sa décision il élança son bras vers le mur ciblant les sectateurs qui se trouvaient au-delà et déploya tous ses maléfices pour les immobiliser une bonne fois pour toute. Un sourire machiavélique se dessinait sur son visage alors qu'il déployait son pouvoir les yeux étincelants. Lyanne n'en perdait pas une miette. Néanmoins les maléfices n'atteignirent pas leurs cibles qui semblaient protéger par un champ de force. K-Joe retenta à plusieurs reprises avant de se résigner. Il était en colère que cela est échoué lui qui n'avait jamais eu de mal à se débarrasser de quiconque comme ça.

- Les maudits ! pesta t'il.

Lyanne reprit sa transe alors que K-Joe réfléchissait à un autre moyen de venir à bout de leurs assaillants. Visiblement ses pouvoirs étaient inefficaces contre eux. Une idée complétement folle vint soudain à son esprit dément.

Combien de temps peux-tu tenir comme ça ?

- S'ils continuent ainsi, pas plus d'une journée.

- Je reviens
lui dit-il avant de disparaître à travers un de ses portails.

Lyanne n'eut pas le temps de répondre. Il avait dit qu'il reviendrait et elle avait une confiance totale en lui. Elle redoubla d'efforts pour repousser les ennemis qui se rapprochaient toujours un peu plus. Elle réussit à tenir la position une bonne partie de la journée repoussant vague après vague.

Epuisée physiquement et magiquement Lyanne tenait uniquement au mental au début de la nuit. Lorsque le jour pointa à l'horizon ils atteignaient presque la base du mur d'enceinte. N'arrivant plus à les repousser elle tenta le tout pour le tout dans une dernière attaque. Elle fit tomber une large partie du mur d'enceinte sur eux. L'énorme plaque géante de pierre percuta le sol violemment et se brisa en millions de morceaux. L'onde de choc fit trembler la terre et son écho pouvait être entendu à des kilomètres. Un nuage de terres et de poussières avait été soulevé jusqu'au ciel et retombait doucement. Lyanne se releva aidé par Jiji et essaya de distinguer quelque chose. Avait-elle réussi finalement ? La poussière finit par retomber et des silhouettes émergèrent indemnes des décombres. Chiotte pensa Lyanne avant d'être totalement immobilisée, elle et Jiji par des maléfices.

Les sectateurs prirent le temps de se regrouper et d'avancer prudemment jusqu'à Lyanne. Un constat amer, pas un seul n'avait péri. Elle était à bout de force. Le chef s'avança.


- Tu vas regretter tout ça. Maintenant dis-moi combien de pattes je dois arracher à cette immonde créature avant que tu me dises où il est ? demanda-t-il en désignant Jiji.

Lyanne sourit.

- Vous ne le retrouverez jamais. Il est parti.

- Tu as fait bien des efforts pour quelqu'un qui t'as abandonné. Mais ne t'inquiète pas, nous allons tous te remercier comme il se doit à sa place
dit-il un sourire narquois sur le visage.

- Vous ne serez pas les premiers répondit-elle effrontément.

Décidemment personne ne réagit comme il l'entendait se dit-il agacé. Six portes sur le néant s'ouvrirent soudain face à eux. De gigantesques bêtes en sortirent, elles étaient quadrupèdes de forme assez féline et massive, leurs pattes étaient griffues. Leurs mâchoires formaient la moitié de leurs têtes et laissée dépasser de nombreuses dents. Pas d'yeux ni d'oreilles ou de nez. Leurs corps étaient d'une matière ondulante violette et noir assez surprenante, elle formait des pics a divers endroits de leurs corps. Elles étaient entourées de volutes de fumée noire. K-Joe sortit sur le dos d'une d'entre-elles, il avait l'air au bout de sa vie mais assez conquérant dans cette position. Les créatures continuaient à sortir alors que les sectateurs commençaient à reculer.

- Régalez-vous ! Hurla K-Joe.

Les créatures déferlèrent sur les sectateurs forts dépourvus face à ce retournement de situation. Certains tentèrent de faire disparaître les bestioles dans des portails mais ce fut bien évidemment inutile. Tous leurs pouvoirs étaient inefficaces contre elles. D'autres voulurent fuir mais furent rattraper avant de réussir à passer leurs portails. Les créatures faisaient un massacre, elles désintégraient tout ce qu'elles touchaient. Très vite le nombre d'ennemis diminua.

K-Joe chargea le chef avec sa monture ce dernier lançait des maléfices a son encontre. K-Joe réussit à les esquiver mais fut déséquilibré par un soubresaut de la bête. Un maléfice le percuta de plein fouet au front. Alors qu'une douleur s'insinuait dans son crâne, une fumée noire s'échappait de son front. Le chef arrêta ses attaques voyant la mort venir sur lui à toute vitesse.


- Je n'aurais pas le plaisir de voir ta chute mais elle sera douloureuse dit-il avant d'inspirer profondément en fermant les yeux.

La bête le trancha en deux d'un coup de patte. Il rigolait alors que les restes de son corps se désintégrait. Lyanne se précipita sur K-Joe qui chutait de sa monture. Jiji n'osait pas approcher des bêtes et restait en arrière en position défensive. La fumée noire finit par se dissiper du front de K-Joe. Lyanne pu voir une marque noire ancrée dans sa peau. Son sens lui était inconnu, elle préféra se focaliser sur K-Joe.

- Vous allez bien ?

- J'ai connu mieux
dit-il péniblement.

- Je vais vous aider à vous relever dit-elle en mettant son bras par-dessus ses épaules.

- Je suis désolé ça m'a pris plus de temps que prévu.

- Vous êtes revenu c'est le principal.


Ils se relevèrent, tous les sectateurs avaient été désintégrés.

Je vais avoir besoin de ton aide Lyanne.

- Tout ce que vous voudrez.

- J'ai promis à ces créatures un monde rien que pour elles. Le mieux ce serait un monde sans humain, j'en connais plusieurs mais je ne suis pas un arpenteur.

- Je connais un plan qui serait parfait pour elles.


Après avoir repris quelques forces K-Joe fit rentrer ses bêtes dans un portails. Puis Lyanne transplanna avec lui et Jiji vers le monde en question.

Arrivée là K-Joe reconnut tout de suite les lieux. Il se tourna vers Lyanne dans l'incompréhension.


- Comment connais-tu ce plan ?

- J'y suis née.

- C'est impossible... C'est le premier plan que j'ai éradiqué.

Edité 2 fois, dernière édition par maitredragon Le 28/04/2022

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maitredragon - Chevalier - Le 13/06/2022

Le soleil se couchait sur la prairie, Lyanne caressait tranquillement Piers son chien, elle semblait minuscule à côté de lui. Il faut dire que le molosse était particulièrement énorme même pour sa propre espèce. Une meute de loup entière n'aurait pas sa chance face à lui. Lyanne du haut de ses huit ans prenait soin de son chien, elle brossait ses longs poils blancs tous les jours, vérifiait ses longues dents, ses petits yeux en amande et ses larges oreilles régulièrement. C'était surtout son seul compagnon durant ses longues journées de gardiennage. Elle discutait souvent avec lui bien que la conversation soit à sens unique malgré quelque réactions occasionnelles du toutou. Parfois le fils du Talmelier, Milon venait lui rendre visite. C'était assez rare, son aide étant requise par son père au moulin. Lyanne le voyait principalement quand elle accompagnait sa mère acheter du pain. Mais de temps en temps il arrivait à se dégager de ses obligations pour venir la voir un après-midi pour son plus grand plaisir. Ils jouaient ensemble apeurant les brebis au grand dam de Piers qui devait rattraper leurs âneries. C'était le seul ami qu'elle avait au village en dehors de son chien évidemment.

Il était temps de rentrer les bêtes à la ferme. Elle donna le signal a Piers qui bondit autour des brebis pour les regrouper et les guider. Une bonne heure de marche plus tard à la tombée de la nuit, Lyanne enfermait les brebis dans leur enclos après s'être assurée qu'il n'en manquait pas une seule et avoir vérifié l'état de chacune des bêtes. Elles n'étaient pas encore bonnes pour la tonte mais la traite aurait surement lieu demain après la messe se dit Lyanne en inspectant le troupeau. Trente-deux brebis, le compte est bon se réjouit-elle. Une manquante lui aurait valu son repas et une chasse par sa mère. Piers se mit à son poste de garde, Lyanne lui fit un bisou et un énorme câlin avant de rentrer dans la bâtisse. Fèves et pain de seigle au repas comme tous les soirs. Elle lava ses mains dans le pot à eau avant de se mettre à table. Sa mère semblait fatiguée comme tous les soirs. Elles prièrent la grande Oghmar puis mangèrent en silence. A chaque fois que Lyanne avait essayé d'en savoir plus sur son père, sa mère lui répondait en lui mettant un taquet. Elle avait fini par arrêter de poser des questions. Elle avait hâte d'aller à la messe demain, Lyanne adulait la légendaire Oghmar mais surtout aller à la messe impliquait que sa mère et elle allaient s'apprêter pour l'occasion. Prendre un bain, se laver, brosser ses cheveux et s'habiller de ses plus beaux vêtements avec sa mère étaient des moments qu'elle chérissait tout particulièrement. Elle s'endormit dans le lit contre elle avec ses belles promesses.

Le matin même tout se passa comme elle l'avait rêvé. Elles allèrent aux ruisseaux pour se laver, sa mère lui lava et brossa les cheveux pendant qu'elle regardait le beau ciel gris au-dessus d'elles. Elle fit de même pour sa maman puis elles mirent les seules robes un peu jolies qu'elles possédaient avant de se diriger vers l'église du village. La messe rendit hommage aux faits d'armes d'Oghmar et tous les paroissiens promirent de traquer et massacrer tous les détenteurs de magie. Elles étaient de ferventes croyantes comme le reste du monde ! Il ne pouvait en être autrement. La messe était orchestrée par le seigneur du village, un homme gracieux et opulent. Une fois la messe terminée, Lyanne et Milon attendirent leurs parents qui donnaient leurs contributions hebdomadaires aux cultes. Le père de Milon revint et reparti au moulin avec son fils. Lyanne vit sa mère arriver près d'elle l'air abattue.


- Lyanne rentre à la maison et occupe-toi du troupeau.

- Ça ne va pas maman ?

- Ne t'inquiètes pas je règle juste une affaire avec le seigneur allez va !
dit-elle avant de retourner dans l'édifice.

Certaines semaines coïncidant avec une contribution plus faible, elle restait avec le seigneur. Peut-être la disputait-il de ne pas donner assez pour le culte de notre sauveuse se dit Lyanne en atteignant la ferme. Elle sortit les brebis avec Piers et partit vers les montagnes. Une fois arrivé elle s'installa comme à son habitude et se mit à papouiller Piers heureux comme tout. Elle espérait que sa mère ne se ferai pas trop disputer par le seigneur. Soudain elle repéra Fulbert et Augustin deux chasseurs du village qui titubaient vers son troupeau. Sa mère lui avait déjà dit qu'ils étaient plus habitués à la taverne qu'à la foret et qu'il ne fallait pas les approcher. Néanmoins elle alla à leur rencontre car ils commençaient à se montrer agressifs envers ses brebis.

- Eh vous n'avez pas le droit de leur faire du mal ! Leur invectiva Lyanne.

Ils étaient saouls comme cochons. Fulbert la regarda de manière méprisante avant de lui mettre une claque du revers de la main, ce qui la propulsa par terre. En un éclair Piers lui sauta à la gorge. Son comparse mis un peu de temps à réaliser ce qu'il se passait avant de reculer et s'armer de son arbalète. Lyanne encore sonnée le vit mettre en joug son chien. Réalisant qu'il allait le tuer elle élança sa main vers lui en criant « non » désespérément. Un pic rocheux jaillit du sol et empala Augustin. Piers se releva et recula surpris, Fulbert était déjà mort, l'autre gisait avec un énorme rocher à la place du ventre, son corps tressaillant par moment. Lyanne était sous le choc, elle venait de tuer un homme et qui plus est avec de la magie ! Des larmes coulèrent le long de ses joues, comment était-ce possible ?! Elle qui était totalement dévoué à Oghmar comment pouvait-elle être du mauvais côté. Elle commença à regarder frénétiquement partout pour trouver une autre cause qui aurait fait jaillir ce piton rocheux. Evidemment elle ne trouva rien, Lyanne se mit à trembler, des hauts le coeur lui donnaient la sensation de violents coups de poings répétés dans son ventre. Elle finit par vomir mais ça ne la calma pas. Piers inquiet lui fit une léchouille sur le visage mais ça ne fonctionna pas non plus. Elle voulut fuir, rentrer à la maison, se blottir contre sa mère. Sa mère... Elle aurait la solution elle pourrait l'aider se dit Lyanne voyant une lueur dans toute cette pagaille. Elle redescendit à la ferme oubliant Piers et ses brebis. Une fois arrivé là elle pénétra dans la bâtisse et vit à son grand soulagement qu'elle était rentrée. Elle voulut se jeter sur elle et lui dire tout ce qu'il s'était passé mais voir sa mère en pleurs la stoppa net. Cette dernière regarda sa fille étonnée et essaya de cacher les larmes sur ses joues.

- Maman... pourquoi tu pleures ? C'est le seigneur qui t'a trop disputé ?

- Occupes toi de toi tu veux ! Et d'abord qu'est-ce que tu fais là ?! Où sont les bêtes ?!


Lyanne réalisa soudain qu'elle avait laissé Piers et ses brebis dans les montagnes. Elle ne trouvait plus ses mots, elle ne s'attendait pas à trouver sa mère dans un tel état. Tout se mélangeait dans sa tête.

- Je... Ils... sont avec... ils sont avec Piers, oui Piers.

- Tu as laissé les bêtes seules ?!
gronda sa mère en avançant vers elle menaçante. Lyanne commença à reculer.

- Maman... euh... il s'est passé quelque chose... j'ai...

Sa mère la gifla très fort au point qu'elle tomba par terre avant de la trainer jusque dehors par les cheveux.

- Va récupérer les bêtes et dépêche-toi ! Et tu devrais prier Oghmar pour qu'il n'en manque pas une ! Autrement je vais te tomber dessus aussi sûrement que notre déesse a châtié tous les impies de notre monde !

Lyanne était assise dans la boue, elle voulait tout dire à sa mère pour qu'elle l'aide. Mais ses derniers mots lui ramenèrent une vérité que le désespoir lui avait fait occulter. Sa mère ne pouvait pas l'aider, si elle savait ce qu'il s'était passé là-haut elle la tuerait aussi sûrement que n'importe qui au village. Lyanne était seule. Pour la première fois de sa vie elle éprouva une insécurité terrifiante à être à proximité d'elle. Lyanne prit ses jambes à son cou poussée par une peur viscérale de mourir des mains de sa propre mère. Elle devait fuir loin du village ! Loin de tout ! Non ! Ça ne servirait à rien, le culte s'étendait dans le monde entier. Elle serait menacée n'importe où ! Que pouvait-elle faire ?! Rester au village ? Et si elle utilisait à nouveau la magie ? Elle ressentie du dégout envers elle-même a cette idée. Il devait y avoir un moyen de supprimer ça en elle. Le moyen elle le connaissait... L'idée de mettre fin à ses jours lui traversa l'esprit parmi la myriade de pensées qui déferlait dans sa tête. Lorsqu'elle arriva à destination, l'ascension avait semblé durer à peine une minute. Piers remua la queue en courant vers elle heureux de la revoir. Elle le caressa sans lui prêter la moindre attention, ni à lui ni aux brebis. Les corps sans vie d'Augustin et Fulbert étaient toujours là et personne ne semblait venir à l'horizon. Qu'allait-elle faire maintenant ? Il fallait cacher ça. Elle regarda les cadavres, regarda son chien, est ce que Piers pourrait les manger ? Non elle ne voulait pas lui demander ni lui ordonner ça. Elle pensa aux bêtes de la forêt qui seraient probablement ravies d'avoir quelque chose à se mettre sous la dent. Un problème subsistait néanmoins, comment enlever le corps d'Augustin du rocher. Il était hors de question d'utiliser la magie ! Elle essaya de tirer fort sur une de ses jambes puis l'autre mais sans succès. Elle demanda à Piers qui finit par arracher une jambe et la déposa à ses pieds tout content. Elle fut prise d'un relent de dégout et faillit vomir encore une fois. Lorsque Piers tira sur l'autre jambe un coté du cadavre se déchira faisant tomber l'ensemble lourdement au sol de manière complétement désarticulé. Cette fois Lyanne vomit pour de bon. Ils emmenèrent ensuite les corps dans la forêt en contre-bas. Elle ne parlerait de ça à personne pas même Milon. Quant à ses pouvoirs il fallait prier pour que ce genre d'incident ne se reproduise pas. Mais prier qui ? Ohgmar ?! Lyanne ne savait plus en qui ou quoi croire. Le troupeau s'était éparpillé mais Piers regroupa toutes les brebis en un rien de temps. Il n'en manquait pas une seule compta Lyanne chanceuse avant d'entamer le retour à la maison. Elle regarda en arrière une dernière fois pas très sûr d'elle puis finit par commencer à redescendre.

Les jours qui suivirent Lyanne vécue dans la peur, peur de sa mère, peur des villageois, peur qu'on découvre ce qu'elle avait fait. La disparition des deux chasseurs fut remarquée, provoquant des recherches. Les restes des corps furent retrouvés et la cause de la mort qui fut retenue était l'attaque de bêtes sauvages. L'enterrement eu lieu au village et Lyanne et sa mère y participèrent. Milon remarqua que son amie n'était pas bien. Il essaya de la réconforter du mieux qu'il le pouvait sans vraiment comprendre le problème. La vie continua tranquillement comme à son habitude exceptée que Lyanne n'emmenait plus paître les moutons au même endroit.

Une année passa sans nouveaux incidents, toutefois Lyanne dû redoubler d'efforts pour réprimer tout ce qu'elle ressentait en elle depuis l'incident. En effet depuis ce jour elle percevait son environnement différemment. Elle sentait chaque roche et chaque roche lui apportait un peu plus d'informations tous les jours. Elle essayait de ne pas en tenir compte mais ce flux devenait de plus en plus important avec le temps. Lyanne sentait que tous ce qui était fait de pierres autour d'elle obéirait au moindre de ses mouvements. Ça la terrorisait. Pour éviter tout débordement elle contrôlait ses émotions et évitait toutes colères ou autres sentiments qui pourraient engendrer une perte de contrôle. Ça l'épuisait au quotidien dans sa vie de ferme déjà éprouvante. Les courses et messes au village et la vie avec sa mère étaient devenues insoutenables. Elle ne se sentait plus à sa place parmi eux et craignait d'être découverte à chaque instant. Elle arrivait à souffler un peu avec Piers et Milon mais ces moments étaient trop éphémères. A l'aube de ses 11 ans épuisée par tant d'efforts et n'arrivant plus à réprimer son pouvoir, Lyanne comprit qu'elle allait finir par devenir folle ou mourir à ce rythme. Elle retourna sur les lieux de l'incident, vérifia qu'elle était bien seul avec Piers et son troupeau, puis tendit sa main vers le pic rocheux qu'elle avait fait jaillir jadis. Elle ressentait toutes les aspérités et forme de la roche, elle décida d'entrer en communion avec lui. Elle tendit sa main vers lui, d'un mouvement léger du poignet, l'énorme rocher décolla du sol. Lyanne savait que c'était une malédiction mais elle ne put empêcher son euphorie en voyant ce qu'elle pouvait faire. Elle manipula l'énorme roc à sa guise, elle sentait tout ce qui l'entourait et décida de faire émerger et déferler son pouvoir comme jamais. Elle laissa libre cours à son imagination et créa, détruit et recréa encore et encore jusqu'à ne plus en pouvoir.


A partir de ce moment, sa vie chez sa mère et au village s'améliora considérablement. Ces exercices quotidiens lui procuraient un contrôle sur ses capacités qui s'accrut d'années en années. Les roches lui permettaient d'éviter la moindre surprise à des kilomètres à la ronde lorsqu'elle pratiquait. Personne ne pouvait la voir sans qu'elle le sache et surtout qu'elle le veuille. Elle arrivait à vivre avec son pouvoir. Toutefois elle vivait assez mal le fait de mentir à sa mère et surtout à Milon qui l'avait beaucoup soutenue durant toutes cette période difficile. Ce qu'elle éprouvait pour lui était inavouable car cela rendrait la situation beaucoup trop compliquée. Les choses se compliquèrent encore plus lorsque peu après ses 15 ans il lui déclara ses sentiments et l'embrassa vigoureusement. Elle accepta malgré tout d'être à ses côtés car il la rendait si heureuse. Elle culpabilisa beaucoup de lui cacher sa nature et souffrit de ses croyances qui pour elle étaient maintenant clairement erronés. Néanmoins elle vécue des années merveilleuses à ses côtés. Ils eurent leur propre maison mais continuèrent d'aider leurs parents à la ferme et au moulin. Peu de temps avant leur mariage elle prit la décision risquée de tout lui avouer, elle avait 19 ans. C'était l'homme de sa vie et continuer à lui mentir n'était plus possible pour elle. Elle l'emmena sur son terrain d'entrainement.

- Pourquoi m'as-tu amené ici Lyanne ? lui demanda t'il.

Elle le regarda gravement.


- Tu m'aimes ?

- Bien sûr que oui lui répondit-il sans la moindre hésitation.

- Peu importe ce qu'il pourrait arriver ?

- Peu importe.

- J'ai quelque chose à te montrer
dit-elle hésitante.

Joignant le geste à la parole elle fit sortir du sol plusieurs rochers qu'elle manipula devant lui. D'abord très surpris Milon s'éloigna d'elle apeuré. Elle arrêta sa manipulation et fondit en larmes.
Je suis fatigué de cacher ça, si tu savais à quel point. Je ne savais vraiment pas comment te le dire.
Milon resta prostré ne sachant pas quoi dire ni faire.


Dis quelque chose s'il te plait le supplia-t-elle.

Il ouvrit la bouche mais aucun mot ne sortit ne faisant qu'augmenter la détresse de Lyanne. Il finit par s'approcher et la prit dans ses bras. Elle s'effondra dans son étreinte. Elle finit par lui raconter toute l'histoire depuis ses 8 ans. Il fut très compréhensif et réagit vraiment bien, en tous cas bien mieux que ce à quoi elle s'attendait. C'était vraiment l'homme de sa vie. Ils rentrèrent chez eux et conçurent leur premier enfant cette nuit-là, Lyanne en était persuadée. Le lendemain matin il l'embrassa avant d'aller au moulin, elle était vraiment heureuse. Elle prit le temps de bien déjeuner, papouiller le vieux Piers, la pauvre bête vieillissante était aujourd'hui aveugle et paralysée. Elle se prépara pour aller aider sa mère à la ferme lorsque son fiancé rentra. Elle était tellement heureuse qu'elle avait complétement occulté sa vigilance rocheuse. Elle aurait pu ainsi voir qu'il l'avait dénoncé et que tout un contingent du culte l'attendait en embuscade à l'extérieur de chez eux. Mais elle était heureuse et agréablement surprise de le revoir si vite, elle lui sauta au cou pour l'embrasser lui donnant l'opportunité de l'assommer.

Lyanne émergea difficilement avec une douleur vive à l'arrière du crâne. Elle essaya de se gratter mais ses mains étaient retenues. Elle était maintenue debout bras et jambes écartées par des chaînes dans une geôle du culte. Ces pieds et mains étaient enfermés dans des fers spécialement conçues pour empêcher l'émergence des pouvoirs magiques. Elle commença à paniquer, que c'était-il passé ? Où était Milon ? Pourquoi elle était enfermée ici ? Les réponses elle les connaissait mais ne voulait pas les admettre. La porte principale s'ouvrit laissant passer le seigneur et plusieurs cultistes. Ce dernier qui la révulsait depuis plusieurs années commença à enlever sa robe.

- Tu me rappelles ta mère... Mais plus jeune lui dit-il un sourire en coin.

En plus des nombreuses visites du seigneur et ses cultistes, elle avait droit à des séances de tortures importantes. L'objectifs étant d'avoir ses aveux, savoir si elle avait des complices et si oui où ils se trouvaient. Hormis ses pouvoirs dont elle avouait tout ce qu'on lui demandait, elle n'avait malheureusement rien d'autres à confesser. L'horreur atteint son comble lorsqu'ils torturèrent son vieux chien devant elle, Lyanne fut forcée de regarder jusqu'à ce que Piers rende l'âme. Comment Milon avait pu être d'accord avec tout ça cria t'elle intérieurement.

Un mois après son enfermement elle fut jugée coupable de sorcellerie et condamnée à la pendaison par l'église. On lui passa la corde au cou sur la place publique et alors qu'elle attendait qu'on la libère de cet enfer elle put voir Milon et sa mère dans la foule. Ils ne semblaient ni tristes, ni choqués par son état, non. Ils la huaient et semblaient attendre impatiemment sa mise à mort avec le reste de la foule. Lyanne brisée physiquement et mentalement perdit le peu d'humanité qui lui restait. Elle les maudits tous rageusement ! Elle remarqua soudain quelque chose d'étrange à l'entrée du village. Un homme où ce qu'il semblait être un homme mélangé aux ombres qui l'accompagnaient pénétra dans la rue principale et fit déferler des vagues d'une étrange magie noire sur la foule. Dans un concert de hurlements les villageois furent tous transformés et maintenus sans pitié en un amas d'horreurs en constante souffrance. Lyanne exulta, ce spectacle était jouissif pour elle car elle ne pouvait rêver mieux. Cet homme si tant est que cela en soit un était le châtiment qu'elle avait invoqué contre eux, elle lui en serait à jamais reconnaissante. Elle ricana, démente alors que tous mourraient autour d'elle, elle rit de plus belle quand Milon et sa mère furent transformés en ces immondices à leurs tours. Son sauveur dirigea sa magie contre elle, Lyanne ferma les yeux, reconnaissante de cette libération bienvenue. Elle le remercia et alors qu'elle était prête à accueillir la mort, quelque chose s'embrasa en elle. Ses pieds quittèrent la terre ferme, elle sembla flotter à toute vitesse un bref instant, elle ouvrit les yeux alors qu'un déferlement d'étoiles achevaient de défiler sous ses yeux puis elle tomba lourdement sur le sol. Plus d'entraves ni de corde au cou, complètement vidée de son énergie. Le coeur encore battant ne comprenant pas ce qu'il venait de se passer, Lyanne resta prostrée au sol. Un sol dur et froid, lorsqu'elle put enfin se relever elle vit qu'elle n'était plus du tout dans son village. L'environnement qu'elle avait sous ses yeux n'avait rien à voir avec tous ce qu'elle avait connues. Les roches elle-même étaient différentes.


Elle apprit plus tard le concept du multivers et qu'elle appartenait à un groupe d'individus appelés les arpenteurs. Ces derniers avaient la capacité de voyager à travers les différents plans du multivers. Elle passa un peu plus d'une année sur ce plan, le temps de se remettre physiquement du calvaire qu'elle avait vécue. Lyanne décida ensuite d'arpenter le multivers, développant ses pouvoirs, sa haine envers les hommes et toutes formes de cultes. La vie humaine n'avait plus aucune valeur pour elle dorénavant. Sa captivité avait laissé des séquelles irréversibles sur sa personne. Ceux qui avait le malheur de la rencontrer voyait assez vite qu'elle était démente. Malgré son aversion pour les hommes, elle voulait à tout prix retrouver son sauveur.

Après plusieurs années à parcourir le multivers, Lyanne retrouva un peu de sa santé mentale. Elle se sentait prête et retourna sur son monde d'origine. Elle se rendit à son village en perdition plus aucun être humain n'y vivait. Elle s'attendait à retrouver les horreurs dont elles se souvenaient, ce moment étant gravés à jamais dans sa mémoire. Mais il n'y avait rien, elle retourna dans sa maison ainsi que la maison de sa mère. Cette époque lui semblait si lointaine, si irréel maintenant. Elle parcouru le plan, visita de nombreuses villes et village. Tous désert. Après plusieurs mois à arpenter les terres elle finit par trouver un être humain. Un homme qui vivait seul dans une forêt au bord d'un lac. Le cadre était vraiment magnifique. Ce dernier portait des lunettes de pyromanciens, Lyanne avait déjà eu affaire à eux, elle avança prudemment. Elle arriva silencieusement derrière lui, un homme costaud mais vieillissant. Il se retourna juste avant qu'elle l'entoure de pointe rocheuse tout autour du cou.


- Qui êtes-vous ? demanda-t-elle au vieux.

- Liam GALANDYR répondit-il promptement.

- Et qu'est-ce que fait un pyromancien tout seul ici Liam ?

- Un quoi ?


Visiblement il ne savait pas de quoi il s'agissait. A y regarder de plus près ses lunettes était différentes de celles des pyromanciens. Elle lui enleva voyant un bref instant ces yeux si particuliers. Il sembla ébloui et incapable de garder les yeux ouverts à la lumière du jour.

- Quel est le problème avec vos yeux ?

- Je ne suis pas originaire d'ici, il fait nuit en permanence sur mon monde.

- Je vois
dit-elle en remettant les lunettes en place.

Alors qu'il ouvrait les yeux, il appuya sur une sorte de petit tromblon qu'il avait pris dans ses mains à son insu. Surprise Lyanne renvoya le projectile par reflexe juste avant qu'il pénètre sa peau. La balle transperça le ventre du vieil homme avant de se perdre dans les bois. Il mit la main sur la plaie béante et tomba doucement au sol. Il mourut peu de temps après. Pourquoi avait-il fait ça ? C'était stupide ! Bon ce n'est pas comme si elle n'avait pas prévu de le tuer se dit Lyanne mais elle avait encore des questions. Que pouvait-il bien faire ici se demanda t'elle en regardant les alentours. Le lac avait quelque chose d'anormal, quelque chose de magique et d'extrêmement puissant. Plusieurs barrières magiques l'empêchaient d'approcher.

Elle prit le temps, c'est-à-dire un peu plus de deux ans, de détruire chaque barrière magique une à une. Elle finit enfin par accéder au fond du lac, un cercueil reposait dans le fond à côtés de la dépouille d'une femme. Elle n'y preta guère attention car l'homme qu'elle recherchait depuis tant de temps était allongé dans ce cercueil une épée noir ébène plantée dans le ventre. C'était lui ! Se dit-elle tout excitée en emmenant le cercueil hors de l'eau. Elle voulut retirer l'épée mais un picotement devenant de plus en plus douloureux à mesure qu'elle approchait sa main du pommeau lui fit renoncer. Cette épée n'était clairement pas ordinaire. La personne qui avait mis en place tout ça voulait assurément que personne ne retrouve son sauveur. Elle devait l'emmener dans un endroit plus sûr ou elle prendrait le temps de le libérer. C'était déjà probablement un miracle qu'elle ait eut autant de temps sans se faire repérer. Lyanne transplanna avec le cercueil sur un autre plan dans une crypte qu'elle avait purifiée de son culte jadis. Là elle aurait tout le temps qu'il lui faut et l'environnement lui donnait un avantage tactique considérable si jamais on la retrouvait. Elle prit le temps de le regarder, il était beau. Tous les hommes méritaient de mourir mais lui, lui méritait qu'on meure pour lui. Par sécurité, elle plaça de la Drara en poudre dans ses vêtements. Il s'agit d'une pierre spécifique extrêmement rare dont elle avait réussi à trouver un échantillon dans le multivers. Si jamais il disparaissait durant ses déplacements elle serait capable de le retrouver grâce à ça où qu'il soit dans le multivers. Elle essaya sur plusieurs mois d'enlever l'épée via des roches, de le réveiller, de briser l'épée, briser le sceau etc. Rien n'y fit, elle commençait à envisager sérieusement de tirer sur l'épée à mains nues lorsqu'un arpenteur tout en métal transplanna dans la pièce avec une immense guerrière. Il lui somma de s'éloigner de son sauveur, c'était donc lui qui l'avait enfermé. Ils venaient pour le récupérer ! Hors de question ! Lyanne fit déferler des pierres sur eux. La guerrière avançait rapidement vers elle esquivant le gros de ses attaques. Elle était incroyablement rapide et mobile pour son gabarit. Les pierres qui l'atteignaient semblaient ricocher sur elle. En quoi est faites cette femme se demanda Lyanne en panique à court de solution. Voyant qu'elle était sur elle, Lyanne créa un mur épais pour la protéger de ce monstre. Elle le pulvérisa tout en la projetant violemment contre le mur derrière elle. Lyanne était sonnée et en mauvaise posture. La golgoth lui parla comme si elle avait perdu. Cette affirmation déclencha une vague de fureur en elle qui ne voulait pas perdre tout ce qu'elle avait entreprit jusqu'ici. Elle leur hurla dessus rageusement et projeta toutes les pierres qu'elles avaient à disposition sur eux. Son attaque réussit à les repousser au bout de la pièce mais ils étaient toujours en vie ! Bon sang ! Pesta-t-elle. A bout de force, Lyanne n'avait plus beaucoup de solution. L'ayant envisagé auparavant elle se rua sur l'épée et tira le plus fort possible avec son bras droit malgré les objections de son détracteur. Dès qu'elle enserra la poignée, une immense douleur remonta jusqu'à son épaule ses os se brisaient, ses muscles se déchiraient et sa peau pourissait rapidement. Faisant fi de la douleur elle tira de toutes ses forces et réussit à retirer l'épée qu'elle lâcha immédiatement incapable de la tenir plus longtemps. Son bras en bouillie, elle tomba à genoux au bord de l'évanouissement.

Son sauveur était debout les yeux ouverts, elle avait réussi se réjouit-elle. Lyanne voulut commencer à lui parler mais il s'écroula sur le sol. Pourtant sa blessure était en train de se refermer. Depuis combien de temps était-il enfermé comme ça. Elle essaya de l'aider à se relever comme elle le pouvait dans son état. Alors qu'elle réussissait, elle vit impuissante l'arpenteur leur foncer dessus. Son sauveur releva la tête et l'instant d'après tous furent immobilisées dans son étrange magie.


- Vous êtes vraiment très fort ! Je voulais vous rencontrer depuis un moment. Ça va faire une dizaine d'année que je vous cherche. Je suis si contente de vous avoir trouvé. Je suis désolé j'ai mis un peu de temps à vous libérer mais aujourd'hui vous êtes là. Ces gens ne m'ont pas facilité la tâche. Je voulais absolument vous remercier vous m'avez...

Il fit couvrir sa bouche et Lyanne se tut comprenant que ce n'était pas le moment. Il parla avec l'arpenteur de choses qu'elle ne comprenait pas. Malgré l'excitation Lyanne finit par perdre connaissance.

Quand elle se réveilla, elle était allongée sur un lit dans une chaumière. Elle voulut soulever le drap car son bras droit était douloureux, un truc clochait. Elle n'avait plus de bras droit. Son bras amputé était enroulé dans des bandages, on l'avait soigné. Depuis combien de temps était-elle ici ? Qui avait fait ça ? Elle prit conscience de son environnement, une maison reculée, une famille, deux adultes, trois enfants. Son sauveur n'était plus sur ce plan elle le sentait. Folle de rage, des larmes coulèrent le long de ses joues. L'homme entra dans sa chambre essaya de la calmer disant qu'il n'avait pas pu faire autrement. Mais Lyanne était furieuse, dans sa colère elle détruisit la maison et tua tous ses occupants. Une fois dehors elle chercha tout de suite à repérer la Drara qu'elle avait laissé dans ses vêtements. Lyanne était capable de les tracer n'importe où, même entre les plans. Elle le repéra et tenta de transplanner là où il était. Elle fut repoussée par une force immense comme si on la faisait transplanner en sens inverse. Elle se protégea comme elle put avec tous son pouvoir mais fut balardée violemment sur le plan d'où elle était partie. Lyanne avait failli y passer et ne retenta pas l'expérience. Une telle protection impliquait des puissances la dépassant largement.

Elle reprit son exploration du multivers en se résignant à attendre qu'il soit à nouveau accessible ailleurs. Elle vérifiait régulièrement, jusqu'au jour où des années plus tard ce fut le cas. Elle transplanna non loin d'une tour faites d'un matériau noir qu'elle n'avait encore jamais rencontré mais qui pouvait répondre à ses pouvoirs. Il semblait être attaché au sommet avec d'autres sorciers. Ils étaient en train de préparer une sorte de culte ce qui énerva beaucoup Lyanne. Elle s'assit en haut d'une falaise, là où elle avait le meilleur point de vue sur la tour et se concentra au maximum. Elle fit en sorte de détruire la base et une partie du milieu de l'édifice. Celui-ci commença à s'écrouler tuant au passage de nombreux cultiste. Elle s'en serait réjoui mais l'extraction de son sauveur lui demandait plus de précision. Apparemment ils utilisaient le même genre de magie que lui pourtant elle réussit très vite à le mettre hors de portée. Lorsqu'il arriva près d'elle dans son vaisseau de fortune en pierre elle transplanna avec lui.

A l'arrivée elle constata qu'il était inconscient et devait être soigné le plus rapidement possible faute de régénération. Elle l'emmena voir le soigneur de la ville la plus proche. Au bout de deux jours elle perçue des hommes du culte qui les traquaient arriver en ville, ils avaient cette poussière si reconnaissable du matériau de leur tour sur eux. Elle transplanna de nouveaux et trois jours plus tard fut encore retrouvé. Elle tenta de se débarrasser d'eux à distance mais sans succès. Elle dû transplanner une fois de plus. Peu importe où elle allait ils finissaient toujours par les retrouver. Elle eut donc l'idée de la forteresse et connaissait un plan particulièrement bien fournit en pierres pour ça. Elle y alla, érigea des murs hauts et épais tout autour d'eux, rassembla le plus de pierres qu'elle pouvait et commença les vagues dès leurs arrivées.

- Attends, attends... Il y a un truc bizarre dans ton récit. A aucun moment tu ne parles de Jiji dit K-Joe en pointant le gros arachnide.

- Quelle importance ?

- Bah je suis quand même curieux de savoir comment un truc pareil s'est fait.

- Je suis désolé mais c'est entre elle et moi
dit Lyanne avant de papouiller l'araignée sous le regard médusé de K-Joe.

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maitredragon - Chevalier - Le 05/07/2022

K-Joe regardait les créatures néantiques parcourir les plaines. Ça aurait été presque beau si elles ne représentaient pas un danger mortel. Au moins en cas d'intrusion le plan serait bien défendu se dit K-Joe avec réconfort. Il repensa à l'histoire de Lyanne, au fond cette fille et lui se ressemblait assez. Jiji n'était pas sereine d'être à proximité de ces bêtes, ils décidèrent de transplaner ailleurs et arrivèrent dans un village désert. Une forêt assez grande se trouvait derrière eux faite d'arbres ma foi particuliers pensa K-Joe alors que des steppes rougeoyantes s'étendaient à perte de vue devant eux. Plus personne ne semblait vivre ici. Jiji se rua dans la forêt.

- Où sommes-nous ?

- Je ne connais pas le nom de ce plan, je l'ai purifié il y a quelques années déjà
dit-elle tout naturellement comme si c'était aussi anodin que d'acheter du pain avant d'ajouter pleine d'entrain, nous serons tranquilles ici.

Est-ce que Jyro pourrait arriver à le retrouver ici, K-Joe n'était pas sûr. Il parcourait les rues contemplatif, elles devaient certainement être pleines de vies avant. Un animal gémit au loin dans la forêt.

Je crois que Jiji a trouvé notre repas.

L'arachnide ressortit bientôt d'entre les arbres en tirant une toile contenant un animal mort qui les nourrirait facilement aujourd'hui et demain. Efficace en effet pensa K-Joe qui aida Lyanne à préparer ce festin dans la première maison venue alors que le crépuscule tombait.

- Pourquoi ces gens sont morts ?

- Ils vèneraient leurs astres comme des dieux.

- Un culte répressif ?

- Non.

- Il y avait des sacrifices ?

- Non des offrandes tout au plus pour que les récoltes soient prolifiques.

- Ils ne faisaient de mal à personne ?

- Ils suivaient un dogme religieux.

- Et pour toi c'est une raison suffisante pour tous les massacrer ?

- Oui
lui répondit-elle avec un grand sourire avant d'ajouter à table gaiement.

K-Joe resta prostré un temps avant de s'attabler avec eux. Après réflexion de quel droit pouvait-il la juger lui qui avait fait bien pire jadis. Elle était en train de commettre les mêmes erreurs que lui. K-Joe décida de changer son angle d'attaque.

- Je ne suis pas sûr que tu aimerais le plan d'où je viens...

- Pourquoi ?

- C'est une secte.

- Mais vous, vous êtes comme moi
dit-elle avec crainte.

- Comme toi ?

- Vous vous êtes affranchis de vos croyances pour vous venger.

- C'est plus compliqué que ça.

- Je ne comprends pas je pensais que vous étiez comme moi
dit-elle les larmes aux bords des yeux.

- Je l'ai été, le culte d'Oghmar m'a pris ma femme. Elle... elle était enceinte de notre enfant. Comme tu maitrises la roche, elle maitrisait l'eau. Ils l'ont... ils l'ont brulé vive sous mes yeux. Après ça j'ai perdu l'esprit, j'ai tué tout le monde, même toi je voulais te tuer. J'ai moi aussi parcouru le multivers et j'ai massacré des millions de gens, pas parce qu'ils croyaient en quelque chose. Juste parce qu'ils étaient humains. J'ai éradiqué tellement de plans... Heureusement pour moi, mon fils m'a arrêté. J'étais dans l'erreur Lyanne, vraiment.

- L'arpenteur de la crypte est votre fils ?

- Oui c'est mon fils, il s'appelle Jyro
dit fièrement K-Joe.

- Vous êtes à moitié artefact ? Je pensais que votre bras était juste une prothèse. Votre femme a dû tellement souffrir à la naissance dit-elle compatissante.

K-Joe la regarda abasourdi.

- Mais pas du tout ! Qu'est-ce que tu racontes ?! Jyro est un automate d'entrainement on l'a construit et élevé ma femme et moi. Et bien évidemment que mon bras c'est une prothèse enfin !

- Bah excusez-moi mais ce n'était pas clair quand même !

- Mais... Bref ! Tout ça pour te dire que j'ai suivi la même voie que toi pendant longtemps et ça
dit-il en désignant le village désert ce n'est clairement pas la solution.

- Et votre secte c'est la solution ? Dites-moi si un de leur membre était venu ici, le sort de ces gens aurait-il était différent ?!

- Dans le meilleur des cas ils auraient été convertis.

- Vous avez participé à ce genre de mission ? Conversion ou purification ?

- Non.

- Vous croyez au précepte de votre secte ?

- C'est compliqué
tenta d'esquiver K-Joe.

- Répondez-moi !

- Je reconnais la supériorité du Dark Mogwaï gloire à lui !


On pouvait lire une immense déception sur le visage de la jeune arpenteuse.

Ne me regarde pas comme ça. La force qui t'a repoussé quand tu as tenté de me rejoindre c'était lui. Contre un tel pouvoir tu ne peux rien du tout.

- Qu'est que vous proposez alors ?

- Je ne propose rien. Je veux juste rentrer chez moi, reconstruire mon atelier, reprendre mon travail d'artificier/forgeron et mourir quand mon heure sera venue.

- Et moi ?
Demanda t'elle en larmes.

- Lyanne je te suis reconnaissant de tout ce que tu as fait pour moi, sincèrement. Je suis également désolé de ce qui t'es arrivé. Mais tu ne me connais pas et si tu persistes à me suivre tu seras juste déçue dit-il en se levant pour sortir de table.

Une fois debout il ressentit une vive douleur au front qui le fit vaciller.

- Vous vous sentez bien ? demanda Lyanne inquiète malgré sa tristesse.

- J'ai juste besoin de dormir un peu.

Il tituba jusqu'à la maison et réussit tant bien que mal à trouver une chambre. K-Joe s'écroula complétement sur le lit. De violents cauchemars l'assaillirent, digne de ces pires nuits à Gysme. Il avait beau se débattre les images d'horreurs ne cessaient pas. Cet enfer continua une partie de la nuit avant de s'arrêter brutalement. K-Joe ouvrit les yeux, une vive douleur au crâne le saisit aussitôt. Un bandage lui cerclait la tête, une blessure à la tempe assez récente laissa du sang sur ses doigts à travers les bandes de soie. Qu'est que c'est que ce bordel se demanda-t-il alors que la douleur pulsait dans son crâne. Il se leva et sortit péniblement de la bâtisse. Jiji était en train de boulotter un morceau alors que Lyanne était attablée perdue dans ses pensées tout en faisant léviter de petits cailloux au-dessus de sa main. Elle semblait extrêmement énervée. K-Joe s'assit prudemment, il avait des questions sur son état au réveil mais l'air de tueuse psychopathe de Lyanne le réduit au silence. Après un moment malaisant K-Joe tenta de briser la glace.

- La nuit ne fut pas bonne j'imagine ?

- Non pas vraiment !
Répondit-elle sèchement.

- Puis-je savoir ce qu'il s'est passé ?

Elle le regarda comme s'il venait de l'insulter avant de finalement souffler de mécontentement.

- Évidemment vous ne vous rappelez pas ! Vous n'arrêtiez pas de hurler durant la nuit. Je suis venue vous voir et vous...

K-Joe se mit à craindre le pire.

Vous m'avez embrassé en m'appelant Mara.

L'évocation de ce nom fit l'effet d'une douche froide à K-Joe.

Comprenez-moi bien, j'ai juré de vous dédier ma vie et aussi décevant que vous soyez j'irai au bout ! Mais à aucun moment je vous laisserai vous ou un autre homme me toucher est ce que c'est bien clair ?!

De nombreux morceaux d'habitation se mirent à léviter dangereusement autour d'eux.

- Lyanne tu te doutes bien que je n'étais pas vraiment conscient cette nuit.

- Oh vous aviez l'air parfaitement conscient de ce que vous faisiez ! C'est une excuse bien minable !


Les morceaux se rapprochèrent d'eux.

- Je suis sincèrement désolé Lyanne. La vérité c'est que je me souviens avoir cauchemardé une bonne partie de la nuit et après plus rien, le noir complet.

- Oui ça c'est normal, je vous ai assommé à coup de pierre.

- Quoi ?!

- Réflexe
dit-elle absolument pas désolé alors que tous les morceaux en lévitation tombèrent lourdement au sol. D'ailleurs il va falloir changer vos bandes, Jiji !

- Non non attends !

L'arachnide fondit à toute vitesse sur K-Joe et changea toutes ses bandes avec une délicatesse encore moindre que la dernière fois. Une fois finit il eut droit à une de ses stridulations haineuses avant qu'elle ne reparte à son déjeuner.

- Brave fille dit Lyanne

K-Joe toujours au sol pestait et avait du mal à se relever.

Il y a une chose que je ne comprends pas. Pourquoi vous n'utilisez pas vos pouvoirs pour vous régénérer ?

- J'ai promis de ne plus les utiliser.

- Pourquoi ?

- Je suis un simple artificier/forgeron maintenant.

- C'est ce que vous vous dites pour vous convaincre ? Quand je vous ai vu pénétrer dans mon village vous étiez égal à un dieu ! Un dieu vengeur cruel et violent. Pourquoi vous reniez cette partie de vous si glorieuse ?!

- Glorieuse ?! Lyanne il n'y avait rien de glorieux là-dedans.

- Vous regrettez ce que vous leur avait fait ?

- Absolument pas
dit-il haineusement les yeux crépitants légèrement.

Il se reprit.


- C'est toujours en vous dit Lyanne ravie.

- Et je le réprimerai à chaque fois. Toi aussi tu dois comprendre quelque chose, je ne serai plus jamais celui que tu espères.

- Nous verrons
dit-elle gageuse.

Elle se leva, alla parler à Jiji avant de revenir vers lui. Elle lui tendit la main et lui dit :

Venez.

- Où ?

- Vous verrez bien ! Prenez ma main et rapprochez-vous de moi
lui ordonna t'elle

- Je croyais que tu ne voulais pas qu'on te touche lui dit-il moqueur en se collant à elle.

- Ne profitez pas de la situation !

Ils transplanèrent devant une ville moderne et opulente. Après s'être reposée sur son épaule quelques minutes, Lyanne se redressa.

- Quand j'ai senti que vous n'étiez plus sur le plan de votre secte je me trouvais ici. J'allais tué tous ces gens, vous comprenez ils vénèrent des déesses pour chacune de leurs activités.

- Ne fais pas ça Lyanne !
ordonna-t-il craignant le pire.

Elle lui sourit.

- Empêchez-moi.

Elle tendit sa main, les bâtiments commencèrent à s'écrouler, des morceaux de pierres fusèrent de partout fauchant quiconque se trouvait sur leurs chemins. Les cris retentissaient dans toute la cité alors que les morts commençaient à s'accumuler. K-Joe se rua sur elle mais un morceau de roche le bloqua tout en le repoussant sur le côté. La ville se transformait en ruines, les corps tombaient les uns à la suite des autres sous les yeux impuissants de K-Joe. Il vit soudain une gamine en pleurs perdue au milieu de la rue. Il se dégagea du rocher et couru aussi vite qu'il le put. Plus vite ! Plus vite ! se dit-il alors qu'il craignait que le moindre caillou ne la touche avant qu'il n'ait pu l'atteindre. Une petite pierre faucha son cou, son corps se contorsionna suite à l'impact et commença à chuter vers le sol. K-Joe la rattrapa en dérapant juste avant qu'elle ne percute la terre. Du sang coulait abondement sur le côté de son cou, la carotide était sectionnée. K-Joe fit pression sur la plaie essayant désespérément d'arrêter le flux tout en la rassurant. Ça va aller, tout va bien, reste avec moi, tu vas t'en sortir lui dit-il. La jeune fille n'arrivait pas à parler, elle pleurait calmement alors que la vie s'éteignait lentement dans ses yeux emplis de peurs et d'incompréhension. Elle était partie. Puisse Mara t'accueillir lui murmura t'il en larmes à l'oreille tout en serrant son corps contre lui.

Pourquoi pleurez-vous ?! Cette gamine était une ennemie de votre secte au même titre que tous ces habitants dit Lyanne moqueuse.

K-Joe se retourna et la foudroya du regard, Lyanne plongea alors dans un abîme noir et profond de douleurs. Les tortures qu'elle avait subi par le passé étaient sans communes mesures avec ce nouvel environnement. La douleur incessante durant ce qui lui sembla être une éternité était insoutenable. Elle tenta de transplaner sans jamais y parvenir. Elle voulut mourir à plusieurs reprises mais la mort ne vint jamais. Elle n'eut que le désespoir, la tristesse et la douleur pour seule compagnie. Elle en devint folle au point de ne plus savoir qui elle était, ni pourquoi elle avait atterri ici. Tout disparut d'un coup quand K-Joe plaqua le corps inerte de la fille contre elle. Le retour à la réalité lui fut si brutal ! Elle l'enserra par réflexe avec son bras des larmes coulant le long de ses joues, ses jambes ne la portaient plus, elle tomba à genoux en état végétatif. Elle ne comprenait pas ce qu'il venait de se passer. Elle essayait de reprendre conscience, d'arrêter de pleurer, son corps convulsait pourtant, elle ne lâchait pas la fillette. Lyanne essayait de recoller les morceaux de son esprit brisé mais sans succès.

- Ne refait jamais ça.

La voix de K-Joe résonna en elle, reconstituant les fragments de son âme perdue là où ils auraient toujours dû être. Elle était à nouveau elle-même le coeur battant la chamade, elle resserra son emprise sur le corps de la fillette alors que K-Joe s'éloignait d'elle pour son plus grand soulagement. Ils restèrent un peu plus d'une semaine sur les lieux le temps que Lyanne se remette un peu. Ils n'avaient pas reparlé de ce qui s'était passé ni même parlé tout court. Quand elle le put physiquement, K-Joe lui demanda de l'aider à enterrer les habitants. Elle obéit sans broncher en essayant de garder le plus de distance possible entre elle et lui. Ça lui convenait. Avec un peu de chance elle prendrait même la décision de partir d'ici sans lui et de ne plus jamais le revoir. C'était probablement le mieux pour elle se dit-il. Mais elle resta malgré le malaise qui s'était installé entre eux, elle accepta même qu'il se colle à elle pour le voyage retour cachant vainement sa gêne. Ils retrouvèrent Jiji et restèrent là, Lyanne fut presque remise après un bon mois, elle pouvait partir où elle voulait mais elle resta là alors que la communication n'était toujours pas restaurée. K-Joe ne comprenait pas pourquoi elle persistait à rester. Un matin il décida de tirer ça au clair.

- Lyanne, pourquoi tu restes là ?

- Pardon ?

- Ici, avec moi. Tu peux essayer de le cacher autant que tu le veux mais je vois bien que ça ne va plus depuis ce que je t'ai fait, alors pourquoi tu restes à mes côtés ?

- Si je m'en vais vous me retrouverez de toute façon.

- Non. Pour être franc j'attends juste que Jyro me retrouve et me ramène chez moi c'est tout. Je te l'ai déjà dit je veux juste reprendre ma vie normale.

- C'est ça qui est le plus terrifiant chez vous. Vous êtes persuadé de pouvoir être normal alors que le moindre ressentiment vous fait perdre le contrôle.

- Ce n'est pas vrai.

- Ah oui ? Vous étiez conscient de ce que vous faisiez quand vous m'avez brisé ?!

- Tu as tué une cité entière !

- Et j'en étais pleinement consciente ! Je voulais les tuer et c'est ce que j'ai fait ! Vous en revanche vous passez votre temps à réprimer qui vous êtes ! Et dès que quelque chose vous touche personnellement vous perdez totalement le contrôle !

- Ce n'est pas qui je suis !

- Que vous le vouliez ou non ça fait partie de vous ! Et le réprimer ne ramènera pas à la vie Mara ou votre fille !


Poussé par la colère K-Joe enferma Lyanne dans un maléfice. En un mouvement il pouvait la broyer et se retenait de le faire malgré son envie irrépressible.

Vous voyez dit-elle triomphalement.

Il réussit à réprimer sa colère et rompre le maléfice.

- A quoi tu joues Lyanne ?!

- Je veux seulement vous aider.

- M'aider ?! De mon point de vue c'est toi qui as besoin d'aides.

- Ce qui est sûr c'est que je n'ai pas besoin de la vôtre !

- Et moi de la tienne ! Alors barres-toi !


En colère elle se leva brusquement et alla voir Jiji. Il avait gagné ! Ils allaient partir et il ne les reverrait plus jamais. Bon débarras se dit K-Joe. Soudain une vive douleur au front le fit tomber à terre. Ce qui suivit resta flou dans son esprit, oscillant entre réalité et onirisme cauchemardesque. Dans ses phases de réalité la douleur qui martelait son crâne le rendait à peine conscient de son environnement. De fortes bouffées de chaleurs succédaient à de mordantes sensations de froid. Quelqu'un s'occupait de lui, peut-être Esmée, était-il revenu à Gysme ? Est-ce que tous ceci n'avait été qu'un rêve finalement. Ces phases ne duraient pas assez longtemps pour qu'il puisse répondre correctement à ces questions. Le reste du temps les cauchemars le traquaient impitoyablement sans possibilité pour lui d'y échapper. Il perdit la notion du temps et de la réalité jusqu'au jour où il ouvrit les yeux à nouveaux lui-même. Un violent mal de crâne le saisit immédiatement.

- J'avais raison finalement, vous avez besoin d'aide dit une voix familière.

Il pencha sa tête sur le côté péniblement pour voir Lyanne à son chevet. Elle semblait fatiguée.

- Qu'est-ce qu'il s'est passé ? articula t'il difficilement.

- Aucune idée, toutes les personnes compétentes que j'ai pu amener ici ont été incapables de vous soigner. Ce n'est pas faute de les avoir menacés pourtant !

- Combien de temps ?

- Ça va faire presque deux mois.

- Pourquoi tu n'es pas partie ?

- Vous avez raison j'aurais dû vous laisser là, c'est tout ce que vous méritiez !

- Lyanne je...

- Vos affaires sont au pied du lit. On va bientôt manger vous devez avoir faim
dit-elle avant de sortir de la chambre.

K-Joe s'habilla difficilement, chaque mouvement même basique lui demandait une énergie et une concentration de dingue. Il s'écroula dès qu'il voulut se lever et rampa jusqu'au mur pour s'aider à se remettre debout. Il chuta encore à plusieurs reprises avant d'arriver à tenir sur ses jambes. Pire qu'un nourrisson pesta t'il intérieurement. Quand il réussit enfin à sortir de la bâtisse, il retrouva Lyanne attablée dehors et Jiji un peu plus loin. Un air de déjà vu se dit-il alors qu'il s'asseyait doucement. Manger lui demandait autant d'efforts que de se mouvoir.

- Comment as-tu fait pour me faire manger durant tout ce temps ?

- Oh ! Vous ne voulez pas savoir
lui répondit-elle avec un sourire malicieux.

- Merci Lyanne.

- Vous m'avez souvent appelé Esmée pendant que vous étiez malade.

- C'était le nom de ma femme.

- Qui est Mara dans ce cas ?

- Ça ne te re...


Il arrêta là ça réplique cinglante et se dit qu'il lui était quand même redevable sur ce coup-là.

Mon première amour.

- Un homme à femme c'est bien ma veine
dit-elle avec un faux air désespéré.

- Je n'ai connu qu'elles, tu me surestimes encore une fois.

- Vous m'avez embrassé tout de même.

- Ce... ça n'était pas... Oh eh puis zut !
Maugréa-t-il avant de se reconcentrer sur son assiette.

Lyanne rit, regarda un temps Jiji qui jouait avec une boule de soie puis revint à K-Joe.

- Elles sont mortes toutes les deux n'est-ce pas ?

- Par ma faute, oui.

- Je suis la prochaine alors ? C'est pour ça que vous ne voulez pas de moi à vos côtés.

- Il y a un tas d'autres raisons.

- Parce que je tue des croyants ?

- Lyanne, je serai très mal avisé de te juger sur ce point. Néanmoins j'ai commis les mêmes erreurs que toi jadis alors crois moi quand je te dis que ce n'est pas la solution.
Non, la vraie raison c'est que mon seul désir d'aventure est un vieil atelier. Ma compagnie n'a pas plus à offrir que ça et je refuse catégoriquement que tu gâches ta vie comme ça.


- Je ne sais pas quoi faire d'autres, vous étiez mon seul objectif.

K-Joe avait deux idées en tête, la première était que Lyanne rejoigne son fils. L'autre était qu'elle se convertisse au culte et réalise des missions de purification pour la secte. Certains auraient été probablement ravis mais c'était la maintenir dans ses erreurs et en plus la faire retomber dans une croyance. Non hors de question se dit K-Joe, son fils était une bien meilleure option pour elle.

- Mon fils parcourt le multivers pour venir en aide aux autres. Peut-être vous acceptera t'il dans son groupe. Si ça te dit bien évidemment.

- Je ne sais pas... Je vais y réfléchir. Ça va mieux vous ?

- J'ai encore très mal au crâne mais je suis bien là.

- C'est la deuxième fois que vous faites ça. Vous pensez que c'est lié à la marque ?

- Je ne sais pas. J'espère que Jyro va nous retrouver rapidement pour me débarrasser de ça. On verra bien si ça continue malgré tout.


Les semaines qui suivirent furent relativement calmes, K-Joe n'eut pas de nouvelles crises et retrouva peu à peu sa motricité secondée par Lyanne. Ils se comprenaient mieux, il ne savait pas toutefois s'il avait réussi à la faire changer d'avis mais elle semblait plus apaisée. Il voyait d'ici la tête de Jyro quand il lui dirait de les prendre avec lui, K-Joe en riait d'avance. Il n'avait pourtant aucun doute sur le fait qu'il puisse faire une bonne équipe tous ensemble. Ils visitèrent deux - trois plans à la recherche de nouveaux soigneurs mais aucun d'entre eux ne fut en mesure de lui enlever la marque ou son mal de crâne. Un matin alors qu'ils se trouvaient sur leurs plans de base, K-Joe vit apparaître un flash lumineux proche de ceux des arpenteurs. Il crut que Jyro les avait enfin retrouvés mais vit une petite fille ailée toute lumineuse. Il regarda Lyanne et Jiji qui restèrent sans réaction. Il ouvrit la bouche pour leur demander s'ils voyaient ce qu'il voyait mais la petite le coupa :

- Ils ne peuvent pas me voir ou m'entendre lui dit-elle.

- Qui es-tu ?

- Pardon ?
Demanda Lyanne surprise.

- Ça va être un peu abracadabrant... commença la fillette.

- Non rien dit K-Joe précipitamment avant de se lever et s'isoler pour tirer cette histoire aux claires.

Voyant qu'il était hors de portée il se retourna vers la jeune fille qui l'avait suivi en voletant. Il lui redemanda :


Mais qui es-tu ?

- Je m'appelle Riley, je suis ta fille.

- Ma fille ?! Mais... Qui est ta mère ?

- Mara.

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maitredragon - Chevalier - Le 20/07/2022

K-Joe avait un milliard de questions qui lui venaient en tête mais il fut coupé dans son élan par Riley :

- Je n'ai pas le temps de t'expliquer, prends ma main.

Il s'exécuta sans même y réfléchir, l'environnement tout autour d'eux sembla se fondre en un ensemble psychédélique avant de se reformer dans un environnement différent que K-Joe connaissait bien. Il n'en crut pas ses yeux lui qui pensait ne plus jamais pouvoir revenir en ces lieux même dans ses rêves. L'herbe surnaturelles vertes émeraude s'étendaient à perte de vue sur la voute infinie. Une porte géante se dressait loin devant eux et derrière elle il le savait, l'attendaient Mara, Esmée et Arwen. Il se tourna vers Riley.

- Comment ?

- Tu peux revenir avec nous toutes si tu en as la force. Mais ce ne sera pas facile.


K-Joe fit un pas, des formes lumineuses émergèrent aux environs de la porte.

Les gardiens ne te laisseront pas faire dit-elle craintive.

- Mets-toi à l'abri !

A la différence de son dernier séjour, K-Joe pouvait utiliser tous ses pouvoirs il le sentait et bien qu'il en ait fait la promesse, il était prêt à tout pour retrouver sa famille. Il avait beaucoup de questions mais elles pouvaient attendre face à l'urgence de la situation, il devait être rapide et puissant. Les yeux crépitants intensément il chargea vers la porte. Les formes lumineuses se multiplièrent et fondirent sur lui. K-Joe utilisa ses portails pour arriver directement devant la porte et fut repoussé violemment par une forme plus grande que les autres. Il se remit debout.

- Ce sont les régisseurs tu ne pourras pas t'en débarrasser si facilement... lui hurla Riley de loin.

- C'est ce qu'on va voir !

Qu'à cela ne tienne pensa-t-il un sourire diabolique se dessinant sur sa bouche, ne faisant qu'un avec les ombres il transperça des milliers de gardiens autour de lui avec ses lames sombres. Mais leurs nombres ne décroissait pas. Un des deux régisseurs se rua sur lui. Pris dans le flot incessant de ses assaillants il put juste le repousser d'un rayon autrefois lumineux maintenant noirci de ses maléfices. La forme disparue, un de moins se réjouit-il alors que l'autre régisseur restait à bonne distance. Les gardiens empêchaient toute progression, il devenait pénible s'énerva K-Joe alors qu'il subissait de violentes attaques. Il fut bientôt écrasé sous le nombre, les gardiens s'agglutinant sur lui formant un dôme de lumière écrasant. Immobilisé ainsi, il ne pouvait échouer si près du but ! Hors de question ! Puisant dans toute la rage qu'il avait en lui, il concentra un maléfice qu'il relâcha ensuite dans un violent déferlement d'énergie, détruisant tous les gardiens des environs. Le régisseur fit un pas de recul et K-Joe en profita pour le pulvériser avec un puissant rayon. Il n'y avait plus d'obstacle maintenant à part ses maudits gardiens qui proliféraient comme jamais. K-Joe s'en débarrassait sans soucis et commençaient à avancer doucement vers la porte. Après de longues minutes de combats harassant il y était presque malgré le redoublement d'effort des gardiens. Soudain une forme lumineuse gigantesque surgit devant la porte.

- C'est le titan régisseur dit Riley apeurée qui s'était collé à lui.

- Bon reste près de moi !

Colosse ou pas il allait disparaître aussi vite qu'il était venu ! K-Joe hurla rageusement avant de faire déferler toute sa puissance sur son nouvel ennemi balayant la plupart des gardiens autour. Personne ne l'empêcherait de les retrouver PERSONNE ! Ses attaques bien que dévastatrices ne semblèrent que ralentir le titan qui avançait dangereusement vers lui. Maléfices, rayons et portails le firent vaciller plusieurs fois mais ne l'arrêtèrent pas pour autant. Voyant que rien n'y faisait et qu'en continuant ainsi il aller se faire avoir K-Joe décida de tenter le tout pour le tout. Concentrant tout ce qui lui restait, chargeant au maximum toute la puissance dont il était capable, un champ de force était autour de lui repoussant tous ses adversaires, il la comprima un long moment avant de tout lâcher. Un dôme noir exponentiel explosa dévastant absolument toute la zone, le colosse rabattit sa lame avant de disparaitre. K-Joe était à bout de souffle, sa prothèse avait été tranchée net, mais ses efforts avaient payé ! Le colosse n'était plus, il ne restait que lui et Riley, tout le reste avait disparu. L'herbe et le ciel avait également disparu. Il ne restait que la porte, intact debout dans ce noir profond. Il posa sa main dessus et poussa de toutes ses forces restantes le battant. Une vive lumière le saisit.


Lyanne mangeait tranquillement attablée avec K-Joe, ces dernières semaines avait été plutôt bonnes. Elle le comprenait mieux et c'était très apaisant se réjouit-elle.

- Qui es-tu ?

- Pardon ?
Demanda t'elle surprise.

Il semblait ailleurs.

- Non rien.

Puis il se leva et alla se cacher plus loin. Lyanne resta assise un temps ne comprenant pas ce qu'il venait de se passer. Elle regarda Jiji qui était totalement indifférente à tous ça. Curieuse et un peu inquiète que ce soit une nouvelle crise, elle alla le voir. Lorsqu'elle commença à approcher, elle l'entendait parler tous seul. Elle le vit à plusieurs mètres d'elle l'air ailleurs.

- Ça va ? Lui demanda-t-elle.

- Mets-toi à l'abri !

- Quoi ?


Soudain un portail noir apparut face à elle, surprise elle projeta dessus par réflexe un bloc de mur. Au même moment K-Joe traversait le portail, il se prit le mur et fut repoussé violemment en arrière alors que sa porte avait disparue.

Je suis vraiment désolé, vous m'avez fait peur. Est-ce que ça va ?

- C'est ce qu'on va voir !

Lyanne ne comprenait rien, lorsqu'elle vit le sourire malveillant et les yeux crépitants de K-Joe elle comprit qu'elle était en danger. Il projeta plein de rayons, maléfices et lames noirs dans tous les sens, certains manquèrent Lyanne de peu. Elle projeta des pierres sur lui essayant de l'assommer mais il les détruisit toutes. Ces attaques ne lui étaient pas destinées mais elle constituée un danger mortel. Jiji, voyant son amie en péril fonça sur K-Joe.

- Jiji NON !

L'arachnide était déjà parti, K-Joe projeta un de ses rayons sur elle. Lyanne utilisa un mur pour la pousser hors d'atteinte. Trois de ses pattes furent emportées et Jiji termina sa course dans un bâtiment, sonnée. Lyanne n'avait pas le temps de s'occuper d'elle pour l'instant, elle était quasiment sauve c'était déjà ça. Elle tenta d'enfermer K-Joe dans un dôme de pierre. Il fallait le stopper. Elle continua de rajouter des pierres et des pierres jusqu'à ce qu'il soit complétement immobilisé. Vu comment elle avait agencé cette montagne il aurait du mal cette fo... Dans une violente explosion toutes les pierres volèrent en éclats. Surprise elle recula d'un pas, un puissant rayon noir fondit sur elle. Lyanne tenta de le parer avec plusieurs murs de pierres. Le rayon pulvérisa tout, elle eut le réflexe d'esquiver mais trop tard et fut fauchée au ventre. Elle fit plusieurs roulades en arrière comme un pantin désarticulé jusqu'à percuter un pan de mur. Elle cracha du sang et tenta de compresser la plaie avec sa main. K-Joe continuait de se battre contre des ennemies invisibles. Jiji rampait laborieusement vers elle. Elle la rejoint, Lyanne voulut la caresser mais elle était au bord de l'évanouissement et ne pouvait enlever sa main de sa plaie, elle frotta sa tête contre la sienne en guise de câlin.


Depuis qu'il était rentré de la secte Jyro restait immobile en transe à la recherche de la signature magique de son père dans tout le multivers. Faute de trouver une autre solution ils avaient choisi celle-là. Sigrid obligée de rester à proximité au cas où, profitait pleinement de leur petit coin de paradis. Même si être sur le pied de guerre en permanence n'était pas très relaxant. Quand il perçut enfin le signe tant attendu, Sigrid bondit comme l'éclair, rejoint Jyro et ils transplanèrent dans la seconde qui suivie. Arrivés sur place Sigrid vit Lyanne et Jiji. Persuadée qu'elle allait se faire dévorer par l'arachnide, la guerrière voulut secourir la manchote. Jiji se mit comme elle put en position défensive, alors que la hache allait s'abattre sur elle. Lyanne puisa dans ses dernières forces et hurla à la golgothe de s'arrêter avant de hisser des pointes rocheuses tout autour d'elles stoppant l'assaut de Sigrid obligée de reculer. L'araignée n'était pas belliqueuse finit par constater la guerrière, elle protégeait son amie et vice et versa. Elle rengaina sa hache.

- Je peux ? demanda-t-elle à ce duo atypique.

Lyanne fit un petit signe de tête, pour l'autoriser à s'approcher, Jiji restait alerte dans la limite du possible dans son état. Sigrid enjamba les pics et jeta un coup d'oeil à la blessure de Lyanne c'était grave, elle avait besoin de soins le plus rapidement possible.

Ça va faire mal dit-elle au duo en enlevant la main de Lyanne. On se connait non ?

- La crypte...

Elle pressa la plaie, Lyanne hurla de douleur à en pleurer.

UN PEU DE DELICATESSE BON SANG !

- La suite est pire dit-elle en sortant son seax.

Elle tint le manche entre ses dents et mit sur la lame le liquide d'une fiole. La lame rougit instantanément comme si elle sortait du feu.

- Non, non, non supplia Lyanne.

Sigrid regarda Jiji qui bien qu'encore sur la défensive sembla accepter les faits. Sigrid posa la lame cautérisant la plaie sur le flanc de Lyanne hurlant comme jamais. Elle s'évanouit et Sigrid en profita pour bander son ventre. Elle se tourna vers l'araignée en désignant ses pattes avec son seax toujours rougeoyants.

- A toi maintenant.

Jiji recula vivement comme elle put en stridulant, Sigrid abandonna l'idée. Elle regarda alors où en était Jyro.


L'automate après s'être remis du voyage ne prêta guère attention à Lyanne et Jiji. Son père se tenait face à lui les yeux dans le vide, attaquant dans tous les sens. Il était blessé légèrement sur tout le corps et semblait fatigué. Jyro voyait bien qu'il semblait ailleurs mais ses attaques avaient transformé ce village en ruines. Il fallait le stopper se dit Jyro en dégainant sa lame d'ébène. Après de nombreuses années d'entrainements il commençait à la maitriser. Mais ça lui demandait beaucoup d'efforts et son temps de pratique était limité. K-Joe le regarda mais ne reconnut pas Jyro. Néanmoins il le voyait, reste à savoir si c'était comme un allié ou un ennemi.


- Bon reste près de moi !

- Quoi ?


K-Joe hurla avant de déchainer les enfers sur Jyro. Comme un ennemi pesta-t-il intérieurement parant les premières salves d'attaques. Il devait s'approcher de K-Joe mais ses nombreux portails surgissant n'importe où couplés aux maléfices qui arrivaient de partout et qui constituaient un risque d'immobilisation mortelle étaient un frein très efficace. Comme si ce n'était pas assez, la zone était constamment cisaillée par des lames et des rayons noirs. L'ensemble demandait à Jyro le maximum de ses capacités. Il tranchait les maléfices tout en esquivant les portes. Il esquivait ou tranchait quand il le pouvait les rayons et les lames. Quand il ne le pouvait pas, il encaissait les coups sacrifiant au minimum qu'il pouvait une partie de son corps à chaque impact. C'était laborieux mais Jyro se rapprochait. A ce rythme il arriverait à distance de frappe avant d'avoir perdu la moitié de son corps. C'était suffisant se dit-il en redoublant d'effort. Assurément le combat le plus dur qu'il ait dû mener depuis des années et le pire c'est que K-Joe bien que très puissant n'était pas au summum de sa puissance d'antan. Heureusement pensa Jyro avec soulagement autrement il serait déjà mort. C'était maintenant une question de minutes avant de l'atteindre, l'automate puisant dans ses réserves, faisant fi des nombreux dégâts qu'il avait subis. Soudain K-Joe sembla tout rappeler à lui, Jyro fut surpris de se retrouver dans le village alors que la magie noire de K-Joe était devenu son quotidien. K-Joe avait tout reprit et concentrait une puissance phénoménale, quand Jyro comprit ce qu'il faisait, il vit le danger pour Sigrid, recula vivement pour se placer devant elle et accessoirement devant la manchote et l'araignée géante. L'arpenteur n'avait pas le temps d'y prêter la moindre attention son père relâcha tout. Un dôme noir s'éleva pulvérisant tout sur son passage. Jyro en position de coupe, utilisa toutes ses forces restantes pour fendre le dôme explosif d'un puissant coup vertical. Le souffle dévastateur fut scindé en deux pulvérisant tout autour de Sigrid, Lyanne et Jiji. Le village avait complétement disparu laissant un cratère béant à la place avec de nombreux panache de fumées noires. Seul le muret contre lequel était adossé Lyanne, Jiji et Sigrid subsistait. Elle était sauf se dit Jyro soulagé avant de poser un genou à terre. Son contre lui avait couté bien trop cher, dorénavant il n'était plus capable de résister aux assauts de son père, était-il encore capable de se battre... Il avait néanmoins réussi à l'atteindre, son bras métallique avait été tranché net. K-Joe souriant, essayait de pousser quelque chose, il n'utilisait plus sa magie. Jyro avait déjà dépassé son temps de manipulation de l'épée mais il n'aurait pas de seconde chance. Il fonça sur son père pour lui porter un coup non létal afin de le réveiller. Dans sa frappe il fut déséquilibré par la perte d'une de ses jambes endommagées. La lame transperça le coeur de K-Joe. Ce dernier revint à lui, vit Riley pourrir sur place un sourire démoniaque aux lèvres. Il vit le cratère sur lequel il se trouvait, il vit Lyanne évanouie grièvement blessée, Jiji également blessée et Sigrid. Après un moment il comprit que c'était lui qui avait fait tout ça et que tout ce qu'il avait cru faire était faux. Jyro qui était contre lui était également dans un sale état, il l'avait tiré de son délire mais à quel prix. Ils tombèrent tout deux à genoux. Jyro aperçu des larmes coulaient le long des joues de son père, il avait réussi. Il commença à retirer l'épée pour qu'il puisse se régénérer mais K-Joe attrapa la lame avec sa main et stoppa son mouvement. En larmes il sourit à Jyro, un sourire si chaleureux renvoyant à l'automate en plein coeur ses moments de naissance dans l'atelier à Gysme.

- C'est bien que ce soit toi.

- Père je...


K-Joe fit non de la tête.

- Je t'aime... Je suis désolé... Laisse-moi partir... s'il te plaît.

Jyro ne pouvait accepter une telle demande, son père était là et dégageait une aura bienveillante qu'il n'avait pas ressenti depuis longtemps chez lui. Il cherchait une autre solution, il y en avait forcément une ! Son père le regardait paisiblement, il n'y avait aucune haine, aucune rancoeur dans ses yeux juste une infinie tristesse mue par d'innombrables regrets. Il semblait si fatigué... Jyro finit par se résigner et acquiesça de la tête.

La fille et l'araignée... promets-moi de prendre soin d'elles.

- Je te le promets.

K-Joe sourit, il caressa la joue de son fils puis posa sa tête sur son épaule.

- En me réveillant chez nous demain... Je me dirais que tout n'était qu'un mauvais rêve...

Il expira doucement, sa main finit par retomber le long de son corps.



Epilogue


- Ainsi c'est toi le responsable de tout ça. Je ne sais même pas qui tu es !

- On ne s'est jamais rencontré.

- Avant de m'achever puis-je savoir le pourquoi du comment ?

- Si je vous dis que je n'aime pas l'esclavage, ça vous suffit ?

- Ne te moque pas de moi ! C'est personnel, n'importe qui le verrait.

- Vous avez raison.


Le bruit des batailles avait cessé dehors.

Il y a des années de ça vous avez produit un esclave parmi des milliards. Son nom était K-Joe je suppose que ça ne vous dit rien. Vous ne rencontrez pas personnellement vos produits j'imagine bien. C'était mon père.

- Sans moi tu ne serais pas né et c'est comme ça que tu me remercies ?!

- A la base je voulais juste connaître les origines de mon père. Malheureusement pour vous je ne suis pas un adepte de l'esclavage alors vous imaginez bien qu'une entreprise comme la vôtre ne m'a pas plu. La suite vous la connaissez.

- Et tu crois qu'avoir démantelé mon organisation va faire disparaître l'esclavage du multivers ?! Tu es bien naïf d'autres prendront ma place. Ce que vous faites est inutile !

- Il faut bien que quelqu'un le fasse.


Jyro pourfendit la vieille femme d'un seul coup. Il prit le temps de consulter tous les registres avant de ressortir dehors.

- C'est fait ? Demanda Sigrid.

- C'est fait.

Joshua tapota sur son épaule compatissant avant d'ajouter.

- On a libéré toutes les femmes du bâtiment.

- Pas de loutre ? Demanda Hubert.

- Non pas de loutre répondit Joshua un sourire en coin.

- Descends de là Hubert ! Je t'ai déjà dit que Jiji n'était pas un cheval ! Et pourquoi tu le laisse faire toi demanda Lyanne énervée à l'arachnide.

Elle stridula légèrement.

- Mais oui tu as tout à fait raison dit Hubert avec un grand sourire.

- C'était la dernière usine ou il y en avait d'autres ? demanda Sigrid.

- C'était la dernière d'après les registres que j'ai trouvés.

- Alors on a enfin fini
se réjouit Hubert.

- Pour cette histoire là oui, pour celles à venir, ça n'est que le début.

Edité 2 fois, dernière édition par maitredragon Le 20/07/2022

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Oh ! regarde, Roger, le beau chien-chien des Farbogs ! Viens, je vais te faire une caresse !
Cadet impatient, dernières paroles.

Proposé par Daereth96 le 11/01/2018

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