Où je suis ?

Où je suis ?

Où je suis ?

Discussion ouverte par DarkAdi Le 28/06/2020

Discussion ouverte par DarkAdi Le 28/06/2020


DarkAdi

NUMÉRO 63
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« Foutue liche. »

Numéro 63 se redresse.

Plutôt... il essaie. Son dos bloque quelque part vers l'angle droit. Il insiste, ça fait un bruit de branche morte de mancenillier qu'on piétine, ça se débloque.

Ça y est.

Numéro 63 se redresse.

Il radote.


« Foutue liche ! »

Il pousse un cri d'une ou deux secondes. Sa voix est âpre, si vous pouviez l'entendre vous y trouveriez une attaque acide, un milieu de bouche glaireux et un final métallique. Au bout du compte l'arrière-goût est rance, on ne s'en débarrasse pas comme ça, vous auriez préféré vous être bouché les oreilles.

Il ne sait pas où le portail l'a largué. Il fait nuit, ça fleure doux la chaux vive et un peu la décomposition, ça chante la nuée de mouches et les bruits de pas. Il jette un œil là d'où il vient, par terre. Le par terre c'est pas tout-à-fait par terre, c'est de la viande. Des cadavres. Humains, pour la plupart. Attends... des bruits de pas ?


« J'ai entendu bouger dans la fosse, dit la femme.

C'est pas possible, dit l'homme. »

Deux capuches se penchent sur le trou dans lequel Numéro 63 vient de reprendre ses esprits. La femme reprend :

« C'est quoi, ce truc ? Un Nezumi ?

On dirait, oui. »

L'homme approche sa torche de Numéro 63.

« Qu'est-ce que tu boutiques là-dedans à crier comme un damné, créature ? Cette chair est impie, sors de là ! »

Numéro 63 est encore sonné par le passage forcé dans le portail. Il dirige ses yeux rouges vers les deux humains, et leur fait entendre sa belle voix.

« Je suis où ?

C'est un charnier de la Pyramide. Sors de là, je te dis ! »

La créature agrippe le rebord de la fosse et s'en extirpe. Le couple ne l'aide pas. De plus en plus lucide, il reconnaît autour de lui ce qui semble être un cimetière adjacent à une ville. Il n'a jamais vu cette architecture.

À la lumière, les deux passants ont un mouvement de recul en analysant mieux leur nouvel ami. En première lecture c'était à peu près un homme-rat, mais si près de la torche... La chose difforme porte un grand tablier de boucher qui sans doute un jour fut de couleur blanche, et arbore aujourd'hui tout le spectre chromatique allant du sang séché à la merde. Tout un attirail d'outils bruyants et étranges à la ceinture. Ses yeux sont rouge vif, ils dégagent quelque chose de profondément maléfique. Sa fourrure est hirsute, parsemée de croûtes purulentes, de cicatrices. Son odeur est bien pire que celle de la fosse dont il vient de sortir, ça sent les tripes et la maladie.

Lui aussi peut voir ses interlocuteurs. Ils portent des tuniques noires à capuche. La femme est enceinte depuis sept ou huit mois. Ils sont bien humains mais ils ne semblent pas terrifiés par sa présence. Au contraire, ils inclinent la tête en signe de respect.


« Gloire au Dark Mogwaï. »

Les deux humains ont prononcé ces mots de concert. Numéro 63 n'y comprend rien. Tout ceci l'irrite.

« Je suis où ? »

Ça ne semble pas être la réponse attendue. Le couple adopte une attitude plus méfiante. Numéro 63 prend une profonde inspiration. Il a pleinement retrouvé sa lucidité et sa raison. La situation ne lui convient pas.

De sa ceinture il tire une pince-monseigneur et avec fulgurance il fracasse le crâne de l'homme d'un coup net et précis. Alors que son homme s'effondre au sol, la femme crie et tente de se mettre à courir, mais la pince-monseigneur s'abat sur son genou gauche. C'est amusant, le bruit évoque à Numéro 63 celui de son dos une minute plus tôt.

Elle est face contre terre. Une main inhumaine, griffue, suintante, la saisit à la gorge et la retourne sur le dos. La chose a déjà posé sa pince-monseigneur, dans l'autre main elle tient un couteau de boucher affûté comme un rasoir. Madame perd conscience tandis que Numéro 63 lui ouvre le ventre de bas en haut pour en arracher le fœtus. Il broie entre ses doigts le crâne du petit être dégoulinant, avant de l'écraser au sol.

Numéro 63 se redresse.

Son dos va mieux.

Il rattache ses outils à sa ceinture, s'essuie les mains sur son tablier, et se met en marche vers la ville.


descendant ascendant


Réponse(s)


462 points

DarkAdi - Sanctifié - Le 30/06/2020

Il est assis sur un banc de pierre, plus loin dans la ville. 63 n'a reconnu aucune étoile, cette nuit. Ce soleil qui se lève présentement, c'est son soleil ?

À l'aube la ville s'anime, bien qu'elle ne fût pas totalement désertique pendant la nuit. Ici les gens ne craignent pas l'obscurité. Les passants le dévisagent parfois, au mieux l'ignorent, mais il ne semble inspirer aucune panique aux habitants de ce bourg.

Il a faim.

Une petite fille vient s'asseoir à côté de lui. C'est une première, depuis qu'il s'est posé là il y a une heure. Il se tourne vers elle et la fixe. Huit ou neuf ans, les cheveux bruns, le visage doux, un large sourire dont les nombreuses caries n'ôtent aucun charme. Elle porte une robe rouge. Leurs regards se croisent. Numéro 63 se focalise à nouveau sur le vide devant lui.


« T'es pas beau. »

La créature prend une grande inspiration et se retourne encore. Leurs regardent se mêlent à nouveau. Après un silence de plusieurs secondes, il ouvre sa gueule véreuse.

« C'est la beauté intérieure qui compte.

Haha ! C'est bien une réponse de moche, ça ! »

Les yeux de Numéro 63 brillent d'un écarlate aussi vivace que le sang dans les veines de la fillette. Sa gueule se rouvre.

« Je suis où ?

Sur un banc.

Le banc est où ?

Ici c'est la Secte des Magiciens Fous, mon ami. »

La chose hoche lentement la tête et s'offre une nouvelle question :

« J'entends tout le monde parler du Dahrk'maug'ou'aye. C'est le dieu de votre Secte ? »

Le sourire de la fillette s'efface brusquement. Ses deux petites mains aux ongles crasseux viennent serrer la gueule de 63 pour le faire taire.

« Chut ! »

Les griffes tranchantes de 63 repoussent la main de la petite humaine. Celle-ci reluque son ami avec surprise mais fermeté, comme une mère lorgnerait un enfant venant de commettre une grave bêtise. Elle reprend, à voix basse, à l'oreille de l'homme-rat :

« Le Mal est en Tout et Tous. Le Dark Mogwaï, Gloire à Lui, est le dieu de ce Mal, par ce Mal Il règne sur Tout et Tous. Gloire à Lui.

Comment je le rencontre ? »

La petite fille éloigne son visage de la tronche puante de 63. Son œil grave se radoucit, ses lèvres serrées comme le martyr de l'étui d'un couteau se redessinent en un sourire luisant. Elle se met debout d'un bond et pointe du doigt une grande silhouette triangulaire qui apparaît au-dessus des bâtiments à mesure que le soleil se dresse.

Numéro 63 se lève lui aussi.


« Comment tu t'appelles ? lui demande la fillette.

J'ai pas de nom. Et toi ?

Moi non plus. »

Leurs regards se croisent une dernière fois, puis leurs chemins se séparent. L'une part en courant à l'opposé de la Pyramide. L'autre, lui, s'y dirige.

462 points

DarkAdi - Sanctifié - Le 08/07/2020

Au pied de ce qu'ils appellent la Pyramide, avec un foutu grand « P » parce que c'est pas une pyramide mais la Pyramide, Numéro 63 se sentirait presque chez lui. Ici ça fleure le sang séché au soleil, et le silence y est encore plus lourd que dans le reste de la ville.

La bâtisse n'est pas tout-à-fait comme celles qu'il avait pu voir lors d'une expérimentation sur un peuple du désert. Celle-ci n'est pas pointue en son sommet, mais surplombée d'une terrasse plane. On pourrait imaginer cette terrasse comme un observatoire du ciel, mais en vérité on distingue assez bien d'en bas l'immense autel de pierre et ses siècles d'écoulements de rivières sanguinolentes. Le spectacle, associé à son nom complet de Pyramide des Sacrifices, ne laisse rôder aucune ambiguïté quant au rôle brutal de ce temple dans le culte qui anime ces gens.

Il y a quelque chose de beau dans ce bourg. Quelque chose de maléfique. Il le sent. Il n'y a rien de magique dans ce ressenti, 63 n'a jamais été capable de maîtriser le moindre flux de magie et ne le sera jamais. Non, il le sent, parce que quand on a été lié tant d'années à l'esprit la Reine, on sent ces choses-là. On sait ce qu'est le Mal, avec un foutu grand « M ».

Alors qu'il est pensif, devant la Pyramide, alors qu'il entend les grincements et les hurlements de Nar'zashj résonner dans ses souvenirs, ses oreilles distraites ne saisissent pas ce qui se passe derrière lui.

Un homme, le visage et les mains ensanglantés, portant une robe noire elle aussi maculée de taches sombres, les yeux brûlés par les larmes et les lèvres déformées par la haine, pointe son doigt écarlate vers le dos de 63. Les soldats autour de lui, également vêtus de noir, dégainent leurs épées et s'approchent de la cible désignée.

Distrait mais pas complètement sourdingue, notre ami se retourne brusquement, la main droite à la ceinture. Il voit une dizaine de gardes se diriger vers lui, et comprend rapidement la situation en reconnaissant son interlocuteur du cimetière. Il regrette de ne pas avoir fini le travail, il n'était vraiment pas dans son assiette cette nuit.


« Ne bouge pas, Nezumi ! lui lance un garde avec une authentique voix autoritaire de garde.

Je m'appelle pas Nezumi, répond 63.

Sacrifiez-le ! hurle hystériquement le sinistre témoin au visage ensanglanté. »

Le temps de ce petit échange de politesses a permis aux gardes d'encercler 63. Il n'a de toute façon pas beaucoup d'options de fuite, et il n'a jamais été un grand sprinteur.

« Je vais mourir ? demande 63.

Pour le meurtre de deux fidèles du Tout-Puissant Dark Mogwaï, Gloire à Lui, oui, vermine, tu vas mourir. »

C'est vraiment quelque chose, une voix de garde. 63 a envie d'étudier les cordes vocales des gardes. Une idée comme ça. Mais il semblerait qu'il doive plutôt mourir. Tant pis. Il regarde l'homme en sang et lui fait signe de la main gauche, avant de lui adresser calmement la parole.

« Même à la fin, elle n'a pas demandé de péridurale. »

L'homme se met à hurler et à courir vers 63. Celui-ci tire de sa ceinture ce qui ressemble à un pistolet aux lignes tranchantes, le pointe vers la tête du coureur enragé et presse la détente. Le rayon qui s'échappe du canon dessine la forme d'un éclair, à la vitesse de la foudre, dans le bruit du tonnerre, mais d'un éclat rouge comme les yeux de la Reine de la Peste. Au bout de ces innombrables oscillations hertziennes qui se figent dans la rétine pour quelques secondes, la foudre rouge atteint sa proie. La tête de l'homme en noir implose, arrosant la rue de cervelle et de morceaux de boîte crânienne. Alors que le corps décapité accomplit encore trois foulées miraculeuses avant de s'effondrer au sol, désarticulé, à quelques mètres de l'homme-rat, ce dernier se trouve figé comme s'il venait d'être plongé dans la glace. Un des gardes, sans épée celui-là, maintient la créature dans une stase, un halo d'un bleu léger qui semble empêcher sa cible de faire quoi que ce soit d'autre que respirer.

« Enfermez cette chose ! dit le mage. »

Le pommeau d'une épée s'abat au-dessus de la nuque de la bête sans défense.

De retour dans le noir. Avec un foutu petit « n ». C'est pas l'heure de crever.

Edité 1 fois, dernière édition par DarkAdi Le 09/07/2020

462 points

DarkAdi - Sanctifié - Le 18/07/2020

Numéro 63 ouvre brusquement les yeux quand un seau de pisse froide lui est vidé sur la tête. Il tousse. Il est assis. Il veut se lever mais il est attaché pieds et poings à la chaise. Et la chaise est fixée au sol, évidemment.

« Qui es-tu ? demande la femme en robe blanche. »

Les deux billes rouge sang de la créature se fixent dans le regard gris ciel de la geôlière.

« Où je suis ? s'enquiert 63. »

La femme fait quelques pas dans cette sombre pièce qui pue la mort (et la pisse, du point de vue immédiat du prisonnier). Elle attrape un objet et revient se poster devant l'homme-rat.

« Comment ça marche ? demande-t-elle. »

Numéro 63 regarde l'objet. C'est le pistolet avec lequel il a résolu ce fameux litige plus tôt au pied de la Pyramide. Il répond poliment à la question :

« Tu appuies le bout rond contre ta tempe, et tu presses la petite queue avec la pulpe de ton index. »

Elle sourit au trait d'esprit. Elle braque le pistolet vers un genou de 63, comme quelqu'un qui sait parfaitement se servir d'un pistolet, et presse la détente. L'homme-rat se crispe. Clic. Rien ne se passe. Il rouvre les yeux, surpris.

« Ça ne tire plus, reprend-elle. Nous avons déjà essayé.

Bizarre.

Comment ça se recharge ?

C'est pas une arme à poudre, ça se recharge pas. Pas au sens où tu l'entends.

Et cette foudre rouge que tu as tirée vient de nulle part ?

Pas de nulle part. La pierre à l'intérieur est un morceau d'obsidienne de la tour centrale de Nar'zashj. Elle peut puiser les flux de la Peste de n'importe où dans le monde.

De quoi tu parles ? Narquoi ?

Quoi Narquoi ? Tu as bien vu P.A.633 gravé sur mon bras, tu te doutes que je suis pas un marchand itinérant.

Je ne comprends rien, impie.

La Peste de Nar'zashj, ça te dit rien ?

Non. »

63 prend une grande inspiration.

« Tu es attardée ? »

La geôlière frappe Numéro 63 à la gueule avec la crosse de son propre pistolet. Il montre ses crocs acérés et noircis. Il ferme les yeux. La geôlière lui parle mais il n'écoute plus. Il réfléchit.

Elle le frappe à nouveau.


« Tu m'entends ? hurle-t-elle.

Laisse-moi réfléchir ! lance-t-il d'une voix rauque et terrifiante. »

Le projet Insula était censé plier l'espace à volonté et permettre à Nar'zashj d'envahir le monde entier. Puis cette liche est apparue dans les bas-fonds de la cité, dans le laboratoire d'Insula, et les choses ont plutôt mal tourné.

« Tu dois me libérer, dit-il enfin. »

La geôlière se prend à rire.

« Tu veux aussi un massage ? Si tu n'es pas encore attaché sur l'autel de la Pyramide, c'est uniquement parce que ta technologie a attisé la curiosité de certaines personnes. Si tes machines ne fonctionnent plus et que tu n'as rien à m'apprendre, je peux ordonner ton sacrifice à la gloire du Tout-Puissant Dark Mogwaï, Gloire à Lui. »

Numéro 63 se tait et réfléchit encore quelques secondes.

« Alors amène-moi au charnier.

Quel charnier ?

Je suis arrivé dans votre ville de tarés par un portail qui m'a largué dans un cimetière. C'est à l'endroit exact de cette histoire de fausse couche qui m'a foutu sur cette chaise. Amène-moi là-bas. Autant de gardes que tu veux, j'ai juste besoin des outils que vous m'avez pris.

Je peux aussi t'arracher les doigts un par un pour savoir d'où tu sors ces outils.

Tu veux me faire mal ? »

Les yeux rouges de 63 s'assombrissent. Sa voix est encore plus rauque et sinistre.

« Je suis la douleur, gamine. Condamnez-moi pour avoir marché sur trois cafards bouffeurs de merde, vermine chialeuse, pourriture pisseuse. Votre Dieu du Mal doit vomir ses maudites tripes divines de honte à chaque fois qu'il entend une de vos prières de lapereaux apeurés avec son nom dedans. »

La geôlière ne baisse pas le regard. Elle a du mal à contrôler les battements de son cœur. Elle sent qu'il le sent. Elle transpire. Elle secoue la tête. Une âme impie ne peut trouver aucune ouverture en une zélote fidèle de la Secte. Celle-ci reprend solennellement la parole.

« Quoi que tu aies à nous apprendre, ta seule existence est manifestement une insulte envers le Dark Mogwaï, Gloire à Lui. Tu seras sacrifié en Son nom cet après-midi. Ces paroles seront tes dernières paroles, tu n'ouvriras plus jamais cette gueule suintante d'hérésie. »

Les yeux de la geôlière s'illuminent d'un bleu océan. Pour l'homme-rat tout devient flou, puis tout devient noir, encore.

462 points

DarkAdi - Sanctifié - Le 07/08/2020

Le Mal.

Qu'est-ce que le Mal, avec un foutu grand « M » ?

Numéro 63 n'a jamais réussi à lui trouver d'essence. Il a conscience qu'aucun être aussi simple que lui ne le peut. Son esprit ne peut modéliser le Mal que par opposition au Bien. Le Mal n'est qu'une construction, un mot, on essaie de faire tenir une puissance transcendante dans une minuscule impulsion électrique, dans un minuscule cerveau.

Numéro 63 est trop petit pour conceptualiser le Mal. En lui le Mal n'est qu'un mot. Mais Numéro 63 a été l'un des cent-dix-sept Hiérarques de Nar'zashj, Numéro 63 n'a pas toujours été ce Numéro 63, seul et perdu. Il n'a pas toujours été un individu unique. Il a fait partie d'un tout, il était un esprit parmi les esprits de la Peste, il était la volonté et la passion de sa Reine. Son individualité n'était alors qu'un atome dans un océan.

Être arraché à la Reine ne l'a pas rendu plus grand, il le sait. Il est toujours cet atome, on l'a brutalement sorti de l'océan.

Son cerveau n'est qu'une éponge électrique, des circonvolutions de viandes et de fluides. Ces os, ces muscles, ces nerfs sont trop petits. Cette chose qu'est Numéro 63 ne peut pas penser le Mal toute seul. Mais il sait que le Mal ne se pense pas. Le Mal n'est pas un mot, le Mal n'est pas une information électrique, il ne s'imagine pas, il ne se ressent même pas.

Ce petit atome sait que le Mal est plus que la simple moitié d'une dichotomie éthique. Ce petit atome est marqué pour l'éternité par la Reine. Ce petit atome a été traversé par le Mal.

Chaque cellule qui constitue Numéro 63 porte les traces du Mal.

Debout au sommet de la Pyramide, devant l'autel sacrificiel, la langue sectionnée pour l'empêcher de répandre ses hérétiques égarements, il révèle à la foule haineuse un sourire ensanglanté, grotesque et glaçant. Des rangées tranchantes de crocs cassés, jaunis, dégoulinant de salive, de pus, de sang. Depuis la disparition de la Reine il n'avait plus senti le Mal pénétrer sa chair, mettre sa nuque et ses tripes en résonance, enflammer ses poumons d'un air pur et brûlant.

Debout au sommet de la Pyramide, devant l'autel sacrificiel, il est vivant. Le fœtus est de retour à la matrice, l'atome est de retour à la matière.

Debout au sommet de la Pyramide, devant l'autel sacrificiel, alors qu'une dague acérée lui tranche la gorge de gauche à droite, alors que son sang s'écoule le long de la pierre noire anguleuse, alors que sa vue se trouble et que l'acte de respirer perd son sens, il revoit une dernière fois le Mal, avec un grand foutu « M ».

Edité 1 fois, dernière édition par DarkAdi Le 07/08/2020

462 points

DarkAdi - Sanctifié - Le 09/08/2020

Ving-quatre heures plus tôt, dans un autre plan
Désimeux, survivant du massacre d'Issal

Comment décrire la citadelle de Nar'zashj...

Ce n'est pas simple.

C'était il y a dix ans. Qu'on s'entende, mes souvenirs sont encore très nets. Ils le resteront jusqu'à ma mort. Ce n'est pas un problème de souvenirs.

Comment dire...

Je crois... je crois que notre langue n'est pas faite pour ça. Elle est trop... petite ? Non, pas trop petite... elle est comme... Vous savez, la plupart des choses que j'ai vues à Nar'zashj... les décrire, ce serait comme essayer de vous décrire un cube à neuf faces, ou de décrire une couleur à un aveugle... je sais pas si vous voyez ce que je veux dire...

Notre... notre langue... n'importe quelle langue humaine, je pense... notre langue n'est pas faite pour... j'allais dire « cette horreur », vous voyez. Et ce mot, « horreur », alors qu'il était pas encore sorti de ma bouche... mon esprit s'est mis à flotter dans les couloirs de Nar'zashj, une fois de plus, et ce mot... il est vide, ce mot. Il décrit rien. Il décrit rien du tout, ce mot, c'est une carcasse vide. Il décrit pas Nar'zashj.

Excusez-moi. Vous m'avez pas fait venir pour entendre ces conneries, je sais. Je vais me reprendre.

Je vais essayer.

Je vous raconte ce qui s'est passé à Issal, avant ? Inutile ? Tant mieux...

Nar'zashj...

J'étais dans un de leurs chariots à prisonniers, avec une dizaine d'autres survivants d'Issal. Ils transportent les gens dans ces machins. De l'intérieur je voyais pas bien les créatures qui tractaient le chariot, j'étais à l'arrière, mais je suppose que vous en avez déjà vus depuis l'extérieur. Vous les combattez. On a voyagé là-dedans... je sais plus... une dizaine de jours, je suppose. Issal est à une dizaine de jours de Nar'zashj. On peut pas se mettre debout, là-dedans, on a stagné dans notre merde pendant dix jours. La femme à côté de moi est morte le deuxième jour. Je me souviens avoir passé beaucoup de temps à essayer de la pousser, elle me tombait dessus, elle moisissait à mesure que les jours passaient. Je la connaissais de vue, à Issal, je lui avais jamais parlé. J'ai pas souvenir qu'ils nous aient nourris pendant le voyage, je crois qu'on avait parfois de l'eau. C'est étrange, maintenant que j'y pense. Je ne me souviens pas de la faim. J'aurais dû avoir faim, non ?

Oui, pardon. Nar'zashj.

On y arrive par ce qu'ils appellent le Fort du Hrark. J'ai su plus tard que cette forteresse côtière était le seul accès terrestre à Nar'zashj. Une première lourde porte s'ouvre, puis une cour intérieure... ça avait l'air plutôt grand, on ne s'y est pas arrêtés, le chariot a continué jusqu'à la deuxième porte. Celle-là s'ouvre, et derrière c'est le Pont du Hrark. Je voyais pas bien devant, j'étais derrière. Pardon, je l'ai déjà dit, je crois. C'est la première fois qu'on aperçoit Nar'zashj. Elle se détache sur l'horizon. On dirait qu'elle flotte sur la mer.

Et puis y en a un de nous, je sais plus... c'était peut-être même moi, je saurais plus vous dire, c'est amusant... y en a un qui murmure à peine perceptiblement de regarder le sol...

Le Pont du Hrark... il doit faire une quinzaine de pieds de large... en longueur c'était peut-être une lieue, peut-être deux... et le sol... le Pont du Hrark est fait de sang. Un pont de sang qui flotte au-dessus de la mer, en ligne droite jusqu'à Nar'zashj. J'étais derrière et je voyais bien les sillages que les roues du chariot laissaient dans ce sol liquide et qui pourtant supportait notre poids... Le chariot ne tremble plus, ne percute plus aucune pierre, c'est comme s'il glisse sur un nuage...

Je savais à ce moment que c'était du sang, ça pouvait pas être autre chose. Ce rouge, cette odeur... Et aujourd'hui vous le savez, le Pont du Hrark est fait de sang, uniquement de sang, il flotte au-dessus de la mer. Vous savez comment c'est possible ? Non, désolé d'avoir posé la question, je veux pas le savoir. On m'a déjà expliqué d'où vient la magie, on m'a expliqué les flux, ça ne sert à rien, ça ne rentre pas, Nar'zashj n'a rien à voir avec ce que vous appelez magie. Je sais que ce n'est pas rationnel, je m'en fous, je ne m'attends pas à ce que vous compreniez. Ça peut pas être la même chose. La magie est partout, je peux pas croire que Nar'zashj soit possible partout.

On avance, et la silhouette de Nar'zashj se dessine de plus en plus clairement, jusqu'à vous écraser. Je pense que cette citadelle n'est pas très grande, enfin en superficie, en surface, quoi, je sais pas comment dire. Mais en hauteur... Elle est gigantesque. Quand on arrive au bout du Hrark, elle nous aplatit, nous étouffe... si vous essayez de regarder en haut, la tête vous tourne, la nausée vous vient.

Elle semble être toute faite de métal. Je pense qu'elle est toute faite de métal. Je n'ai rien vu d'autre. À part la tour centrale, j'ai entendu qu'elle est faite d'obsidienne. Ça je l'ai su après, je ne l'ai jamais vue. Mais le reste, du métal. Du fer, de l'acier, je sais pas, j'y connais rien. Prenez un vieux couteau, vous savez, patiné, rouillé. C'est ça, Nar'zashj. Les murs, le sol, tout est ferraille noircie et rouille.

Au bout du Hrark, une porte noire s'ouvre, et vous entrez dans Nar'zashj. Le chariot avance dans un genre de grand hangar obscur, la porte se ferme derrière vous. Quelque chose vous prend au tripes, vous plie en deux, une voix au fond de vous, votre voix, votre peur, vos boyaux, tout vous crie que vous ne verrez plus jamais le soleil, que ceux morts à Issal sont les chanceux.

Vous pouvez ouvrir la fenêtre ?

Une fois les portes du chariot ouvertes, le paisible voyage était fini...

Mes yeux n'étaient pas encore habitués à ce noir presque total... j'entendais leurs bottes sur la ferraille, leurs griffes nous déchiraient la peau, nous traînaient par terre, par les bras, par les cheveux, par les pieds... tout était brûlant... l'air, le sol, leurs mains...

Ils nous ont regroupés, toujours par terre, aux pieds d'un d'eux... je me souviens qu'il se détachait un peu du noir, parce qu'il était...

On peut faire une pause ?

Je vais essayer.

Il était vêtu de blanc. C'était la première fois qu'il nous parlait. Sa voix, c'était... comme un raclement de gorge, à travers ces masques respiratoires qu'ils ont, vous savez... mais il était très intelligible, beaucoup moins bestial que les autres... ses yeux rouges... J'ai jamais pu oublier une seule de ses apparitions, un seul de ses mots.

« Nous sommes le Hiérarque de la Peste numéro 63. Vous avez franchi les portes de Nar'zashj. Nous ne laisserons ni la mort ni la folie sauver vos âmes de cet abîme. »

Écoutez... je...

J'ai besoin d'une pause. Désolé. J'ai besoin de sortir.

Laissez-moi passer.

Attendez.

Qui êtes-vous ?

Où je suis ?

462 points

DarkAdi - Sanctifié - Le 10/08/2020

Désimeux ouvre les yeux.

« Raconte-moi ton rêve. »

Cette voix... ce raclement de gorge à travers un masque respiratoire...

Désimeux est couché. Il essaie de se redresser. Son torse est sanglé à la table d'acier. Il ne parvient pas à bouger ses bras et ses jambes. Des orbes aux murs diffusent une lumière rouge tamisée à travers l'épaisse fumée noire qui envahit la pièce. Au plafond pendent des crochets rouillés. À bien y regarder, tout est rouillé autour de lui. La créature debout à sa droite retire son masque respiratoire. Désimeux se fige en voyant cette gueule grotesque et ces yeux écarlates.


« Je... où je suis ? »

Numéro 63 sourit.

« Je vais me réveiller.

Ça, tu viens de le faire. »

Désimeux réalise qu'il ne ressent rien. Ni douleur, ni chaleur, ni faim, ni soif... il se sent à peine respirer... c'est donc forcément un rêve. Mais a-t-on conscience de ces choses, en rêve ? Son esprit lui semble atrocement clair, lucide, comme il ne l'a jamais été.

« Raconte-moi ton rêve.

J'étais... Où je suis ?

Raconte-moi ton tout dernier souvenir.

J'étais à Arazyon. On m'interrogeait... »

Désimeux reconnaît évidemment Nar'zashj. Cette pièce. Il est à Nar'zashj. Et pourtant il se sent calme, il ne ressent rien.

« J'étais à Arazyon. J'ai vu plusieurs personnes. On m'interrogeait sur Nar'zashj.

Depuis combien de temps avais-tu quitté Nar'zashj ?

C'est-à-dire ?

Dans ce rêve, tu t'étais enfui de Nar'zashj depuis combien de temps ? Cinq jours, six jours ? »

Désimeux commence à sentir sa transpiration perler le long de son dos contre la table métallique chaude. Quelques sensations lui reviennent peu à peu.

« Je suis où ? »

Numéro 63 approche sa tête de l'homme sanglé à la table.

« Combien de temps ? »

Désimeux sent sa respiration s'accélérer. Il entend son cœur battre dans ses oreilles. La table est brûlante. Il ne sent toujours pas ses bras et ses jambes.

« Combien de temps... répète-t-il, le souffle coupé.

Oui, combien de temps ? Combien de temps ? Combien de temps ?

Dix ans. Ça fait dix ans. »

Numéro 63 sourit à nouveau. Une autre créature s'approche de la table.

« Magnifique, dit cette créature. »

Cette deuxième créature ne partage pas cette horrible silhouette d'homme-rat. On distingue une chose plus fine, plus humaine.

« Ça fonctionne, reprend la seconde chose.

Ce n'est que le premier résultat positif, tempère 63. Je n'exclus pas une anomalie statistique, Docteur Jarzaad.

Une anomalie statistique provoquée par quoi ? Il aurait rêvé par hasard du lieu précis et de la bonne date ? »

Numéro 63 demeure silencieux. Il sait que Jarzaad a raison. Ils ont réussi.

Désimeux est pétrifié.


« Je n'avais aucun doute pour Arazyon, dit 63. Les flux qui émanent de la tour centrale sont intriqués à travers l'espace, peu importe la distance, c'est une certitude, on a toujours joué avec ce phénomène sans le comprendre, maintenant on sait le manipuler... non, je n'avais aucun doute, on a projeté cette âme à Arazyon. Mais la date... En pliant l'espace, nous avons plié le temps. Ça nous dépasse.

Je l'ai toujours su.

Vous l'avez toujours cru, Jarzaad, pas su. Vos prédictions étaient hasardeuses. Aucun raisonnement logique, dans l'état de nos connaissances des flux, ne pouvait prédire ce résultat.

Je connais votre nostalgie pour la Reine de la Peste, 63. Ne me donnez pas de leçons de foi. Nar'zashj ne va pas seulement dévaster le monde, elle le dévastera à toutes les époques qui ont existé et qui existeront.

Vous savez me prendre par les sentiments. Il est temps d'ouvrir le premier portail Insula. »

Les deux créatures en blouse blanche se surprennent à rire ensemble. Désimeux est terrifié par le spectacle. Tout est revenu. La douleur, la peur. Il ne sent toujours pas ses membres, il s'agite.

En essayant encore de se redresser, il arrive à distinguer son corps. Il se fige, il n'arrive plus à respirer. Il n'a plus de bras, plus de jambes, seulement des moignons grossièrement recousus. Son abdomen est béant, des tuyaux noirs semblent remplacer son système digestif et son reliés à une cuve de verre quelques mètres plus loin. Il n'arrive pas à distinguer ce que contient la cuve. Il n'arrive pas à se déplacer.

Nar'zashj. Il est à Nar'zashj. Il ne s'est jamais enfui de Nar'zashj. Il est là, incapable de bouger, incapable de mourir, incapable de se rendormir. Sa chair brûle, ses poumons brûlent. Ni la mort ni la folie ne le sauveront de cet abîme, il le sait. On ne s'évade pas de Nar'zashj. Il essaie de hurler mais 63 enfonce un tube dans sa gorge. Un liquide visqueux et chaud se répand dans son œsophage, les tuyaux de son abdomen se tortillent, la cuve de verre semble bouillir. Il ne peut pas hurler. Mais il peut respirer. Il ne sait pas comment. Pourquoi est-il aussi lucide ? Il veut mourir, il veut disparaître. Combien d'années a-t-il passées ici ? Tout brûle. Il ne s'endort pas. Sa vue se brouille, tout est noir. Mais il ne s'endort pas.

462 points

DarkAdi - Sanctifié - Le 31/08/2020

Nar'zashj, c'est le récit de la plus belle des citadelles construite sur le plus sublime des océans par le plus savant des peuples. C'est le récit d'une jeune fille brûlée vive par son père, le récit de sa résurrection, le récit de sa marche à travers un continent dont vous ne connaissez pas l'existence, le récit de cent-dix-huit rats pris dans l'ouragan de sa haine et de sa passion, dans la tourmente de sa rage et de sa souffrance. De mains de la fillette jaillirent un feu ardent, derrière elle ne trouva-t-on que sang et cendres, et dans son sillage les rats s'abreuvèrent de la haine. Ils grandirent, se redressèrent sur leurs pattes, leurs esprits se sophistiquèrent et ne firent qu'un avec celui de la jeune fille. Eux aussi ne furent plus que haine et souffrance, eux aussi furent rongés par le désir de consumer le monde comme des vers dans une carcasse.

Nar'zashj, c'est l'histoire de la plus formidable et avancée des citadelles, colonisée par la plus atroce des engeances. Dans les bibliothèques et les laboratoires de Nar'zashj, au contact d'un savoir infini et millénaire, les rats se multiplièrent, créèrent des armes indicibles. Parmi leurs créations horribles s'éleva la P.A.633, Peste de Nar'zashj, une peste bubonique si empreinte du Mal qui l'avait engendrée qu'elle développa sa propre conscience. Elle rejoint la conscience collective, elle devint un culte. La Reine de la Peste s'appelait Ec'bêl, ses cent-dix-huit Hiérarques de la Peste et leurs dizaines de milliers de clones dégénérés se déversèrent sur le continent comme une épidémie rampante.

Le monde avait connu bien des guerres, mais ce qu'il connut alors était bien au-delà d'une guerre. L'horreur, la terreur de Nar'zashj dépassait l'entendement. Les villes furent dévastées par la maladie et la technologie de Nar'zashj, les populations exterminées ou capturées. À chaque massacre les Hiérarques repoussaient les limites de l'horreur, et laissaient systématiquement des survivants après leurs passages. Leur Reine se nourrissait de la peur et de la douleur qu'elle infligeait au monde humain, soulageant sa propre souffrance.

En deux décennies, la population du continent avait été réduite de près de neuf dixièmes. Seuls quelques nations parvinrent à se retrancher dans des cités fortifiées et à résister à la Peste de Nar'zashj. Arazyon, un peuple religieux et guerrier, fut l'un des plus féroces ennemis de ce Mal.

Comment fit Arazyon, nous ne le dirons pas ici, c'est aussi une autre histoire, mais... ils parvinrent à arracher l'un des Hiérarques de la Peste à l'emprise d'Ec'bêl, l'arrachant même complètement aux flux d'énergie qui parcourent le monde. Celui qui était connu comme le Hiérarque numéro 63 acquit une individualité propre. Sachez seulement qu'il aida Arazyon à détruire la Reine de la Peste lors d'un assaut naval et terrestre. Ec'bêl morte, toutes les créatures qui étaient liées à elle s'effondrèrent inanimées. Alors que la cité était conquise, Numéro 63 retourna celle-ci contre les troupes d'Arazyon, car bien que libre il était un être manipulateur et retors, aussi intelligent que cruel. Il massacra l'armée d'Arazyon dans la cité et passa une décennie entière à détourner les sinistres flux d'énergie émanant de la tour centrale de Nar'zashj pour réanimer ces innombrables cadavres. À la tête d'un peuple mort-vivant servile, il poursuivit l'entreprise de la Peste de Nar'zashj.

Tandis que personne ne s'élevait plus face à Nar'zashj et que les rares populations survivantes étaient trop dispersées pour être traquées efficacement, l'usine de l'horreur fut visitée par une femme qui était apparue dans ses plus profondes entrailles. Là d'où elle venait, on appelait cela transplaner, mais les perturbations énergétiques engendrées par Nar'zashj l'empêchèrent de repartir. Elle fut capturée et son corps fut disséqué, son cerveau artificiellement maintenu en vie. Ce que 63 appela le Projet Insula le mena en quelques années d'études à ouvrir un portail de voyage spatial.

63 pensait avoir découvert le secret du voyage spatio-temporel, et espérait achever l'œuvre de la Reine de la Peste en exterminant ce qui restait de l'humanité à travers le monde. Il n'avait aucune conscience du Multivers, aucune conscience que cette femme ne voyageait pas en ce monde mais entre les mondes, et le portail qu'il ouvrit fut instable et destructeur. La cité fut éventrée et envahie par les forces d'une Liche qui avait senti le Mal entre les Plans.

Les énergies noires de la Liche déstabilisèrent d'autant plus le portail, et 63 qui était aux premières loges du cataclysme fut précipité dans le portail. Il tomba comme on tombe dans un rêve, le souffle coupé, pour se réveiller dans un charnier bien loin de son monde.

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Salut beauté éblouissante ! Comment tu t'appelles ? Tu veux pas me donner ton nom ? C'est pas grave ! Qu'est-ce qu'une jeune dame-oiselle comme toi fait dans cette ruelle ? Tu es courtière ?! Tu es donc une courtière de la ruelle du poison ? C'est bien ça dis-donc ! Et t'es aussi courtière en quoi d'autre ma mignonne ? En assassinat ?... Je crois que je vais y aller...

Cadet impatient, dernières paroles

Proposé par bane le 18/02/2014

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Que des petites frappes à Croisetonnerre. Quel·le hors-la-loi aurait dû trainer ses bottes là-bas ?

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